03 avril 2018

F-C : 2018 vue par les savoirs

 

L'année vue par les savoirs

- Forum 3 - Les révolutions de l'intelligence
diffusion prévue sur F-Culture le vendredi 6 avril
http://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire
http://www.franceculture.fr/evenement/forum-les-revolutions-de-lintelligence-en-public-a-la-sorbonne

10h - 11h Histoire - L’intelligence a-t-elle une histoire ?
Avec Anne Cheng
Pierre Singaravelou
Sanjay Subrahmanyam

11h30 – 12h30  Philo - A quoi ressemble le cerveau des philosophes ?
Avec  Justine Barbier, Hervé Chneiweiss, Etienne Klein et Cynthia Fleury

14h – 15h / Eco - L’intelligence artificielle, une révolution industrielle ?
Table ronde animée par Maylis Besserie
Paul Jorion
Raja Chatila
Catherine Simon

15h30 – 16h30 - sciences A quand un Nobel pour une Intelligence artificielle ?
Table ronde animée par Nicolas Martin
Avec Laurence Devillers
Benjamin Bayart
et Jean Ponce

17h – 18h / clôture, Cédric Villani


- Forum 2 - Sexe(s) et pouvoirs en public à la Sorbonne - 10 février 2018
radio 16.02.2018
http://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/les-revolutions-sexuelles-sont-elles-le-moteur-de-lhistoire
http://www.franceculture.fr/evenement/forums-france-culture-2018-en-public-de-la-sorbonne-theme-sexes-et-pouvoirs

Histoire : Les révolutions sexuelles sont-elles le moteur de l’Histoire ?
Michelle Perrot
Clyde Plumauzille
Bibia Pavard
Jean-Christophe Abramovici


- Forum 1 - 13 janvier 2018 - Animal

Histoire - Depuis quand défend-on les animaux ?
Michel Pastoureau
Eric Baratay
http://www.franceculture.fr/evenement/forums-france-culture-2018-une-nouvelle-formule

http://www.franceculture.fr/evenements


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16 décembre 2012

Le maître ignorant


- Les Rencontres Wikimedia Education 2012 viennent d'avoir lieu à Paris.
Il faut féliciter chaleureusement les organisateurs pour la qualité de leur travail et le choix des intervenants.
Les interventions ont été filmées (sauf une) et seront mises en ligne prochainement.

En attendant, consulter les nombreux tweets envoyés pendant ces deux jours :
https://twitter.com/search?q=%23wikieduc&src=hash
Stéphanie de Vanssay - tweets - storify 1ere journée - storify 2eme journée



- La pédagogie du savoir collectif sur Wikipedia

Les adversaires de l'encyclopédie en ligne s'en prennent surtout au contenu des articles. Samedi matin, Dominique Cardon ( Lab SENSE, Orange Labs) a souligné l'importance des procédures évolutives dans la réussite de Wikipedia.

« Wikipédia a su prendre le délicat tournant du passage à l’échelle des communautés de l’Internet lorsqu’elles doivent codifier leur esprit ». C'est l’une des expériences les plus abouties et les plus radicales de coopération auto-organisée.

« Dans ce modèle d'auto-organisation, décentraliser la surveillance et la sanction, mettre en tension le local et le centre permet de gérer à un niveau très bas la très grande majorité des conflits entre les membres ». L’institutionnalisation des règles de gouvernance sur Wikipédia est un processus continu... « Les individus participent d’autant plus facilement à la production d’une ressource commune qu’ils disposent aussi d’un pouvoir de surveillance et de sanction sur les autres membres de la communauté »

D. Cardon propose cinq enseignements de cette expérience collective
Leçon 1 - Transformer l’esprit fondateur en règles publiques et accessibles
Leçon 2 - Participer, c'est aussi surveiller et sanctionner en cas de besoin
Leçon 3 - Séparer les personnes et les contenus
Leçon 4 - Centraliser les peines pour les raréfier
Leçon 5 - Procéduraliser l'hospitalité

Sur Wikipedia, « la vérifiabilité s’est substituée à la vérité ».

Cette analyse a été développée dans Discipline but not punish. The governance of Wikipedia,
in Massit-Folléat, Méadel (Cécile), Monnoyer-Smith (Laurence),
Normative Experience in Internet Politics, Paris, Presses des Mines, 2012

Extrait (conclusion)  :

« Dans Le maître ignorant (1987), Jacques Rancière raconte comment, en 1818, Joseph Jacotot eut la surprise de découvrir que ses élèves flamands qui ne savaient pas le français étaient parvenus à commenter en français le Télémaque de Fénelon au terme d’un apprentissage attentionné d’une édition bilingue, apprentissage guidé par Jacotot qui, lui, ne parlait pas le flamand ! Les élèves avaient « appris seuls et sans maître explicateur » (p. 22).

La méthode Jacotot, explique J. Rancière, se fonde sur une radicale « égalité des intelligences » entre maître et élève, qui refuse le partage des savoirs. L’élève apprend seul. Le maître ne sait rien. Il ne guide pas. Il n’explique pas. Il se contente de vérifier l’attention que consacre l’élève à chercher. Il n’est pas un guide socratique conduisant l’élève à trouver en lui le bon chemin. Le maître ne connaît pas ce chemin. Il est juste « vigilant ».

Il instaure un « rapport de volonté » avec l’élève qui n’est en rien ce « rapport de savoir » qui installe toujours une asymétrie « abrutissante ». Aussi la vigilance est-elle le seul enseignement du maître. « Cette attention qui ne se relâche jamais » est à elle seule productrice de connaissance : « Maître est celui qui maintient le chercheur dans sa route, celle où il est seul à chercher et ne cesse de le faire » (p. 58).

La procéduralisation de la vigilance critique sur Wikipédia relève de cette logique. Les wikipédiens veillent les uns sur les autres. L’appartenance communautaire institue un « rapport de volonté » qui invite chacun à veiller que chaque autre cherche. Pris individuellement, les wikipédiens sont bien moins savants que les savants, mais en s’imposant mutuellement d’être le maître ignorant des autres, c’est-à-dire en demandant constamment aux autres s’ils ont vérifié, sourcé, équilibré, etc. leurs productions, bref en veillant à ce que les autres aient fait l’effort de découvrir, et ceci sans jamais interroger le savoir de ceux qu’ils pressent de chercher, ils font advenir une forme de production de connaissance(s) plus solides que celle des savants.
Dans une société d’égaux comme Wikipédia, cette vigilance ne s’organise pas sur le partage des savoirs, elle est radicalement procédurale. Donc ignorante. La vigilance participative contribue à « donner non pas la clef du savoir, mais la conscience de ce que peut une intelligence quand elle se considère comme égale à toute autre et considère toute autre comme égale à la sienne. L’émancipation est la conscience de cette égalité, de cette réciprocité qui seule permet à l’intelligence de s’actualiser par la vérification » (p. 68).

Voilà sans doute une manière extrêmement juste de qualifier cette « intelligence des foules » qui fait tant débat. Celle-ci ne procède pas d’une addition de savoirs, ou de toute autre règle de composition des connaissances individuelles, mais de l’attention collective que met chacun à révéler son intelligence en veillant à ce que tous fassent le même effort.
La procéduralisation de la discussion sur Wikipédia apparaît alors comme la condition indispensable de ce pari incroyablement audacieux : faire une encyclopédie d’ignorants ».



Quelques liens pour poursuivre :
L'institut Jacotot
https://sites.google.com/site/institutjacotot/

Conférence de Rancière en 2004
http://multitudes.samizdat.net/Sur-Le-maitre-ignorant

11 diapos en ppt :
http://www.unilim.fr/sceduc/IMG/pdf/Le_maitre_ignorant_diapo_.pdf

un leçon sur le site de la CIP-IDF
Coordination des Intermittents et Précaires d’Ile-de-France
http://www.cip-idf.org/IMG/pdf/jacotot_final_A4_leger.pdf


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19 octobre 2010

A quoi sert l'histoire ?

La question a été posée en 2009-2010 par Emmanuel Laurentin, chaque vendredi, aux invités de la Fabrique de l'histoire. Un ouvrage publié par les éditions Bayard regroupe les transcriptions des réponses, souvent volontairement décalées, d'une quarantaine d'historiens et d'historiennes. Le web aurait permis de laisser ces interventions de 4 mn 30 durablement en ligne.  Les choix faits par France-Culture ne le permettent pas. Dommage.

Dans sa préface, Emmanuel évoque le sourd regret qui tire en arrière le milieu historien, et sa reconstruction idéalisée des années 1970 quand l’histoire apparaissait comme la discipline reine des sciences sociales, et quand la « nouvelle histoire » bénéficiait de tirages exceptionnels, avec le soutien des médias de masse.

Gérard Noiriel, un des absents de cet ouvrage, a analysé la « crise (multiforme) de l’histoire ». En 1996, il appelait à la tenue de vraies controverses entre historiens. La brutalisation en cours (notamment l’évolution récente du recrutement universitaire) ne semble guère propice aux débats rationnels entre historiens, pas plus que la politique suivie depuis 2007.
Lire les notes prises par Michel Lévêque, et sa mention du CR par Garner Guillaume. Sur la «crise de l'histoire». In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°59, juillet-septembre 1998. pp. 161-164.
http://lethiboniste.blogspot.com/2006/07/gerard-noiriel-sur-la-crise-de.html
http://www.revue-lebanquet.com/reposoir/pdfs/c_0000146.pdf

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Extraits de l'ouvrage

La réponse de Philippe Artières : « A quoi sert l’histoire ? A rester en vie »

Pour Pascal Ory, l'histoire « a servi à justifier les dynasties, puis les nations, puis les impérialismes ». Mais elle n'a, en revanche, « jamais servi à éviter une seule guerre, une seule crise économique (ou) une seule révolution »
(CR de Th Wieder dans Le Monde 15/10/2010).

p 68 - La question est posée à Fabrice d’Almeida, à Berlin, par un vendeur de voitures de luxe qui « projetait sur les autres son sentiment de vacuité » : « Je veux savoir où passent mes impôts »
FdA répond hommage aux morts et sens à donner aux désordres du monde.
Il a rencontré … « des hommes et des femmes qui n’ont aucun doute sur l’utilité de l’histoire. Ils veulent la servir, car ils l’aiment, tout simplement ». Selon lui, « L’histoire est la dernière discipline chevillée au réel… »

Raphaëlle Branche : « L’histoire détache du fatalisme et du sentiment d’irrémédiable. C’est fondamentalement sa manière à elle d’être une force de liberté… »

Régine Robin : « Du roman national à l’invention de soi, des images virtuelles aux simulacres du biographique, l’histoire dans sa traque de vérités partielles reste malgré tout le grand garde-fou de notre époque ».

Claire Zalc : « L’histoire répond aux grandes questions, par de petites histoires, des histoires d’hommes, de femmes et d’enfants qui disent bien mieux que les grands mots la diversité des trajectoires et la force des persécutions… »

André Burgière : « Raul Hillberg, Jean-Louis Flandrin et d’autres pionniers audacieux n’ont pas simplement inventé des sujets, ouvert des pistes nouvelles. Ils ont approfondi notre connaissance de l’homme. En nous arrachant à nos certitudes, ils ont renforcé notre capacité à critiquer l’ordre du monde. C’est à cela que doit servir l’histoire ».

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La question est contestée par ceux qui citent Lucien Febvre : « Une histoire qui sert est une histoire serve » (1919).

Claire Lemercier : « Je sais bien qu’il n’y a pas de leçons de l’histoire, mais je sais aussi que si les historiens se taisent, tous les pouvoirs, tous les groupes de pression et tous les Eric Zemmour du monde les tireront à leur place »

Pascal Ory : « La question n’est pas de savoir à quoi sert l’histoire mais à qui…
L’histoire sert à quelques individus, qu’on appellera conventionnellement historiens, à satisfaire une curiosité, dont on sait qu’elle est un vilain défaut, et le hasard fera (ou ne fera pas) que d’autres individus affectés du même défaut, ce qui à un certain stade de propagation le transforme ipso facto en vice y trouveront des réponses à des questions que l’historien ne se sera parfois jamais posées on aura en effet compris que l’historien est le moins intelligent de tous les chercheurs en sciences sociales ».

Patrick Boucheron : Le latin des humanistes italiens faisait la différence entre la vetustas (ce qui est dépassé et hors d’usage) et l’antiquitas, ce passé qui ne passe pas mais demeure … disponible pour vivre l’aujourd’hui
« En ce sens, il n’y a d’histoire que contemporaine... si certains choisissent de se faire médiéviste, c’est pour éclairer ce qui demeure obscur dans ce que nous sommes en train de devenir ».

Quelle histoire ? LG Tin part des préjugés de jeunes filles à l’égard du féminisme… « Au delà du stigmate social qui pèse sur le féminisme en général, on enseigne, dans le meilleur des cas, l’histoire des résultats. On leur a appris que dans sa grande bonté, le général de Gaulle a octroyé le droit de vote aux femmes à la fin de la 2 GM. Or si on leur avait appris l’histoire des processus, elles auraient entendu une toute autre version. Elles auraient appris que après plusieurs décennies de combats acharnés, les mouvements féministes avaient finalement obtenu le droit de vote pour les femmes ».

Annette Wieviorka : « Au-delà des pétitions de principe, ou du travail d’écriture auquel s’adonnent encore avec passion et bonheur ceux dont le métier est de faire de l’histoire, on peut craindre que la question ne se décline bientôt au passé. A quoi servait l’histoire ? »

Claire Soltinel : « Pour être honnête, ce n’est pas une question que je me pose très souvent parce que je fais aussi de l’histoire par plaisir, pour l’immense excitation intellectuelle que donne l’exploration de ces situations singulières, augmentée encore par l’échange d’idées avec mes collègues…pour la facilité avec laquelle ce plaisir se communique aux étudiants…L’histoire est aussi un plaisir d’intelligence, et en cela, elle est en même temps merveilleusement inutile et indispensable… »


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A quoi sert l'histoire, la table ronde de Blois en photos :

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Les historiens présents dans l'ouvrage :

Philippe Artières
Christine Bard
Annette Becker
Patrick Boucheron
Raphaèlle Branche
André Burguière
Joêlte Burnouf
Christophe Charle
Sophie Coeuré
Maryline Crivello
Fabrice d’Almeida
Emmanuel Droit
Ariette Farge
Mathieu Flonneau
Etienne François
Jean-Noël Jeanneney
Patrick Garcia
Claude Gauvard
Sudhir Hazareesingh
Isabelle Heullant-Donnat
Jacques Le Goff
Claire Lemercier
Judith Lyon-Caen
Jean-Clément Martin
Gabriel Martinez Gros
Jean-Luc Mayaud
Philippe Minard
Pap Ndiaye
Nicolas Offenstadt
Pascal Ory
Michelle Perrot
Christophe Prochasson
Régine Robin
Daniel Roche
Henry Rousso
Bénédicte Savoy
Claire Sotinel
Louis-Georges Tin
Sylvie Thénault
Julien Vincent
Danièle Voldman
Annette Wieviorka
Claire Zalc

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