Le président au Vatican
- Au Vatican, Macron doit recevoir le mardi 26 juin 2018 le titre de « premier et unique chanoine d’honneur ».
« Le président s’abstiendra prudemment de tout discours sur le terrain miné de la laïcité ».
En 1604, Henri IV est le premier à recevoir le titre de chanoine, après avoir abjuré le protestantisme. Il donna à la basilique les bénéfices de l’abbaye de Clairac - http://www.20minutes.fr/societe/2296115-20180625-vatican-faut-savoir-rencontre-entre-emmanuel-macron-pape-mardi
- En 2007, NS avait mis le feu avec un discours inspiré par des conseillers cléricaux.
http://www.lemonde.fr/politique/article/2007/12/21/discours-du-president-de-la-republique-dans-la-salle-de-la-signature-du-palais-du-latran_992170_823448.html
extrait
2007 « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal,
l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé
parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie
et le charisme d’un engagement porté par l’espérance »
NS - Rome 20 décembre 2007
http://clioweb.free.fr/debats/laicite.htm
« Nos enfants ont le droit de rencontrer, à un moment de leur formation intellectuelle et humaine,
des religieux engagés qui les ouvrent à la question spirituelle et à la dimension de Dieu ».
NS, 13/02/2008 cité par JY Camus dans Rue89
1850 : « Qui donc défend l'ordre et la propriété dans nos campagnes ?
Est-ce l'instituteur ? il faut bien le dire, c'est le curé ».
Duc de Montalembert, Discours à l'Assemblée nationale législative, 17 janvier 1850.
http://clioweb.canalblog.com/tag/montalembert
- « La République n’a pas à sous-traiter l’espérance aux religions. La République est en charge de réaliser un monde meilleur, et pas d’inviter à l’attendre. Cette conception sociologique de la religion, fournissant « l’espérance » qui fait que les peuples se tiennent tranquilles et respectent les règles établies, [...] ce n’est pas autre chose que « l’opium du peuple » que dénonçait Marx. »
François Bayrou, Le Figaro 26,12,2007
http://discours.vie-publique.fr/notices/083000014.html
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1888, Le Figaro au quotidien
Gallica : http://clioweb.canalblog.com/archives/2015/03/22/31750579.html
Le Temps, L'Aurore, L'Humanité, Le Figaro, Le Petit Parisien, Le Matin...
Les principaux quotidiens numérisés par Gallica
Twitter : Le Figaro de 1888, « c'est de la vraie presse papier... Il y avait de quoi lire, dès la Une »
Pourquoi confondre un quotidien avec son supplément littéraire ?
De plus, l'article de Zola est extrait d'une préface d'un ouvrage publié par des journalistes.
Il faudrait le comparer avec les tribunes et autres rebonds écrits par des écrivains d'aujourd'hui.
Le Figaro, 24 novembre 1888
Francis Magnard, rédacteur en chef - 20 cents à Paris, 25 dans les départements
sommaire : la revision des droits de l'homme - Au Vatican - Le Complot Floquet - La Japonaise (Variétés)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date.langFR
Au quotidien, l'écrit occupe une place énorme,
mais pour traiter beaucoup d'anecdotes sur la bonne société européenne du temps,
et la typographie met déjà la réclame en évidence.
source : Gallica - http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date.langFR
A comparer avec trois Unes du 21 mars 2015, dont celle du Figaro actuel
http://www.revue2presse.fr/presse/quotidien
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Laïcité : Lettre à Manuel Valls
Laïcité : Lettre ouverte à Manuel Valls : L'exemple de Georges Clémenceau
Henri Pena-Ruiz
http://www.libre-penseur-adlpf.com/article-laicite-lettre-ouverte-a-manuel-valls-123503463.html
ou au format pdf
http://clioweb.free.fr/debats/lettre-ouverte-valls.pdf
extraits :
Monsieur le Ministre,
« … sans polémique, j’entends vous dire mon incompréhension devant votre décision de représenter la France, ès qualité, dans l’exercice de vos fonctions, pour la canonisation de deux papes. Il n’y aurait évidemment aucun problème si vous vous rendiez à Rome à titre privé, en ne représentant que vous-même. En république laïque les
croyants sont pleinement libres, mais leur foi ne doit engager qu'eux seuls. De même pour l’athéisme… »
En novembre 1918, Clémenceau, Président du Conseil, dissuade Poincaré de se rendre à Notre-Dame de Paris :
« Suite à la loi sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, le gouvernement n'assistera pas au Te Deum donné à Notre Dame. Mmes Poincaré (femme du président de la République) et Deschanel (femme du président de la chambre des députés) n'étant pas membres du gouvernement pourront par contre y assister ».
« Quand Nicolas Sarkozy a eu l’audace, dans le Discours de Latran, de placer le prêtre au-dessus de l’instituteur, j’ai rédigé un article pour lui rappeler l’ineptie d’une telle hiérarchisation. Car l’instituteur ne vise que la liberté de l’élève, telle que la fonde la culture, et refuse toute inculcation. C’est cela la grandeur de l’école laïque, ce lieu où l’élève apprend ce qu’il ignore pour pouvoir un jour se passer de maître ».
« Ne pensez vous pas, Monsieur le Ministre, qu'un si bel idéal requiert une défense et illustration exemplaire de la part des responsables politiques ? »
Dernier ouvrage paru :
Dictionnaire amoureux de la laïcité (Editions Plon)
rappel : Laïcité http://clioweb.free.fr/debats/laicite.htm
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Vacarme : Joan W. Scott et le genre
History Trouble
Vacarme no 66 publie un long entretien avec Joan W. Scott, l'historienne du genre.
http://www.vacarme.org/article2325.html
Elle retrace son parcours intellectuel et son engagement politique, depuis l'histoire des verriers de Carmaux (les mineurs, c'était Rolande Trempé) jusqu'au combat contre la rhétorique du Vatican pour qui "la théorie du genre" a remplacé la détestation du communisme.
Pour ce bébé couches rouges, l'étude de la domination et des rapports dissymétriques est centrale. « J’ai questionné par exemple la façon dont le principe universel d’égalité des citoyens s’était accommodé de l’exclusion politique des femmes ». « Dans tous mes ouvrages, je m’attache ainsi à décrire la façon dont les gens qui vivent dans un rapport inégalitaire l’éprouvent, le pensent et le formulent ».
Elle passe de l'histoire ouvrière à l'histoire des femmes, elle se passionne pour Foucault, Derrida et Irigaray (la "French Theory"), elle s'en sert pour dénaturaliser les rôles dévolus aux hommes et aux femmes dans la vision d'un universalisme de l'individu abstrait, elle s'intéresse aux apports de la psychanalyse (Freud et Lacan). Elle historicise et déconstruit les concepts, elle suggère que certaines catégories rendent les questions impossibles à poser (et à résoudre).
extraits :
« Les Mots et les choses ont joué pour moi un rôle essentiel. Foucault interrogeait les catégories même du débat historique et politique telles qu’elles se sont constituées de la Renaissance à l’âge classique : l’histoire, bien sûr, mais aussi la raison comme attribut de l’homme, la souveraineté comme droit inhérent de l’individu, la liberté comme sa condition désirée, ou encore la vérité, la sexualité, l’être humain, la différence des sexes, etc. - toutes choses qui devenaient des termes malléables et mouvants sur lesquels la compréhension et le savoir étaient pourtant bâtis. La notion même d’événement historique en était bouleversée : les événements, c’étaient désormais les caps discursifs, les mutations conceptuelles qui créent des valeurs, des significations, des sujets. Je n’ai jamais oublié le sentiment que m’a donné cette lecture : une angoisse énorme mêlée d’une tentation irrésistible. Chez moi, les deux vont souvent de pair ! Jusque là, mon attachement à l’histoire avait été raisonnable ; c’est là qu’a commencé ma passion. Je me suis donc ralliée à ce groupe de femmes. Et c’est ainsi que je suis devenue, pour mes compatriotes, une féministe à la française (avec de jolies chaussures) ».
« Le genre est une catégorie utile d'analyse historique... Il a permis de dénaturaliser les rôles dévolus aux femmes et aux hommes, de montrer que l’anatomie n’est pas un destin, et donc de combattre les traitements inégalitaires justifiés par la différence anatomique... J’avais l’intuition, que je ne parvenais pas encore à formuler, que ces questions trouveraient des réponses plus adéquates si nous savions interroger les significations mêmes des concepts d’homme et de femme. Et cette intuition était à la fois historique et politique ... Le langage est ainsi devenu pour moi un objet d’enquête pour comprendre la construction des sujets, des organisations sociales et des relations de pouvoir ».
« Quoi qu’en disent les catholiques qui, en France, ont lancé la controverse, il n’y a pas de « théorie du genre ». C'est une invention qui a remplacé le communisme dans la rhétorique du Vatican. Il y a des études de genre, c’est-à-dire des questions. Les mots ne sont jamais que les batailles pour les définir ! Les adversaires du genre entendent faire valoir les significations qu’ils donnent à la différence du masculin et du féminin : une complémentarité qui justifierait selon eux une inégalité. Ils participent à une lutte entre ce qui compte comme étant de l’ordre du « naturel » et ce qui compte comme étant de l’ordre du « social ». Or le terrain de cette lutte, c’est justement ce qu’on appelle le genre ! Selon moi, il n’y a pas d’autre définition ».
« En France, nier que le sexe et la sexualité soient des problèmes est un trait de “l'identité nationale” ».
« Je n’ai jamais critiqué la France, mais des Français qui justifient des comportements racistes et discriminatoires par des idées universelles et républicaines. Je ne suis pas étonnée de voir aujourd’hui ce féminisme-là revendiqué par des partis d’extrême droite. On peut toujours me traiter de multiculturaliste américaine, j’ai appris de mon expérience américaine à débusquer le racisme et la discrimination ».
Une école historique ?
« Je ne sais pas, et je ne veux pas porter la responsabilité d’un « scottisme » (rires). … La critique que je pratique ne donne pas des réponses : je peux tout au plus ouvrir des brèches, une conversation, des possibilités. Quant à savoir où elles mènent sur un plan directement politique… dans ma recherche, je me suis toujours efforcé de compliquer mes propres convictions politiques. En montrant que femme est une catégorie mouvante et plurielle dans l’histoire, je résistais à la demande de groupes féministes de production d’une histoire des femmes téléologique, du récit d’une montée en puissance de la conscience de soi. Peut-être est-ce d’ailleurs ce qui m’a toujours motivée : le refus critique d’accepter les termes d’un groupe qui m’importe et dont j’approuve les buts. C’est mon paradoxe ! »
Rappels :
articles précédents dans Vacarme : Comment peut-on être américaine ? http://www.vacarme.org/mot588.html
Joan W. Scott, article Wikipedia (ouvrages et articles) : https://en.wikipedia.org/wiki/Joan_Wallach_Scott
Les publications de Joan W. Scott : http://www.sss.ias.edu/files/pdfs/scottcv.pdf
Joan W. Scott, La citoyenne paradoxale : les féministes françaises et les droits de l'homme, Paris, 1998,
CR Françoise Thébaud, Clio 12.2000 - http://clio.revues.org/202
Au-delà du patriarcat - Scott Joan, Emancipation and Equality : A Critical Genealogy
colloque Penser l'émancipation, Nanterre février 2014
http://www.penserlemancipation.net/site.html?page=atelier&id=94
dans la revue de presse Clioweb :
http://clioweb.canalblog.com/tag/joanscott
http://clioweb.canalblog.com/tag/genre
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Les diplômes et le Vatican
- Les diplômes restent l’affaire des universités et non du Vatican
Véronique Soulé dans Libération 23/07/2010
« … l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance ». la chanoine du Latran, 20 décembre 2007.
A la suite de cette provocation, Kouchner a signé un accord de reconnaissance mutuelle des diplômes.
Le Conseil d’Etat vient de le neutraliser et de confirmer le monopole de l’université publique.
- L'excellence a un prix...
coût d'un master de management des ressources humaines (sic) : 234 euros
"diplôme d'université" en management relationnel : 5990 euros... (source Marianne)
La mondialisation bienheureuse
Une mission sur « les conséquences sociales de la mondialisation » peut rapporter 9500 euros mensuels pendant 15 mois. Le Canard enchaîné a révélé hier le contrat de « collaborateur de cabinet » établi (en date du 1er avril ! ) par Eric Woerth au profit de Christine Boutin. Pour Le Canard, c'est « Le prix payé par Sarko pour calmer Christine Boutin », l'ancienne candidate de la droite cléricale (1,19 % des voix en 2002).
Le Monde titre de son côté : Christine Boutin toucherait près de 18 000 euros mensuels.
Libération 10/06/2010 sort aussi sa calculette : « 9 500 euros net par mois pour une obscure mission sur la mondialisation, plus 6 000 euros mensuels de retraite parlementaire, plus 2 600 euros d’indemnité chaque mois de conseillère générale des Yvelines… Ajoutez à ce pactole une voiture de fonction avec chauffeur, des locaux mis à disposition dans le XVe arrondissement de Paris, quatre collaborateurs rémunérés de 4 700 à 6 000 euros net par mois et, à l’évidence, des notes de frais. Total : un scandale, révélé par le Canard enchaîné, qui contribue à creuser le fossé entre les citoyens et leurs élus ».
« Pour le gouvernement qui promet de réduire le train de vie de l’Etat pour mieux faire passer une politique de rigueur qui ne dit pas son nom, cette affaire est dévastatrice. Même dans les rangs de la droite, elle soulève la consternation... Seul Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, assurait « ne pas voir ce qu’il y a de scandaleux dans la rémunération de madame Boutin ».
En 2007, son directeur de cabinet avait dû démissionner : « il bénéficiait d'un appartement de 190 m2 dans le quartier de Port-Royal, avec vue sur la chapelle du Val-de-Grâce, au prix de 6,30 euros le m2 » . Libération 18/12/2010
- Un lecteur du Monde cherche en vain un peu de décence. Parmi les autres commentaires (plus de 300) : « Chère Christine », « Cela fait 9 infirmières de moins », « Relire La société de cour de Norbert Elias » et une question : « L'orthographe fait-elle partie de la prébende ? » (cf Xavière). « 6000 euros pour 21 annuités cotisées? Alignons toutes les retraites sur celles des parlementaires !!! »
Pour un tel tarif, pourquoi n'avoir pas mis au travail un laboratoire ou une équipe de spécialistes, par exemple des géographes de métier, des sociologues et des économistes ?
- 6000 euros de retraite : comment l'homme du patronat et des néo-libéraux va-t-il pouvoir continuer à parler sérieusement de « justice » dans les décisions à venir sur les retraites ? En obligeant tous les retraités à combiner aussi une pension et un travail salarié ??
- 9500 euros par mois, cela fait combien par voix de la droite catho réactionnaire ( à décoder, l'effort pour capter le vocable "chrétien-démocrate" pour masquer pour masquer des conceptions peu chrétiennes... sur Canal, hier soir, CB se vantait d'avoir refusé un poste d'ambassadeur... au Vatican, auprès de Benoit X+VI !)
- 9500 euros par mois, cela fait combien de salaires d'ouvriers chinois ? lui a demandé Le Grand Journal.
- 9500 euros, c'est aussi à comparer avec les revenus des patrons du CAC 40 version NS - Le Post - Edubourse 2009
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10/06 : Libération - Eric Woerth, envisage (sic) de « rendre non cumulable » la retraite de parlementaire et une rémunération liée à une fonction publique !
11/06 : Christine Boutin renonce à sa double rémunération - Le Monde
Christine Boutin lâche son parachute doré - Libération