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Clioweb, le blog
historiens
31 décembre 2011

Blogs d'historiens - France - Allemagne

 

- La blogosphère française en histoire -
Klaus Graf - Mareike König - Archivalia - 11 August 2011
Criminocorpus, EMMA, Parlement de Paris, Femmes au travail, Enklask, Interfaces-Livres anciens, Photographier la ville, Devenir Historien, Cléo Radar, Photo in History ...
http://archiv.twoday.net/stories/38743431/

- Une blogosphère à fort potentiel
: petit tour des blogs d’histoire germanophones
Mareike König - Digital Humanities à l'IHA - 13 décembre 2011 -
Archaeologik, Archivalia, Kritische Geschichte, Digitale Regionalgeschichte, Medien im Geschichtsunterricht,  Weblog.hist.net ...
http://dhiha.hypotheses.org/425

L'information majeure, c'est l'ouverture d'un portail en allemand : http://de.hypotheses.org/

Fort potentiel ? Une formule contredite par une introduction qui parle de déficit structurel, de manque de visibilité, de mépris de l'institution à l'égard des internautes. Les historiens tomberaient-ils parfois dans le piège de la communication insitutionnelle et de la néo-évaluation ? 

« Contrairement à son homologue française, la blogosphère germanophone dans le champ historique est encore réduite et aisée à circonscrire. Une des explications réside sans doute d’une part dans le dédain qui entoure souvent en Allemagne le blogging scientifique. Tant que les articles évalués par les pairs auront plus de poids qu’un blog scientifique dans un CV, les historiens préféreront concentrer leur énergie dans des publications traditionnelles. Or l’un ne devrait pas exclure l’autre. L’Allemagne pâtit d’autre part d’un déficit structurel en la matière : il n’existe aucun forum qui centralise les blogs en sciences humaines et qui leur offre donc une meilleure visibilité, des standards de qualité ainsi qu’un archivage. Le portail de blogs germanophones tout récemment ouvert, http://de.hypotheses.org, doit remédier à cette situation et donner naissance à une communauté interconnectée de blogueurs professionnels germanophones, qui ne craignent pas d’utiliser cet outil pour dialoguer avec des collègues et l’opinion publique ».

« ... en Allemagne, la plupart des blogs en histoire ont une approche transversale. On trouve peu de blogs en accès public, adossés à un séminaire universitaire. Les blogs de fouilles archéologiques sont très appréciés en France, ils sont inexistents en Allemagne, tout comme les blogs de centres de recherche ou ceux qui entourent une publication. Logiquement il existe donc encore peu de blogs germanophones publiant des contributions scientifiques inédites ou diffusant des informations d’actualité sur les derniers résultats de la recherche ».


11 blogs (sites web?) pour la France, une trentaine pour l'Allemagne.

La sélection ponctuelle faite par 2 germanistes paraît bien sévère. Ainsi, elle fait l'impasse sur les blogs de Culture visuelle (André Gunthert) ; elle ignore un site incontournable comme Ménestrel pour l'histoire médiévale... Elle est pourtant révélatrice d'une frilosité trop peu analysée du monde universitaire hexagonal, déjà signalée en février dernier sur ce blog (cf aussi son incapacité à normaliser les sites web des universités, laissés à la fantaisie des informaticiens locaux : .univ-, .uni-, .u- ).

La situation pourrait changer avec l'arrivée de la plate-forme Hypotheses.org du CLEO (Centre pour l’édition électronique ouverte), qui hébergeait déjà une quinzaine de blogs d'historiens en août dernier et près de 50 en décembre 2011.


Les sociologues (L Muchielli ou Loic Wacquant) ou les économistes sont beaucoup plus actifs sur la toile. Voir par exemple les sites retenus par Marjorie Galy (Toile SES) en y ajoutant La pompe à phynance, le blog de Frédéric Lordon.
Quel contraste avec le 
monde anglo-saxon : le très riche Cliopatria's History blogroll a répertorié plus de 2000 sites et blogs (en deux fichiers - part 1 - part 2

Côté allemand, ajouter aussi Nachrichtendienst für Historiker, la revue de presse de Tobias Berg (source NM).

Enfin, le titre façon communicants du MEN vaut le détour :
un déficit structurel et une visibilité insuffisante deviennent « Une blogosphère à fort potentiel ».


Rappel :
Clioweb - Liens Histoire : http://clioweb.free.fr/peda/1hist.htm

Choix de blogs : http://clioweb.free.fr/dossiers/blogs.htm


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8 octobre 2011

L'historien sera-t-il programmeur ?

 


Le code et l’historien contemporanéiste – pensées éparses
Frédéric Clavert
L'historien doit-il coder et devenir programmeur pour mieux exploiter des archives de plus en plus massives ?
Le texte et les 11 commentaires,
http://www.clavert.net/wordpress/?p=385

dont ceux d'Emilien Ruiz et de Franziska Heimburger
Les historiens seront-ils finalement programmeurs ?
http://www.boiteaoutils.info/2011/09/les-historiens-seront-ils-finalement.html

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-
« l'historien de demain sera programmeur ou il ne sera plus »
Merci pour le rappel de la formule d'E Le Roy Ladurie en 1967
et pour les références au travail accompli par la génération précédente. 
(cf quelques repères présentés dans cette page :
http://clioweb.canalblog.com/tag/historyandcomputing
et dans 25 ans d'ordi en HG :
http://clioweb.free.fr/clio/egotechnohistoire.htm

Un paradoxe (développé par P Boucheron) : la démographie historique date pour l'essentiel de l'ère de la mécanographie. L'ordinateur est apparu ensuite, mais il sert davantage aux généalogistes qu'aux historiens démographes. Il est vrai que l'histoire culturelle a démodé l'histoire quantitative.

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Vers 1983, en lycée, une formation de 100 h a accompagné la livraison des premiers ordinateurs au graphisme misérable (Silz, Goupil) qui ont servi surtout en éco-gestion. Les outils disponibles par la suite (tableurs, bases de données) montraient les limites de cette initiation à la programmation d'un tri (ascendant ou descendant).
Par la suite, les élèves ont disposé d'une option informatique ; les profs (pas seulement des matheux) avaient accès à une formation longue. Depuis quinze ans, cette option a été supprimée : elle était sans doute jugée trop coûteuse.

Pour la géo, quel chemin parcouru entre Cartax et les outils que Géoclip met à disposition en ligne !
Cartax (cf en fin d'article) : http://www.mgm.fr/PUB/Mappemonde/Mappe187R.html

Géoclip : http://clioweb.free.fr/carto/carto.htm#geoclip
un exemple : Les moins de 20 ans en Basse-Normandie - carte lissée - Sister - Géoclip
http://clioweb.free.fr/chronique/abecedaire/abcd.htm
l'original en pdf : http://aphgcaen.free.fr/peda/BN-moins20ans.pdf


Philcarto : histoire de vie d’un logiciel de cartographie
Une suggestion : lire le bilan établi par Philippe Waniez pour Cybergeo 
http://cybergeo.revues.org/23076
Concevoir, programmer et diffuser un logiciel scientifique est une entreprise de longue haleine qui ne peut se réduire à la production d’un code source ... C’est un processus complexe qui participe à l'évolution de la discipline et aux échanges avec les sciences voisines.
Pour Philippe Waniez, il est urgent de développer la culture informatique des géographes et de prendre en compte la conception de logiciels dans l’évaluation des chercheurs.

Un débat récurrent oppose fréquemment deux usages du numérique :
Traiter des données brutes ? (cf encore Géoclip en carto)
Ou Communiquer sur les résultats d'une recherche ?
(cf la polémique récente sur les présentations en ppt, la dérive des médias sociaux vers le simple buzz ...)
http://clioweb.free.fr/peda/traiter/traiter.htm
Du danger des présentations en powerpoint - Francis Pisani - blog Transnets

Le web 2.0 met à disposition des outils souvent faciles à maîtriser.
La programmation se justifie alors sur les marges, pour du travail sur mesure, ou face à des données massives (cf le journalisme de données). http://clioweb.free.fr/debats/alchimie.htm


Parmi les travaux cités par Emilien Ruiz :
- un dossier en espagnol
Historia Digital, dossier de Historia Critica n° 43, Bogota, Abril 2011
http://historiacritica.uniandes.edu.co/indexar.php?c=Revista+No+43

et les travaux des médievistes (surtout Paris 1, Menestrel et le Lamop)
Les historiens et l’informatique. Un métier à réinventer
Jean-Philippe Genet et Andrea Zorzi, EFR, Rome 2011
http://lamop.univ-paris1.fr/spip.php?article483

L'atelier Histoire et Informatique (ATHIS)
http://www.menestrel.fr/spip.php?rubrique619&lang=fr

En anglais ajouter 
Digital History: A Guide to Gathering, Preserving, and Presenting the Past on the Web
l'ouvrage rédigé par Daniel J Cohen et Roy Rosenzweig en 2005. UPP - Philadelphia.
La version disponible sur le web : http://chnm.gmu.edu/digitalhistory/
  .

cartax

 En 1987, Cartax présenté dans la revue Mappemonde
..

 BN-moins20

Géoclip - Les moins de 20 ans en BN - consulter l'original au format pdf (zoom possible)

 

 .

10 septembre 2011

L’université et les médias sociaux - 6

 

Loisirs ou travail ?
Traiter ou communiquer ?
Courir après l’instantané ? Ou amasser patiemment ?
Coopération ou compétition ?

Ce sont quelques-uns des enjeux croisés lors de 2 colloques récents, l'un en direct, l'autre en ligne, à propos des relations entre L’université ET les médias sociaux, un thème à la mode qui a supplanté les débats sur le web 2.0.

A retrouver dans cette page web :
http://clioweb.free.fr/colloques/dhi-toile-medias.htm


Plusieurs éléments de cette synthèse ont déjà fait l'objet d'articles dans la revue de presse du blog Clioweb :
 
- Jean-Paul Pinte (Lille), Les apprentissages à l’aune des réseaux sociaux.
Les outils et leur impact sur la formation.
http://clioweb.canalblog.com/archives/2011/07/08/21564355.html

- Christine Vaufray (Thot Cursus) sur la frilosité des universitaires en France.
http://clioweb.canalblog.com/archives/2011/07/05/21546864.html

- Why blog ? André Gunthert proposait en 2008 une défense et illustration du blog au service de la recherche universitaire, et une analyse des ruptures suscitées par cette forme de publication.
http://www.arhv.lhivic.org/index.php/2008/09/15/807-why-blog
http://clioweb.canalblog.com/archives/2011/08/17/21802945.html

- La réflexion sur L'ordinateur et le métier d'historien n'a pas débuté en 2011.
http://clioweb.canalblog.com/tag/historyandcomputing

 

14 juillet 2011

L'inquiétante Maison ...

L'inquiétante Maison de l'histoire de France.
sous ce titre, Libération publie une tribune de Vincent Duclert et Isabelle Backouche (12/07/2011). source : ldc
http://www.liberation.fr/culture/01012348459-l-inquietante-maison-de-l-histoire-de-france

« La question qui se pose est celle d’un marché de dupes entre les professionnels réunis dans le comité (présidé par Jean-Pierre Rioux) et les responsables qui, au ministère, à l’Elysée et dans l’association de préfiguration, mènent une politique du fait accompli et du passage en force… les experts sont démunis devant les instrumentalisations de la belle idée d’un musée d’histoire de France, à commencer par la soumission aux calendriers électoraux

Rapporté à ces contextes, l’avant-projet scientifique confirme les inquiétudes initiales sur les risques d’opération politicienne, de brutalité administrative et d’indifférence à la complexité » de l'histoire scientifique .

La tribune mentionne un avant-projet rendu le 16 juin.
Celui-ci peut être téléchargé et commenté (75 pages) :
http://www.maison-histoire.fr/avant-projet_MHF_francais.pdf

Faire parvenir votre contribution par voie électronique, à l’adresse concertation@maison-histoire.fr

«  Le site Internet de préfiguration de la MHF sera mis en ligne en septembre 2011 ».
http://www.maison-histoire.fr/
http://www.culture.gouv.fr/mcc/Actualites/Dossiers/La-Maison-de-l-histoire-de-France


Sommaire de l'avant-projet :

I. UNE MAISON COMMUNE

II. DES APPROCHES DU PASSÉ RENOUVELÉES
Durées et filiations
Homme et nature
Faits religieux, politiques symboliques
Entreprises, guerres, colonies
L’histoire des arts, des oeuvres et des créations
Images et sons

III. ACCUEILLIR TOUS LES PUBLICS

De « musée » à « maison »
Des conditions de l’accueil
Quatre publics à fidéliser

IV. UNE OFFRE NUMÉRIQUE AMBITIEUSE

Un site de préfiguration en septembre 2011
Un portail dans le courant de 2012

V. UNE GALERIE DES TEMPS

Pourquoi une galerie des temps ?
La dorsale des temps et des espaces
Les moments : des « arrêts sur histoire »
Documents, objets etc. : que verra-t-on dans la galerie ?

VI. DES EXPOSITIONS ET AUTRES RENCONTRES

L’exposition temporaire de questions d’histoire
Des rencontres multiformes

VII. UNE OUVERTURE A L’EUROPE ET AU MONDE

Nécessairement européenne
Dans l’action culturelle extérieure
La mise en synergie

VIII. UNE VALORISATION DE LA RECHERCHE

IX. UN RÉSEAU DE PARTENAIRES

Les « partenaires premiers »
Les grandes institutions de référence
Les « mille lieux d’histoire et de mémoire »
Les liens européens et internationaux

X. UNE EXPOSITION DE PRÉFIGURATION

XI. DES AVANCÉES NÉCESSAIRES

mhf-avt-propos

source : 
http://www.maison-histoire.fr/


15 mai 2011

Pierre Nora, Homo historicus


François Dosse était l'invité d'E Laurentin dans La Fabrique 13/05/2011
pour l'ouvrage Pierre Nora, Homo historicus (éd. Perrin)

l'émission au format mp3 :
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10076-13.05.2011-ITEMA_20285195-0.mp3
 

4e de couverture :
De l'enfant juif traqué par la Gestapo jusqu'à l'académicien français, Pierre Nora a connu une extraordinaire trajectoire qui l'a propulsé sur le devant de la scène française et internationale. Universitaire, éditeur, écrivain, il a profondément marqué le paysage intellectuel, et même moral, des dernières décennies. Pilier de la maison Gallimard, il a inventé, avec des collections comme Archives, Témoins, la Bibliothèque des sciences humaines et la Bibliothèque des histoires, une autre façon de concevoir et d'écrire l'histoire, l'anthropologie, la sociologie.

« Les Lieux de mémoire », gigantesque chantier de sept volumes, sont passés dans le langage courant, et la revue Le Débat, qu'il a fondée et continue d'animer, est le creuset des idées nouvelles. On voit dans ce livre passer tous les personnages qui ont compté dans l'intelligentsia, mais on découvre aussi l'homme, son exceptionnelle famille, les drames de sa jeunesse, ses amitiés fortes et diverses, ses engagements courageux sous une apparence parfois mondaine, et cette figure de l'intellectuel passionnément attaché à la France et à la République. Pierre Nora est aujourd'hui une personnalité centrale du monde des idées.

Présentation de l'ouvrage, et accès l'avant-propos et aux pages 15 à 30 en bonnes feuilles à l'écran (cliquer sur la couverture) ; la version pdf est plus courte (5 pages ?) : 
http://www.editions-perrin.fr/fiche.php?F_ean13=9782262033798

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11 mars 2011

L'historien et le numérique


SHMC. Le métier d'historien à l'ère numérique
Table ronde de la Société d'Histoire Moderne & Contemporaine
Samedi 12 mars 2011, 9h-13h30 - ENS, salle Dussane, 45 rue d'Ulm, 75005 Paris


Le métier d'historien à l'ère numérique : nouvelles pratiques, nouvelle épistémologie ?



En quoi les outils numériques changent-ils notre manière de travailler ? Il ne s'agit pas ici de revenir sur les rapports entre informatique et histoire, mais bien plutôt de s'interroger sur la manière dont cet outil nouveau qu'est l'ordinateur-portable-relié-à-internet a révolutionné le métier d'historien, depuis moins de vingt ans. Bien souvent, le discours épistémologique sur l'histoire travaille à partir des notions d'objectivité et de critique historique, et s'interroge sur les rapports entre l'histoire et les autres sciences sociales ou humaines, les temporalités de l'histoire, ses acteurs, etc.

Or ce discours ne dit rien d'une vaste palette de pratiques qui se sont immiscées dans le quotidien de la recherche en histoire comme dans les autres sciences humaines et sociales. Alors même que les équipements informatiques, les programmes publics ou privés de numérisation, ou l'utilisation des moteurs de recherche internet dans les salles de cours, s'imposent comme les grands enjeux de la réflexion publique sur l'enseignement et le recherche de demain, l'épistémologie historique discute fort peu de ce que des technologies informatiques, aussi universellement répandues qu'inégalement riches et performantes, ont fait aux manières les plus concrètes de travailler, de collecter l'information, de se l'approprier, de la communiquer ou la transmettre, mais aussi de construire et de représenter les résultats de la recherche. Elles ont aussi redéfini les catégories mêmes et les lieux qui structuraient le travail de l'historien(ne), tels que l'archive, la salle de cours, la revue, ou la bibliothèque.

Ces nouvelles pratiques nécessitent-elles de repenser les fondements épistémologiques la discipline historique? En quoi ces nouveaux instruments modifient-ils les formes de l'écriture de l'histoire et les conditions de production de la vérité scientifique?


* Jean-Luc Pinol (ENS Lyon) : Construire une infrastructure des services numériques pour les SHS

* Emilien Ruiz (EHESS) : Les transformations du métier d’historien à l’ère du numérique : retour d’expériences

* Pierre Mounier (CLEO/Revues.org) : Les carnets de recherche en ligne, espace d'une conversation scientifique décentrée

* Yann Potin (Archives nationales) : Institutions et pratiques d'archives face à l'ère de la numérisation : expériences et malentendus

* Bruno Latour (Sciences Po) : Comment le numérique repose quelques questions classiques de l'historiographie

* Eric Brian (EHESS) : Incidences du numérique sur la division du travail historique

source : http://calenda.revues.org/nouvelle19032.html

 

 

 

 

9 mars 2011

1881 - Un historien privilégié

 

Ernest Lavisse envisage la formation de l'historien, entre ce qui lui paraît l'idéal et ce que la réalité sociale lui impose. 

« L’éducation la plus parfaite serait celle qui formerait un historien sans programme ni souci des futures exigences d’un métier. Un jeune homme arrive à la Faculté son goût et le libre choix de sa volonté le prédisposent aux études historiques. Aucune contrainte ne lui est imposée. Il demande à l’enseignement des lettres et des sciences d’achever la culture de son esprit, et en même temps il apprend à connaître l’immensité du domaine historique. 

Les professeurs et les livres lui donnent les notions actuellement acquises sur les périodes principales de l’histoire. Son intelligence déjà sérieuse et réfléchie se pénètre d’idées générales dont il vérifiera lui-même un jour la valeur, mais qui seront ses guides provisoires. Cette partie de son éducation terminée, l’étudiant apprend ce qu’il faut savoir pour arriver par soi-même à la connaissance de la vérité. Il manie le microscope, mais sans courir le danger de perdre son temps a considérer des objets inutiles, car il sait la valeur et la proportion des choses. Supposez maintenant que cet étudiant devenu un homme soit libre encore dans la vie sa curiosité se porte sur les points discernés et choisis par lui: il apprend ce qu’il veut savoir, et il n’est jamais tenu à dire que ce qu’i! sait. Voilà un historien privilégié.


Il viendra un jour à la Faculté des étudiants de cette sorte ; il en vient même déjà: mais le groupe principal de nos élèves se composera toujours de candidats aux grades et aux fonctions universitaires. Or les professeurs de la Sorbonne, à qui l’État donne des boursiers de licence et d’agrégation, ont le devoir de former de bons maîtres pour les lycées et les collèges, et. dans ces maîtres, ils veulent en même temps préparer l’historien


L’éducation professionnelle ne nuira-t-elle pas à l’instruction scientifique, ou l’instruction scientifique à l’éducation professionnelle? Peut-on préparer à la fois à l’enseignement qui est une affirmation, et à la pratique de la méthode historique, qui est une recherche? Ne court-on pas le risque que ces étudiants deviennent des savants incompréhensibles pour leurs élèves ou bien des professeurs qui, accoutumés à jurer in verba magistri n’auront point l’activité des intelligences affranchies par l’usage personnel de la liberté ? Oui, sans doute, et pour éviter l’un et l’autre termes de l’alternative, pour concilier les deux propositions de l’antinomie, il faut prendre ses précautions. On les prendra. Il suffit de préparer les futurs professeurs à la licence et à l’agrégation, en ayant toujours devant les yeux l’étudiant idéal dont je parlais tout à l’heure.


Nos étudiants ne se présenteront à l’examen de licence qu’après deux années d’études faites à la Faculté.  Les professeurs d’histoire se garderont de les accaparer pendant ce biennium. Ces jeunes gens poursuivront leur éducation littéraire: ils s’exerceront dans l’art de composer et d’écrire, à cet âge où le style se fait avec la personne; ils apprendront par l’étude des grandes littératures quel secours l’histoire de la vie intellectuelle d’un peuple apporte à qui en veut connaître l’histoire politique et sociale: ils comprendront, en suivant la conférence de philologie et d’histoire grecques, que la philologie est l’indispensable science auxiliaire de l’histoire ancienne, puisque cette. histoire nous est révélée par des textes dont la critique et l’interprétation réclament un philologue. Nous nous contenterons de traiter avec eux les principales questions de l’histoire générale; mais déjà nous les munirons de connaissances bibliographiques, de notions sommaires, mais précises de paléographie, de diplomatique et de chronologie. Ce sont encore là des sciences auxiliaires ; mais la modestie de l’épithète ne doit pas tromper sur l’importance de la chose : ces sciences ne sont pas l’histoire, pas plus que l’outil n’est l’oeuvre; mais elles sont nécessaires à l’historien comme à l’ouvrier l’outil. Ainsi, pendant ces deux premières années, un commencement d’instruction pratique viendra s’ajouter à renseignement général.


Quand les étudiants seront licenciés, ils se prépareront pendant deux années au concours d’agrégation. En étudiant les auteurs dont on leur demandera, au concours, l’explication et le commentaire, ils s’exerceront a lire un écrivain ou un document, à définir les termes historiques, lesquels, désignant les institutions et les usages, ont une histoire, et, si je puis dire, une géographie : car ils ne signifient pas la même chose à des moments et dans des lieux différents ; et l’on commet de graves erreurs pour ne pas les traiter comme des personnes, qu’il faut placer dans le milieu historique et géographique où elles ont vécu. Enfin, la préparation des questions historiques indiquées au programme sous le nom de thèses obligera l’étudiant à écrire sous l’œil du maître quelques chapitres d’histoire. II n’y a pas de doute que ces jeunes gens seront mieux préparés que leurs devanciers au travail historique. Pour se former au professorat, ils auront, pendant toute la  durée de leurs études, des exercices hebdomadaires où ils apprendront comment il faut enseigner, avec quelle simplicité, avec quelle clarté, avec quelle méthode, en laissant de côté l’appareil des recherches et de l’érudition ».


Ernest Lavisse,
 L’enseignement historique en Sorbonne et l’éducation nationale, Leçon d’ouverture au cours d’histoire du moyen âge, à la Faculté des Lettres de Paris en décembre 1881 - Extrait de la Revue des Deux Mondes livraison du 15 février 1882 (extrait pages 20-22)

Version texte (à corriger) au format word : http://clioweb.free.fr/textes/gallica/lavisse-1881.doc

lavisse

Ernest Lavisse , source Académie française

 

27 février 2011

Blogs d'universitaires historiens



- Les blogs et sites indépendants d'universitaires sociologues sont très nombreux.

2 exemples :
Frédéric Lordon, La pompe à phynance :
http://blog.mondediplo.net/-La-pompe-a-phynance-
http://clioweb.free.fr/debats/lordon.htm

Laurent Muchielli, Délinquance, justice et autres questions de société :
http://www.laurent-mucchielli.org/

à compléter avec la sélection de Marjorie Galy :
http://www.toileses.org/liens/blogosphere.htm


-
Parmi les géographes et cartographes actifs sur le web :

Thierry Joliveau :
http://mondegeonumerique.wordpress.com/

Cartographes, Le Monde diplomatique :
http://blog.mondediplo.net/-Visions-cartographiques

Sylvain Kahn :
http://www.franceculture.com/blog-globe.html


- Plusieurs historiens
engagés ont ouvert, plus ou moins récemment, des blogs pour éclairer l’actualité à partir de leur domaine de recherche :

Vincent Duclert, Entre Histoire et Politique
( Archives nationales: la réponse par la «Maison de l’histoire de France» ? )
http://blogs.mediapart.fr/blog/Vincent_Duclert

Guillaume Mazeau, Lumières du Siècle
( Combien ça coûte, une Révolution ? )
http://lumieresdusiecle.blogs.nouvelobs.com/

Gérard Noiriel : Performances
( Quelle liberté pour la science ? )
http://noiriel.over-blog.com/

Les derniers sujets traités sur ces trois blogs sont disponibles dans cette page Netvibes
http://www.netvibes.com/clioweb#Blogs_gx


Quels blogs et sites indépendants réalisés par des historiens universitaires serait-il possible d’ajouter à cette liste ?

Premières réponses reçues :

- Benjamin Stora : http://blogs.mediapart.fr/blog/benjamin-stora

- Esther Benbassa : http://www.rue89.com/passage-benbassa

- Paul Dietschy : http://blogs.lexpress.fr/histoire-de-sport/

- Mathieu Bouchard : http://mathieubouchard.blog.lemonde.fr

.

29 novembre 2010

MHF : L'histoire EN France

Pour un musée de l'histoire en France - point de vue de Vincent Duclert, Le Monde 25/11/2010

extraits :
« Rarement projet aura été aussi mal préparé par l'acteur étatique… Un premier rapport, d'avril 2008, rédigé par un conservateur spécialiste du patrimoine audiovisuel mais peu historien….Un second rapport (JP Rioux), de mai 2009, se limite à l'examen des différents "sites susceptibles d'accueillir un musée de l'histoire de France"… Enfin, un troisième rapport, d'avril 2010, émanant de Jean-François Hébert (Fontainebleau)…est une rapide synthèse des deux premiers.
Dernier acte, provisoire, le ministre : « En refusant de répondre sur le fond, en usant des motifs rhétoriques des "élites" contre "le peuple" et de l'intérêt supérieur, Frédéric Mitterrand (Le Monde 3/11/2010) prouve que tous les arguments sont bons pour étouffer la contestation plutôt que de l'entendre ».

« Ce n'est pas d'une "Maison de l'Histoire de France" dont ce pays a besoin, mais d'un "musée de l'histoire en France". La nuance peut sembler subtile. Elle est en réalité capitale. Tout dépend alors de la capacité du travail scientifique à assumer cette écriture publique de l'histoire ».

« L'objet même envisagé pour cette histoire exposée constitue un des enjeux.
Qu'est-ce que la France ?
Une entité pré-existante à la société, à l'Etat, à la politique,
ou bien une construction produite par des acteurs collectifs et individuels, français ou étrangers, au sein d'événements souvent conflictuels, ou encore une adhésion librement consentie à une certaine idée de la dignité politique, de la justice sociale, de la démocratie républicaine, de la morale laïque, de la solidarité pour les exclus ? La réponse est dans la question, et celle-ci doit être posée dans un musée comme dans les travaux qui le préfigurent » ».

.
- Maison de l'Histoire de France
Daniel Roche face à JP Rioux et à Finkielkraut
Répliques du 27/11/2010, au format mp3
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13397-27.11.2010-ITEMA_20255059-0.mp3

.
- Débat sur la polémique autour de la Maison de l'histoire de France - La Fabrique, mercredi 01/12/2010
Avec Frédéric Mitterrand et  Patrick Boucheron.
http://www.franceculture.com/emission-la-fabrique-de-l-039-histoire.html-0
( noter l'adresse originale en html-0 )

émissions précédentes :
. Pétain et le statut des Juifs - La Fabrique lundi 29/11/2010
avec Serge Klarsfeld et Tal Bruttmann
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10076-29.11.2010-ITEMA_20255250-0.mp3

. Historiographies, mardi 30/11/2010
avec Claire Lemercier (cnrs), François Dosse (Paris XII), Christian Delacroix (Paris EMV)
(cf l'ouvrage Historiographies, concepts et débats que Gallimard vient de publier)

.
- Maison de l'Histoire de France, pas aux Archives
http://tinyurl.com/MHF-pasaux-archives

 

26 octobre 2010

Blois 2010 : Robert Badinter

Lors de la conférence de clôture, à voir et à écouter en différé, Robert Badinter a insisté sur les bonnes relations entre les magistrats et les historiens.

Il a réaffirmé la liberté de l'historien, le respect de sa liberté de recherche. Il n'appartient pas au magistrat de se substituer à l'historien, ni de trancher un différend entre historiens (motifs changé par une cour d’appel à propos d’un procès touchant au négationnisme). En général, en cas de poursuite, la bonne foi de l'historien est volontiers reconnue. Avec une exception : Zeev Sternhell n'a pas eu ce bonheur face à un académicien (Jouvenel) en 1984.

Plusieurs facteurs ont modifié les rapports entre magistrats et historiens en France depuis 1945.
- l'introduction de la catégorie du crime contre l'humanité
- le vote de l'imprescriptibilité en 1964
- le passage du culte des héros à l’accent mis sur le sort des victimes.
- Dans les années 1980, les avocats des victimes ont pu engager des procédures sur des faits qui n'avaient pas été jugés et se constituer en partie civile. Dans ces procès, la justice avait à juger des faits anciens ; elle a fait appel au concours des historiens. Leur faire prêter, à l’audience, le serment du témoin (dire la vérité, toute la vérité) est une absurdité. Le doute scientifique est un élément central du métier d’historien. On aurait dû se contenter de les faire intervenir en experts, en « amis de la cour ».
Leur présence d’historiens au procès Papon a entraîné des débats vifs entre historiens de métier.

La période de Vichy a été très riche en crimes divers ; beaucoup ont été jugés après 1945. Mais du fait de cette évolution, c'est la complicité de génocide qui l'a emporté sur tous les autres aspects, en France et plus encore à l'étranger.

Robert Badinter attribue le statut des juifs à la folie xénophobe et antisémite d'Allibert, le garde des sceaux. Il estime que tous ceux qui vivaient en France en octobre 1940 avaient bien d'autres urgences (occupation, vie quotidienne, prisonniers...). Or, ajoute RB, sans minorer l'étendue des crimes et de la complicité de Vichy, c'est en France que le plus grand nombre de juifs a été sauvé du génocide. Pas à cause de Pétain ou de Laval, mais « grâce à l'immense réseau de protection discrète et invisible qui a permis aux familles traquées d'échapper à la déportation. Je ne leur dirai jamais assez ma reconnaissance »
49e : il dit sa reconnaissance à tous ceux qui lui ont permis de survivre à Cognin, un village de Savoie.
http://www.la-vie-nouvelle.fr/actualite/Le-message-d-avenir-de-Robert-Badinter-2024.html

A mesure que se révélait l'horreur du génocide, on assiste au passage du révisionnisme au négationnisme. La négation du génocide devient insupportable à tous ceux dont les familles ont été victimes de l'entreprise hitlérienne de destruction. D'où le vote de la loi Gayssot. Dans cette loi, la poursuite ne porte pas sur la négation du génocide, mais sur le rejet du jugement de Nuremberg, le rejet de l'autorité de la chose jugée.

La loi de 2005 a soulevé de très vives protestations.
Ce n'est pas au législateur de dire et d'écrire l'histoire.
La dernière mission parlementaire a fortement déconseillé le recours à de nouvelles lois mémorielles ou compassionnelles.

Lire également le dossier RVH dans la Nouvelle République , même si la promotion du journal et la politique politicienne occupent parfois plus de place que l'histoire.

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