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Clioweb, le blog
5 août 2015

La nuit du 4 août 1789

 

assemblee-4aout

Assemblée Nationale - Abandon de tous les privilèges, à Versailles, séance de la nuit du 4 au 5 août 1789
BNF Gallica -   https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6943987x.item



- « Art.1er - L'Assemblée nationale détruit entièrement le régime féodal.
Elle décrète que, dans les droits et les devoirs tant féodaux que censuels, ceux qui tiennent à la main-morte réelle ou personnelle, et à la servitude personnelle, et ceux qui les représentent, sont abolis sans indemnité ; et tous les autres sont déclarés rachetables, et le prix et le mode de rachat seront fixés par l'Assemblée nationale. Ceux desdits droits qui ne sont points supprimés par ce décret continueront néanmoins d'être perçus jusqu'au remboursement ».
Assemblée nationale, Décret relatif à l'abolition des privilèges, 11 août 1789, premier des 18 articles
http://fr.wikisource.org/wiki/Décret_relatif_à_l’abolition_des_privilèges


Jean-Pierre Hirsch, La Nuit du 4 août, coll. Archives-Julliard »,‎ 1978
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_du_4_août_1789
http://en.wikipedia.org/wiki/Abolition_of_feudalism_in_France

 

4-lib

Liberté de la France : séance du 4 août 1789... : estampe / non identifié
BNF Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84108055/f1.item.zoom


La nuit du 4 août vue par Michelet : « La nuit était avancée, il était deux heures. Elle emportait, cette nuit, l'immense et pénible songe des mille ans du Moyen-âge. L'aube, qui commença bientôt, était celle de la liberté ».
http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/MNO/Michelet/Revolution_Francaise/T1/T1_24.htm


grandepeur

La Grande Peur, in Michel Vovelle, La chute de la monarchie, 1787-1792, Points Histoire 1972 p129
http://www.archives18.fr/article.php?laref=131


La Nuit du 4 août est une réponse politique à la Grande Peur. En juillet, les paysans se soulèvent : ils brûlent des châteaux, ils détruisent les terriers. Avec l'abolition des privilèges personnels ou des droits dits réels, l'Assemblée nationale espère mettre fin à l'insurrection rurale.

Georges Lefebvre, La Grande Peur de 1789, 1937 reed. 1970
Georges Lefebvre au travail. journée d’étude IHRF, La Révolution française 2.2010
http://lrf.revues.org/146

 

- La Nuit du 4 août, entretien avec Michel Biard, 17.03.2012
http://agentsdentretiens.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=217:entretien-avec-michel-biard-la-revolution-francaise

La Grande Peur, qui commence le 20 juillet déferle sur deux tiers à trois quarts du pays, villes et campagnes.
Les ruraux dénoncent le régime seigneurial et ses excès.
« Lors de la Nuit du 4 août, pour calmer ces fureurs rurales, la Constituante décrète l’abolition des privilèges et d’une partie des droits des seigneurs. Toutefois, des décrets ultérieurs distinguent avec le plus grand soin des droits abolis purement et simplement (pour l’essentiel les droits seigneuriaux) et d’autres droits que les ruraux doivent racheter (les droits féodaux). Racheter, cela signifie que, pour être libérés de ces droits et donc obtenir enfin une propriété pleine et entière, ils doivent verser au seigneur des montants représentant 20 à 25 fois les paiements annuels, le tout devant être réglé en une seule fois et sans le moindre système de crédit. Dès l’automne 1789, au moment où justement les agents des seigneurs prélèvent une partie des droits, nombre de départements s’enflamment à nouveau et les luttes rurales ne vont plus cesser jusqu’en 1792-1793. Il faut, en effet, attendre le 17 juillet 1793 pour que la Convention nationale vote un décret abolissant pleinement et définitivement tous droits des seigneurs ».

- L’abolition des droits féodaux en France
Jean-Jacques Clere, Cahiers d'histoire 94-95 2005
http://chrhc.revues.org/1227

« Œuvre de compromis, les décrets des 4, 6, 7, 8 et 11 août 1789 reposaient sur une contradiction insurmontable : ils faisaient la promesse de détruire entièrement le régime féodal en même temps qu’ils garantissaient aux seigneurs le maintien d’un certain nombre d’autres droits. Cette contradiction ne cessa de s’amplifier pendant toute la durée de la Constituante ».

« La Législative hérite de la question... La loi du 28 août 1792 marque la fin d’une distinction juridique essentielle depuis le Moyen Age : la distinction entre la propriété éminente du seigneur et la propriété utile du tenancier. Le droit de propriété parvenait à l’unité. Incompatible avec le nouveau régime, le droit féodal était moribond ».

« La Convention décide l’abolition définitive du régime féodal
le décret du 29 floréal an II dans lequel la Convention décide : « Toute redevance ou rente entachée originairement de la plus légère marque de féodalité est supprimée sans indemnité quelle que soit sa dénomination, quand même elle aurait été déclarée rachetable par les lois antérieures »

 



4delire

Nuit du 4 au 5 août 1789
ou le délire patriotique - BNF Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69439979
(sur le web, en 2015, la nuit du 4 août est surtout revendiquée par les ennemis de la démocratie)



Voir également
Archives numériques de la Révolution française - FRDA
Environ 20 Images indexées à partir du vidéodisque de 1989 mis en ligne à Stanford

- dans Google (images) copier coller le titre, sans modifier la transcription, ajouter Gallica à la recherche.
un exemple : - N.o 32 4 aout, la nuit mémorable de l'abolition de tous les privilèges... : [estampe] [entre 1795 et 1798]
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84956146

- Nuit du 4 au 5 août 1789 ou le délire patriotique [estampe] [1789]
- L' Aristocratie interdite, lisant contr-elle tant d'arrets dans son dépit cherche médite contre nous les plus noirs projets : [estampe] [1789 ou 1790]
- [Evénement des seize et dix-sept août 1789] [dessin] [ca 1789]
- Evénements des 16 et 17 août 1789 M. Walche appaise des furieux, qui veulent ravager son chateau de Chassenon, en leur faisant préparer un repas : [estampe] [1789-1791]
- Retablissement de legalité entre les differentes conditions dame aristocrate, pompeusement califourchonée sur sa noblesse et trouvant mauvais que la canaille l'arrête dans sa marche : [estampe] [ca 1789]
- Souffrez, soumettez vous, pervers aristocrate au joug de la raison, à la loi démocrate : l'univers couroucé, vous voit avec mepris, il n'a pour vos plaintes, qu'un dédaigneux souris : [estampe] [1789 ou 1790]
- ABANDON DE TOUS LES PRIVILÉGES ASSEMBLÉE NATIONALE // IV. AOUT // MDCCLXXXIX [1789]
- Dame aristocrate califourchonée sur sa noblesse et trouvant mauvais que la canaille l'arrête dans sa marche [estampe] [ca 1789]
- Liberté de la France séance du 4 août 1789... : [estampe] [ca 1789]
- Désespoir des pensionnaires [estampe] [1790]
- Dédié à la noblesse savonnée la marque des sots... : [estampe] [1790]
- Assemblée Nationale abandon de tous les privilèges, à Versailles, séance de la nuit du 4 au 5 aout 1789 [présentée et dédiée à l'Assemblée nationale, le 19 octobre 1790, par Helman,...] : [estampe] [1790]
- Mr Necker, ne pouvant se resoudre d'abandonner son ecusson, et protestant contre le décret qui le suprime [estampe] [1790]
- Seance du 19 juin 1790 l'Assemblé nationale décrete que la noblesse héréditaire est pour toujours abolie, qu'en conséquence, les titres de prince, duc, comte, marquis, viconte, vidame, baron, chevalier, messire, ecuyer, noble et tous autres titres semblables, ne seront pris par qui que ce soit, ni donnés à personne, que tous les citoyens ne pourront prendre que le vrai nom de leur famille... : [estampe] [1790]
- Ma finte Monsieur, je crois que vot habit d'officier m'irois ben [estampe] [1790]
- [Aristocrate arrêté dans sa fuite par le peuple armé] [estampe] [1790]
- Le Tems donnant les cendres au clergé et a la noblesse [dessin] [ca 1790]
- L' Abolition des titres de noblesses par le decret de l'Assemblée nationale en juin 1790 [estampe] [1790]
- Dédié à la noblesse savonnée la marque des sots... : [estampe] [1790]



La nuit du 4 août. Michel Vovelle, La chute de la monarchie 17887-1792, Points Histoire 1972, pages 132-133

« L'historiographie romantique nous a transmis le souvenir d’une commotion collective, d'un mouvement d’enthousiasme quasi imprévisible, élément d’une histoire du miracle où l’effusion généreuse des élites nanties répondrait à la grande peur des pauvres. Ce miracle avait été bien préparé. Le 3 août, le Comité des rapports ne savait encore que proposer un rétablissement de l'ordre par la force. Dans la nuit du 3 août, des concertations entre les leaders du parti patriote, réunis au sein du « club breton », aboutissent à la mise au point d'un scénario où l’initiative est habilement laissée à des membres de la noblesse libérale, pour proposer une transaction. Dans la séance de nuit du 4 août 1789, la parole est prise d'abord par le vicomte de Noailles, puis par le duc d'Aiguillon qui se rencontrent pour formuler une offre, d’une générosité mesurée. Établir l'égalité, et tout d’abord l’égalité devant l’impôt. mais au-delà, détruire les privilèges qui constituent le régime « féodal » ; les uns, qui pèsent sur la personne, seront abolis sans contrepartie ainsi la corvée ou la mainmorte; les autres « droits réels », qui pèsent sur la terre, représentent une propriété, contre-partie d'une concession puis d'un contrat initial supposés, à ce titre, on offre de les déclarer rachetables. Il en va ainsi pour les champarts et plus largement pour tous les droits les plus onéreux au paysan. Habile distinction, assurant le succès d’un projet qui déchaîne l'enthousiasme. On ne s'en tient pas là : nobles et prélats, dans un climat d'effusion croissante, proposent l’égalité des peines, l'abolition de la vénalité des charges et l'égale admission à tous les emplois, puis l'abolition des justices seigneuriales puis la suppression des droits de chasse, de garenne et de colombiers. Par contact, la renonciation s’étend à tous les domaines privilégiés de ce qui devient dès lors l’ « Ancien Régime », chacun, les mauvaises langues le notent, s'empressant à sacrifier les privilèges du voisin. Le clergé y perd la dîme et le casuel, les provinces et les villes leurs exemptions, états et franchises.

L’apparente table rase s’achève dans l’enthousiasme d’une nuit blanche. Au matin on fit les comptes, et du 5 au 11 août c'est dans le cadre d’un âpre marchandage que furent rédigés les décrets définitifs. On ne revient pas sur le principe puisqu'on déclare d’entrée : « L’Assemblée nationale détruit entièrement le régime féodal ». Mais dans la fixation des modalités d’application, les aristocrates trouvent chez certaines têtes du parti patriote (Sieyès ou Mirabeau) des appuis apparemment inattendus. Les clauses du rachat des droits réels ne sont pas faites pour le faciliter : le seigneur n’a pas à faire la preuve de ses titres, l’unanimité doit être réalisée chez tous les membres de la communauté paysanne pour que l’émancipation ait lieu... Puis le clergé défend âprement la. dîme, sans succès d'ailleurs, enfin, la suppression des corporations, prématurément proposée, disparaît de la rédaction définitive

La déception la plus lourde affecte les paysans : marché de dupes, penseront-ils, que cette abolition qui se solde par un rachat onéreux. voire impraticable. Mais la pratique commence à corriger l'inachèvement du nouveau droit et dès lors se dessine un mouvement de refus collectif d’acquitter les prestations anciennes.
Quelles que soient les limites de sa portée, la nuit du 4 août conserve une importance majeure dans le déroulement de la Révolution et plus largement dans l'histoire de la France moderne. Dans leur complexité, les stratifications institutionnelles qui faisaient de la France une nation incomplète inachevée, s’effacent d'un coup. L’ancien régime social d’une société d’ordres fait place à l’égalité civile appelée par la philosophie des Lumières ».


- Fabio Freddi, « La presse parisienne et la nuit du 4 août », in Annales historiques de la Révolution française, 1985
Deux thèmes sont très présents dans la presse : la crainte de l’anarchie populaire, le combat contre le despotisme royal. Marat s’intéresse davantage au fossé entre l’aristocratie de l’argent et le petit peuple
http://www.persee.fr/articleAsPDF/ahrf_0003-4436_1985_num_259_1_1099/article_ahrf_0003-4436_1985_num_259_1_1099.pdf

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