Les femmes et la Grande Guerre
Les femmes et la Grande Guerre, La Fabrique, 13.11.2014
http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-les-femmes-et-la-grande-guerre-44-2014-11-13
L’émission ne traite que du cas des femmes en France. A plusieurs reprises, les évolutions ont été replacée dans le temps long (cf. le taux de natalité et les controverses entre la droite populationniste et les défenseurs du droit des femmes.
Le terme d’émancipation a été abordé en permanence dans l'émission. Du fait de la guerre, la condition des femmes s’est-elle améliorée (accès au travail, autonomie) ou dégradée (renvoi au foyer, interdiction de la contraception, refus du droit de vote) ?
L'émancipation, un terme trop globalisant à mettre à la poubelle (Yannick Ripa, 13e mn) ? un mot à utiliser avec des pincettes (Peggy Bette, 23e mn) ? une question essentielle pour une étude genrée de la domination ( Dominique Fouchard, 49e mn) ?
Plusieurs rappels :
- Les femmes (du peuple) n’ont pas découvert le travail en usine en 1914, elles n’ont pas toutes été chassées des usines en février 1919.
- 7 900 000 hommes ont été mobilisés, 6 500 000 sont revenus du front.
- 700 000 femmes deviennent veuves, avec ou sans enfants. 40 % d’entre elles se remarient.
Le célibat augmente peu, malgré le déséquilibre entre les deux sexes.
- Le nombre des divorces augmente (30 000), les 2/3 sont demandés par les hommes dont la femme est partie.
Du fait de la guerre, des femmes ont pris des responsabilités et se sont découvert des goûts et des amitiés. En 1919, il leur faut apprendre à vivre dans un tout autre contexte, avec des hommes qui reviennent, indemnes ou blessés, ou qui ne reviennent pas.
Les veuves ne sont jamais seules. Certaines ont déjà des enfants, les familles pèsent lourdement, tout comme le voisinage. L’Etat leur verse une pension proportionnelle au grade du défunt, leur fournit des emplois réservés (postes, manufacture de tabac), des formations et distribue 10 000 machines à coudre (espoir de les faire travailler à domicile). Ces veuves ont confrontées à des injonctions contradictoires : ne pas se remarier en considération du disparu ou par égard aux enfants, se remarier et concurrencer les jeunes filles qui cherchent un mari, faire des enfants pour la patrie ou participer à une grève des ventres…
Le Bloc national a voté la loi de 1920 qui interdit la contraception et l’avortement, une forme de nationalisation des corps qui a duré deux générations, jusqu’à la loi Neuwirth de 1967. Et encore en 1940, Pétain a la prétention de (r)envoyer les femmes dans leurs foyers, alors que plus d’1,5 M d’hommes sont retenus prisonniers dans l’Allemagne nazie.
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