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Le catastrophisme est-il durable ?
Planète Terre du 24 juin 2009, la radio à écouter en différé grâce au web
http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/planete/fiche.php?diffusion_id=74760
L'invité, Yves Citton est prof de littérature à Grenoble 3.
Il a écrit « La passion des catastrophes, du XVIe au XXIe siècle »,
un article en forme de compte-rendu à télécharger
sur le site web de La Revue internationale des livres et des idées (ou à lire à l'écran).
http://revuedeslivres.net/articles.php?id=299
L'écouter en différé dans Planète Terre
Il cite dans l'émission des extraits d'un rapport qui traite des menaces sur la pêche.
Ce texte date de 1761..
Yves Citton propose plusieurs niveaux d'interprétation (vers la 12e mn) :
- La catastrophe est annoncée depuis plus de 250 ans.
Elle n'a pas eu lieu.
Le discours catastrophiste n'est donc pas crédible.
- La catastrophe annoncée n'a pas eu lieu.
C'est grâce à la vertu du discours catastrophiste :
il a inspiré des mesures de protection insuffisantes mais efficaces
("le catastrophisme éclairé" de JP Dupuy)
Le discours catastrophiste a une autre vertu :
il casse les verrous gestionnaires, techniques et économiques
Frédéric Néra Biopolitique des catastrophes
- La catastrophe annoncée n'a pas eu lieu.
Mais le discours catastrophiste génère des pharmakons (Isabelle Stenger),
des remèdes qui sont parfois pires que le mal à éviter :
cf l'exemple du 4*4, la voiture qui "protège" celui qui est dedans,
en menaçant les autres et la nature.
Ce discours catastrophiste nourrit toutes les politiques inspirées par la peur,
de Reagan à Bush et à NS :
"On a peur des criminels, donc on met tout le monde en prison"
- 18 mn : YC propose un triple déplacement du regard
La catastrophe annoncée aura lieu dans le futur.
Un nouveau Tchernobyl ?
On est absolument sûr que cela va se produire, dans un futur proche ou lointain...
Il y en aura des dizaines.
"Il faut arrêter de penser la catastrophe comme relevant de l’événement ponctuel
pour la restaurer dans son statut de processus toujours en cours".
La catastrophe, ce n'est pas l'événement spectaculaire qui pourrait avoir lieu dans le futur,
c'est le processus invisible aujourd'hui qui mène inéluctablement à la catastrophe demain.
Au couple victimes (surtout dans les pays du Sud) -
et spectateurs (surtout dans les pays riches du Nord),
il préfère "une communauté d'affection"
qui inclut "non seulement les êtres humains,
mais aussi les animaux, les plantes, jusqu’aux rivières et aux montagnes".
Il propose même de renoncer avec Arne Naess à la catégorie d'"environnement" :
"Imaginer que l’individu vit « dans » un environnement (et écouter les
experts de l’écologie
superficielle nous prescrire comment préserver
cet environnement),
c’est nourrir le ver de la catastrophe « dans » le
fruit de la pensée écologiste".
YC vante "Catastrophismes. Administration du désastre et soumission durable" :
pour René Riesel et Jaime Semprun, les auteurs, "l’ensemble des experts et des théoriciens
du catastrophisme
font bien davantage partie du problème que de la solution".
28 ' : "Remplacer l'humanisme par "le développement
d'une approche relationnelle de nos formes de vie ?"
"Je l'ai écrit, mais ce n'est pas malin"