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24 octobre 2016

Doit-on tout au Moyen-Age ?

 

Doit-on tout au Moyen-Age ?
Isabelle Catteddu et Joelle Burnouf

Carbone 14, le magazine de l'archéologie 15.10.2016
enregistré en public, à la Cité des sciences. Le son est donc moins confortable qu'en studio
http://www.franceculture.fr/emissions/carbone-14-le-magazine-de-larcheologie


Invasions ou migrations ?
les rois fainéants ?
la naissance du village
une révolution industrielle ?
l'invention du réseau urbain de l'Europe
des aménageurs avisés ?
château-fort (castrum), le mot du XIXe, l'édifice isolé et l'espace des élites
Clovis, Jeanne d'Arc et le roman national

voir aussi Idées reçues démontées par l'INRAP
par ex, les seigneurs vivaient dans des châteaux-forts
L'agriculture n'était pas rentable
Le peuple vivait dans des cabanes
La population se refugiait sur les hauteurs
Les gens étaient sales
Les enfants étaient mal aimés
http://www.inrap.fr/magazine/Idees-recues-sur-le-Moyen-Age/Accueil


Les archéologues étudient les traces de la situation à un moment donné.
Ils voient des états et ils s'efforcent de restituer des processus.
Les fouilles récentes ont mis en évidence un Moyen-Age dynamique,
avec notamment une place importante pour les constructions en matériaux périssables.


Isabelle Catteddu cite Jacques Le Goff, Pour un autre Moyen-Age, Gallimard 1977 :
feuilleter
http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tel/Pour-un-autre-Moyen-Age
intro en pdf
http://ec56229aec51f1baff1d-185c3068e22352c56024573e929788ff.ssl.cf1.rackcdn.com/attachments/original/7/1/3/002620713.pdf

« Or la longue durée pertinente de notre histoire pour nous en tant qu'hommes de métier et hommes vivant dans le flux de l'histoire me paraît ce long Moyen Age qui a duré depuis le IIe ou IIIe siècle de notre ère pour mourir lentement sous les coups de la révolution industrielle - des révolutions industrielles - entre le XIXe siècle et nos jours. Ce long Moyen Age, c'est l'histoire de la société préindustrielle. En amont c'est une autre histoire, en aval c'est une histoire - la contemporaine - à faire, ou mieux à inventer, quant aux méthodes.

Ce long Moyen Age est pour moi le contraire du hiatus qu'ont vu les humanistes de la Renaissance et, sauf rares exceptions, les hommes des Lumières.
C'est le moment de la création de la société moderne, d'une civilisation moribonde ou morte sous ses formes paysannes traditionnelles, mais vivante par ce qu'elle a créé d'essentiel dans nos structures sociales et mentales. Elle a créé la ville, la nation, l'État, l'université, le moulin et la machine, l'heure et la montre, le livre, la fourchette, le linge, la personne, la conscience et finalement la révolution.  

Entre le néolithique et les révolutions industrielles et politiques des deux derniers siècles elle est au moins pour les sociétés occidentales non un creux ni un pont mais une grande poussée créatrice coupée de crises, nuancée de décalages selon les régions, les catégories sociales, les secteurs d'activité, diversifiée dans ses processus.

Ne nous attardons pas aux jeux dérisoires d'une légende dorée du Moyen Age à substituer à la légende noire des siècles passés. Ce n'est pas cela un autre Moyen Age.
Un autre Moyen Age c'est - dans l'effort de l'historien - un Moyen Age total qui s'élabore aussi bien à partir des sources littéraires, archéologiques, artistiques, juridiques qu'avec les seuls documents naguère concédés aux médiévistes « purs ».
C'est un Moyen Age long, je le répète, dont tous les aspects se structurent en un système qui, pour l'essentiel, fonctionne du Bas-Empire romain à la révolution industrielle des XV-XIXe siècles. C'est un Moyen Age profond que le recours aux méthodes ethnologiques permet d'atteindre dans ses habitudes journalières, ses croyances, ses comportements, ses mentalités.
C'est la période qui nous permet le mieux de nous saisir dans nos racines et nos ruptures, dans notre modernité effarée, dans notre besoin de comprendre le changement, la transformation qui est le fonds de l'histoire en tant que science et en tant qu'expérience vécue. C'est la distance de la mémoire constituante le temps des grands-parents.

Je crois que la maîtrise du passé que seul réalise l'historien de métier est aussi essentielle à nos contemporains que la maîtrise de la matière que leur offre le physicien ou la maîtrise de la vie que leur propose le biologiste. Et le Moyen Age - que je serai le dernier à détacher de la continuité historique où nous baignons et qu'il nous faut saisir dans sa longue durée qui n'implique pas la croyance à l'évolutionnisme - est ce passé primordial où notre identité collective, quête angoissée des sociétés actuelles, a acquis certaines caractéristiques essentielles »


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