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democratie
5 avril 2013

Offshore Leaks : fraude et Démocratie

 

- Le système offshore, cet ennemi patenté de la démocratie, éditorial Natalie Nougayrède, Le Monde
...
« L'exposition de cas individuels, aussi saisissants soient-ils, ne doit pas masquer le fond du problème : les paradis fiscaux sont une menace pour la démocratie. Ils minent l'état de droit en jouant sur la dissimulation. Ils sont l'aubaine absolue des fraudeurs de tous bords. Ils favorisent le détournement de richesses publiques dans les Etats où fleurissent concussion et corruption. »


- Révélations sur les fichiers secrets des paradis fiscauxLe Monde Economie, 04.04.2013
http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/04/04/revelation-sur-le-scandale-des-paradis-fiscaux_3153318_3234.html

« C'est un hasard de calendrier qui pourrait réconforter Jérôme Cahuzac : il n'est pas le seul à avoir abrité une partie de sa fortune dans un paradis fiscal. Jeudi 4 avril, deux jours après ses aveux, un réseau de 36 médias internationaux, dont Le Monde, le Washington Post, le Guardian, la Süddeutsche Zeitung, publient le résultat d'une longue enquête.
Ils ont eu accès, grâce au consortium de journalistes d'investigation ICIJ, à 2,5 millions de documents en provenance de deux sociétés offrant des services offshore. C'est 160 fois plus que les câbles diplomatiques révélés par WikiLeaks en 2010. Cette masse de courriels, de livres de comptes, de documents scannés a nécessité des mois de traitement par 86 journalistes de 46 pays pour que tout soit recoupé et lisible. Elle révèle les secrets de plus de 120 000 trusts et sociétés prête-noms domiciliés aux îles Vierges, aux îles Caïmans et ailleurs… On trouve aussi plus d'une centaine de contribuables français.

Ces flux d’argent ont le pouvoir de déstabiliser les économies... Ils font aussi monter la pression fiscale sur les contribuables honnêtes : ce sont près de 1 250 milliards d'euros qui échappent chaque année aux administrations fiscales, dont 50 milliards pour la France ».


Les articles du dossier Offshore Leaks
:
http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/04/06/tous-nos-contenus-sur-offshore-leaks_3155349_3234.html

 

- Arnaud Bourgain & Skerdilajda Zanaj, « Un siècle d’évasion fiscale »,
La Vie des idées, 4 avril 2013.
http://www.laviedesidees.fr/Un-siecle-d-evasion-fiscale.html


07.04.2013 : commentaire de Denis Robert
« Quand j'ai [décrit la réalité financière], Le Monde et un paquet d'autres si forts aujourd'hui pour redécouvrir la lune, ont fermé les yeux et ont participé à l'hallali contre mon travail. Dix ans de perdu ».
https://www.facebook.com/denis.robert/posts/10151344609211960


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30 août 2012

Pétrarque 2012 - Internet et la démocratie



Internet, stade final de la démocratie ? - Rencontres de Pétrarque 2012

Invité(s) :
Dominique Cardon, Fabrice Apelboin, Fleur Pellerin

http://www.franceculture.fr/emission-les-rencontres-de-petrarque-internet-stade-final-de-la-democratie-2012-08-25
l'émission au format mp3
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12533-25.08.2012-ITEMA_20394200-0.mp3


Ecouter notamment Dominique Cardon sur les relations entre Internet et la démocratie représentative (vers la 35e minute).

Il reprend des analyses présentes dans un entretien avec Hubert Guillaud en sept 2010, mis en ligne sur Internetactu le 19.08.2011
Pourquoi l’internet n’a-t-il pas changé la politique ? 
http://internetactu.blog.lemonde.fr/2011/08/19/dominique-cardon-pourquoi-linternet-na-t-il-pas-change-la-politique/

Notes personnelles et extraits de l'entretien :

Certains médias voudraient voir dans internet un signe de modernisation de la vie publique (cf la campagne d'Obama en 2008), ou une solution miraculeuse à la crise de la démocratie.

DC, internetactu : « Internet ne révolutionne pas la représentation politique traditionnelle.
… Ce n'est que bien plus tard que l'idée de démocratie électronique, de vote en ligne, de présence des partis sur la toile est venue se greffer, comme un corps presque étranger, sur l'esprit d'internet. Alors ce que font aujourd'hui les partis pour réinventer le dialogue avec les militants et les électeurs, c'est très bien... mais il faut reconnaitre que ce n'est pas l'endroit où l'internet est le plus brillant. Les dispositifs institutionnels de consultation ne réunissent pas grand monde ».
« L'usage des réseaux sociaux permet, dans des circonstances particulières, comme les campagnes électorales ou les débats sur des thèmes chauds d'actualité, de sortir du périmètre strict de l'organisation partisane et de faire transpirer le militantisme politique vers la société ».

Selon Dominique Cardon, Internet et la démocratie sont deux domaines qui ne sont pas superposables.Il estime qu'internet modifie peu la compétition pour les postes de pouvoir, ou seulement à la marge. La démocratie représentative n'est pas menacée, la légitimité reste fondée sur l'élection.


L'Internet des pionniers avait une visée politique : changer la société par l'espace public mais sans se soucier de la prise du pouvoir.

« Internet libère l'expression des individus, et le droit de porter, sans contraintes ni censures, leur propos dans un espace public ».
« Le web social a permis de démocratiser l’autoconstruction narrative en l’inscrivant dans les pratiques de la vie ordinaire. Il permet aux internautes les moins dotés en capital culturel de se mettre en scène sous des formes beaucoup plus brèves, légères et faciles que la rédaction d’un blog ».

Cette action d'Internet est surtout décelable dans les mouvements sociaux et dans les formes d'engagement. On ne vote pas sur Internet. L'essentiel, c'est le consensus : pas la recherche de l'unanmité, mais l'accord trouvé par débat et étapes successives.

Dans ce militantisme en réseau, Dominique Cardon voit plusieurs formes communes :
- Le refus d'une organisation par le haut et d'une affiliation permanente.
Le centre est vide, il n'y a pas de porte-parole permanent.
(avec des exceptions : cf le charisme et le magister moral d'un Richard Stallmann pour le logiciel libre)
- L'absence d'un programme exhaustif
- L'individu est au centre. Il prend part à un mouvement et peut se retirer à tout moment. La force de ce type de mobilisation, c'est la coordination par essaim, une coordination faible, mais qui peut faire masse (cf le TCE de 2005).
- Dans ces espaces, la définition des règles, des procédures de la participation, absorbe beaucoup de temps et d'énergie. DC ne croit pas aux consultations décrétées par le haut, avec un site web vitrine. En général, le débat se fait
sur d'autres espaces, non prévus au départ.

Il plaide pour l'ouverture des donnés publiques, condition d'un regard critique et responsable dans un Internet indomptable (cf  les sites web regards citoyens ou  sourcemap)
Les citoyens sont placés face à leur propre responsabilité. Le travail des élus devient moins simple, mais est-ce vraiment un problème ?


qq observations entendues :
- Ce sont les hippies qui ont inventé internet. Les militaires ont juste apporté beaucoup d'argent.
cf Fred Turner. Aux sources de l'utopie numérique. De la contre-culture à la cyberculture : Steward Brand, un homme d'influence. http://cfeditions.com/

- Jusqu'ici Internet a su échapper à la mesure d'audience façon TV commerciale et publicité.

- Dans le web des pionniers, l'internaute s'effaçait derrière les liens et l'accent était mis sur les contenus. Avec l'arrivée de facebook, l'internaute affirme d'abord et avant tout sa subjectivité


A lire également sur le web, à propos de l'ouvrage La démocratie Internet (Le Seuil,09.2010) :

Histoire politique d'Internet
http://www.wethenet.eu/2011/02/la-democratie-internet/

Dominique Cardon et Fabien Granjon, 2010, Médiactivistes, Les Presses de Sciences Po
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3 août 2012

P - La critique, une clé de la démocratie

 

Notre avenir est-il démocratique ?  -  Le Monde 12.07.2012
Pour restaurer la confiance des citoyens, affirme Luc Boltanski, l'esprit critique doit être réhabilité dans le débat public comme dans la vie ordinaire.

Deux accès à la leçon inaugurale des Rencontres de Pétrarque 2012 :

- un entretien publié par Le Monde
http://www.centrevillepourtous.asso.fr/IMG/pdf/2012_07_12_le_monde.pdf

- La diffusion de la leçon par France-Culture le samedi 28 juillet (19-20h30)

http://www.franceculture.fr/emission-les-rencontres-de-petrarque-lecon-inaugurale-2012-07-28
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12533-28.07.2012-ITEMA_20388390-0.mp3


extraits :

« Si l'on veut restaurer la croyance dans la démocratie, il faut défendre la cause de la critique. C'est-à-dire non seulement l'autoriser en parole, mais lui redonner les moyens d'avoir prise sur la réalité... (cf le réferendum  de 2005)

... Mais le chemin vers l'émancipation, qui est l'autre nom de la démocratie, suppose peut-être un changement plus radical qui concerne la relation aux règles mises en place par les institutions. L'égalité dans ce domaine est l'un des principes de base de la démocratie. Il n'est pourtant guère difficile de constater que parmi les nombreuses asymétries qui structurent la vie sociale, l'asymétrie concernant les règles est l'une des plus criantes. C'est d'abord par rapport à elle que prend sens l'idée de domination.

Une réaction fréquente consiste à exiger une plus grande rigueur à l'égard des puissants, afin de les obliger à respecter eux aussi les règles qu'ils imposent aux autres. On peut la qualifier de moraliste. Elle conduit facilement vers une forme ou une autre de populisme ou même d'intégrisme.

Il existe pourtant une autre façon de diminuer les asymétries face aux règles. Elle consisterait à donner au plus grand nombre les moyens d'interpréter les règles...

C'est en redonnant toute sa place à la critique que l'on rendra évidente aux yeux du plus grand nombre la valeur de la démocratie et que l'on restituera à l'action politique la force que lui a soustraite son assujettissement aux contraintes gestionnaires et aux verdicts des experts.

Pour s'orienter vers un changement de ce type, il faut assumer pleinement la rupture avec la théologie politique, rupture qui est inhérente à l'idée même de démocratie. Mais aussi renoncer à cet autre absolutisme qui se réclame de la science et, particulièrement, actuellement, de l'économie néoclassique ».


- Mardi 17 juillet : La démocratie française est-elle usée ? avec Laurent Bouvet, Rémi Soulié et Judith Revel
- Mercredi 18 juillet : La démocratie : un horizon universel ? avec Mathieu Guidère, Wassyla Tamzali, Zheng Ruolin, Barbara Cassin
- Jeudi 19 juillet : La crise économique éclipse-t-elle le politique ? avec Kalypso Nicolaidis
- Vendredi 20 juillet : Internet, stade final de la démocratie ? avec Dominique Cardon, Fabrice Epelboin

à suivre les samedi d'août, entre 19 h et 20 h 30
http://www.franceculture.fr/evenement-les-xxviies-rencontres-de-petrarque

 

16 décembre 2011

Alexis de Tocqueville

 tocqueville

Alexis de Tocqueville (1805-1859)
Alexis-Henri-Charles Clérel, vicomte de Tocqueville 
source Wikipedia - Wikimedia Commons

 

Dans les Nouveaux chemins de la connaissance (France-Culture)
12.12.2011 -
Tocqueville et le nouveau monde 1/4 : un libéral singulier (Lucien Jaume)
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10467-12.12.2011-ITEMA_20328772-0.mp3

13.12.2011 -
Tocqueville et le nouveau monde 2/4 : L'Ancien régime et la Révolution (Ran Halévi)
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10467-13.12.2011-ITEMA_20329034-0.mp3

14.12.2011
Tocqueville et le nouveau monde 3/4 : aux sources de la sociologie (Serge Audier)
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10467-14.12.2011-ITEMA_20329291-0.mp3

15.12.2011
Tocqueville et le nouveau monde 4/4 : Tocqueville en politique (Françoise Mélonio)
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10467-15.12.2011-ITEMA_20329572-0.mp3

 

 

 

22 juillet 2011

Penser le populisme


- Penser le populisme. 
Extrait de la conférence prononcée par Pierre Rosanvallon aux rencontres de Pétrarque à Montpellier.
Le populisme est le symptôme d'un désarroi réel. Pour le combattre, l'urgence est de réinventer la démocratie

http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/07/21/penser-le-populisme_1551221_3232.html

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-  Le "peuple" existe-t-il ?  Les Rencontres de Pétrarque - Le Monde - 14/07/2011
par Myriam Revault d'Allonnes, EPHE


« L'émergence des populismes - dans leurs diverses variantes - est très certainement un symptôme de la crise profonde de la démocratie représentative, de l'érosion de la capacité citoyenne, de la défiance croissante des citoyens à l'égard de leurs représentants. Cette émergence est-elle pour autant le signe de la stupidité et de la dangerosité des masses qu'on pourrait manipuler au gré de leur désespérance ? »

http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/07/14/le-peuple-existe-t-il_1548733_3232.html


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19 juin 2011

Séparer les pouvoirs ?


Séparer les pouvoirs, une idée dépassée ? 
Entretiens du jeu de Paume, du 17 au 19 juin
http://www.lemonde.fr/idees/2011/06/17

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Mieux contrôler l'exécutif, voilà la liberté des modernes !
Pierre Rosanvallon, prof au CdF
http://www.lemonde.fr/idees/

Pour P Rosenvallon, il faut  « contrecarrer la tendance permanente du pouvoir en général (exécutif) à s'exercer sans contrepoids et à se présenter comme seul légitime. Contre cette double prétention, il est nécessaire de reformuler les termes d'une nouvelle architecture des pouvoirs. Mais plus que d'une séparation ou d'une balance de ceux-ci, c'est en termes de complication, de démultiplication et de distinction des fonctions et des formes démocratiques qu'il faut raisonner ».

En France, « le pays qui n'a cessé d'osciller dans son histoire entre démocratie illibérale et libéralisme antidémocratique », P Rosenvallon propose de « démultiplier les modes d'expression de la volonté générale » et de « donner à l'opposition tous les moyens nécessaires pour qu'elle joue son rôle de stimulation et de contestation ».


- Nous vivons sous le régime de l'oligarchie financière,
Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, sociologues.
Le président des richies, http://clioweb.canalblog.com/tag/pincon


- Médias et politique : liaisons dangereuses
Cynthia Fleury, philosophe

- Un procureur général de la nation doit être instauré, indépendant du politique,
Jean-Louis Nadal, procureur général

- Le juge constitutionnel, un indispensable contrepoids au pouvoir,
Renaud Baumert, prof droit public

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Un 18 juin, l'occasion d'interroger le mythe gaullien
http://clioweb.canalblog.com/tag/gaullien

et de faire relire un classique de 1964
http://clioweb.canalblog.com/tag/coupdetat

6 juin 2011

L'Europe et Facebook

Facebook, Twitter : des outils incontournables pour l’avenir de la démocratie européenne ?
Pauline Desmarest, responsable de la com' internet, Fondation Robert Schuman,
Question d’Europe n°207 30 mai 2011

Le point d'interrogation disparaît rapidement, et l'auteur conclut :
« Facebook ne fera pas l’Europe mais sera incontournable pour l’avenir de la démocratie européenne »

« Les réseaux sociaux offrent de nouvelles opportunités pour mieux communiquer sur l’Europe et rapprocher les Européens de Bruxelles. Plus que de simples outils de socialisation, ils sont devenus de véritables plateformes d’échanges et de mobilisation sur lesquelles la présence de l’Union européenne est incontournable. Cependant les limites présentées par les réseaux sociaux, de par leur nature ou leur utilisation maladroite, invitent à être vigilant. Quelques pistes sont proposées pour que la communication de l’union européenne s’adapte encore mieux au Web 2.0 ».

Un article à lire avec beaucoup de distance : beaucoup d'extase techniciste chez une professionnelle de la communication, beaucoup moins d'analyse sérieuse quant aux enjeux réels et à la politique menée par les dirigeants actuels.

 

19 janvier 2011

Wikileaks en débats

extrait de la Chronique internet n° 413, à paraître dans la revue Historiens & Géographes :

WikiLeaks est une association à but non lucratif fondée en décembre 2006. Le site Web (qui n’a rien à voir avec l’interface wiki) collecte des sources sensibles (rapports internes, documents confidentiels) illustrant des dysfonctionnements au sein de nos sociétés. Après analyse critique, certains de ces documents sont publiés, l'anonymat des informateurs étant en principe garanti.

La diffusion de la vidéo d’une bavure à Bagdad en 2007 a attiré l’attention des médias. Par la suite, The Guardian a exploité et cartographié les archives de guerre (warlogs) en Irak. Plus récemment, des télégrammes de la diplomatie américaine ont été remis à cinq quotidiens dont Le Monde qui en ont publié une sélection (Cablegate).
http://tinyurl.com/guardian-2010-iraq-map  -  http://www.lemonde.fr/documents-wikileaks/

Chez les technophobes, WikiLeaks est devenue la dernière cible à la mode, Google et Wikipédia bénéficiant d’un répit relatif. Les attaques sont souvent très révélatrices, aussi bien pour la forme que pour le fond. Ainsi, pour ces censeurs, Wikileaks menacerait la sécurité des Etats démocratiques, en particulier celle des Etats-Unis, et mettrait en péril la vie de leurs agents. Le cauchemar de la transparence absolue est brandi, souvent par des politiciens qui voudraient mettre la vie de leurs concitoyens sous vidéosurveillance généralisée ! La personnalité de Julian Assange et ses propos sont aussi passés au crible…
« Rétif par nature à tout contrôle, multiple, insaisissable, impossible à unifier et sans doute à réguler, ce cinquième pouvoir [l’initiative citoyenne et ses milliers d’associations] est en train d'acquérir une puissance qui menace tous les autres. En poussant sa logique au plus loin, il est possible d'imaginer que l'activité de ce cinquième pouvoir puisse, à terme, rendre les démocraties impossibles à réformer et peut-être même à gouverner…». écrit Jean-Christophe Rufin dans Le Monde 21/12/2010

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Il y aurait beaucoup à écrire sur les formes prises par la médiatisation de cette initiative, entre course permanente au scoop, personnalisation à outrance, et choc des arguments (dont certains n’évitent pas la mauvaise foi). Un exemple : Wikileaks menacerait la presse, son travail d’investigation et son rôle de médiation ; or la sélection et la diffusion de quelques centaines de dépêches (sur 250 000 annoncées) s’est faite dans les colonnes de cinq quotidiens.

Patrice Flichy fait le pari de l’intelligence et de la culture de lecteurs éclairés ; selon lui, Wikileaks, « c'est la réhabilitation du journalisme d'expertise » et l’essor du journalisme de données, les logiciels permettant d’exploiter des masses énormes de données brutes. Le Monde 03/12/2010.

Pour Dominique Cardon, la transparence est moins une menace pour la démocratie que l’opacité : « La demande d'informations issues des coulisses apparaît alors comme un contre-feu face à l'hypertrophie des stratégies de communication qui cadenassent dans une langue de plus en plus artificielle les discours du pouvoir ». De plus, « au prétexte de la tyrannie de la transparence, l'affaire WikiLeaks a ranimé chez certains le culte du secret et de la raison d'Etat. Une révélation de plus, et ce sont les vertus de la politique machiavélienne qui seront réhabilitées et, avec elles, cette habitude de protéger n'importe quel agissement du pouvoir, au nom du discrétionnaire « secret défense » ».
Le Monde 03/12/2011, dossier « WikiLeaks, entre déballage et démocratie ».

31 décembre 2010

Qui a peur d'internet ?

Patrice Flichy (Le sacre de l'amateur) et Dominique Cardon (La démocratie Internet : Promesses et limites) répondent aux questions de Julie Clarini (Le grain à moudre du 16/12/2010) et de François Armanet (Le Nouvel Obs).
http://www.laviedesidees.fr/_Flichy-Patrice_.html
http://www.laviedesidees.fr/Internet-nouvel-espace.html
http://cems.ehess.fr/document.php?id=155

Le texte est paru dans le Nouvel Observateur, mais ne semble pas encore en ligne.
L'émission est à archiver au format mp3

Un des intérêts de cet entretien à 4 voix, c'est le jeu de rôle, avec des questions à sens unique imaginées par les animateurs et une analyse très nuancée faite par les deux experts.

Les questions, en substance :
La transparence absolue n'est-elle pas un danger pour la démocratie ?
Les hackers ne vont-ils pas remplacer les journalistes et les experts ?
Internet ne suscite-t-il pas de failles qui mettent en péril la démocratie ?
Avec internet, n'y a-t-il pas pour la vie privée un risque de Big Brother ?
Ne surestimez-vous pas la capacité d'auto-régulation d'internet ?
La fragmentation de l'espace public en innombrables agoras n'est-elle pas une menace pour la démocratie ?

Entendu dans l'émission :
Wikileaks ?
Pourquoi avoir peur de la circulation d'une information publique (la diplomatie ?)
Pourquoi en faire un risque plutôt qu'une opportunité ?
Crier à la transparence absolue, c'est monter trop vite en généralité.
La démocratie repose sur le contrôle, la demande d'informations est une sorte de contre-feu face aux excès de la communication entre les mains du pouvoir. On est dans la foulée du journalisme d'investigation, où des sources privilégiées pouvaient marquer leur distance par rapport à une politique suivie.
PF cite l'exemple des papiers du Pentagone en 1971, au temps de la photocopie.

Des menaces sur la vie privée ?
Big Brother, ce sont les Etats (la Stasi) ou les entreprises. Les dangers sont connus, et le droit peut être mobilisé.

DC : Les individus choisissent de s'exposer, ils ne sont pas aussi naïfs. Sur Facebook, ils savent distinguer le mur et les infos protégées (sauf du propriétaire). Jongler entre la parade et la dissimulation, c'est un nouveau jeu dans les pratiques sociales...
Utiliser la vie privée comme arme stratégique, les politiques n'ont pas attendu internet pour le faire. Ils ont commencé avec la TV et la Téléréalité.

Les sites extrémistes ?
PF ne veut pas exagérer leur audience.
Il préfère la solution américaine (liberté et contradiction portée par les autres citoyens) à la solution française (une loi pour chaque dérive possible)

L'autorégulation ?
DC :  L'idée de l'autorégulation est au coeur d'internet, elle fait un pari : dès qu'on donne à la société civile des pouvoirs d'expression et de coordination autonome, on a l'impression qu'entre l'Etat et le marché, il n'y a pas d'espace. Or ce qui est en train de s'inventer - et c'est très présent dans la culture des amateurs - c'est l'idée d'un troisième modèle. Il y a une société civile qui s'auto-organise, qui produit des biens communs. Il y a des formes d'association dans lesquels on n'est pas obligé, pour remplir des services pour le public ou des services communs (Wikipedia ou le logiciel libre), de passer par le marché ou l'Etat. Cette auto-organisation est encore très fragile et imparfaite, mais elle monte en puissance.

Dans cet espace, le filtrage des informations n'est pas fait à priori par des journalistes de métier (qui jouent le rôle de gatekeepers), mais à postériori par les internautes. Donc internet n'est pas cette vaste poubelle si souvent dénoncée. Bien sûr un journaliste pourra lancer une rumeur et lui donner crédit. Mais ce que font les internautes (et aussi le Page Rank de Google), c'est de voter. Collectivement, les internautes produisent une crédibilité commune,  et ils sont généralement très vigilants quant à l'intérêt et à la véracité de l'information.

Une fragmentation de l'espace public ?
P Flichy - dans le débat public, il y a toujours une multitude d'agoras. Les premiers lieux où l'on parle de politique sont les lieux privés, la famille, les amis, à table...
L'éclatement de l'espace public via internet a au contraire qq chose d'extrêmement positif. S'il n'y avait qu'un seul espace, le débat serait limité aux grands messes électorales des présidentielles, au face à face de deux candidats. L'espace politique est une multitude de lieux qui s'ancrent dans la vie locale...

flichy
Patrice Flichy

                                                 

cardon
Dominique Cardon

 

9 octobre 2010

Ni socialisme ni barbarie

Claude Lefort : ni socialisme ni barbarie - Le Monde 8/10/2010
Mort le 3 octobre, l'auteur de « L'Invention démocratique » (1981) reste d'une brûlante actualité pour penser la crise de la démocratie ou élaborer une véritable politique des droits de l'homme.

De la démocratie aux droits de l'homme, en passant par le totalitarisme
Apports et limites d'un penseur majeur
Une pensée juste au trébuchet de l'Histoire

Points de vue croisés de Philippe Reynaud, d’Isabelle Garo, d’Alain Touraine

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