RVH 2019
Présentation par Marc Lazar :
En France, généralement, l’Italie ne laisse guère indifférent. À l’inverse, elle suscite des passions contradictoires. Elle attire par le charme de ses paysages, la beauté de ses villes, la richesse de son patrimoine, de sa culture et de ses arts, mais aussi par son art de vivre, son inclination pour l’esthétique, son ancestral génie inventif, ou encore par le raffinement de sa gastronomie. Mais elle provoque également des réactions opposées qui vont de l’amusement teinté parfois d’ironie quand ce n’est pas de suffisance ou d’arrogance pour ses moeurs – ah ces jeunes Italiens qui restent dans les jupons de leur mère jusqu’à un âge avancé! –, ou le comportement de certains de ses dirigeants (que l’on pense à Silvio Berlusconi) à une méfiance envers certains traits supposés de sa population, voire à une aversion pour quelquesunes de ses réalités, telle la Mafia, en passant par les peurs qu’elle déclenche de manière récurrente, avec, par exemple, l’angoisse d’un éternel retour du fascisme.
La connaissance plus approfondie de l’Italie doit sortir de ses perceptions simplifiées, souvent déformées à l’origine de clichés et de stéréotypes fort répandus. D’autant plus que l’Italie est l’objet d’un étrange effet d’optique.
Elle nous semble extrêmement proche, par sa géographie et la force des liens qui nous unissent par-delà la barrière des Alpes : la langue, l’importance accordée à la culture humaniste, l’intérêt pour la politique, ou encore l’inclination commune pour une alimentation de qualité. Or cette proximité nous fait croire à nous, Français, que l’Italie est familière et par conséquent facilement compréhensible. Et il en va de même pour les Italiens à notre égard.
Ce qui régulièrement provoque une grande quantité d’incompréhensions, de malentendus, de frustrations, d’exaspérations et de soupçons réciproques. Car penser que l’Italie est aisément appréhendable s’avère totalement faux. La complexité italienne s’inscrit dans la longue durée historique et se marque dans la diversité extrême de ses populations, de ses cultures et de ses territoires en dépit de la lente émergence sans doute à partir de la fin du XVe siècle d’une italianité incertaine mais néanmoins assez obsessionnelle qui se consolidera, selon différentes modalités, avec l’Unité du pays et la construction d’un État-nation.
Appréhender l’histoire de l’Italie suppose donc de saisir sa réalité dense en évitant de l’essentialiser, de la figer de manière univoque mais, à l’inverse, en cherchant à identifier ses invariants et ses ruptures. Sans considérer ce pays comme cela a souvent été le cas pour sa période la plus contemporaine, comme une anomalie baroque, une énigme indéchiffrable :ce qui amène alors à l’édifier en une entité fermée sur elle-même. Alors qu’au contraire, comme n’importe quelle nation, ou peut-être davantage qu’une autre du fait de sa position géographique, l’Italie a été et demeure ouverte à d’innombrables échanges humains, matériels,commerciaux, économiques, politiques, culturels avec l’Europe, la Méditerranée et le monde.
L’Italie forme un creuset d’influences et, en même temps, elle constitue parfois, à certains moments de son histoire, un modèle pour reprendre le titre d’un essai percutant de Fernand Braudel, un terrain d’expérimentations, un laboratoire. Pour le pire parfois. Pour le meilleur souvent..
Marc Lazar – programme RVH page 6
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