De la contre-culture à la cyber-culture
From Counterculture to Cyberculture - Stewart Brand, The Whole Earth Network, and the Rise of Digital Utopianism, Chicago 2006
Aux sources de l'utopie numérique - De la contre-culture à la cyberculture, Stewart Brand, un homme d'influence, Paris 2012
A partir de la biographie de Stewart Brand, un passeur (cf Whole Earth Catalog, WELL, Wired), Fred Turner tire en 2006 un tableau des relations complexes entre choix technologiques, stratégie politique et systèmes idéologiques.
L'ouvrage a été traduit en 2012 par C&F éditions, 6 ans après la parution aux USA.
L'éditeur a mis en ligne le début du livre, dont la préface de Dominique Cardon
http://cfeditions.com/Turner/ressources/Turner_Specimen.pdf
Vidéo d'une conférence à l'EHESS en décembre 2014 :
http://www.canal-u.tv/video/ehess/vf_aux_sources_de_l_utopie_numerique_de_la_contre_culture_a_la_cyberculture.17472
Une lecture par Monique Dagnaud, La France, nouvel Eden des déçus de la Silicon Valley, Le Temps 13.03.2015
http://www.letemps.ch
Le séminaire DH a consacré une séance à l'ouvrage le 02.10.2013,
après une émission Place de la Toile en 2012.
http://www.franceculture.fr/emission-place-de-la-toile-de-la-contre-culture-a-la-cyberculture-2012-12-15
annonce : http://philologia.hypotheses.org/1256
La thèse de Fred Turner est forte : loin d’être neutre, la technologie serait en l’occurrence le véhicule d’une idéologie cohérente, à la fois libertaire et anti-autoritaire, libérale et « entrepreneuriale »
compte rendu http://philologia.hypotheses.org/1371
La sortie d'un ouvrage sur la propagande au service de la démocratie a incité l'auteur à venir à Paris.
Il est intervenu à deux reprises à l'EHESS :
le 18.12.2014 sur Stewart Brand et la contre-culture
le 16.12.2014 sur un ouvrage plus récent
The democratic surround : Multimedia and American Liberalism from World War II to the Psychedelic Sixties
Ce déplacement a suscité un regain d'intérêt dans les médias.
L'auteur a été invité par Sylvain Bourmeau (La suite dans les idées, 27.12.2014) :
un détail : le livre reste le meilleur moyen d'accéder à France-Culture.
http://www.franceculture.fr/emission-la-suite-dans-les-idees-2014-12-2
La contre-culture dans la Californie des années 1960 est à la source de la cyberculture.
Une branche sociale du mouvement hippie combat la politique de Nixon et la guerre du Vietnam.
Une branche artiste a l'aversion de l'Etat et des structures politiques ; elle veut transformer l'individu pour changer la société : communalisme (communautés hippies), éloge de la créativité individuelle, horizontalité, activité passant avant le statut (d'où l'anonymat sur internet) et appui sur les débuts de l'informatique (la souris d'Engelbart, le Whole Earth Catalog, les forums).
« En se débarrassant des instruments de la critique de la domination au profit de la recherche de l’authenticité, la gauche contre-culturelle a fait le lit des politiques de dérégulation » et de flexibilité voulues par les patrons du nouveau capitalisme digital.
Les nouvelles multinationales US bâtissent leur fortune sur l'exploitation commerciale des usages de l'internet et une connexion massive. Ce qui ne les empêche pas, dans leurs discours de promotion, de revendiquer des principes d’ouverture, de partage et d’autonomie portés par les pionniers (cf. Google).
Liberté d'expression, neutralité du réseau, circulation des savoirs, biens communs, la vigilance des internautes reste essentielle face aux tentatives de normalisation par les Etats et les multinationales US.
D. Cardon souligne d'autres sources dans l'essor de la cyberculture et du numérique :
- des expressions plus radicales de l’autonomie, comme le hacking, le cyberpunk et les mondes pirates
- des systèmes d’autorégulation méritocratiques se sont constitués au sein des collectifs techniques définissant les protocoles de communication de l’internet comme l’IETF et le W3C
- la production collective de biens communs immatériels qui s’est inventée dans le monde du logiciel libre et prolongée avec Wikipédia.
Les publications de Fred Turner :
http://fredturner.stanford.edu/