Gustave Courbet, L'atelier du peintre
https://fr.wikipedia.org/wiki/L'Atelier_du_peintre
Napoléon III sous le pinceau de Courbet
Par Frédéric Gaussen Le Monde 25 juillet 2001
https://www.lemonde.fr/archives/article/2001/07/25/napoleon-iii-sous-le-pinceau-de-courbet_4200055_1819218.html
Six semaines plus tard, le 28 juin 1855, l’Expo universelle est un peu bousculée par un événement imprévu.
Juste en face du Salon s'ouvre, avenue Montaigne, dans un local construit à la hâte, une exposition privée
organisée par un jeune peintre de trente-six ans qui fait beaucoup parler de lui : Gustave Courbet.
Sur la porte, il a mis cet écriteau : « DU RÉALISME. G. Courbet. Exposition de quarante tableaux de ses oeuvres. »
Il y a deux tableaux dans L'Atelier du peintre.
Celui du fond, avec son grouillement de figures énigmatiques.
Et celui de l'avant-scène peint par Courbet - ou plutôt ce paysage de Franche-Comté
dans lequel se fondent les trois personnages du premier plan : le peintre, la muse, l'enfant avec le chat.
Ce sont les proches amis du peintre :
le musicien Alphonse Promayet avec son violon, le mécène montpelliérain Alfred Bruyas,
le philosophe Proudhon, l'homme de lettres républicain Max Buchon exilé en Suisse,
le compagnon de chasse et de brasserie Urbain Cuénot,
l'écrivain Champfleury (qui sera très mécontent de son portrait)
assis jambes croisées sur un tabouret.
Derrière lui, un couple d'amateurs d'art, et dans le fond deux amoureux.
Un peu à l'écart à l'extrême droite, Baudelaire est en train de lire.
L'Atelier étant une « allégorie réelle », il faut voir dans chaque personnage
le symbole d'une institution ou d'une vertu : la Finance, l'Eglise, le Paysan, l'Ouvrier,
la Peinture, la Vérité (la femme nue), l'Innocence (l'enfant), la Musique, l'Amour…
Le groupe de devant annonce ce que sera maintenant l'inspiration du peintre :
le paysage et l'amour, la nature et le sexe.
Cette érotisation de la nature a pour Courbet une signification politique et philosophique :
elle met au jour l'intensité de la vie et le secret de la matière.
Elle révèle l' « origine du monde ».
Sachant que Courbet est un opposant véhément au régime
et que la censure est lourde pendant cette période autoritaire de l'Empire,
la tentation est grande de donner à l 'Atelier une signification politique.
C'est ainsi qu'Hélène Toussaint, responsable de l'exposition organisée au Grand Palais
pour le centenaire de la mort de Courbet en 1977,
en regardant attentivement les visages des personnages de gauche,
a fait des découvertes surprenantes. Ces anonymes, révèle-t-elle, sont en réalité des personnages bien réels.
Le juif, c'est le banquier saint-simonien Achille Fould ;
le curé : le journaliste catholique Louis Veuillot ;
le « républicain de 1793 » : l'ancien conventionnel Lazare Carnot ;
le croque-mort : le patron de presse Emile de Girardin...
La révélation la plus stimulante porte sur le personnage du braconnier
assis au premier rang à gauche, qui n'est autre que... Napoléon III.
On le reconnaît à ses bottes, à ses chiens et à sa moustache.
A droite du tableau : le peintre a représenté ses amis,
en partant de la gauche, d’abord le violoniste Alphonse Promayet - compagnon d’enfance de Courbet
(qui l’a peint à plusieurs reprises, il est Le Guitarrero –1844,
il figure dans L’après dînée à Ornans –1849 et dans L’enterrement à Ornans –1849) ;
devant lui il y a Alfred Bruyas, collectionneur avisé et mécène
(Courbet l’a représenté dans La Rencontre – 1854)
puis viennent trois personnages regroupés, Proudhon (philosophe socialiste),
Cuenot (ami d’enfance du peintre qui l’a aussi représenté dans L’après dînée à Ornans) et
Buchon (ancien camarade de collège de Courbet et anti-bonapartiste, il figure dans L’enterrement à Ornans)
L’écrivain Champfleury est assis (on dit qu’il serait la plume du Manifeste du Réalisme
signé par Courbet au moment de son exposition privée de 1855),
Courbet ne dévoile pas l’identité du couple mondain,
il en est de même pour le couple de jeunes gens dans le fond - le jeune-homme est assis dans un hamac rouge.
Pour finir, à l’extrême droite de la composition Baudelaire assis sur un coin de table
sur laquelle il a posé son chapeau ; à son coté, on distingue l’ombre de Jeanne Duval.
https://www.lumieresdesetoiles.com/latelier-du-peintre-1854-55-gustave-courbet/
Histoire par l'image : les noms des personnages
Baudelaire, Fould, Persigny, Veuillot, Carnot, de Girardin ...
https://histoire-image.org/etudes/courbet-peintre-realiste-societe
https://www.museumtv.art/artnews/oeuvres/zoom-sur-latelier-du-peintre-de-gustave-courbet/
https://www.youtube.com/watch?v=HHMhEg8mmx0
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