Laetitia, Jablonka prix Médicis
« L'ouvrage n'est ni un essai ni un roman, donc, mais c'est un grand livre inclassable qui rend joie et vie à une jeune fille de dix-huit ans, Laëtitia Perrais, assassinée près de Nantes, en 2011 ».
http://www.lefigaro.fr/livres/2016/11/02/03005-20161102ARTFIG00156-ivan-jablonka-l-histoire-d-un-extraordinaire-prix-medicis.php
« Le choix de Laëtitia vient récompenser, parmi toutes ces fictions, un texte de « non-fiction » incandescent, de la lecture duquel il est malaisé de se déprendre et qu’on oublie tout aussi difficilement. C’est, en outre, un livre sur la crête, à la fois parce que l’enquête sociologique qu’il mène se présente sous une forme hautement littéraire, usant de tous les charmes du récit classique et moderne, brouillant subjectivité et objectivité, mais aussi parce que le narrateur, Ivan Jablonka, trempe sa chemise psychanalytique et intime dans l’âme d’une victime d’un fait divers et dans celle de son bourreau ».
http://www.lemonde.fr/culture/article/2016/11/02/ivan-jablonka-recompense-par-le-prix-medicis-du-roman-francais_5024266_3246.html
- La lecture critique de l'ouvrage par Philippe Artières, Libération 06.11.2016
http://www.liberation.fr/debats/2016/11/06/ivan-jablonka-l-histoire-n-est-pas-une-litterature-contemporaine_1526604
« A vouloir être en sympathie avec son héroïne, il en perd tout discernement. Un détail devient une preuve, un mot prononcé, un aveu. L’historien se fait juge ou pire démiurge. Il se met à parler à la place des acteurs de l’histoire, il ne les prend pas au sérieux, il les infantilise. Il y a ainsi à l’œuvre un désir de puissance qui voudrait que l’auteur livre la vérité. Or, précisément, ce que l’historiographie récente tend à montrer, c’est que l’unique pouvoir des historiens, est, précisément, de montrer l’extrême fragilité des savoirs et de donner à lire l’histoire dans cette inquiétude. Prônons plutôt qu’une histoire univoque et dominante, une histoire modeste nourrie de travaux collectifs, et respectueuse de tous ses acteurs ».
Ivan Jablonka est historien, ancien élève d'Ulm, prof à Paris XIII
rédacteur en chef de laviedesidees.fr
http://www.laviedesidees.fr/_Jablonka-Ivan_.html
L’Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus (Seuil, 2012),
sa thèse d’habilitation est le récit d’une quête et d’une biographie familiale.
Ecouter Jablonka dans la Fabrique de l'histoire en 2012
http://tinyurl.com/jyu4lhv
Il a publié L’Histoire est une littérature contemporaine.
Manifeste pour les sciences sociales (Seuil, 2014).
http://www.scienceshumaines.com/l-histoire-est-une-litterature-contemporaine_fr_33398.html
http://ecrirehist.hypotheses.org/144
Entretien dans Télérama 3486 02.11.2016
En quoi la « littérature du réel » à laquelle vous appelez peut aider à la compréhension du monde actuel ?
« Mon intime conviction est que la littérature fait du bien aux sciences humaines comme les sciences humaines font du bien à la littérature. Je ne dis pas: faisons n'importe quoi, abolissons toutes les règles, gommons toutes les frontières. Non, je dis que les sciences humaines n'ont rien appris de l'extraordinaire modernité du roman du XX° siècle (Proust, Joyce, Céline...) et que ce n'est pas normal, que les questions de rythme, de narration, d'atmosphère, de point de vue dont s'occupent les romanciers sont des voies à explorer pour elles.
Inversement, la littérature veut dire du vrai sur le monde et je ne vois pas pourquoi elle se priverait d'importer la force d'élucidation que contiennent les sciences humaines. Surtout dans des temps tels que les nôtres, qui ont particulièrement besoin de lisibilité. Que la littérature aille à la rencontre des sciences humaines, cela ouvre des voies pour le XXI°siècle. Pour la littérature, pour les sciences humaines, pour le journalisme. Et pour que notre société aille mieux, que nous soyons tous mieux dans nos vies. Au-delà de l'extrême dureté des faits, écrire Laëtitia m’a fait du bien, et je crois que cela fait aussi du bien collectivement de savoir ce qui est vraiment arrivé à cette jeune fille ».
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