Le D-Day trahi ?
Le D-Day trahi
Laurent Joffrin, Libération 06.06.2019
extraits :
« Pour une fois, la mémoire, qu'on dit trompeuse, est venue au secours de l'histoire ». En soixante-quinze ans de commémorations, les hommages rendus le 6 juin aux soldats du D-Day ont profondément modifié la vision collective de cette opération, de la mise en scène par Darryl Zanuck à celle de Spielberg…
Les cérémonies changent de nature dans les années 1980. « On fêtait la victoire, le sacrifice, les armées libératrices de l'Europe. F. Mitterrand décide de faire des cérémonies un événement politique en invitant les chefs d'Etat sur les plages normandes. On adjoint aux hommages militaires un discours de paix et de réconciliation ». Chirac invite le chancelier allemand en 2004. « On convie enfin les Russes ce qui n’est que justice…»
« Les buts de guerre proclamés par les Alliés dès avant le 6 juin 1944 consistaient non seulement à battre les nazis, mais aussi à instaurer un monde nouveau conforme aux vues de Franklin Roosevelt, bâti sur la coopération, la démocratie, le libre-échange, le refus des guerres monétaires, comme en témoigne la création de l'ONU, l'instauration de régimes démocratiques dans les territoires libérés, les accords monétaires de Bretton Woods ou la création du marché commun.
A cet égard, la présence de Donald Trump cette année recèle un amer paradoxe : le président américain professe des vues politiques et diplomatiques à l'opposé de celle de son prédécesseur de 1944. Il n'a de cesse que de combattre le multilatéralisme, de promouvoir le nationalisme, de relancer les guerres commerciales et d'affaiblir l'Union européenne. De même que le Royaume-Uni, venu à l'époque au secours de l'Europe occupée, cherche aujourd'hui à s'en détacher.
... « C'est maintenant l'hypocrisie qui domine les cérémonies de 2019 :
les USA et la Grande-Bretagne ont en fait tourné le dos aux principes hérités de l'après-guerre ».
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