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Clioweb, le blog
11 janvier 2014

2014 : La laïcité en France


A quelle laïcité se vouer (sic) en France ? Le Monde culture et idées, 09.01.2014
http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/01/09/a-quelle-laicite-se-vouer_4345602_3246.html


Que reste-t-il de la loi de 1905 ? (revue par les cléricaux des années 1920) interroge Stéphanie Le Bars. Elle cite Baubérot, Sauvé, Portier, Bianco, Glavany ... Pena-Ruiz est absent.

- La laïcité, c'est avant tout une question politique, pas au sens des institutions mais du choc entre visions de la société.
En 2007, les cathos traditionalistes conseillers de NS lui font dire :
« Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal,
l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé
parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie
et le charisme d’un engagement porté par l’espérance »

Le très célèbre discours de Victor Hugo (1850) est prononcé lors du vote de la loi Falloux, contre les cléricaux dont les discours anticipaient celui du Latran en 2007. http://clioweb.free.fr/textes/hugo1850.htm
Léon Gambetta en 1877 ou Jules Ferry en 1883 se battent aussi contre la confusion entre politique et religion.
http://clioweb.free.fr/debats/laicite.htm#textes

En 1905, la loi de séparation énonce :
Art 1 - La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.
Art 2 - La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte...[...]"
http://clioweb.free.fr/dossiers/1905/1905.htm


- L'article met utilement l'accent sur la distinction entre laïcité et sécularisation, sur le fait que nos sociétés ont pris une distance réelle avec les insitutions religieuses et une lecture cléricale du monde. Avec un effet pervers : les pratiquants sont moins nombreux, mais les traditionalistes se font entendre bien davantage dans l'espace public (cf les manifestations contre le mariage des homos).

Ce n'est pas seulement un recul des pratiques religieuses ou une privatisation de la croyance. C'est un fonctionnement différent de la société, un progrès vers une vision plus rationnelle du monde et de la société.
A cela s'ajoute deux éléments :
. Cette sécularisation tient à la situation du clergé. Si les catholiques font appel à des laïcs pour assurer les obsèques, c'est aussi parce que les vocations font défaut depuis plus d'une génération (et que l'Eglise refuse la prêtrise des femmes) .
. Une question de principe : en quoi un prêtre aurait-il légitimité à décider des formes de la vie sexuelle de ses voisins ?

- C'est aussi utile de pointer l'hypocrisie, en prétendant placer la religion dans l'ordre du privé et du familial. Là où elle est pratiquée, c'est aussi une dimension publique de la vie sociale. Simplement, le président de la République n'est pas forcé de s'afficher en fonction à la messe - comme Pompidou le faisait.

- La religion a donc moins de place dans le fonctionnement de la société.
Ce qui n'empêche pas les médias de continuer à mettre du religieux partout et tout le temps. On ne demande plus à un prêtre de se prononcer sur le Père Noël (cf Dijon 1951), mais après l'explosion d'AZF à Toulouse, certaines TV ont été capables d'aller interroger un imam ! Au nom de sa compétence en explosifs ?

- Beaucoup de situations de conflit sont liées à des questions de personne, à des tempéraments peu propices à la tolérance et au pluralisme, ou à la tactique de structures religieuses conquérantes (cf les évangélistes en Amérique).

- L'article n'évite pas la confusion entre conscience et croyance.
Le vocabulaire hérité des religieux continuer d'imposer son diktat. La croyance est la référence unique envisagée. Un rationaliste, un humaniste, c'est pour un clérical un non-croyant, un a-thée, un être humain à qui il manque quelque chose qui est supposé essentiel par un religieux, pratiquant ou non pratiquant. Il est donc nécessaire d'inventer des mots et de faire évoluer ceux qui servent dans les médias.

- « …la laïcité a été tour à tour « positive », « restrictive », « falsifiée », « exigeante », « à la française », « de combat », « d'intégration », « stricte », « apaisée », ou encore « républicaine » ».
Le début de l'article moque l'inflation des adjectifs.
Pourquoi alors finir en parlant de laïcité ouverte ?

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