L'Orient créé par l'Occident
Edward W. Saïd écrit dans son introduction, (p. 13-14) :
L’orientalisme, un fait culturel et politique
« L’Orient a presque été une invention de l’Europe, depuis l’Antiquité lieu de fantaisie, plein d’être exotiques, de souvenirs et de paysages obsédants, d’expériences extraordinaires. Cet Orient est maintenant en voie de disparition : il a été, son temps est révolu. Cela semble peut être sans importance que des Orientaux soient eux-mêmes en jeu de quelque manière, que, à l’époque de Chateaubriand et de Nerval déjà, des Orientaux aient vécu là et qu’aujourd’hui ce soient eux qui souffrent : l’essentiel, pour le visiteur européen, c’est la représentation que l’Europe se fait de l’Orient et de son destin présent, qui ont l’un et l’autre une signification toute particulière, nationale, pour le journaliste et pour ses lecteurs français.
« L’Orient n’est pas seulement le voisin immédiat de l’Europe, il est aussi la région où l’Europe a créé les plus vastes, les plus riches et les plus anciennes de ses colonies, la source de ses civilisations et de ses langues, il est son rival culturel et il lui fournit l’une des images de l’Autre qui s’impriment le plus profondément en lui. »
« L’Orient est partie intégrante de la civilisation et de la culture matérielles de l’Europe. L’orientalisme exprime et représente cette partie, culturellement et même idéologiquement, sous forme d’un mode de discours, avec, pour l’étayer, des institutions, un vocabulaire, un enseignement, une imagerie, des doctrines et même des bureaucraties coloniales et des styles coloniaux. »
Edward W. Saïd, L'Orientalisme. L'Orient créé par l'Occident, éditions du Seuil, collection « La Couleur des idées », 2005 (Première édition : Orientalism, Vintage Books, New York, 1978) - source NM