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histoirescolaire
7 octobre 2011

Histoire scolaire ou nationale ?

 

Dans Libération, une tribune rédigée par Roland Hubert Cosecrétaire général du SNES-FSU, Alice Cardoso Responsable du groupe Histoire-Géographie au SNES-FSU, Laurence De Cock et Suzanne Citron Historiennes

extrait :
« Il est urgent de rappeler que l’histoire de l’Afrique ne s’adresse pas « aux petits Africains » d’origine, mais bien à tous les jeunes car tous ont besoin de ces éclairages sur le passé, tout comme de savoir que l’histoire n’est pas faite que par les « grands hommes » mais aussi par les anonymes ou les « sans-voix », afin qu’ils puissent se reconnaître dans ces derniers et se projeter eux aussi comme des futurs acteurs dans la société de demain.

Il est urgent enfin de rappeler que l’histoire à l’école ne peut pas tout traiter, des choix sont nécessaires et ils obligent à des arbitrages difficiles. Or, le risque qui se profile est qu’à vouloir contenter tout le monde - les défenseurs de l’histoire à l’ancienne et les nécessités de prendre en compte les renouvellements historiographiques -, les programmes ne deviennent un fourre-tout sans cohérence (voir le programme de 1ère actuel qui apparaît infaisable), ayant perdu toute saveur et toute possibilité d’être une discipline de formation intellectuelle et critique pour les jeunes.

L’histoire scolaire, sans renier certes une histoire nationale, européenne, doit transmettre une connaissance globale du passé humain, aider à la compréhension des autres civilisations et permettre à chacun de penser l’altérité, au passé comme au présent ».

http://www.liberation.fr/societe/01012363979-histoire-scolaire-ou-nationale

 

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2 février 2011

La fin de l'Histoire ?

Programmes scolaires : La fin de l’Histoire, Bernard Chambaz

Dans la dernière page du Monde diplomatique, BC (LLG) pointe les choix contestables des programmes d'HG chatel. Les professionnels les avaient repérés lors de la consultation (de façade), mais en première, le texte final n'a retenu aucune des propositions.
Faut-il alors s'étonner qu'une décision ministérielle scandaleuse (la suppression de l'HG en Term S) soit combattue et médiatisée, au même titre que certains choix faits par des historiens et des géographes généralement reconnus comme des "experts" du domaine....
Nos collègues de SES contestent encore plus vigoureusement le contenu du prochain programme de 1ere ES.

(L’article sera mis en ligne, sans doute en mars 2011) - version temporaire ).

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Chambaz

En janvier 2010, en marge du débat sur l’identité nationale, un document du préfet de la région Ile de France invite à penser « l’enthousiasme » comme notion à enseigner. « On ne s’y prendrait pas mieux pour torpiller l’histoire. .. la mauvaise mémoire du président est aussi notoire que sa méconnaissance de l’histoire. La décision de supprimer l’histoire-géo obligatoire en classe terminale administre une preuve supplémentaire d’ignorance…»

BC épingle le vocabulaire « spécifique » et vilipende la bien-pensance et le jargon à la mode (les excès dans les discours autour du « durable » - les Anglo-saxons disent « sustainable »). A propos des programmes, il écrit : « on a troqué la vision encyclopédique de Pantagruel contre celle de Bouvard et Pecuchet »

Extraits :
« Le BO spécial du 29 avril 2010 présente le programme de la classe de première. Le thème initial est placé sous le signe des « économies-monde (britannique, américaine, multipolaire) » ; vous ne rêvez pas, c’est bien de l’histoire. Le deuxième est fracassant: «La guerre au XXe siècle ». A l’énoncé du programme, comment avoir la moindre idée de la façon dont le monde est entré dans l’une et l’autre, dont on retiendra surtout la « violence » (la première) et l’« anéantissement » (la seconde) ? Ensuite, comment comprendre la guerre froide, puis les nouvelles « conflictualités » (que leur a donc fait le mot conflit pour qu’ils l’écartent ?)

Le troisième thème ne surprend pas : les totalitarismes.
On se permet alors deux questions : est-ce que les révolutions de février et d’octobre 1917 constituent la genèse du régime totalitaire, ou faut-il renoncer à les raconter ? Comment traiter, on parallèle, l’effondrement de l’Etat nazi et l’effondrement de l’Etat soviétique ?
Passons sur le quatrième thème, pour aller au cinquième, d’allure classique : les Français et la République. Six heures de cours pour un siècle et demi, c’est trop généreux; on ne s’étonne pas de voir la Commune de Paris évacuée, puisque déjà il ne s’était rien passé en juin 1848, mais on limoge aussi les grandes figures républicaines : Gambetta viré, Ferry viré, Hugo viré. Le régime de Vichy se résume à une simple « négation » de la République; l’histoire politique contemporaine est réduite aux prémices de la Ve : on s’arrête en 1962, descendez, il n’y a plus rien à voir, ni la crise de 1968, ni les réformes des années 1970, ni les septennats mitterrandiens. Il n’y a plus qu’à considérer que Simone Veil est à sa place dans la rubrique « Les femmes dans le vie économique et sociale ». En fait, il n’y a pas un mot sur tout ce qui serait susceptible d’éclairer la situation actuelle. »

[ La situation est sans doute moins dramatique qu'en SES. Pourtant aucune critique n'a été entendue à propos du programme de première. Il ne faut donc pas s'étonner devant la virulence des réactions médiatiques quand un ministre supprime l'HG en Terminale S (la moitié des effectifs dans les terminales générales), et que des pans entiers de l'histoire de la France et du monde passent à la trappe dans les autres séries. ]

chambaz

source : Wikimedia Commons

11 décembre 2010

Une victoire de Napoléon ? Waterloo...

- « Citez une victoire de Napoléon ?
- Waterloo... ! ! »

La source de cette anecdote, ce n'est ni le dernier défenseur de Louis XIV et de l'histoire bataille, ni une des nombreuses campagnes menée par une officine d'extrême droite contre un enseignement jugé trop marxiste.

Mais Alain Decaux que le magazine Historia a sollicité pour « Sauver l'Histoire » (à nouveau ...)
(La citation date de 1980. C'est une réponse de « collégiens de la banlieue Nord » à G Durand).
A l'époque, l'enjeu, c'était l'affrontement entre les tenants d'une histoire classique et les adeptes des activités d'éveil à l'école primaire. Lire Enseigner l'Histoire. Analyse historique d'un malaise, un article de Maurice Crubellier - revue Histoire de l'Education, N°26, mai 1985. http://www.inrp.fr/publications/
[pas simple d'arriver à cette mention courte ! De plus le texte en pdf ne comporte ni date ni mention de la source...]

Aujourd'hui, l'enjeu pour Historia ce n'est pas le rétablissement de l'HG en Term S (option marketing), mais plutôt la survie d'un roman national étriqué (le magazine qui a le même proprio que Le Point (et L'histoire) publie un dossier sur « Etre Français »... :-):-)
A côté de Decaux, plusieurs « « spécialistes reconnus » » ( sic et resic ) de l'écriture de l'histoire et de l'histoire scolaire interviennent : Gonzague Saint-Bris, Stéphane Bern, Jean-Christian Petitfils,  (B Stora est aussi dans cette galère et JJ Aillagon y vante   sa décision de construire Pierrefitte).
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JC Petitfils, l'homme de «« L'évasion »» de Louis XVI (France 2) n'y va pas de main morte :
« L’enseignement de l’Histoire est pavé de bonnes intentions. Dans le tournis vibrionnaire des réformes pédagogiques et programmatiques qui se sont multipliées ces dernières années…ce qui ressort avant tout, ce sont les bons sentiments. Ils émanent de quelques têtes pensantes de l’EN, qui qq soit le ministre, finissent de groupe de travail en commission ou en conseil supérieur par imposer leurs vues ... »
« Revenons à l'enseignement de l'Histoire tel qu'il est conçu par les officines pédagogiques du ministère ... comment ne pas voir [que derrière les bonnes intentions et les bons sentiments affichés] il n'est que le reflet navrant des renoncements... qui façonnent si mal notre société : perte du sentiment d'appartenance  à une communauté de destin, ébranlement de la cohésion sociale, déclin des valeurs de la République... »
« L'espoir réside peut-être entre les lignes ... des directives officielles. Il est d'excellents professeurs, dévoués, attachés à faire revivre, à expliquer, à donner le goût de comprendre, quitte à approfondir plus tard »... La solution... pour JCP :  quelques vieux Dumas et une « bonne revue »...

Le CVUH a réagi à la campagne de D Casili (Louis XIV ou bien l’histoire de l’Afrique). Antoine Perraud complète la charge dans Médiapart. http://cvuh.free.fr/spip.php?article252 - http://www.mediapart.fr/article/offert/

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Les discours de déploration sont à la mode, toujours confortés par des anecdotes personnelles.
2 remarques entendues récemment :
. « A l'entrée en 6e, 1/3 (sic) des élèves ne sont pas au niveau » dit une prof qui enseigne en collège
. « Les étudiants en histoire [donc les lycéens d’hier], ce n'est pas le souci de la chronologie qui les écrase...» poursuit un universitaire de renom ...
Passons sur cette nouvelle illustration de la cascade du mépris entre les cycles scolaires. On peut aussi  négliger les habituels micro-trottoirs dans les médias paresseux : les réponses qui ne tiennent pas en 15 secondes ou qui ne cadrent pas avec la « vérité » mise en scène par le présentateur passent à la poubelle.

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Il reste au moins quatre enjeux :

- « Ces lycéens britanniques qui ne savent rien de la Shoah », titre dans Rue 89 un jeune journaliste, ancien assistant de langue. http://www.rue89.com/blog-belfast/2010/12/04/
S'ils ne savent rien, ce n'est pas la faute des profs,   mais celle de la mise en option et d'une spécialisation hâtive. Pour l'histoire, en France, Fontanet avait tenté le coup sous Pompidou...

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- La chronologie ? Lire le commentaire de Mathieu Ferradou sur le Mur de la Page Facebook de La Fabrique, le 1er décembre : « Nos dirigeants savent-ils que les élèves du collège sont chargés d'apprendre des "dates repères" sur lesquelles ils sont interrogés au brevet en fin de 3e ? ». La tendance habituelle consiste à enjoliver le passé. 1515, hier, tout le monde connaissait ! Connaissait quoi ? Le numéro de téléphone ? Les détails de l'histoire militaire ?
«... Dans les souvenirs, il y a toujours de la neige à Noël ... il n'y en avait peut-être pas... mais ça n'a pas d'importance : on s'imagine qu'il y en avait. Et donc il y en avait » ironise Alain Rémond dans Marianne, 11/12/2010
Pourquoi aussi cette tentation permanente de généraliser à partir de cas caricaturaux ? Beaucoup d'élèves peuvent avoir des problèmes avec la chronologie, surtout si l'apprentissage donne plus de place à la mécanique qu'au sens de ce qui est à maîtriser. Mais beaucoup ont une maîtrise sans doute meilleure que celle de leurs parents.

.
Le troisième, c'est la division du travail politicien. Les anciens d'Occident n'ont pas brillé ces dernières années sur le théâtre politique hexagonal. Certains ont même été remerciés lors du dernier remaniement. Mais en parfaits déclinistes, ils savent activement lancer des SOS et mener campagne médiatique. Tant pis si l'opinion accepte d'être trompée.
La tactique (utile à qui veut noyer son chien ...) a remarquablement marché pour le démantèlement des IUFM et la suppression de la formation professionnelle initiale (au nom d'un hypothétique « compagnonnage » maquillant une gestion inhumaine à courte vue et des économies de bouts de chandelle sur un secteur essentiel).

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- Le dernier danger ?
Ce n'est pas la mort de la chronologie.
Ce serait plutôt le choc des conceptions opposées et irréconciliables de l'histoire, et donc la difficulté à enseigner et apprendre la pluralité des lectures au sein d'une démocratie.
Le danger, pour les jeunes esprits, c'est l'addition délirante des exigences de tous les lobbies (cf l'épisode récent de l'histoire de la libération de la Corse à mentionner obligatoirement dans tous les manuels !!). Le résultat, ce sont des programmes totalement démesurés pour un enfant de CM, ou, au lycée, des manuels qui dépassent couramment les 300 pages (ceux de Géo pour la Terminale ES et L font 340 pages chez Magnard et 350 pages chez Belin )...
Pitié pour les élèves (et leurs profs...)

12 octobre 2010

une histoire identitaire ?

Veut-on une histoire identitaire ?
tribune de Lurence de Cock dans Libération
Régulièrement l’histoire scolaire en France fait débat. On pourrait s’en réjouir si la dernière polémique ne dégageait des effluves nauséabonds dans un contexte d’exaltation d’une identité nationale purgée de sa composante immigrée.
« ... Les récents programmes de cinquième commettent l’impardonnable péché de restituer de l’historicité à l’Afrique ».
http://www.liberation.fr/societe/01012295462-veut-on-une-histoire-identitaire

Lousi XIV et Napoléon hors programme
tribune de Pierre Lunel dans Libération
http://www.liberation.fr/societe/01012295461-louis-xiv-et-napoleon-hors-programme

18 septembre 2010

Louis XIV ou l'histoire de l'Afrique - 2

- 05/09/2010 - Napoléon a-t-il perdu la bataille du Monomotapa ?
L'analyse de Luc Cedelle sur le blog Interro écrite

« Un empire médiéval, oui, oui. Merci aux polémistes n’gaulois : nous aurions pu, pauvres obscurantistes, continuer à l’ignorer. Au fait, qui a dit, le 26 juillet 2007 à Dakar, que « le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire » ?  D’où l’utilité, parfois, de faire évoluer les programmes scolaires…»

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- 17/09/2010 : Les réacs au piquet !  - Médiapart http://www.mediapart.fr/club/
réaction de Laurence De Cock, Suzanne Citron, Jean-Pierre Chrétien pour le CVUH à l'émission C dans l'air du 06/09/2010
 
« ... Et vraiment, il est navrant de (voir les médias) tendre un porte-voix à ceux qui, de concert avec notre président, pensent encore que « le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire » ... de France ? »

.
- 12/09/2010 : Une nouvelle polémique sur l'enseignement de l'Histoire en classe de 5e,
par Elisabeth LANDI,  Conseillère régionale Martinique, Le Monde chroniques d'abonnés

« Nous devons faire entendre notre voix et notre exigence que soit prise  en compte l’histoire des civilisations amérindiennes,  africaines, l’histoire des traites négrières et des sociétés coloniales antillaises dans les programmes français ».

- "Clovis, Jeanne d'Arc et Louis XIV à la trappe !", "Exit les croisades, la Renaissance et Napoléon !"... Historia semble se placer dans le camp de ceux qui veulent "sauver l'Histoire" comme roman national...
http://sauvonslhistoire.historia.fr/

 

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14 septembre 2010

L'histoire scolaire en débats - 2

Plusieurs nuances par rapport à l’article du Monde

L’approche est y globale (école primaire et collège - lycée) comme si la société (et les élèves) n’avait pas évolué depuis 1880.  Le programme de 1923, est-ce seulement des débats sur le surmenage ? N’est-ce pas aussi une approche active et stimulante de la réalité ?

Pour le secondaire, un débat entre 2 lignes a été récurrent : Faut-il plutôt concevoir 2 programmes distincts pour 2 publics très différents (collège-« petit lycée » et lycée classique ), ou bien tenir compte de l’allongement de la scolarité et imaginer un programme en continuité chronologique de la 6e à la Terminale (de la 6e à la 1ère dans le projet JC Martin en 1992).  Il faut y ajouter l’affrontement entre une approche chronologique et une étude donnant davantage de place à une histoire thématique.
La solution actuelle ressemble à un gag : l’histoire est traitée en doublon, avec des questions totalement clonées d’un cycle à l’autre. (jadis, c’était le cas de l’étude de la Révolution en 3e et en 2de, la répétition permettant parfois de varier les approches pédagogiques). Dans le futur programme de 1ere, la 1GM est une guerre totale, la 2 GM une guerre d’anéantissement (tout comme dans le libellé du futur programme de 3eme).  Par contre, la guerre d’Algérie ne semble pas être une guerre... :-):-)
Pour les défauts des IO comme pour les manuels, on pourra s’abriter derrière la course folle imposée par un spécialiste libéral du marketing ... :-)

A propos de la protestation contre la réforme Haby, Le Monde évoque « la perspective d’une dissolution de l’histoire dans un ensemble disciplinaire plus vaste intitulé « sciences sociales ».  C’est passer un peu vite sur la création des SES et sur le sort de l’histoire sociale. Ne faudrait-il pas aussi rappeler l’affrontement pour le primaire entre les tenants des activités d’éveil et les chantres d’une version du  récit national à faire apprendre ?

Sauf erreur, depuis 1980, les libellés des programmes sont devenus de plus en plus directifs, aussi bien pour les indications horaires que pour les contenus (en 2de, cela a failli être Hildegarde et rien d’autre ; la romanisation, ce sera la Table claudienne…  Point à la ligne.
La hiérarchie aurait-elle si peu confiance dans la formation des profs de collège et de lycée ?

Au moins à 2 reprises, les profs ont marqué leur préférence pour l’événementiel : lors du programme Braudel, l’étude de la période 1914-1945 a occupé tout l’espace et réduit les civilisations à la portion congrue. A nouveau en 1980, l’Afrique, l’Asie, le monde musulman pouvaient être étudiés en fin de seconde. Dans les faits, le mois de mai n’avait déjà que 31 jours...

Chatel a supprimé l’HG en Term S. Il a envoyé 16 000 jeunes profs au boulot sans formation professionnelle préalable. Au risque de nier la réalité d’un métier et de rayer d’un seul coup tout l’acquis de plusieurs générations de recherches sur la pédagogie.
Pourtant, à ce jour, personne ne songe à supprimer l’histoire scolaire.  Juste à la faire passer sous des fourches caudines (pour satisfaire tous les groupes de pression, il faudrait des manuels de 2000 pages disait LW dans C dans l’air), - pitié pour les élèves...

Il faut donc beaucoup d’énergie à nos collègues du secondaire pour continuer à travailler dans un tel climat.  Au fait, la chimie enseignée soulève-t-elle autant de polémiques ?

13 septembre 2010

L'histoire scolaire en débats

Quelle histoire ! Le Monde - 11.09.10  -   copie temporaire au format word

Louis XIV ou l'empire Songhai ?
A propos d'une polémique récente, Le Monde a demandé à Patrick Garcia de balayer un siècle d'histoire scolaire.

Pour lui, l'histoire scolaire, depuis la fin du XIXe siècle, doit répondre à une triple finalité : morale, intégratrice et civique.
- La finalité morale, c'est l'idée selon laquelle l'étude du passé, pour citer les programmes de 1995, doit apprendre "l'absolu des valeurs et le sens du relatif conduisant à la tolérance".
- La finalité intégratrice, cela veut dire que l'histoire a une fonction identitaire ... elle a pour rôle de "fabriquer" des petits Français.
- Quant à la finalité civique, elle repose sur l'idée que l'histoire est censée aiguiser l'esprit critique et que, dès lors, elle est une excellente propédeutique à l'exercice de la citoyenneté. A ce titre, ce n'est pas un hasard si ce sont les profs d'histoire-géo qui, dès l'entrée de l'instruction civique dans les programmes du secondaire, à la Libération, ont assuré cet enseignement."

3 périodes :
- De 1880 à 1960, domination d'une histoire essentiellement nationale faisant la part belle à l'événementiel politique et diplomatique.
- Le programme de terminale de 1957 (manuels de 1962 ?) donne une place importante aux "civilisations" et à la longue durée ; une approche économique et sociale complète l'événementiel politique (Le monde entre 1914 et 1945). Le projet Haby prévoit de remplacer l'histoire par les sciences sociales. Il soulève un tollé. Parmi les adversaires d'Haby, l'APHG, Alain Decaux (Français, on n'apprend plus l'histoire à vos enfants), Louis Mexandeau, Michel Debré.
- Un double retour de balancier a lieu après 1985 : regain de l'histoire nationale sous Chevènement, valorisation du récit et réhabilitation du cours magistral.
"On en a terminé avec l'illusion, en vogue dans les années 1970-1980, selon laquelle le bon prof est celui qui parle le moins possible et laisse ses élèves devenir "historiens" en les faisant travailler sur documents".
Les programmes d'histoire doivent intégrer le "fait religieux", le patrimonial, la citoyenneté européenne. Une originalité en 1995 : un événement n'est plus seulement étudié en tant que tel, mais son historiographie et sa mémoire au sein de la société sont aussi étudiées.
« Autant d'évolutions qui démentent l'idée d'une discipline condamnée à une mort lente. Mais qui rendent à coup sûr son enseignement beaucoup plus complexe qu'au temps du Petit Lavisse et du Malet et Isaac ».

à suivre ....

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