Laïcité, croyances et raison
« Allez les gars, ne vous laissez pas abattre »
titre Le Canard qui rend hommage à Cabu.
(Le Canard n’a pas la promotion intense faite à Charlie par les médias).
Le café publie un article
Michel Lussault : L'Ecole doit aborder frontalement la question des croyances
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/01/14012015Article635568183764307972.aspx
extraits et commentaires :
Q - L'école a-t-elle une part de responsabilité dans les attentats ?
R - La responsabilité est bien sur beaucoup plus globale.
Normal que le président du CSP parle de l’Ecole.
Mais le géographe Philippe Pelletier insiste beaucoup sur la colonisation,
nettement moins sur une version délirante de la mondialisation incarnée par les tueurs.
En 2001 également, un pays arabe allié des USA avait disparu de l’écran des médias.
R - « Aujourd'hui l'instruction civique est une matière froide »
L'ECJS était-elle vraiment froide autour de 2002 ?
A voir tout ce que font les acteurs de cette liste, l’ECJS n’est froide que lorsque la hiérarchie bride les initiatives des profs.
Rien que sur les médias, le boulot ne manque pas pour une lecture distanciée.
L'argument a déjà servi en 2012, quand Vincent Peillon voulait remplacer l'EC par la morale.
Q - Il faut revoir les programmes d'enseignement moral et civique ?
R - « le programme du lycée est très orienté sur la tolérance, l'emprise mentale.
Mais on ne peut pas rester inerte. Le Conseil supérieur des programmes (CSP) va attendre la fin de la consultation
mais à l'évidence on amendera le programme d'enseignement moral et civique en renforçant les questions de la laïcité, du pluralisme ».
A relire la loi de 1905 (« la République reconnaît la liberté de conscience », à lire JP Scot,
une tendance actuelle lourde consiste à restreindre la laïcité à la seule liberté religieuse,
à la confondre avec le choix d’une religion parmi l’offre actuelle.
Un détail semble révélateur : le projet d’EMC (ou d’ECM) pour le lycée ne fait jamais mention de la raison
ou d’une lecture scientifique et rationnelle du monde. Par contre, elle insiste lourdement sur les croyances,
sur leur pluralité des convictions religieuses et la diversité des pratiques religieuses.
Le vocabulaire ne facilite pas les choses.
JP Scot parle des « athées », des « agnostiques », des incroyants.
Sand se dit « laïc athée », parle de « voltairiens », des athées et des croyants.
Il manque de toute évidence des termes simples, sans connotation
pour tous ceux qui ont des convictions sans besoin de croire à une révélation et à une transcendance,
et font souvent preuve d’un sens de l’humanité qui manque cruellement à beaucoup de fanatiques.
Q - Le gouvernement va débloquer des fonds pour la formation ?
Q - Faut-il faire évoluer notre conception de la laïcité ?
« la notion de laïcité a évolué ...
Aujourd'hui il faut inventer une laïcité ouverte, compréhensive, apaisante et offensive.
On ne peut plus faire comme si la question de la croyance n'était pas centrale.
Il ne s'agit pas de proposer un enseignement des religions
mais que dans les programmes scolaires la question de la croyance soit abordée frontalement »
En 2003, dans « Qu’est-ce que la laïcité ? » Henri Pena-Ruiz refusait d’ajouter des adjectifs à la laïcité.
Il marquait ainsi son désaccord avec Régis Debray ou avec Jean Baubérot.
http://clioweb.free.fr/debats/laicite.htm
Un numéro de Sciences humaines abordait la dimension anthropologique et politique
quel sens pour une religion du livre avant la généralisation de l'instruction ?
pourquoi la transcendance et le monothéisme seraient-ils les seules réponses ?
rappelons une formulation de 2007, juste avant l'homme africain...
« dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal,
l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé
parce qu’il lui manquera toujours... la radicalité du sacrifice de sa vie
et le charisme d’un engagement porté par l’espérance »
.