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Clioweb, le blog
22 juin 2016

1936 - Le temps de la haine



croix-feu-1936

 Affiche électorale des Croix de Feu, 1936
Un slogan repris par le régime de Vichy après la défaite de 1940.

 
front-pop-affiche

A gauche, l'affiche du Front populaire
Contre la misère, le fascisme, la guerre
Pour le Pain, la Paix, la Liberté

 

Après le 6 février 1934, « l'extrême droite rêve tout haut de revanche. Son amertume a tôt fait de se muer en fiel ».

Fort de son tirage (70 000 exemplaires pour le quotidien L’Action française, 600 000 pour l’hebdo Gringoire, 50 000 pour Je suis Partout) et du talent de polémiste de ses rédacteurs, la presse d’extrême droite partage un credo fait de nationalisme, de détestation du régime parlementaire, de haine du communisme, d’antisémitisme frénétique. Elle ne recule ni devant la diffamation (cf. campagne contre Roger Salengro) ni devant l’appel au meurtre (Maurras contre Blum).
« Durant deux ans, le Front populaire doit composer avec un irréductible ennemi instaurant à dessein dans le pays un climat de guerre civile ».
d'après Le temps de la haine, Maxime Jourdan, Politis HS64 2016



solid-1934

« Ton parlement est pourri...
... votre situation est assaillie par des étrangers ».
Affiche de Solidarité française 5 février 1934


 

beraud-1936

 « Sommes-nous le dépotoir du monde ? »
Henri Béraud, Gringoire, 7 août 1936
http://clioweb.free.fr/textes/depotoir.htm

« Nous comptons que le premier soldat tué au front de 1938 sera un Rabinovitch ou un Rosenfeld »
Pierre Gaxotte, Je suis partout, 16 septembre 1938.
http://clioweb.free.fr/textes/depotoir.htm



maurras-1935

« C'est un homme à fusiller, mais dans le dos »
Charles Maurras L'Action française, 9 avril 1935
Bordas, terminale, 1980


Droites et extrême droite dans les années 1930

(d'après D. Borne H. Dubief, La crise des années 30, NHFC, Points Seuil 1989)

1 - Dans l'affrontement politique, un parti se définit par rapport à ses adversaires et au contexte.
2 - Les principaux thèmes (propriété privée, religion, nation, haine du communisme) sont communs à la droite et à l'extrême-droite. La distinction se fait sur les méthodes (bagarres de rue, violence verbale). Cela explique sans doute la recherche d'excuses dans les articles de Wikipedia sur les Croix de Feu ou le PPF.
3 - Le rôle de la France dans l'histoire du fascisme a suscité une vive controverse entre historiens (Zeev Sternhell et Michel Winock).
http://www.scienceshumaines.com/fascisme-francais_fr_33925.html

Les droites parlementaires ont en commun la défense de la propriété privée, une famille sous contrôle de la religion (cléricalisme), la détestation des étrangers, la haine du communisme (cf. le bolchevik au couteau entre les dents 1919).
cf.  le programme électoral de 1928, qui prépare la devise de Vichy Travail, Famille, Patrie :
http://clioweb.free.fr/textes/1droite.htm

Borne et Dubief distinguent les modérés (Tardieu) et les réactionnaires (Louis Marin).
La Fédération catho du général de Castelnau tire le catholicisme très à droite.
Marc Sangnier et E. Mounier suggèrent une évolution possible vers la gauche.

La faiblesse de ces droites explique la prolifération des ligues à la veille du 6 février 1934
L’Action française (une ligue et un quotidien) veut détruire la République et rétablir la monarchie, y compris par un coup d’état. Ses étudiants abusent de la violence au Quartier Latin. L’antisémitisme est poussé à l’extrême : agression contre Léon Blum en février 1936, campagne permanente dans la presse. La défaite de la France en 1940 sera pour Maurras « une divine surprise ».

De nombreuses organisations extrémistes combattent le régime parlementaire.
Elles sont souvent financées par le patronat (Solidarité française par le parfumeur Coty, Les Jeunesses patriotes par Taittinger) ou par Mussolini (Le francisme). Dorgères a tenté d'attirer les paysans dans les Chemises vertes.

Les Croix de Feu sont le seul mouvement de masse.
En 1931, La Rocque prend la tête d’une organisation d’anciens combattants. L’idéologie est ultra-nationaliste (un exécutif fort, restauration des valeurs chrétiennes, une économie paternaliste) et les militants combattent la gauche dans la rue. Les parades militaires et le culte du chef rendent ce mouvement odieux aux républicains.


Le 18 juin 1936, le Front populaire utilise une loi du 10 janvier 1936 (Laval était PdC) pour dissoudre les ligues.

Le 10 juillet, de la Rocque transforme les Croix de Feu en Parti Social Français.
Le PSF veut renforcer le pouvoir de l’exécutif, réconcilier capital et travail.
Il est nationaliste mais évite l’antisémitisme.
La force du PSF est importante, mais il divise la droite et enlève leurs troupes aux fascistes.
La Rocque est arrêté par la police allemande le 9 mars 1943, emprisonné, puis transféré en Tchécoslovaquie et en Autriche.

Jacques Doriot fonde le PPF (Parti Populaire Français).
Il emprunte aux fascistes leur cérémonial (uniforme, rassemblements) et leur violence verbale (à la fois contre le libéralisme et contre le marxisme). Le parti est nationaliste (Jeanne d’Arc + mur des Fédérés), mais pacifiste. Il reçoit beaucoup d’argent de la haute finance.
Doriot combat sous l'uniforme nazi. Il est mitraillé par un avion allié le 22 février 1945.

Pour une partie des pétainistes, Vichy et la Révolution nationale seront pensés
comme une guerre contre la République et une revanche sur 1936
« On ne comprendra rien au comportement de cette fraction de la bourgeoisie française si on ne l'entend murmurer à mi-voix :
Plutôt Hitler que Blum ». E. Mounier, Esprit, oct 1938



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