La fin de l'Histoire ?
Programmes scolaires : La fin de l’Histoire, Bernard Chambaz
Dans la dernière page du Monde diplomatique, BC (LLG) pointe les choix contestables des programmes d'HG chatel. Les professionnels les avaient repérés lors de la consultation (de façade), mais en première, le texte final n'a retenu aucune des propositions.
Faut-il alors s'étonner qu'une décision ministérielle scandaleuse (la suppression de l'HG en Term S) soit combattue et médiatisée, au même titre que certains choix faits par des historiens et des géographes généralement reconnus comme des "experts" du domaine....
Nos collègues de SES contestent encore plus vigoureusement le contenu du prochain programme de 1ere ES.
(L’article sera mis en ligne, sans doute en mars 2011) - version temporaire ).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Chambaz
En janvier 2010, en marge du débat sur l’identité nationale, un document du préfet de la région Ile de France invite à penser « l’enthousiasme » comme notion à enseigner. « On ne s’y prendrait pas mieux pour torpiller l’histoire. .. la mauvaise mémoire du président est aussi notoire que sa méconnaissance de l’histoire. La décision de supprimer l’histoire-géo obligatoire en classe terminale administre une preuve supplémentaire d’ignorance…»
BC épingle le vocabulaire « spécifique » et vilipende la bien-pensance et le jargon à la mode (les excès dans les discours autour du « durable » - les Anglo-saxons disent « sustainable »). A propos des programmes, il écrit : « on a troqué la vision encyclopédique de Pantagruel contre celle de Bouvard et Pecuchet »
Extraits :
« Le BO spécial du 29 avril 2010 présente le programme de la classe de première. Le thème initial est placé sous le signe des « économies-monde (britannique, américaine, multipolaire) » ; vous ne rêvez pas, c’est bien de l’histoire. Le deuxième est fracassant: «La guerre au XXe siècle ». A l’énoncé du programme, comment avoir la moindre idée de la façon dont le monde est entré dans l’une et l’autre, dont on retiendra surtout la « violence » (la première) et l’« anéantissement » (la seconde) ? Ensuite, comment comprendre la guerre froide, puis les nouvelles « conflictualités » (que leur a donc fait le mot conflit pour qu’ils l’écartent ?)
Le troisième thème ne surprend pas : les totalitarismes.
On se permet alors deux questions : est-ce que les révolutions de février et d’octobre 1917 constituent la genèse du régime totalitaire, ou faut-il renoncer à les raconter ? Comment traiter, on parallèle, l’effondrement de l’Etat nazi et l’effondrement de l’Etat soviétique ?
Passons sur le quatrième thème, pour aller au cinquième, d’allure classique : les Français et la République. Six heures de cours pour un siècle et demi, c’est trop généreux; on ne s’étonne pas de voir la Commune de Paris évacuée, puisque déjà il ne s’était rien passé en juin 1848, mais on limoge aussi les grandes figures républicaines : Gambetta viré, Ferry viré, Hugo viré. Le régime de Vichy se résume à une simple « négation » de la République; l’histoire politique contemporaine est réduite aux prémices de la Ve : on s’arrête en 1962, descendez, il n’y a plus rien à voir, ni la crise de 1968, ni les réformes des années 1970, ni les septennats mitterrandiens. Il n’y a plus qu’à considérer que Simone Veil est à sa place dans la rubrique « Les femmes dans le vie économique et sociale ». En fait, il n’y a pas un mot sur tout ce qui serait susceptible d’éclairer la situation actuelle. »
[ La situation est sans doute moins dramatique qu'en SES. Pourtant aucune critique n'a été entendue à propos du programme de première. Il ne faut donc pas s'étonner devant la virulence des réactions médiatiques quand un ministre supprime l'HG en Terminale S (la moitié des effectifs dans les terminales générales), et que des pans entiers de l'histoire de la France et du monde passent à la trappe dans les autres séries. ]
source : Wikimedia Commons