Les autres sont crédules ?
« Il faut faire attention à ne pas dire ou penser que « les autres sont crédules » .
Il y a une sorte de mépris de classe considérable. Nous sommes tous crédules »
a déclaré Dominique Cardon ce vendredi matin dans le 7-9 sur France Inter.
Le sociologue a publié deux articles sur le site AOC.media
dans lesquels "il brosse l'avancée des recherches sur les fake news".
http://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-21-juin-2019
transcription de 2 extraits de l'émission :
- « Dans ce débat, il faut faire attention à ne pas dire ou penser que « les autres » sont crédules.
Ce qui est fascinant dans ce débat, c’est que des gens du « centre » (prétendent) défendre la raison, la science et la vérité.
Pour eux, les autres ont des biais cognitifs, les autres sont crédules. On a beau leur dire, ils continuent à être crédules.
Ces autres, ce sont toujours les enfants, les provinciaux, les gens qui ont peu de diplômes.
Il y a là un sorte de mépris de classe considérable, on l’a vu aussi lors des « gilets jaunes ».
Nous sommes tous crédules. Nous avons tous des préjugés attachés à notre socialisation,
à nos trajectoires professionnelles, à nos ambiances politiques…
Nous avons plein de déterminations. Si on le reconnaissait, on vivrait beaucoup mieux.
Q - On peut reconnaître qu’un énoncé est faux, sans que ce soit du mépris de classe.
R - On peut aussi soumettre l'énoncé à discussion,
il peut alors y avoir des reformulations et les opinions peuvent changer.
Nous avons une exposition sélective aux informations qui fait
que l’on a toujours tendance à nous diriger vers ce qui conforte nos convictions préalables ».
- Quand les réseaux/médias sociaux sont arrivés, on a dit : « C’est formidable.
Des individus autonomes vont pouvoir enfin s’émanciper de la tutelle des intermédiaires qui sélectionnent l’information pour eux ».
Puis le discours s’est complètement renversé. « On a donné aux internautes le pouvoir de choisir,
mais ils font un très mauvais usage de cette liberté. Les gens aiment les contenus douteux, ils s’intéressent à des choses médiocres,
ils sont crédules et endossent tous les discours étranges.qui circulent sur Internet ».
L’individu fort a été inversé et est devenu un individu faible qu’il faudrait protéger.
D’où ces discours sur les menaces qui pèsent sur le démocratie :
les internautes ne seraient pas à la hauteur de la promesse de libération annoncée ! »
.
Dominique Cardon
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dominique_Cardon_(sociologue)
La démocratie internet. Promesses et limites, Seuil, 2010
« Discipline but not punish : The governance of Wikipedia » 2012
À quoi rêvent les algorithmes. Nos vies à l'heure des Big Data, Seuil, 2015
Culture numérique. Presses de Science-Po, 2019
autres publications
http://cems.ehess.fr/index.php?2553
- Relire aussi Frédéric Lordon sur les « désintoxicateurs », les fake et le complotisme...
La pompe à phynance
http://blog.mondediplo.net/2016-11-22-Politique-post-verite-ou-journalisme-post
http://clioweb.canalblog.com/tag/lordon
- Quotidien @Officiel - 20.06.2019 - ergosumer / haters
Pourquoi donner tout l'écho de la TV à qq délirants sur FB ou Twitter ?
Auparavant ils sévissaient dans les commentaires non modérés d'articles de presse.
Les médias sociaux n'existent-ils pas d'abord pour les services qu'ils rendent aux internautes ?
Merci d'en montrer qq exemples.
- PS - La démocratie, n'est-ce pas aussi le débat et la délibération,
dans le respect de la pluralité des analyses rationelles et des opinions ?
.
Internet et les émotions 2.0
Dominique Cardon, Internet et les émotions 2.0, la Grande Table 28.12.2016
http://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/internet-raison-et-sentiments
Sur internet, les échanges les plus fréquents sont de l'ordre de la sociabilité,
de la conversation de bistro. Le dire est plus important que ce qui est dit
Quand les médias reprennent ces propos de bistro, ils leur donnent une légitimité et une audience
qu'ils n'auraient pas sur les seuls médias sociaux.
Ne pas se limiter à une opposition entre ceux qui savent, ceux qui sont crédules.
Il n'y a pas deux publics, un de la raison, un de la provocation et de l'outrance.
Les algorithmes sont conçus dans un intérêt commercial. L'internaute clique davantage sur ce qu'il connaît déjà.
Le principal filtre, c'est le choix de ses contacts, et donc de ce qu'on va accepter de lire.
Les algos prédisent un avenir qui est la reproduction de nos comportements passés.
Ils nous donnent ce que nous avons déjà fait, ils s'ccupent de nos pratiques réelles,
pas de nos désirs et de nos représentations (regarder Arte ou un film commercial US ?)
Il serait possible de paramétrer autrement les algorithmes, de valoriser la curiosité,
de prendre davantage en compte les souhaits et les désirs.
Internet et la crise de la réprésentation ?
La richesse du web est exceptionnelle. Il autorise des formes multiples d'expression et de mobilisation.
La société civile produit du commun, du politique. Encore faudrait-il que le personnel politique s'en saisisse
et s'en serve lors de l'élaboration des programmes électoraux.
.
D. Cardon : critique des algorithmes
Conférence de Dominique Cardon à Brest, dans les locaux de Télécom Bretagne
pour le Forum des usages coopératifs 08.07.2016
http://www.lemag-numerique.com/2016/07/transitions3-comprendre-algorithmes-enjeu-citoyen-9138
extrait :
« Nous sommes entrés dans un monde calculé » « qui nous aspire ».
Il est possible de se débrancher.
Une autre manière de résister est de « lutter contre ses propres régularités ».
Ou de produire de « fausses traces qui déroutent les calculs ».
Dans tous les cas, « un regard critique sur les algorithmes » s'impose.
.
Wikipédia : comment ils ont réussi
Wikipédia : comment ils ont réussi, Dominique Cardon, Sciences Humaines 13.05.2016
L’article tient en deux pages dans un dossier Apprendre à coopérer
http://www.scienceshumaines.com/apprendre-a-cooperer_fr_36245.html
extraits
« Ils sont des inconnus les uns pour les autres, mais ils ont écrit ensemble la plus grande encyclopédie du monde. On compte aujourd’hui 291 versions de l’encyclopédie dans des langues différentes. Elles totalisent 38 millions d’articles dont 1,7 million dans sa version francophone.
Une telle réussite a contribué à faire taire beaucoup de ceux qui s’étaient élevés contre une encyclopédie douteuse rédigée sans contrôle éditorial...
La réussite résulte de la mise en oeuvre obsessionnelle et tatillonne de procédures d’auto-contrôle par les wikipédiens ».
« Tout est mis en place dans Wikipedia pour que les conflits (d’écriture) soient réglés localement et ne remontent qu’en de très rares occasions au niveau central » ... « Le secret de l’auto-organisation est de décentraliser le pouvoir de sanction et de ne pas le confier à un corps spécialisé ».
Parmi les nouveaux défis, « le risque existe d’apparaître comme une bureaucratie dont les rgèles sont si complexes et exigeantes qu’elles rebutent les nouveaux entrants ».
Sur ce même sujet, Dominique Cardon a écrit « Surveiller sans punir. La gouvernance de Wikipédia »
http://books.openedition.org/pupo/4092
in Lionel Barbe, Louise Merzeau et Valérie Schafer (dir.), Wikipédia, objet scientifique non identifié, PUPO 2015 (55 000 signes, pages 15-39)
et Cardon Dominique et Levrel Julien, « La vigilance participative. Une interprétation de la gouvernance de Wikipédia », Réseaux 2009/2
http://www.cairn.info/revue-reseaux-2009-2-page-51.htm
Sciences Humaines, Apprendre à coopérer, sommaire :
http://www.scienceshumaines.com/apprendre-a-cooperer_fr_36245.html
.
Cardon, Nos vies à l'heure des big data
Dominique Cardon - Nos vies à l'heure des big data - Nantes 10.05.2016
http://webtv.univ-nantes.fr/fiche/8120/dominique-cardon-nos-vies-a-l-heure-des-big-data
Popularité, autorité, réputation, prédiction...
rappels :
A quoi rêvent les algorithmes - Nos vies à l'heure des big data 10.2015
11 pages en pdf - http://www.seuil.com/extraits/9782021279962.pdf
publications jusqu'en 2014 : http://cems.ehess.fr/index.php?2553
Comment le numérique a révolutionné la connaissance - La Grande Table 29.01.2016
Les carnets de l'économie (4* 3 minutes)
http://www.franceculture.fr/personne-dominique-cardon.html
.
Wikipédia, 15 ans de recherche
Le Monde consacre un "dossier" aux 15 ans de Wikipédia (15 janvier 2001)
L’essor des bases de connaissance (Yago, DBpedia, Freebase ou Wikidata) est souligné.
http://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/01/11/wikipedia-la-connaissance-en-mutation_4845347_1650684.html
L'occasion de croiser un colloque de juin 2013 à Paris (CNRS-CNAM)
dont les actes sont en accès libre grâce à Openedition
http://books.openedition.org/pupo/4079
A lire en direct en ligne :
La gouvernance de Wikipédia analysée par le sociologue Dominique Cardon
(les articles ne représentent que 25 % du contenu hébergé),
L’attitude des lycéens et des étudiants (sur fond de dénigrement par les profs, qui utilisent aussi Wikipedia).
Parmi les adresses web mentionnées par Le Monde,
étude de controverses : http://www.contropedia.net
pour l’anecdote, l’activité en direct :
articles en français : http://wikistream.wmflabs.org/#namespace=article&wiki=fr.wikipedia
en anglais : http://wikistream.wmflabs.org/#namespace=article&wiki=en.wikipedia
(moins actif en volapuk ou en latin...)
Le sommaire de l’ouvrage :
Wikipédia, objet scientifique non identifié
Lionel Barbe, Louise Merzeau et Valérie Schafer (dir.), publication OpenEdition 23.11.2015
http://books.openedition.org/pupo/4079
Introduction
Wikipedia, objet scientifique en cours d'identification
Dominique Cardon, Surveiller sans punir. La gouvernance de Wikipédia
Boris Beaude, De quoi Wikipédia est-elle le lieu ?
Evelyne Broudoux, Wikipédia, objet de recherches : entre observations, expérimentations et co-constructions
La gouvernance de Wikipédia, une science ?
Pierre-Carl Langlais, {{Référence nécessaire}} L’émergence d’une norme wikipédienne (2003-2009)
Antonio A. Casilli, Le wikipédien, le chercheur et le vandale
Pierre Willaime, Une analyse épistémologique de l'expertise dans Wikipédia
Expertises, autorité et légitimité
Alexandre Moatti, Postures d’opposition à Wikipédia en milieu intellectuel en France
Régine Fabri, Chercheur en botanique, contributeur et utilisateur de Wikipedia : un défi à relever
Gilles Sahut, Benoit Jeunier, Josiane Mothe et al. Qu’apprennent les jeunes usagers à propos de Wikipédia ?
Terrain et corpus scientifique
Alexandre Hocquet, Wikipédia en tant que forum :
une analyse de réseaux sociaux pour l’ethnographie de la production d’articles
Ilhem Allagui, Mark Graham et Bernie Hogan, Wikipedia Arabe et la construction collective du savoir
Robert Viseur, Utiliser Wikipédia pour la création d’une base de données biographiques : mise en œuvre et étude des limitations
.
.
D Cardon : A quoi rêvent les algorithmes ?
A quoi rêvent les algorithmes. Nos vies à l'heure des big data (Seuil/La République des idées)
Dominique Cardon, l'auteur est l'invité de La Suite dans les idées 03.10.2015.
http://www.franceculture.fr/emission-la-suite-dans-les-idees-etant-donnees-la-revolution-sociale-des-big-data-2015-10-03
extraits de l'introduction : http://tinyurl.com/cardon-gbooks
3,3 Mds de requêtes sur les 30 000 Mds de pages indexées par G
350 M de photos et 4,5 mds de likes distribués sur FB
144 Mds d'emails entre 3 Mds d'internautes
Tous les 2 jours, nous produisons l’équivalent de ce que toute l’humanité a archivé depuis la naissance de l’écriture.
Face à cette accumulation de données, les algorithmes sont utilisés pour classer le big data et prédire notre avenir.
« La révolution n’est pas dans cette incroyable production et accumulation de données, mais dans la capacité et la manière de les calculer, de les trier et les organiser au point de façonner une grande partie des cadres cognitifs et culturels de nos sociétés nouvelles, des sociétés de comportements. Il est donc plus que l'heure d'ouvrir la boite noire des algorithmes ».
D. Cardon propose de politiser les algorithmes, d’ouvrir la boite noire de leur fonctionnement.
Il distingue 4 manières de mesurer la réputation :
- Compter les clics et la popularité (à la manière des chiffres très imprécis de la mesure d’audience des médias,
pour vendre la pub aux marchands)
- Tenir compte de la notoriété de ceux qui font les liens d’une page web (Google)
- Mesurer les likes, les retweets (l’affinité passant avant la qualité du contenu - Twitter, Facebook)
- Traiter les traces laissées par les internautes, avec une naïveté : estimer que le volume des données va garantir la validité des résultats, sans se soucier de l’intérêt et de la pertinence de la question posée. Le principe c’est de prédire les comportements à partir des conduites antérieures.
Google et FB : ce qui résiste
O Ertzscheid, Le moteur et le social. Ce qui résiste. Affordance.info 27.09.2014 @affordanceinfo
La mort annoncée de Google + ?
http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2014/09/le-moteur-et-le-social-ce-qui-resiste-.html
Google ne pourra jamais être un media social. FB jamais un moteur.
Google classe et chasse le bruit, FB l'entretient pour nourrir et monétiser la conversation.
Ce qui résiste à FB, c'est la part documentaire de l'activité humaine
Ce qui résiste à Google, la part humaine de l'activité documentaire
sur le sujet, Cardon Dominique, « Dans l'esprit du PageRank » Une enquête sur l'algorithme de Google, Réseaux 2013/1 n° 177. pdf disponible sur le web :
http://ecole-ident-num.sciencesconf.org/conference/ecole-ident-num/pages/Cardon_Dans_l_esprit_du_PageRank.pdf
http://www.cairn.info/revue-reseaux-2013-1-page-63.htm (payant)
http://www.territoiresweb.com/dominique-cardon-classification-web-google-facebook/
.
Ludovia 2014
Ludovia 2014 - « Ecole numérique », « territoires connectés », chaque année depuis 2004 des acteurs du numérique se rencontrent à Ax-les-thermes (Ariège) à la veille de la rentrée. Ludovia, c’est tout à la fois une université d’été, un colloque, un séminaire collectivités territoriales, une vitrine pour les éducateurs et les entreprises.
« Les objets numériques : création et consommation », le thème 2014 questionnait l’attitude des enseignants face à l’offre industrielle. Les thèmes précédents concernaient : l’immersion (2006), la convivialité des interfaces (2007), do it yourself (2008), espace(s) et mémoire(s) (2009), interactivité et interactions (2010), mobilités (2011), plaisir et numérique (2012), imaginaire(s) du numérique (2013).
Des vidéos témoignent de la variété des activités (tables rondes, explorcamps) et des pistes explorées (les décrocheurs, annonce de la Khan-académie en français, tablettes en Saone et Loire ou dans un collège du Gard (Nicolas Bertos).
Bruno Devauchelle a rédigé plusieurs articles pour Le Café ;
il suggère une présence accrue du monde de la science et des techniques.
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/08/29082014Article635448977697769823.aspx
Des entretiens courts sont aussi disponibles.
http://ludovia.org/2014/webconferences-plateaux-tv/
Ainsi, le sociologue Dominique Cardon répond à trois questions :
« Comment Wikipédia peut-il être un modèle éducatif ? »
« L’externalisation numérique des connaissances rend nos sociétés plus intelligentes ? »
« Comment les jeunes gèrent-ils la frontière entre usages personnels et éducatifs du numérique ? »
.
.
Le paradoxe de la vie privée
Sur le Web, le " paradoxe de la vie privée " - Le Monde 01.08.2013
Les internautes s'exposent de plus en plus, tout en s'inquiétant de la surveillance de leurs données personnelles.
« Au fond, les réseaux sociaux ne sont pas utilisés pour dévoiler sa vie privée, mais plutôt pour raconter sa vie publique » … « Les gens s'exposent, mais c'est une exposition choisie » « Nous savons bien que nos échanges ne sont qu'un jeu de rôle dont nous créons les personnages ».
« les utilisateurs de FaceBook, Instagram ou Twitter sont bien plus effrayés par la surveillance interpersonnelle - opérée par leurs proches et collègues de bureau - que par la surveillance, finalement très abstraite, de l'Etat, analyse Dominique Cardon. " C'est une nouvelle notion, celle de la "sous-veillance" par les autres internautes.
Il faudrait sans doute y ajouter le flicage commercial par les entreprises privées, celles qui paient les centres d’appel délocalisés pour vous appeler et déranger au milieu de votre repas
http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/08/01/sur-le-web-le-paradoxe-de-la-vie-privee_3456070_3224.html
.