André Gunthert, L'image partagée
André Gunthert, l'historien de la culture visuelle vient de publier L'image partagée chez Textuel
(coll l'écriture photographique, dirigée par Clément Chéroux)
Il était l'invité de Sylvain Bourmeau
La mise en flux des images. Ce que le numérique fait à la photographie, La suite dans les idées, 24.10.2015
http://www.franceculture.fr/emission-la-suite-dans-les-idees-la-mise-en-flux-des-images-ce-que-le-numerique-fait-a-la-photograph
L'écouter sur la manière dont un historien peut utiliser le numérique (le blog, les plates-formes) pour chroniquer des mutations en cours. Il souligne les relations entre mutations techniques, choix économiques, réalités sociales et culturelles : dans le monde ultralibéral actuel les progrès techniques sont néfastes pour les précaires et les plus fragiles.
Pour lui, les industriels de la photo ont loupé le coche : ils étaient focalisés sur la production des images (appareils, pellicules, tirage papier..).
Kodak et les autres n'ont pas compris la demande de communication des images, facilitée par le triomphe d'un format unifié (jpg). Ils ne voyaient pas l'intérêt d'ajouter un téléphone à un appareil photo. Le smartphone sert à réaliser une part importante des photos. Du coup, ce sont les industriels des télécoms qui tirent profit des mutations en cours.
Les pratiques vernaculaires se sont modifiées à une très grande vitesse. Les pros ont refusé de comprendre l'ampleur de ce qui se passait. Le monde du cinéma était très structuré. Il a pu se défendre. Le monde de la photo était davantage individualiste. Il était moins armé pour réagir. Il s'est réfugié dans la nostalgie, les années 1980 marquant une apogée, aussi bien pour le photojournalisme (cf. Arles) que pour le rapport de la photo à l'art.
Par habitude, on sépare appareil photo et caméra. La distinction n'a plus de sens. On peut faire des photos avec un caméscope numérique et tourner des courtes vidéos avec un appareil photo numérique. Si les industriels gardent la distinction, c'est pour ne pas froisser les habitudes des clients et peut être aussi capter un double marché.
André Gunthert a beaucoup écrit sur le selfie. Il y voit une pratique sociale révélatrice des changements culturels en cours, une démocratisation du portrait. Il s'intéresse aussi aux attaques contre cet usage (narcissisme, triomphe du vulgaire...)
Aux polémistes qui voudraient ne voir dans le web qu'une poubelle, il répond que le web est un révélateur.
Nous ne vivons pas dans une société pacifiée, mais dans une société très conflictuelle, avec une très forte montée des inégalités. La violence transparaît dans les commentaires non modérés à la suite des articles de presse : trolls, insultes... Cette réalité est à prendre en compte, avant d'essayer d'améliorer les choses, si c'est encore possible.
Arles 2012 ? From Here On
http://www.rencontres-arles.com/C.aspx?VP3=CMS3&VF=ARL_7
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