Apo 14-18, la manipulation
Apo 14-18, une modernisation de l'histoire qui tourne à la manipulation, selon l'historien Laurent Véray - Télérama, 25.03.2014
Laurent Veray, un historien, spécialiste de l’image montre comment les manipulations numériques constituent une menace pour la nature des images et leur historicité. Pour cela il a choisi quelques extraits de la série et des discours publicitaires qui l’accompagnent.
Les opérateurs qui ont filmé la guerre étaient des professionnels maîtrisant parfaitement la technique de leur époque. « La dimension esthétique de leurs images disparaît dans la colorisation, le reformatage en 16/9e, la sonorisation hyperréaliste, la musique style blockbuster ».
« Des plans du film Verdun, vision d’histoire (1928), une fiction aux apparences de documentaire tournée en 1928 par Léon Poirier, sont colorisés, y compris ceux de Pétain filmé dix ans après les faits, et amalgamés à des plans d’archives qui d’ailleurs ne concernent pas la célèbre bataille mais les offensives de la Somme (juillet 1916) et du Chemin des dames (avril 1917), de surplus montés à l'envers ».
« Non seulement la colorisation n’apporte rien en matière d’authenticité, mais que toutes les nuances et la beauté des images, propre à l’émulsion, au support en nitrate de cellulose d’origine, disparaissent sous l’artificialité des couleurs ajoutées. Connaissant bien les qualités esthétiques du matériel de départ, je suis frappé par la médiocrité du résultat final ».
« A trop vouloir tout dire et tout montrer, [à l’aune des dispositifs télévisuels d’aujourd’hui] on finit par basculer dans une sorte d’esthétique du plein au déterminisme discutable… Pour ma part, en matière de représentation de l’histoire, je me fais une autre idée de la « mission de service public » »