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histoire
18 avril 2011

Aggio : HG 1ere - Un programme à refaire

A lire sur le blog Aggiornamento (18/04/2011)
http://aggiornamento.hypotheses.org/178

Pourquoi nous ne ferons pas ce programme de Première (tel qu’il nous est imposé)

« À propos du programme de Première d’histoire-géographie qu’il faudra mettre en œuvre l’an prochain, et en attendant la correction de fond en comble qu’ils appellent de leurs vœux, les signataires de ce texte (et tous ceux qui voudront les rejoindre) proposent une démarche pour éviter, en pratique, ce qui leur paraît remettre gravement en cause d’idée qu’ils se font de leur métier ».
[...]
« C’est d’abord sur ce point qu’il nous paraît essentiel d’insister, pour bien faire comprendre les raisons d’un refus, avant d’exposer la manière avec laquelle nous envisageons de faire autrement (tout en préparant nos élèves – de « S », au moins – au bac !) ».

La relecture envisage une relecture en six grandes parties du programme d'histoire :
Économie et société depuis le milieu du XIXe siècle (3 semaines)
Un monde ébranlé par la Première Guerre mondiale (3 semaines)
La Seconde Guerre mondiale et ses conséquences (2 semaines)
Un monde bipolaire (1947-1991) (3 semaines)
Du monde colonisé au Tiers monde (2 semaines ½)
Le monde depuis la fin de la guerre froide (une semaine ½)

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17 avril 2011

Rennes : Nora - Lanzmann


Forum Libération, Rennes 2010 en différé

- Le devoir de mémoire menace-t-il la vérité de l’histoire ? 
En duettistes espiègles, l’historien Pierre Nora et le réalisateur Claude Lanzmann ont pris un plaisir instructif à faire vivre le sujet au présent.
http://www.forumlibe2011.rennes.fr/

- Pierre Nora - L’historien doit connaître et faire connaître - Libération 05/04/2011
http://www.liberation.fr/tribune/

Claude Lanzmann - La mémoire n’est pas un devoir - Libération 05/04/2011
http://www.liberation.fr/tribune/


Claude Lanzmann épingle les voyages de lycéens à Auschwitz.
Il moque les commémorations du 16 juillet depuis Chirac :
selon lui, l'émotion de l’entre-soi et le secret partagé ont laissé place aux fauteuils dorés et au défilé des officiels rue Nélaton.


Shoah
? « c'est un des 10 films qui ont marqué l'histoire du cinéma ».
Ne serait-ce plus le plus grand film de tous les temps ? :-)
Lanzmann aurait-il gagné en modestie ? :-)

Dans ce film, l’histoire est dite par les témoins.
Selon Lanzmann, cette forme d'incarnation de la vérité aurait semé la panique chez les historiens
(il cite Marrus lors du départ à la retraite de Raul Hilberg)…


« Tu utilises des catégories pauvres, cela m'étonne de toi ! »
lance-t-il à l'adresse de Pierre Nora, dont il moque « le joli visage d'opprimé ».
Celui-ci venait de rappeler la formule : « l’histoire rassemble, la mémoire divise ».
Visiblement, Lanzmann semble placer la loi Gayssot au dessus de tout,
et ne pas avoir digéré le combat de Pierre Nora et de Françoise Chandernagor contre les lois mémorielles (Liberté contre l'histoire).


Pierre Nora, qui refuse « la capitulation sans conditions » défend l'intérêt d'une histoire commune,
pour savoir d'où l'on vient et ce que l'on doit aux générations précédentes.

 
.

6 avril 2011

Rennes : histoire et mémoires

Lors des prochaines Rencontres de Libératon à Rennes
http://www.liberation.fr/forumrennes.html
(les débats suivants affichent déjà complet)

vendredi 15 avril, 

14 30 : À qui appartient l'histoire ?
avec Hervé Lemoine, directeur du Musée des monuments français et Nicolas Offenstadt, historien

16 30 : Devoir d'histoire, devoir de mémoire
avec Claude Lanzmann, écrivain et cinéaste et Pierre Nora, historien

La mémoire n’est pas un devoir. Claude Lanzmann
««  Grâce à Shoah (le film), le savoir historique change de nature, on assiste ... à une incarnation de la vérité (Vérité?), le contraire de la faculté d'aspetisation de la science, même de la science historique »». Lanzmann, toujours aussi suffisant, se compare à Primo Levi et à Raul Hilberg. Hors des 9 h 30 de Shoah, point d'histoire, point de salut ! :-) 
http://www.liberation.fr/tribune/01012329780-la-memoire-n-est-pas-un-devoir

- L’historien doit connaître et faire connaître, Pierre Nora
« Le seul devoir ... d’un historien est de faire le «métier» qu’il a choisi. Il consiste à connaître et à faire connaître ; donc à savoir toujours davantage. A sentir et à faire sentir la différence des temps, ce qui suppose la convocation des mentalités, des sensibilités disparues et des mémoires. A comprendre et à faire comprendre, ce qui exige l’établissement des rapports, le sens du relatif et la mise en perspective ... »
http://www.liberation.fr/tribune/01012329781-l-historien-doit-connaitre-et-faire-connaitre 

18 h 30 : De la désobéissance civile  et de son bon usage,  avec William Bourdon, avocat et fondateur de l'association Sherpa et Monique Canto-Sperber, philosophe. La directrice de l'ENS et la désobéissance civile !!!

samedi 16 avril
16 h 30 - 
Aborder l'égalité fille / garçon dès le plus jeune âge ? avec Jean-Paul Lilienfeld, réalisateur et scénariste et Geneviève Fraisse, philosophe.

 .
Les enregistrements des débats de 2010 (Le bonheur, une idée neuve),
sont toujours disponibles en ligne au format mp3.
Lire également qq présentations :
http://www.forumlibe2010.rennes.fr/index.php?id=3109

Y a-t-il de la place pour de nouvelles utopies ?
Pierre Rosanvallon, Daniel Cohn Bendit
http://www.liberation.fr/societe/0101632817-y-a-t-il-de-la-place-pour-de-nouvelles-utopies 

Pierre Rosenvallon, Réinventer la démocratie (Grenoble) :
http://ratc9435ez.free.fr/economy/rosanvallon/


3 avril 2011

Pour un aggiornamento en HG

 

Un nouveau blog vient d'être créé à l'adresse http://aggiornamento.hypotheses.org/

Pour un aggiornamento de l'enseignement de l'histoire et de la géographie. 
Ce blog a pour objet de proposer une réflexion et des propositions dans l’optique d’un renouvellement de l’enseignement de l’histoire et de la géographie de l'école à l'université.

Des assises en 2012. Ce blog réunit une équipe d’enseignants et de chercheurs de différentes disciplines et degrés d’enseignement qui souhaitent tout à la fois organiser une veille en ce domaine et construire un espace de discussions et de propositions à destination de la communauté éducative et du grand public. Il s’agira de discuter aussi bien des questions de programmes, de pratiques, d’épistémologie des deux disciplines, en confrontant des travaux scientifiques, des analyses et des témoignages. L’un des objectifs principaux est de permettre l’organisation d’assises prévues en 2012

Les billets publiés sur ce blog sont soumis à un comité de lecture composé de Suzanne Citron, Laurence De Cock, Patricia Legris, Philippe Olivera et Emmanuelle Picard. Toute personne intéressée peut envoyer des propositions à l’adresse suivante: hypotheses.aggio@yahoo.fr

Un groupe de discussion accompagne ce blog (les messages sont modérés). Vous pouvez vous y inscrire en envoyant en message à l'adresse hypotheses.aggio@yahoo.fr 

 

3 avril 2011

Histoire de l'environnement


dans la Fabrique de l'histoire (Emmanuel Laurentin), semaine sur l'histoire de l'environnement.

- Mercredi, Table ronde avec archives sur l'histoire des catastrophes naturelles
avec Emmanuel Garnier, Fabien Locher et Anne-Marie Granet Abisset.
au format mp3
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10076-30.03.2011-ITEMA_20276857-0.mp3


Jeudi,  débat historiographique
avec Grégory Quénet, Vincent Lemire, Jean-François Mouhot et Stéphane Frioux.

Histoire environnementale,
Histoire gobale de l'environnement ?
hydrohistoire...
matérialité et représentations, 
Emmanuel Le Roy-Ladurie, Georges Bertrand sont cités, à côté de nombreux spécialistes anglo-saxons.
l'émission au format mp3
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10076-31.03.2011-ITEMA_20277075-0.mp3

Vers 10 mn 30, les moustiques ont complétement influencé l'impérialisme européen ... 
L
es moustiques arivent d'Afrique ? Oui, ils ont été apportés par les esclaves sur les bateaux négriers ... je raccourcis un petit peu ...

Vers la 38e mn, l'abolition de l'esclavage est en partie attribuée à l'arrivée du charbon et du pétrole ... par un intervenant qui évoque l'amélioration générale des conditions de vie... sauf pour les mineurs précise Emmanuel évoquant la silicose et les maladies professionnelles :-)

Une dérive fréquente : à écouter un autre intervenant, l'histoire de l'environnement n'existait pas avant lui et la création de son cours à Sciences-Pô voilà trois ans... Bizarre, en 2001, les Rendez-Vous de l'Histoire avaient déjà pris pour thème : L'Homme et l'Environnement, quelle histoire ? http://www.rdv-histoire.com/fichiers/pdf/journal_2001.pdf
De nombreux comptes rendus ont survécu sur les sites académiques
Les autres sujets traités dans les Rendez-Vous de l'Histoire (en pdf) :
http://www.rdv-histoire.com/?q=node/22

Histoire environnementale, dossier de la Revue d'histoire moderne et contemporaine, n° 56-4

L'article Environmental History de Wikipedia cite plusieurs spécialistes et des états de la question :
Roderick Nash  "Wilderness and the American Mind", 1967
John McNeill, "Observations on the Nature and Culture of Environmental History". History and Theory 42 (1983-2003?)
Richard White "Environmental History: Retrospect and Prospect". Pacific Historical Review -1985-2001
J. Donald Hughes What is Environmental History? (What is History Series). Cambridge 2006
William Cronon, Nature's Metropolis: Chicago and the Great West, 1991
http://en.wikipedia.org/wiki/Environmental_history
http://en.wikipedia.org/wiki/William_Cronon
Geneviève Massard-Guilbaud, 
Histoire de la pollution industrielle en France, 1789-1914. editions EHESS

Parmi les sites web à explorer
Environmental History Resources : http://www.eh-resources.org/

Chez H-Net : H-Environment - http://www.h-net.org/~environ/
archives des messages du mois :
http://h-net.msu.edu/cgi-bin/logbrowse.pl?trx=lm&list=H-Environment

 

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2 avril 2011

Une France sans histoire récente ?

 

La suppression de l'Histoire-Géographie pour tous en Terminale S a provoqué une réécriture des programmes. Une des particularités des programmes en cours d’application ou d'écriture (première en 2011, terminale ES-L en 2012), c’est de faire quasiment l’impasse sur l’histoire de la France après 1962.

En première, les lycéens étudieront La France de 1958 à 1962 seulement ; en terminale, « L’État et l’État-nation en France (du XIIIe siècle à nos jours) » risque de donner une place dérisoire à l’histoire contemporaine. Même en ajoutant médias et opinion, la place des femmes, les lycéens n'auront qu'une vue très parcellaire de l'histoire du pays dans lequel ils seront des citoyens, actifs ou passifs.

Ne méritent-ils pas une meilleure connaissance de l’histoire récente et des enjeux actuels pour ce pays ?
L'enseignement de
l’histoire du temps présent a été un des acquis majeur des programmes de 1983. Il a permis de valoriser le travail des historiens sur l'après 1945. Ces acquis n'ont-ils plus leur place dans un lycée réformé ?

Un argument parfois avancé : le silence sur l'histoire du temps présent tiendrait au glissement de cette histoire en éducation civique (qui peut être enseignée par tous les profs, pas par les seuls historiens). L'histoire de la France après 1962 serait-elle devenue une histoire de second rang ? Est-ce un des aspects de la rupture vantée en 2007 ?

.
Lire également :  http://clioweb.free.fr/debats/1chatel/HG-Term/projet-termESL.htm

.
Projets de programme Histoire Term ES-L à partir de 2012-2013
(Regards historiques sur le monde actuel)
http://eduscol.education.fr/cid55136/consultation

Thème 1 – Le rapport des sociétés à leur passé (9-10 heures) : 
Histoire et mémoires, 
histoire et patrimoine

Thème 2 – Croyances, cultures et sociétés (15-16 h) 
Religion et société (Russie depuis 1880… Etats-Unis, 
Culture et action ouvrières au Royaume-Uni, 
Médias et opinion en France depuis les années 1890.

Thème 3 – Les échelles de gouvernement dans le monde (17-18h) : 
L’État et l’État-nation en France (du XIIIe siècle à nos jours) -
L
e projet d’une Europe politique depuis 1948 - 
La gouvernance économique mondiale depuis 1944

Thème 4- Puissances et tensions dans le monde (16-18 h) : 
Les Etats-Unis et le monde depuis 1898.
La Chine et le monde depuis 1919.
Un siècle de tensions au Proche et au Moyen-Orient
 

A comparer avec les programmes actuels en Terminale ES-L :
http://www.histgeo.ac-aix-marseille.fr/program/index.htm

I - Le monde de 1945 à nos jours (22h) 
1 - De la société industrielle à la société de communication 
2 - Les grands modèles idéologiques et la confrontation Est-Ouest jusqu'aux années 1970 
3 - Le Tiers-Monde : indépendances, contestation de l'ordre mondial, diversification 
4 - À la recherche d'un nouvel ordre mondial depuis les années 1970 

II - L'Europe de 1945 à nos jours (10h) 
1 - L'Europe de l'Ouest en construction jusqu'à la fin des années 1980 
2 - Le temps des démocraties populaires (1948-1989)
3 - Les enjeux européens depuis 1989 
 
III - La France de 1945 à nos jours (18h) 
1 - Bilan et mémoires de la Seconde Guerre mondiale 
2 - L'évolution politique 
3 - Économie, société, culture 
4 - La France dans le monde
 
et avec les programmes à venir en classe de 3e en 2012 :
I - un siècle de transformations scientifiques, technologiques, économiques et sociales (15% du temps) 
II - guerres mondiales et régimes totalitaires (1914-1945) ( 25%)
III - une géopolitique mondiale (depuis 1945) (25%)
(la guerre froide, la décolonisation, l’europe, le monde en 1991
IV - La vie politique en France (35% du temps) (La république de l’entre-deux-guerres, Effondrement et refondation républicaine (1940-1946), de Gaulle et le nouveau système républicain (1958-1969), La Ve à l’épreuve de la durée
10 mars 2011

1881 - La poésie de l'histoire


De la leçon de Lavisse en 1881, les pages 39-40 servent à faire étudier le roman national, une lecture très patriotique de l'histoire de France. Pour éviter une lecture biaisée, il est souhaitable de remettre cet extrait dans l'ensemble du texte,
et d'avoir à l'esprit à la fois le roman national et les critiques qui lui sont adressées.

page 38 - « Je me garde d’enfler ici la voix et de me porter garant que la connaissance de l’histoire répandue dans la nation serait un remède à tous les maux possibles. On a dit, un philosophe évidemment, que le monde serait heureux s’il était gouverné par des philosophes je ne demande point qu’il soit gouverné par des historiens.

[…] Même, j’imagine qu’un véritable historien serait un homme d’État médiocre, parce que le respect des ruines l’empêcherait de se résigner aux sacrifices nécessaires. […]
Mais passons. Ce qui ne peut être contesté, c’est que l’histoire doit être la grande inspiratrice de l’éducation nationale.

page 39 - Je parlais d’intérêts, de passions et d’idées idées et passions agitent la tète du petit nombre ; le grand nombre des hommes n’a souci que des intérêts. Il n’est pas sage d’exiger d’eux tant de devoirs sans même essayer de les leur faire aimer. Qui donc enseigne en France ce qu’est la patrie française ? Ce n’est pas la famille, ou il n’y a plus d’autorité, plus de discipline, plus d’enseignement moral ni la société, où l’on ne parle des devoirs civiques que pour les railler. C’est donc à l’école de dire aux Français ce qu’est la France: qu’elle le dise avec autorité, persuasion, avec amour. Elle mesurera son enseignement au temps et aux forces des écoliers.
Pourtant elle repoussera, les conseils de ceux qui disent « Négligez les vieilleries. Que nous importent Mérovingiens, Carolingiens, Capétiens mêmes ? Nous datons d’un siècle à peine. Commencez à notre date ». Belle méthode, pour former des esprits solides et calmes, que de les emprisonner dans un siècle de luttes ardentes, où tout besoin veut être assouvi et toute haine satisfaite sur l’heure. Méthode prudente, que de donner la Révolution pour un point de départ et non pour une conclusion, que d’exposer à l’admiration des enfants l’unique spectacle de révoltes même légitimes, et de les induire à croire qu’un bon Français doit prendre les Tuileries une fois au moins dans sa vie, deux fois s’il est possible, si bien que, les Tuileries détruites, il ait envie quelque jour de prendre d’assaut, pour ne pas démériter, l’Elysée ou le Palais- Bourbon.

page 40 - Ne pas enseigner le passé ! Mais il y a dans le passé une poésie dont nous avons besoin pour vivre. L’homme du peuple en France, le paysan surtout, est l’homme le plus prosaïque du monde. Il n’a point la foi du protestant de Poméranie, de Hesse ou de Wurtemberg, qui contient en elle la poésie des souvenirs bibliques et ce sentiment élevé que donne le contact avec le divin. Il oublie nos légendes et nos vieux contes, et remplace par les refrains orduriers ou grotesques venus de Paris les airs mélancoliques où l’écho du passé se prolongeait. Nos poètes n’écrivent pas pour lui et nous n’avons point de poésie populaire pour éveiller un idéal dans son âme. Rien ne chante en lui.  C’est un muet occupé de la matière, en quête perpétuelle des moyens de se soustraire a des devoirs qu’il ne comprend pas, et pour qui tout sacrifice est une corvée, une usurpation, un vol.
Il faut verser dans cette âme la poésie de l’histoire. Contons-lui les Gaulois et les druides, Roland et Godefroi de Bouillon, Jeanne d’Arc et le grand Ferré, Bayard et tous ces héros de l’ancienne France avant de lui parler des héros de la France nouvelle : puis montrons-lui cette force des choses qui a conduit notre pays de l’état ou la France appartenait au roi à celui où elle appartient aux Français pourvus des mêmes droits, chargés des mêmes devoirs: tout cela, sans déclamation, sans haine, en faisant pénétrer dans son esprit cette idée juste que les choses d’autrefois ont eu leur raison d’être, qu’il y a des légitimités successives au cours de la vie d’un peuple et qu’on peut aimer toute la France sans manquer à ses obligations envers la République.

page 41 - Il n y a pas d’autres moyens de peupler de sentiments nobles ces âmes inhabitées, et la fin dernière de notre travail sera de mettre dans le cœur des écoliers de toutes les écoles un sentiment plus fort que cette vanité frivole et fragile, insupportable dans la prospérité mais qui, s’effondrant dans les calamités nationales, fait place au désespoir, au dénigrement, à l’admiration de l’étranger et au mépris de soi-même. On dira qu’il est dangereux d’assigner une fin à un travail intellectuel qui doit toujours être désintéressé: mais dans les pays où la science est le plus honorée, elle est employée a l’éducation nationale.

Ce sont les Universités allemandes et les savants allemands qui ont formé l’esprit public en Allemagne. Quelle devise ont donc gravée au frontispice de leur oeuvre ces hommes d’État et ces savants qui se sont entendus pour croire qu’il fallait relever l’Allemagne humiliée en répandant la connaissance et l’amour de la patrie, puisés aux sources mêmes de l’histoire d’Allemagne ? C’est la devise Sanctus amor patriae dat animum; elle est a la première page des in-folio des Monumentae Germaniae  entourée d’une couronne de feuilles de chêne. La même inspiration patriotique se retrouve dans toutes les oeuvres de l’érudition allemande. En 1843. trois historiens émincnts.  MM. Ranke. Waitz et Giesebrecht fondent une revue. Des historiens français ne se seraient pas avisés qu’en l’année 1843 tombait le millième anniversaire du traité de Verdun, à partir duquel commence l’histoire distincte de la France et de l’Allemagne, auparavant réunies sous les lois des Mérovingiens et des Carolingiens ».

Ernest Lavisse, L’enseignement historique en Sorbonne et l’éducation nationale, Leçon d’ouverture au cours d’histoire du moyen âge, à la Faculté des Lettres de Paris en décembre 1881 - Extrait de la Revue des Deux Mondes livraison du 15 février 1882 -
Version texte (à corriger) au format word : http://clioweb.free.fr/textes/gallica/lavisse-1881.doc

lavisse

Ernest Lavisse , source Académie française

 

 

9 mars 2011

La marche de l'histoire

Sur France-Inter, La marche de l'histoire a remplacé 2000 ans d'histoire (Patrice Gélinet a été nommé au CSA).

« L'émission dressera chaque jour le tableau d'un évènement, le portrait d'un personnage et le récit d'une époque étayés par des archives et des témoignages. Les invités poseront, dans l'intimité du passé, les questions du présent ».

Un exemple : 1848, avec Sylvie Aprile.
Des questions très événementielles, pour coller à l'éphéméride (le 3 mars 2011) avec en illustration (forcée) des extraits de chansons ou des extraits de bande son de films plus ou moins célèbres (la radio adore jouer à la TV sans images, quand parfois la TV fait de la radio filmée).
Placer Sissi dans un récit au jour le jour 
du printemps des peuples européens, il faut le vouloir... (elle a alors 11 ans !)

Dans ce type d'émission, la parole de l'invité n'a-t-elle pas davantage d'intérêt que celle du présentateur ?

http://media.radiofrance-podcast.net/

aprile

Sylvie Aprile, 1815-1870 - La Révolution inachevée
source : éditions Belin

 



8 mars 2011

1881 - Grande leçon, petite leçon


En 1881, Ernest Lavisse décrit l’organisation d’une Ecole historique à la Sorbonne. Il oppose la grande leçon ouverte à tous les publics et la petite leçon (le séminaire ?) réservée aux seuls étudiants en histoire.

p 24
« L’enseignement public est toujours donné à tout venant dans les amphithéâtres, et la grande leçon n’est pas supprimée. Il faut qu’elle dure car elle rend service à tout le monde. Peut-être la présence des étudiants au cours public changera-t-elle par l’effet du bon exemple les habitudes et la tenue d’une partie du public ; car un professeur assis en sa chaire de Sorbonne voit des choses singulières pendant qu’il parle.  Il ne peut se plaindre que l’on dorme dormir est le droit des personnes âgées qui écoutent; mais lire son journal, circuler comme si l’on était chez soi ; arriver a tout moment de la leçon, même à la fin, comme si l’on était un amateur spécial et un collectionneur de péroraisons; paraître sur les hauts degrés de l’amphithéâtre et rester ou partir, suivant que le visage du professeur plaît ou déplaît: amener un chien avec soi ; quitter sa place et gagner la porte, quand on flaire la fin, pour n’être point pressé à la sortie, comme on fait au théâtre cinq minutes avant la chute du rideau cela passe la permission, et il serait temps de protéger contre ces inconvenances le professeur et la partie sérieuse et permanente de l’auditoire. Mais les abus et ridicules ne prouvent rien contre le cours public. Il est une école intellectuelle largement ouverte, qui entretient dans la société française le goût des choses de l’esprit. II est utile, nécessaire même au professeur et à l’étudiant, car le professeur a dans le cours privé le sans-façon de l’intimité; il travaille avec ses élèves en tenue d’ouvrier. Le cours public l’oblige à se contraindre, a exposer, non ses recherches, mais le résultat de ses recherches, à éliminer le détail qui ne vaut que par la contribution apportée à l’ensemble; a montrer aux étudiants qu’après avoir, dans un long travail préparatoire, réuni des matériaux dont on a éprouvé la valeur, i! faut les disposer avec art et les dresser en édifice ».


p 23-24
« Ce n’était donc pas sans raison qu’on disait tout à l’heure que de grandes espérances sont permises. Cette jeunesse rajeunit la Sorbonne. Elle a pour domicile provisoire, rue Gerson, un baraquement en planches, où se trouve une salle de conférences pour l’histoire, une autre pour la grammaire et les lettres. Ce n’est plus la salle des cours publics, banale, avec ses bancs sans tables et sans dossiers, disposés en gradins et salis par les pieds du passant inconnu. C’est une vraie salle de cours, avec tables et encriers, tableaux et cartes sur les murs »

« Jadis le professeur qui se rendait en Sorbonne pour faire ce qu’on appelait la petite leçon se demandait en chemin s’il ne trouverait pas la salle vide; car il n’avait point a compter avec le public de la grande leçon. écarte par l’heure matinale et par la nature même du sujet traité. Assis a sa place habituelle, il apercevait, dans un amphithéâtre qui peut contenir quelques centaines de personnes, de rares auditeurs appuyés aux murs et séparés par de longues rangées de bancs inoccupés. Il parlait sans regarder dans ce vide, la tête vers ses notes, vers son livre.  vers sa montre, qui ne marquait pas assez vite la fin de ce monologue dans le désert »

«Aujourd’hui, la présence d’étudiants que l’on connaît, qui parlent et à qui l’on parle, comme il convient entre personnes vivantes a changé cet ennui en un plaisir. Auprès des salles de conférences. les étudiants ont des salles d’études où sont réunis déjà les livres, documents, dictionnaires et atlas les plus nécessaires à leur travail. Ils y peuvent demeurer jusqu’au soir. C’est assez pour leur donner l’idée que la Faculté des lettres est leur domicile intellectuel. Enfin les professeurs ont un cabinet. Ceux qui connaissent le local accolé à l’amphithéâtre de la Faculté dans la Sorbonne, réduit misérable où le professeur s’arrête pour suspendre son pardessus à un mur blanchi, avant de se rendre à sa chaire par un corridor noir qui sert de bûcher, s’étonneront d’apprendre que le cabinet des baraquements a deux fenêtres, une cheminée, quatre fauteuils, autant de chaises, une pendule, une grande table, une bibliothèque. Cela donne au professeur aussi l’idée qu’il est chez lui. Il y vient, il y reste volontiers les étudiants frappent a sa porte pour se faire connaître de lui et recevoir ses conseils ».

Ernest Lavisse, L’enseignement historique en Sorbonne et l’éducation nationale, Leçon d’ouverture au cours d’histoire du moyen âge, à la Faculté des Lettres de Paris en décembre 1881 - Extrait de la Revue des Deux Mondes livraison du 15 février 1882

Version texte (à corriger) au format word : http://clioweb.free.fr/textes/gallica/lavisse-1881.doc

lavisse

Ernest Lavisse , source Académie française

 

 

 

 

 

 

 

 

4 mars 2011

Bac 1ere S - 2012


Les Annales 0 ou sujets d'essai sont en ligne, par ex au format pdf sur le site académique de Paris

Le contenu des sujets proposés :
Sujet d’essai 1

- Première partie

Composition de géographie
Le candidat traite l’un des deux sujets suivants :
Sujet 1 - La présence française dans le monde.

Sujet 2 - Un aménagement dans un territoire proche de votre lycée : à partir de l’étude de cas menée en classe, présentez cet aménagement, ses enjeux, ses acteurs, les débats qu’il a suscités, ainsi que ses effets sur le territoire.

- Deuxième partie

Le candidat traite les deux exercices proposés (A et B).
Exercice A - Analyse de documents en histoire : la France et la question algérienne.

Exercice B – Analyse de documents en géographie : les villes françaises.


Sujet d’essai 2

- Première partie

Composition d’histoire
Le candidat traite l’un des deux sujets suivants
Sujet 1 - L’enracinement de la culture républicaine en France dans les années 1880- 1890.

Sujet 2 - Le monde britannique : une « économie-monde » (1850-1914) ?

Deuxième partie

Le candidat traite les deux exercices proposés (A et B).
Exercice A - Réalisation d’un croquis de géographie : les inégalités socio-spatiales au sein de l’Union européenne.

 

Sujet d’essai 2 bis

- Première partie

Composition d’histoire

Le candidat traite l’un des deux sujets suivants
Sujet 1 - L’enracinement de la culture républicaine en France dans les années 1880-1890.

Sujet 2 - Le monde britannique : une « économie-monde » (1850-1914) ?


- Deuxième partie

Le candidat traite les deux exercices proposés (A et B).
Exercice A - Réalisation d’un schéma de géographie : l’organisation territoriale de la région où est situé votre lycée.

Exercice B - Analyse de document en histoire : genèse d’un régime totalitaire.

 
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