Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Clioweb, le blog
cardon
11 mai 2013

L'opium du politique

 
Le numérique, peu investi par les politiques
Dominique Cardon - Le Monde Opinions 08.05.2013
http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/05/08/le-numerique-peu-investi-par-les-politiques_3173832_3232.html

D Cardon voit un choc entre deux conceptions de la politique et du social
[qui rappellent la vieille opposition entre le push et le pull, entre ce qui est balancé par la pub de la TV et le web interactif] :

- Pour les professionnels du marketing, Internet n’est qu’un autre média, aux potentialités inférieures à celles de la télévision. Pour eux, l’essentiel c'est la séduction des électeurs grâce à la diffusion descendante de la parole partisane à vendre.

- Sur le web de la conversation, les jeunes communicants essaient parfois de faire du buzz, de jouer les ventriloques, ou d’organiser la claque des supporters. En fait, l’espace de la conversation reste un entre-soi, qui augmente les ressources de ceux qui sont déjà très informés et dont les choix politiques sont acquis et stables.


Cette tribune fait partie d'une double page sur La communication, opium du politique ?
- Omniprésents, les spin doctors infligent un coût moral à la démocratie, Alain Garrigou
Les spécialistes du marketing ont fait de l’argent le cœur de la politique. AG rappelle la campagne de Bernays et d’American Tobacco lors de la parade de 1929 à New York pour vendre des cigarettes aux femmes. « Est-il sans conséquence que les citoyens soient assimilés à des consommateurs, auxquels s'appliquent des procédés issus de la publicité marchande ? Ces citoyens le sont-ils encore lorsqu'ils sont les cibles de tactiques et de calculs cyniques ? »

- De l'ombre à la lumière, des gourous trop exposés, Philippe Riutort
- Un technicien de l'opinion pour Hollande, Gérard Colé
- Rivalité courtoise entre journalistes et communicants, JB Legrave

.

.

Publicité
Publicité
24 mars 2013

Humanités numériques

 

De la diversité des humanités numériques : une exploration des pratiques

EHESS - Journée d’études,
amphithéâtre, 105 bd Raspail, 75006 Paris
Lundi 25 mars 2013
http://culturevisuelle.org/icones/2643

parmi les interventions :
Eric Guichard, « L’écriture binaire et en réseau, un révélateur épistémologique »

Dominique Cardon, « Dans l’esprit du PageRank. Un essai d’anthropologie de l’algorithme de Google »

Jean-Christophe Plantin, « Ouvrir la boite à outils de la recherche numérique. Une analyse ethnographique de trois laboratoires »

André Gunthert, « Pourquoi la recherche en culture visuelle a besoin du web »




guichard-ecritures

Écritures : sur les traces de Jack Goody, Eric Guichard coord,
Enssib, août 2012
http://www.enssib.fr/presses/catalogue/ecritures-sur-les-traces-de-jack-goody

 

21 mars 2013

Critiquer (vraiment) Facebook

 

Critiquer (vraiment) Facebook, Dominique Cardon, Libération 19.03.2013
http://www.liberation.fr/evenements-libe/2013/03/19/critiquer-vraiment-facebook_889718


Extraits :
« Tout se passe comme si la multiplication des discours critiques était sans effet aucun sur les comportements des utilisateurs. Comment dès lors comprendre que nous consentions aussi facilement à mener une vie sociale numérique que nous désapprouvons ? »

« Il y a quelque chose d’incohérent … dans les reproches que nous adressons continuellement aux réseaux sociaux de l’Internet : perte de temps, bavardage, addiction, faux-amis, désordre de la relation et de la personnalité, etc.
Ces critiques, le plus souvent, nous les destinons aux autres. Ce sont eux, les jeunes, les naïfs, les narcissiques, qui se dispersent, se perdent, s’exhibent et vivent des expériences déréalisées, pas nous, utilisateurs conscients et réflexifs de l’Internet ».

« A idéaliser le fait que nos choix d’individus devraient être des décisions purement internes aux personnes et qu’elles ne doivent rien à leur environnement externe, nous entretenons une illusion permanente, et constamment déçue, sur la réalité de notre vie sociale ».

16 décembre 2012

Le maître ignorant


- Les Rencontres Wikimedia Education 2012 viennent d'avoir lieu à Paris.
Il faut féliciter chaleureusement les organisateurs pour la qualité de leur travail et le choix des intervenants.
Les interventions ont été filmées (sauf une) et seront mises en ligne prochainement.

En attendant, consulter les nombreux tweets envoyés pendant ces deux jours :
https://twitter.com/search?q=%23wikieduc&src=hash
Stéphanie de Vanssay - tweets - storify 1ere journée - storify 2eme journée



- La pédagogie du savoir collectif sur Wikipedia

Les adversaires de l'encyclopédie en ligne s'en prennent surtout au contenu des articles. Samedi matin, Dominique Cardon ( Lab SENSE, Orange Labs) a souligné l'importance des procédures évolutives dans la réussite de Wikipedia.

« Wikipédia a su prendre le délicat tournant du passage à l’échelle des communautés de l’Internet lorsqu’elles doivent codifier leur esprit ». C'est l’une des expériences les plus abouties et les plus radicales de coopération auto-organisée.

« Dans ce modèle d'auto-organisation, décentraliser la surveillance et la sanction, mettre en tension le local et le centre permet de gérer à un niveau très bas la très grande majorité des conflits entre les membres ». L’institutionnalisation des règles de gouvernance sur Wikipédia est un processus continu... « Les individus participent d’autant plus facilement à la production d’une ressource commune qu’ils disposent aussi d’un pouvoir de surveillance et de sanction sur les autres membres de la communauté »

D. Cardon propose cinq enseignements de cette expérience collective
Leçon 1 - Transformer l’esprit fondateur en règles publiques et accessibles
Leçon 2 - Participer, c'est aussi surveiller et sanctionner en cas de besoin
Leçon 3 - Séparer les personnes et les contenus
Leçon 4 - Centraliser les peines pour les raréfier
Leçon 5 - Procéduraliser l'hospitalité

Sur Wikipedia, « la vérifiabilité s’est substituée à la vérité ».

Cette analyse a été développée dans Discipline but not punish. The governance of Wikipedia,
in Massit-Folléat, Méadel (Cécile), Monnoyer-Smith (Laurence),
Normative Experience in Internet Politics, Paris, Presses des Mines, 2012

Extrait (conclusion)  :

« Dans Le maître ignorant (1987), Jacques Rancière raconte comment, en 1818, Joseph Jacotot eut la surprise de découvrir que ses élèves flamands qui ne savaient pas le français étaient parvenus à commenter en français le Télémaque de Fénelon au terme d’un apprentissage attentionné d’une édition bilingue, apprentissage guidé par Jacotot qui, lui, ne parlait pas le flamand ! Les élèves avaient « appris seuls et sans maître explicateur » (p. 22).

La méthode Jacotot, explique J. Rancière, se fonde sur une radicale « égalité des intelligences » entre maître et élève, qui refuse le partage des savoirs. L’élève apprend seul. Le maître ne sait rien. Il ne guide pas. Il n’explique pas. Il se contente de vérifier l’attention que consacre l’élève à chercher. Il n’est pas un guide socratique conduisant l’élève à trouver en lui le bon chemin. Le maître ne connaît pas ce chemin. Il est juste « vigilant ».

Il instaure un « rapport de volonté » avec l’élève qui n’est en rien ce « rapport de savoir » qui installe toujours une asymétrie « abrutissante ». Aussi la vigilance est-elle le seul enseignement du maître. « Cette attention qui ne se relâche jamais » est à elle seule productrice de connaissance : « Maître est celui qui maintient le chercheur dans sa route, celle où il est seul à chercher et ne cesse de le faire » (p. 58).

La procéduralisation de la vigilance critique sur Wikipédia relève de cette logique. Les wikipédiens veillent les uns sur les autres. L’appartenance communautaire institue un « rapport de volonté » qui invite chacun à veiller que chaque autre cherche. Pris individuellement, les wikipédiens sont bien moins savants que les savants, mais en s’imposant mutuellement d’être le maître ignorant des autres, c’est-à-dire en demandant constamment aux autres s’ils ont vérifié, sourcé, équilibré, etc. leurs productions, bref en veillant à ce que les autres aient fait l’effort de découvrir, et ceci sans jamais interroger le savoir de ceux qu’ils pressent de chercher, ils font advenir une forme de production de connaissance(s) plus solides que celle des savants.
Dans une société d’égaux comme Wikipédia, cette vigilance ne s’organise pas sur le partage des savoirs, elle est radicalement procédurale. Donc ignorante. La vigilance participative contribue à « donner non pas la clef du savoir, mais la conscience de ce que peut une intelligence quand elle se considère comme égale à toute autre et considère toute autre comme égale à la sienne. L’émancipation est la conscience de cette égalité, de cette réciprocité qui seule permet à l’intelligence de s’actualiser par la vérification » (p. 68).

Voilà sans doute une manière extrêmement juste de qualifier cette « intelligence des foules » qui fait tant débat. Celle-ci ne procède pas d’une addition de savoirs, ou de toute autre règle de composition des connaissances individuelles, mais de l’attention collective que met chacun à révéler son intelligence en veillant à ce que tous fassent le même effort.
La procéduralisation de la discussion sur Wikipédia apparaît alors comme la condition indispensable de ce pari incroyablement audacieux : faire une encyclopédie d’ignorants ».



Quelques liens pour poursuivre :
L'institut Jacotot
https://sites.google.com/site/institutjacotot/

Conférence de Rancière en 2004
http://multitudes.samizdat.net/Sur-Le-maitre-ignorant

11 diapos en ppt :
http://www.unilim.fr/sceduc/IMG/pdf/Le_maitre_ignorant_diapo_.pdf

un leçon sur le site de la CIP-IDF
Coordination des Intermittents et Précaires d’Ile-de-France
http://www.cip-idf.org/IMG/pdf/jacotot_final_A4_leger.pdf


.
.

8 septembre 2012

Google, FB : la guerre des classements

 

- Google, Facebook : la guerre des classements
émission Le grand bain, 23 juillet, 30 premières minutes

Dominique Cardon sur Google et Facebook,
pagerank et edgerank,
autorité ou affinité...
http://www.franceinter.fr/emission-le-grand-bain-google-facebook-la-guerre-des-classements

 

- Des clics et des claques, du 06.09.2012
L'émission d'Europe 1 fait vers la 15e minute,
la promotion du magazine Philosophie magazine
et du dossier Pourquoi nous n'apprendrons plus comme avant
Avec Nicholas Carr, Salman Khan, Michel Serres, Raffaele Simone,  Bernard Stiegler, Jean-Philippe Toussaint, Maryanne Wolf
http://www.philomag.com/fiche-dossiers.php?id=127
http://www.philomag.com/fiche-ancien-numero.php?id=63
(Le magazine s'intéresse aussi à Karl Marx).
http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Des-clics-et-des-claques/Sons/Des-clics-et-des-claques-06-09-12-1230417/

Nicholas Carr a eu bcp de succès à l'été 2008 avec l'article
Is Google Making Us Stupid ?
What the Internet is doing to our brains
http://www.theatlantic.com/magazine/archive/2008/07/is-google-making-us-stupid/306868/

Un an plus tard, en 2009, Books magazine en a tiré la traduction titrée
Internet rend-il ENCORE PLUS bête ?
http://www.books.fr/magazines/numero-7/


La question de Philo magazine est intéressante, et les articles semblent nuancés (la TV y semble davantage égratignée qu'internet). A la radio, les 15 minutes servent surtout à opposer des opinions et des points de vue.

Au moins 2 choses semblent très discutables :
Les journalistes utilisent des termes qu'ils oublient de définir :
pourquoi mettre sur le même plan une information factuelle (vérifier une date ou un lieu, dénicher le nom d'un auteur ou le titre d'un livre ou d'un film) et construire une connaissance ou un savoir, ce qui suppose un questionnement et un raisonnement ?

Un chercheur, ce n'est pas seulement un technicien. C'est aussi qqun qui essaie de renouveler la manière de questionner un sujet et de mobiliser des données à interpréter pour appuyer sa thèse.

Dans l'émission, Internet est comparé à l'imprimerie, comme si le paysage actuel de l'édition existait dès 1450.

L'analogie est fréquente quand on veut attaquer Internet.
C'est négliger le fait que le livre ne touche au départ qu'un pourcentage très limité de la population européenne, sur des sujets également restreints.
Pour élargir massivement le cercle des lecteurs, il a fallu attendre les progrès de la scolarisation en Europe à la fin du XIXe.
Ensuite, il a fallu la diffusion du livre de poche, après 1954 en France.
Sans oublier le temps disponible pour lire
après le boulot (le temps libre) et l'envie de lire... :-):-)
Mais là, la TV est venue rapidement concurrencer le livre, lui faire de l'ombre et aussi un peu la courte échelle (cf Apostrophes).


.

 

Publicité
Publicité
30 août 2012

Pétrarque 2012 - Internet et la démocratie



Internet, stade final de la démocratie ? - Rencontres de Pétrarque 2012

Invité(s) :
Dominique Cardon, Fabrice Apelboin, Fleur Pellerin

http://www.franceculture.fr/emission-les-rencontres-de-petrarque-internet-stade-final-de-la-democratie-2012-08-25
l'émission au format mp3
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12533-25.08.2012-ITEMA_20394200-0.mp3


Ecouter notamment Dominique Cardon sur les relations entre Internet et la démocratie représentative (vers la 35e minute).

Il reprend des analyses présentes dans un entretien avec Hubert Guillaud en sept 2010, mis en ligne sur Internetactu le 19.08.2011
Pourquoi l’internet n’a-t-il pas changé la politique ? 
http://internetactu.blog.lemonde.fr/2011/08/19/dominique-cardon-pourquoi-linternet-na-t-il-pas-change-la-politique/

Notes personnelles et extraits de l'entretien :

Certains médias voudraient voir dans internet un signe de modernisation de la vie publique (cf la campagne d'Obama en 2008), ou une solution miraculeuse à la crise de la démocratie.

DC, internetactu : « Internet ne révolutionne pas la représentation politique traditionnelle.
… Ce n'est que bien plus tard que l'idée de démocratie électronique, de vote en ligne, de présence des partis sur la toile est venue se greffer, comme un corps presque étranger, sur l'esprit d'internet. Alors ce que font aujourd'hui les partis pour réinventer le dialogue avec les militants et les électeurs, c'est très bien... mais il faut reconnaitre que ce n'est pas l'endroit où l'internet est le plus brillant. Les dispositifs institutionnels de consultation ne réunissent pas grand monde ».
« L'usage des réseaux sociaux permet, dans des circonstances particulières, comme les campagnes électorales ou les débats sur des thèmes chauds d'actualité, de sortir du périmètre strict de l'organisation partisane et de faire transpirer le militantisme politique vers la société ».

Selon Dominique Cardon, Internet et la démocratie sont deux domaines qui ne sont pas superposables.Il estime qu'internet modifie peu la compétition pour les postes de pouvoir, ou seulement à la marge. La démocratie représentative n'est pas menacée, la légitimité reste fondée sur l'élection.


L'Internet des pionniers avait une visée politique : changer la société par l'espace public mais sans se soucier de la prise du pouvoir.

« Internet libère l'expression des individus, et le droit de porter, sans contraintes ni censures, leur propos dans un espace public ».
« Le web social a permis de démocratiser l’autoconstruction narrative en l’inscrivant dans les pratiques de la vie ordinaire. Il permet aux internautes les moins dotés en capital culturel de se mettre en scène sous des formes beaucoup plus brèves, légères et faciles que la rédaction d’un blog ».

Cette action d'Internet est surtout décelable dans les mouvements sociaux et dans les formes d'engagement. On ne vote pas sur Internet. L'essentiel, c'est le consensus : pas la recherche de l'unanmité, mais l'accord trouvé par débat et étapes successives.

Dans ce militantisme en réseau, Dominique Cardon voit plusieurs formes communes :
- Le refus d'une organisation par le haut et d'une affiliation permanente.
Le centre est vide, il n'y a pas de porte-parole permanent.
(avec des exceptions : cf le charisme et le magister moral d'un Richard Stallmann pour le logiciel libre)
- L'absence d'un programme exhaustif
- L'individu est au centre. Il prend part à un mouvement et peut se retirer à tout moment. La force de ce type de mobilisation, c'est la coordination par essaim, une coordination faible, mais qui peut faire masse (cf le TCE de 2005).
- Dans ces espaces, la définition des règles, des procédures de la participation, absorbe beaucoup de temps et d'énergie. DC ne croit pas aux consultations décrétées par le haut, avec un site web vitrine. En général, le débat se fait
sur d'autres espaces, non prévus au départ.

Il plaide pour l'ouverture des donnés publiques, condition d'un regard critique et responsable dans un Internet indomptable (cf  les sites web regards citoyens ou  sourcemap)
Les citoyens sont placés face à leur propre responsabilité. Le travail des élus devient moins simple, mais est-ce vraiment un problème ?


qq observations entendues :
- Ce sont les hippies qui ont inventé internet. Les militaires ont juste apporté beaucoup d'argent.
cf Fred Turner. Aux sources de l'utopie numérique. De la contre-culture à la cyberculture : Steward Brand, un homme d'influence. http://cfeditions.com/

- Jusqu'ici Internet a su échapper à la mesure d'audience façon TV commerciale et publicité.

- Dans le web des pionniers, l'internaute s'effaçait derrière les liens et l'accent était mis sur les contenus. Avec l'arrivée de facebook, l'internaute affirme d'abord et avant tout sa subjectivité


A lire également sur le web, à propos de l'ouvrage La démocratie Internet (Le Seuil,09.2010) :

Histoire politique d'Internet
http://www.wethenet.eu/2011/02/la-democratie-internet/

Dominique Cardon et Fabien Granjon, 2010, Médiactivistes, Les Presses de Sciences Po
.


.

 

25 juillet 2012

FADBEN : PageRank vs EdgeRank

 

L'organisation des connaissances dans le contexte du Web - Olivier Ertzcheid, Evelyne Broudoux, Dominique Cardon.
9e congrès de la FADBEN - Paris, 22-24 mars 2012 >
http://www.canal-u.tv/fadben-2012


TABLE RONDE du 22 mars 2012
"L'organisation des connaissances dans le contexte du Web. Mutations du document, traitement documentaire et redocumentarisation, indexation de l'information : quels enjeux pour la culture informationnelle ?"
http://www.canal-u.tv/video/fadben

Animateur : Eric Bruillard

avec Olivier Ertzcheid,
Des NTIC aux NTAD (nouvelles technologies de l'attention et de la distraction)

Evelyne Broudoux,
La prise en compte du contexte par la complexité documentaire

Dominique Cardon
PageRank vs EdgeRank. A propos de la compétition la compétition qui s’organise entre les deux principes de classement de l’information : l’autorité (Google, web documentaire, PageRank) et l’affinité (Facebook, réseaux sociaux, EdgeRank)

 

8 mai 2012

Lyon : Prenons de la hauteur

 

- Prenons de la hauteur sur nos usages d'Internet
Lyon - Off du Web, en marge du www2012 - lundi 16 avril 2012
http://blog.almatropie.org/2012/05/festival-off-a-lyon-www2012-les-videos/
http://off.www2012.org/conference-debat-usages-internet/

9e - Serge Soudoplatoff oppose 2 économies, celle de la rareté , celle de l'abondance ET du partage. L'économie classique, celle des stocks se sert de la rareté (réelle ou provoquée) pour assurer ses profits (la TNT est une énorme connerie, un réseau qui ne suppporte qu'un seul usage) . Dans l'économie des flux (la transmission par paquets), Google peut donner un accès gratuit à son savoir-faire, tout en faisant de gros profits.

20e : Dominique Cardon oppose les publiants, ceux dont le capital culturel important anime le web document, et la masse des internautes que vise le web de la conversation (celui des médias sociaux) où la publication est possible à un coût nettement moindre.  Le web a intégré toute une part d'oralité et il en a fait des textes, à cheval sur le privé et le public. Une illustration, c'est la réussite de Facebook qui a élargi le cercle de ceux qui écrivent, bcp plus que twitter (les jeunes sont moins naïfs dans la gestion de leur identité numérique que l'on le dit).

23e  - DC s'intéresse à la métrique du web. Les algorithmes sont des fabrications humaines dans lesquels on enferme des principes, des politiques, des intérêts. Il détaille 5 principes globaux qui n'existent jamais à l'état pur.
Le classement (manuel) des documents prolongeait la logique documentaire. Le web 2.0 met en avant les affinités, au risque d'enfermement dans des bulles restreintes. La course après l'instantané donne la priorité à la vitesse et aux flux continuels. Mais le web a mieux résisté que la TV à la mesure par l'audience. Page rank rappelle plutôt la méritocratie, avec la prise en compte de la citation par les pairs internautes.

S Soudoplatoff - Le web 2.0 est un retour aux sources. L'internet des pionniers était peer to peer, avec les newsgroups.
Le web marque une régression, avec un accès de type client-serveur aux données. 
Le web 2.0 donne la priorité au social, aux relations entre internautes plutôt qu'au contenu des documents.

Synthèse par Jocelyn Bouilhol et Florence Hautdidier

.
- Le danger des brevets logiciels
par Richard Stallman - Université Victoria de Wellington - 8 octobre 2009 à
http://www.gnu.org/philosophy/danger-of-software-patents.en.html
http://www.gnu.org/philosophy/danger-of-software-patents.fr.html


- Géolocalisation et commerce. Il est tracé par ici, il repassera par là.
Facebook, itinéraires GPS, emplettes en ligne…
Les données collectées permettent d’anticiper déplacements et comportements d’achat.
http://www.ecrans.fr/Il-est-trace-par-ici-il-repassera,14620.html

"... perdre NS, c’est (un peu) comme éteindre la télé ..."
http://www.ecrans.fr/Un-petit-dernier-pour-la-route,14626.html


.

11 janvier 2011

Wikileaks, antis et pros

4 sources pour cette revue de presse :

- Comme on nous parle, Une émission de France Inter vendredi 7 janvier.
En fait 15 mn à écouter (et à regarder) pour les arguments utilisés par Ali Ribeihi et ses trois invités (A Finkielkraut, T. Legrand, G Tabbard).  Un détail : quand la radio veut concurrencer la TV, elle ne filme qu'un seul invité et ses mimiques face à la musique de John Pigeon (diffusée par provoc ?) … En contrepartie, sur la TNT, la TV du pauvre se contente souvent de vendre de la radio filmée...
- 3 points de vue parus dans le dossier du Monde sur WikiLeaks, entre déballage et démocratie.
. Dominique Cardon, En finir avec le culte du secret et de la raison d'Etat - 03/12/2010
http://www.lemonde.fr/retrospective/article/2010/12/03/
. Patrice Flichy, C'est la réhabilitation du journalisme d'expertise - 03/12/2010
http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/12/03/
. Jean-Claude Rufin, WikiLeaks ou la troisième révolte - 21/12/2010
http://larevuedelepoque.20minutes-blogs.fr/

Les réactions que suscite WikiLeaks sont contrastées, écrivent les contributeurs de Wikipedia.  La plupart de ses publications déclenchent de violentes polémiques et des intimidations au plus haut niveau. Le site a également dû faire face à des problèmes techniques et financiers qui menacent son existence même.
Cependant, son action trouve aussi des défenseurs, y compris dans les pays francophones : le Parti pirate suédois ; Reporters sans frontières; La Quadrature du Net... (ils ajoutent que malgré son nom, Wikileaks n'est pas un wiki...)

.
Pour les adversaires de Wikileaks,
- La démocratie serait la cible unique, la sécurité des états (et des USA) serait menacée, la vie de leurs agents mise en péril. Hantise ultime : des révélations pourraient porter sur le monde de la finance...
- Wikileaks abolirait le rôle de médiateur de la presse
- Il incarnerait le mythe de la transparence absolue et l’impossibilité d’une vie privée avec ses petits secrets.
- La personnalité de Julian Assange et ses propos sont décortiqués…

« Rétif par nature à tout contrôle, multiple, insaisissable, impossible à unifier et sans doute à réguler, ce cinquième pouvoir est en train d'acquérir une puissance qui menace tous les autres. En poussant sa logique au plus loin, il est possible d'imaginer que l'activité de ce cinquième pouvoir peut, à terme, rendre les démocraties impossibles à réformer et peut-être même à gouverner, les secrets impossibles à protéger, l'autorité, même émanant de la loi et garantie par la justice, impossible à exercer ». JCR - Le Monde 210/12/2010
(JCR voit trois âges dans la révolte - revanche du citoyen face un Etat à la fois envahissant et impuissant : l’âge de l’humanitaire, celui de l’altermondialisme, celui du militantisme virtuel). Un détail : le 5e pouvoir, pour Rufin, c’est l’initiative citoyenne (des centaines de milliers d’associations). Pour AF, c’est l’internet.

Ceux qui sont familiers de ce type de controverse savent que le statut de celui qui parle est déterminant. Il permet souvent d’anticiper les arguments qui vont être développés. Noter aussi d’emblée la grande confusion dans les domaines mis en avant : la vie politique, le débat citoyen, la presse, l’audio-visuel, l’internet…

.
Retour sur quelques arguments avancés :

- La fin de la médiation ? Wikileaks ( ou plutôt le web) empêcherait les journalistes de faire leur boulot, en donnant un accès gratuit aux sources brutes et en effaçant la hiérarchie entre les sujets.

L’argument ne tient pas : les données sur l’Irak ou l’Afghanistan ont été traduites en cartes interactives par The Guardian. Les dernières « révélations » ont transité par 5 quotidiens respectés et ont donné du travail à quelques dizaines de journalistes. De plus certains spécialistes disent n'avoir trouvé dans ces cables diplomatiques une simple confirmation de leurs analyses antérieures. « Le café de la diplomatie ne vaut guère plus que celui du commerce » écrit Jean Cattan (Le Monde Opinions).

Pour les adversaires de Wikileaks, le Off serait menacé ; pour eux la complicité entre politiciens et journalistes serait légitime,
une légitimité qu'ils semblent refuser au journalisme d'investigation et de critique. Ils tolèrent le travail du Canard enchaîné, mais avec des réserves...
Pour eux, dans la version internet, le journalisme d'investigation changerait d’échelle (l’industrie remplaçant l’artisanat) et donc de nature. Il y aurait à dire sur leur convocation de la morale (l'argument du "vol numérique") dans un clonage des discours de l'industrie du disque).

- L’immédiateté et la course au scoop empêcheraient toute lecture distanciée.
La recherche du scoop a-t-elle attendu l’internet ?
En fait, ne faudrait-il pas chercher la source dans les contraintes économiques (vendre le maximum de publicité) et dans l'évolution liée à la technique, qui permet une info en continu, de CNN à France-Info...

Les arguments sur la presse se comprennent chez ceux qui se sont attribués la légitimité de dire aux autres ce qu’il faut penser. Ils méconnaissent l’importance de la logique économique : qui possède en France les principaux titres d’information ? Ils suggèrent le refus de prendre en compte l’intelligence et la culture des lecteurs, des auditeurs et des téléspectateurs.

- La transparence absolue  ?
AF cite en référence diabolique la Stasi, et feint de confondre la surveillance policière étatique dans une dictature avec la sous-veillance, l’exposition calculée d’infos personnelles sur les réseaux sociaux. DC souligne l'importance du jeu des acteurs du web, leur combinaison d’exposition et de dissimulation. Pour lui, la visibilité des données est généralement limitée à un cercle restreint de correspondants (sauf en cas d'inimitiés brutales et de coup tordu intentionnel).

.
PF évoque un changement important dans les méthodes du journalisme : l’appel à des logiciels pour traiter et exploiter les masses énormes et brutes contenues dans les bases de données (« le journalisme de données »). Il fait aussi le pari de l’intelligence et de la culture des lecteurs éclairés.

.
DC évoque les conflits de loyauté [engendrés par la RGPP et de la découpe des services publics], et les tensions morales auxquelles sont soumis les agents de l'Etat.

Quant à la raison d’Etat, il écrit :
« Au prétexte de la tyrannie de la transparence, l'affaire WikiLeaks a ranimé chez certains le culte du secret et de la raison d'Etat. Une révélation de plus, et ce sont les vertus de la politique machiavélienne qui seront réhabilitées et, avec elles, cette habitude de protéger n'importe quel agissement du pouvoir du discrétionnaire "secret défense" ».

« C'est pourtant moins le risque de la transparence que celui de l'opacité qui menace aujourd'hui la communication des pouvoirs économique et politique. La demande d'informations issues des coulisses apparaît alors comme un contre-feu face à l'hypertrophie des stratégies de communication qui cadenassent dans une langue de plus en plus artificielle les discours du pouvoir ».

D Cardon et  P Flichy ont longuement exposé leur point de vue dans Le Grain à moudre (16/12/2010).
Ne cherchez pas la transcription sur le site du Nouvel Observateur, elle n'existe pas et n'existera pas.
Lire quelques notes personnelles dans ce billet du 31 décembre 2010

12 septembre 2010

Numérique et démocratie

La suite dans les idées - au format mp3

Entretien de Sylvain Bourmeau avec Dominique Cardon, sociologue
à propos de deux ouvrages
Dominique Cardon et Fabien Granjon, Les médiactivistes 2010
Dominique Cardon, La démocratie Internet 2010

Lire également
    * La vie des idées.fr - Vertus démocratiques de l'Internet
    * Internet Actu.net - Réinventer la démocratie : Internet, nouvel espace démocratique ?

7e mn : DC rappelle le rôle de la contre-culture dans la genèse de l'informatique, la sécession d'une partie de la jeunesse américaine vers 1965. Il distingue deux courants dans la gauche d'alors, d'un côté la dénonciation du système et des pouvoirs,
de l'autre la volonté de se changer soi-même faute de pouvoir changer la société. Le rapport à la technologie a plutôt été inspiré par le second courant (cf Apple) ...
En 1996, déclaration d'indépendance du cyberespace du musicien rock John Perry Barlow

13e : Internet change le rapport à l'espace public.
Internet une articulation de plusieurs médias, basée sur la communication interpersonnelle.
Dans la communication de masse classique, des gate-keepers (médiateurs, portiers) décident quels sujets seront mis en avant et qui aura accès aux micros et aux caméras ( ceux qui ont accès aux médias savent la double difficulté, celle de l'invitation, celle de la disproportion entre le temps disponible et le sujet à traiter).

Sur le web, tout le monde peut diffuser une info mais la visibilité n'est jamais acquise. Tout est potentiellement accessible, mais la visibilité est gagnée par le travail collectif. Les internautes peuvent ainsi créer un public par le bas, faire émerger des thématiques originales.

20e mn - une parole alternative, c'est une exigence ancienne des mouvements sociaux (cf radios libres), avec deux tendances
- Critiquer les médias en tant que système et la vision du réel imposée (Le Monde diplomatique, Acrimed)
- Ne détestez pas les médias, devenez vous-même un média (Indymedia)

23e mn : Les blogueurs ne produisent pas vraiment d'information factuelle et originale, mais diffusent beaucoup de commentaires. Pour DC, il ne faut pas mépriser ces commentaires : ils participent de la circulation de l'information et de son appropriation par tous.

24e mn : Le retour des barbelés sur la prairie ?
La tension est permanente entre le réseau et ceux qui veulent le contrôler et le border (entreprises et pouvoirs politiques). Cette tension fait partie de la dynamique du web.

.
- L'utopie Internet
Lieu d'expérimentation voire d'émancipation, la Toile est aussi un laboratoire politique
Compte-rendu des 2 ouvrages dans Le Monde des Livres 17/09/2010
« Dominique Cardon s'attache ici à établir les principes fondamentaux de la " démocratie Internet " : présupposition d'égalité, à l'image de l'encyclopédie Wikipedia abondée également par tous ; force des liens faibles qui coalisent les intérêts et font émerger des causes par le simple partage de l'information ; coopération, auto-organisation, préférence pour le consensus dans les processus de prise de décision, etc. »

 

 

Publicité
Publicité
<< < 1 2
Clioweb, le blog
Publicité
Archives
Publicité