Algérie 1954-2014
- Une colonisation féroce, JP Rioux, Le Monde 30.06.2002
http://www.lemonde.fr/archives/article/2002/06/30/une-colonisation-feroce_3148510_1819218.html
« En 1954, la réalité des faits a tout balayé et a préparé un temps de sang et de larmes. Près d'un million d'Européens croisent alors en Algérie près de neuf millions de musulmans, avec des taux de natalité respectifs de 19 et 45 pour mille, et un taux de mortalité infantile affreusement échelonnée de 46 pour mille chez les premiers contre 181 pour les seconds : la démographie comparée a ruiné la colonisation dite " de peuplement " et déjà transféré la misère des campagnes algériennes vers les bidonvilles. Tous les enfants d'Européens sont scolarisés dans le primaire mais seul un petit Algérien sur cinq va à l'école et peut profiter de la "civilisation" française. Le salaire journalier moyen dans l'agriculture est de 1 000 francs pour le roumi et 380 pour l'indigène. Le statut politique assez neuf de 1947 n'a jamais été appliqué et les élections sont plus que jamais truquées, ce qui désespère la maigre élite politique algérienne décidée à faire encore un bout de chemin avec la France infidèle. La tradition de violence ruineuse a eu mieux qu'un sursaut avec la terrible répression militaire de l'insurrection du Nord-Constantinois après le 8 mai 1945 ».
« ...L'impuissance coloniale a ainsi conduit une Algérie schizophrénique au bord de l'explosion ».
- Guerre d’Algérie, de la mémoire à l’Histoire, Le Monde 30.10.2014
http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/10/30/guerre-d-algerie-de-la-memoire-a-l-histoire_4515586_3246.html
- « Aujourd'hui, les mythes sont remis en cause » - Le Monde 30.10.2014
Entretien avec l'historien Mohammed Harbi, ex-cadre FLN durant la guerre, le manichéisme historique n'a plus cours
« Dans la presse algérienne, à travers le déballage d'affaires de corruption, de détournements de fonds, de malversations diverses, ce sont tous les mythes développés par les nationalistes qui sont remis en cause. L'attitude mafieuse de certains dirigeants est dénoncée publiquement. On ose évoquer les assassinats et les règlements de comptes du passé (la mort d'Abane Ramdane, par exemple), les purges au sein du FLN, les massacres (comme celui de Melouza). La presse, mais aussi des historiens, comme Anouar Benmalek ou Salah Mekacher, participent à cet éveil des consciences ».
« la révolution algérienne a rempli sa mission, celle de débarrasser le pays d'une domination étrangère. Elle l'en a débarrassé, mais elle l'a remplacée aussitôt par une autre domination, celle des nationaux ».
Egalement dans ce dossier du Monde 30.10.2014
- Sortir du déni et du mensonge
- « Notre idéal a changé de route en 1962 »
- En France, la génération des petits-enfants enfin décomplexée
Les 17-30 ans assument leur double appartenance et leur histoire tout en se sentant désormais étrangers " là-bas ", en Algérie
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