Serendip, Le détour fécond - 1
2 sources pour ce texte :
- Comment intégrer la sérendipité (la faculté de repérer l'inattendu) ?
un billet de Francis Pisani à propos d'un article de Damon Darling (New York Times).
- « La sérendipité dans les sciences, les arts et la décision »
un colloque qui a eu lieu à Cerisy en juillet, sous la direction de Pek Van Andel et Danièle Bourcier, auteurs De la sérendipité dans la science la technique, l'art et le droit (L'Act Mem, 2009). http://www.ccic-cerisy.asso.fr/serendipite09.html
Le détour fécond, dans ce cas précis, c’est la rencontre du blog, la tenue du colloque, la page web qui le présente et son indexation par Google. Autour de questions sur l’activité intellectuelle et les réseaux sociaux.
Au niveau le plus élémentaire, une faute de frappe, un clic trop rapide peuvent mener vers un filon à explorer. Jadis, c'était le plaisir de glisser d'un mot à un autre dans le dico. Sur le site http://www.espacestemps.net/ "Serendipity" c'est un lien vers un hasard programmé.
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"La navigation sur le web, une fabuleuse source de sérendipité ou le triomphe d'une pensée à géométrie très peu variable ?"
"Une pensée à géométrie très peu variable", la ronde des mêmes nouvelles, les mêmes questions, les mêmes réponses sur des détails factuels (cf le pacte de Bordeaux ), c’est un risque de ces réseaux. Mais est-ce si différent du clonage d'une dépêche d’agence par la presse quotidienne (cf les articles qui annoncent la mort de Francis Jeanson) ?
Le problème d'une recherche courante sur le web, c'est d'échapper au bruit commercial et documentaire. Et aux discours prévisibles des idéologues ("mon cancer, c'est la meilleure chose qui me soit arrivée dans ma vie" fait dire un invité d'Attali à un patient imaginaire, ramenant la crise économique actuelle à une maladie mortelle - France-Culture 01/08/2009).
A l'opposé, la veille collective est une chance pour tous les internautes. En histoire, la mise en commun des trouvailles a aidé à faire connaître Daniel Arasse, le Web Gallery of Art, Gapminder ou Géoclip... La vraie question est celle de la mise en valeur de cette sédimentation patiente.
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Cerisy parle de création, de créativité, d’invention, d'heuristique, de planification dans des situations d'improvisation... et s’interroge : « le don de faire des trouvailles » peut-il s’enseigner et s’apprendre ? (avec en annexe : comment pouvoir continuer à apprendre de ses erreurs ?)
Sur la page de Cerisy, la sérendipité c’est « la faculté de repérer puis d'interpréter un fait inattendu ou surprenant ». En somme la curiosité, la capacité à questionner, la culture préalable sont en jeu. Plus que le hasard ou l’ouverture à l’inconnu. En dehors de la curiosité, tous ces éléments sont à la portée d'une école qui ne se réfugie pas dans le formalisme.
C'est aussi une affaire de point de vue, de regard. Une référence courante en sciences sociales, c'est celle d'une avancée permise par un déplacement du regard, par la transposition des méthodes et des concepts d'une science voisine. Sur ce modèle, l'école parle beaucoup d'inter-disciplinarité ou de pluri-disciplinarité ; elle met en avant la rencontre de champs disciplinaires voisins tout en les cloisonnant dans son organisation au quotidien.
Encourager la capacité à suivre les chemins de traverse, cela devrait être possible.
A condition de ne pas gérer l'éducation seulement en fonction du court terme.
Mais savoir en cas de besoin ralentir la course et admettre un peu de flânerie.
En somme, accepter de perdre un peu de temps pour en gagner beaucoup par la suite.
05/08 : La serendipity est l’alliance du hasard et de l’intuition.
http://www.liberation.fr/culture/0101583740-serendipity