Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Clioweb, le blog
6 avril 2010

Les risques de la Sarkocaïne

Point de vue de Christian Salmon - Le Monde Opinions 03/04/2010

Extraits :
« Ce qui définit l'homme politique de l'âge néolibéral, ce n'est plus le respect des règles, mais l'aptitude à les changer (l'impérieux devoir de réformer) ; non plus la continuité d'une action, mais la capacité à tourner le dos à ses engagements et à mettre à profit les circonstances selon ses préférences personnelles et ses intérêts. […]
« Jacques Chirac avait un effet sédatif sur la société française, somme toute reposant et qui n'excluait pas d'agir quand il le fallait, comme aux temps de la guerre en Irak. Nicolas Sarkozy, au contraire, est un formidable excitant. On a pu dire qu'il « hystérisait » la vie politique. Métaphore pour métaphore, la psychologie nous en apprend peut-être moins que la mécanique : Sarkozy, l'ingénieur des attentions. Une machine à mobiliser. Un formidable excitant politique sur fond de dépolitisation de la société. Sarkozy le chimiste, un agent dopant aux effets d'euphorie (« Ensemble tout est possible ») qui propage un sentiment de toute-puissance. Sarkocaïne ! »
« La gesticulation sarkozyste serait donc la forme phénoménale de cet agir impuissant qui caractérise l'homme politique néolibéral, et non pas un défaut d'éducation, une faute de goût ou un signe d'instabilité psychologique. Le contrôle obsessionnel de l'agenda médiatique ne serait pas le signe annonciateur d'une dérive totalitaire, mais une tentative désespérée de mobiliser des audiences qui se détournent inexorablement de la politique, tentative vouée à l'échec comme la montre, lors des dernières élections, la persistance d'une abstention systémique... »

« Si la popularité d'un homme politique peut connaître des hauts et des bas et si, comme aime à le dire Nicolas Sarkozy, " on n'est jamais mort en politique ", les romanciers, eux, savent que la confiance du lecteur est une chose très fragile et réversible et que le lien ténu qui les unit au lecteur peut se briser si la crédibilité du narrateur est compromise. C'est ce qui arrive à Nicolas Sarkozy. Le moment Katrina* de sa présidence ? »

* En 2006, le cyclone Katrina a révélé l'indifférence de Bush aux souffrances de ses concitoyens, il a irrémédiablement sapé « la fable du conservatisme compassionnel ».

Publicité
Publicité
Commentaires
Clioweb, le blog
Publicité
Archives
Publicité