L'Arrêt sur images du 15 juillet a connu une suite sous forme d'échange, par blogs interposés,
entre Nicolas Cori et Frédéric Lordon.
La crise financière dans les médias:
pourquoi Frédéric Lordon a stratégiquement tort, parce qu’il a politiquement raison
http://cordonsbourse.blogs.liberation.fr/cori/2009/08/
http://www.facebook.com/nicolascori
La réponse de Frédéric Lordon
http://blog.mondediplo.net/-La-pompe-a-phynance-
http://blog.mondediplo.net/2009-08-17-Critique-des-medias-critique-dans-les-medias
Les 2 semblent partager la même analyse sur le capitalisme financier ;
ils divergent totalement sur la tactique face à la presse et aux médias.
Pour NC, "FL ne va pas dans les médias dominants pour des mauvaises raisons, ce qui a pour effet de voir ses idées peu ou mal reprises, d’avoir très peu d’influence sur le débat politique et aucune sur les politiques publiques".
F Lordon pense que les structures pèsent plus que les hommes; Il met en cause le format (15 secondes pour l'expert, appelé pour certifier l'avis du présentateur du JT ), tout comme l'ont fait avant Noam Choamsky et Pierre Carles.
F Lordon plaide pour une vraie division du travail, avec de médiateurs compétents, capables de faire passer les idées et les travaux des chercheurs, "éventuellement avec les réductions et les approximations" inévitables.
Pour un débat qui ne se limite pas à des affirmations-coups de force sur fond de (fausses) évidences
Extrait de la réponse de Frédéric Lordon :
L’inanité des formats en miettes
... " l’indigence des formats, c’est-à-dire des temps alloués à la parole,
et le climat de demi-foire d’empoigne avec interruptions permanentes,
conspirent pour rendre absolument impossible de développer un point de
vue hétérodoxe, d’emblée privé de tout l’arrière-plan de (fausses)
évidences, de cela-va-de-soi (« on ne peut pas augmenter les impôts »,
« la flexibilité est nécessaire », « comment peut-on envisager le
protectionnisme dans une économie mondialisée ») accumulés pendant deux
décennies".
"Là où l’expert modal peut se contenter de parler par demi-phrases et
de convoquer tout ce fonds d’« évidences » par la mobilisation d’un
simple mot, l’outsider hétérodoxe doit entreprendre de construire de
zéro des arguments qui ont contre eux tout un sens commun médiatique,
et ceci sans la moindre chance ou presque de pouvoir aller au bout et
de ne pas être interrompu par l’« impartial animateur », ou par un
contradicteur, qui d’une seule remarque laissera le raisonnement en
plan, fera bifurquer la discussion vers un tout autre sujet, laissant
le pauvre type emberlificoté dans son laborieux développement au milieu
du gué et grosjean comme devant – on n’est pas forcé d’aller se mettre
dans des situations perdues d’avance ; pour la cause qu’on défend, on
aurait même plutôt intérêt à les éviter".
Décrépitude – les pentes fatales de la facilité médiatique
"Et puis il y a la décrépitude intellectuelle. Car il y a pire, parce
que plus insidieux, que les déconvenues instantanées de ces expériences
nécessairement désastreuses. Au chercheur qui se hasarderait à jouer ce
jeu et qui, désirant le jouer avec quelque succès, se plierait aux
formats imposés pour y faire entrer son discours, il faut surtout
craindre les effets de long terme d’un genre qui ne laisse pas la
pensée indemne. Si la misère du format condamne à la pauvreté du
discours, réduit à une série de slogans et blindé dans le registre de
l’assertorique, c’est-à-dire des affirmations-coups de force, coupées
de leurs vrais arguments puisque le temps n’est pas offert à la
présentation de ceux-ci, il ne faut surtout pas espérer qu’il n’y
aurait là qu’une suite d’inconvénients instantanés sans conséquence sur
le reste de l’activité intellectuelle de l’intéressé".
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