L’histoire de France a-t-elle encore un sens ?
invités de l'émission Répliques : Patrick Boucheron,
Pierre Nora (historien français -sic- académicien français -resic)
A l'écoute, l'émission vaut surtout par la présence de Pierre Nora et Patrick Boucheron.
Leur grande maîtrise du métier d'historien, leur talent rhétorique et leur pratique de ce genre de controverse, tout cela leur évite de se laisser enfermer dans les questions étroites de l'habitué des jérémiades : le choc des civilisations, les Arabes, l'islam, la spécificité franco-française, Ernest Lavisse, le culte des ancêtres, continuité - discontinuité ...
Dans leur plaidoyer pour une histoire vivante, ouverte sur le monde, écouter par exemple la présentation par PB de R. Bertrand, L'histoire à parts égales. (vers la 32e minute)
- L'islam et la civilisation musulmane, dans le Bordas de cinquième (1971), c'est le 3eme chapitre, entre Byzance et le morcellement de l'Occident. En 1964, Le monde musulman (VII-XIVe), c'est le chapitre 17 du Hatier, mais le programme c'était Rome et le Moyen-Age jusqu'en 1328.
Difficile d'y voir une intention supposée de catéchèse et un éloge du métissage.
- Lavisse
Le petit Lavisse réédité en 2010, c'est la version de 1895, sans doute un des plus chauvines.
http://editionsdesequateurs.fr/Catalogue/FacSimiles/PetitLavisseHistoireFrance
- Marc Bloch
AF a essayé de capter au service d'une histoire immobile, voire réactionnaire, les ouvrages de Renan, Lavisse, Marc Bloch.
Après Casali, il a voulu finir en répétant une citation sur le sacre de Reims et la Fête de la Fédération. La citation est tronquée et mise en avant par les tenants d'une histoire identitaire.
cf aussi Sylvain Venayre, Les origines de la France : quand les historiens racontaient la nation.
http://clioweb.canalblog.com/tag/venayre
- Dans les programmes de première compactés sur ordre de Chatel, Auschwitz est étudié avant Hitler, l'impasse est faite sur l'histoire intérieure de la France après 1962. Et le Traité de Versailles occupe six lignes dans 2 pages doubles sur la SDN et la sécurité collective. Pas de carte de l'Europe en 1923 (Nathan Le Quintrec, Première 2011)
- Les manuels
dans les classes, « les professeurs font un usage très distant des manuels et des réglementations académiques », affirme P Boucheron. Selon lui, ils enseignent une histoire chronologique et méthodique, contredisant les polémistes qui se contentent de feuilleter les manuels. Faire de l'histoire aujourd'hui, ajoute-t-il, c'est d'une certaine manière enseigner contre l'institution (mais de manière éthique et responsable ??).
Il faut sans doute nuancer, selon la date de la dernière inspection, et selon l'avancement dans la carrière. Et ne pas oublier que les enseignants travaillent sous le contrôle de parents activistes (cf. l'égalité entre les sexes en Education civique ou en SES).
Il y aurait aussi une étude à faire des directives successives, de leurs contradictions et de leur (in)efficacité.
Ne pas oublier non plus les horaires annoncés. Ils obligent à une course permanente (la 2 GM en 3 ou 4 heures !) et à un survol qui enlève tout intérêt intellectuel à beaucoup de sujets. Les allégements d'août 2013 suggèrent que les profs peuvent être entendus d'un pouvoir politique, s'ils sont soutenus par tous ceux qui s'intéressent à l'histoire.
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