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23 mai 2017

Pierre Laborie sur l'événement

 

« L’événement, c’est ce qui advient à ce qui est advenu... »
Entretien avec Pierre Laborie par Pascale Goetschel  et Chrtistophe Granger, Sociétés et représentations, 2011
http://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2011-2-page-167.htm

 

« L’événement n’est pas réductible à ses données factuelles, aussi indispensables soient-elles à établir » .
« L’événement n’est pas seulement « ce qui arrive »,  c’est aussi ce qui se passe après et sur ce qui vient de se passer ».
« L’événement n’est pas simplement ce qui advient mais ce qui advient à ce qui est advenu »

« Certains événements existent plus par ce qu’ils deviennent que par ce qu’ils ont été dans le temps même de leur existence manifeste, matérialisée et datée. Certains, d’ailleurs, semblent ne jamais devoir finir ».

Dans cet entretien de 2011, Pierre Laborie aborde les modes de construction de l’événement, et tout spécialement sur les phénomènes de réception, les imaginaires sociaux et l’imbrication des temporalités qui en forment les principaux ressorts. Il évoque trois statuts de l’événement et deux manières de faire de l’histoire : avec ou sans acteurs sociaux ?

extrait :

1944, les Français et la Résistance

« En 1944, il y a eu, indiscutablement, un phénomène d’identification collective à l’idée de Résistance et à ce qu’elle représentait dans le contexte précis de la Libération. Ensuite, par un glissement banal mais loin d’être innocent, on a prêté au phénomène une signification autre. On est passé de l’identification symbolique à une prétention d’une autre nature : des Français qui se reconnaissaient en 1944 dans la Résistance pour de multiples raisons compréhensibles, en raison de ce qu’ils venaient de vivre et de subir, on a fait des Français qui se pensaient, se disaient et se revendiquaient résistants. Affirmation caricaturale venue en droite ligne de l’extrême droite nostalgique de Vichy et qui constituait un des thèmes favoris de ses sarcasmes.

Dans l’explication de la brève identification collective à la Résistance, le rapport au futur fournit une des clés. Par opposition à Vichy, tourné vers le passé, la Résistance apportait un ton et des paroles neuves, une possibilité d’imaginer l’« à-venir » autrement. Les jours heureux du programme du CNR participent de cette construction du futur, de la part du rêve, d’une illusion lyrique proche de celle de l’été 1936. À l’inverse, l’explication habituelle, pseudo-psychologisante, cherche les raisons de cette identification dans les zones d’ombre du passé et dans le refus de les assumer. Elle avance que l’appropriation de la Résistance par les Français, une fois libérés, se situe aux limites de l’imposture, qu’elle visait surtout à faire oublier les cadavres dans les placards, à effacer le sentiment de honte, à se donner facilement bonne conscience ».

Construction et réception de l’événement, XXe siècle
Pierre Laborie et Ariette Farge, EHESS 2001-2002
http://annuaire-ehess.revues.org/15579



Pierre-Laborie-actu

Pierre Laborie, source Côté Toulouse

 

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