Les élites débordées par le numérique
Les élites débordées par le numérique - Le Monde 26.12.2013
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2013/12/26/les-elites-debordees-par-le-numerique_4340397_651865.html
« dans leur grande majorité, les élites tombent de l’armoire numérique et ne soupçonnent pas la lame de fond sociétale qui est en marche ».
«... les élites voient flou. Soit elles n'ont pas les bonnes jumelles, soit elles ne les placent pas au bon endroit. Des Roms à la burqa, " le débat public est phagocyté par de faux problèmes ", estime Dominique Lévy-Saragossi (Ipsos). Comme si ces débats pseudo-nationaux permettaient aux élites de garder la main et d'éviter d'affronter les vrais sujets, notamment cette mutation [de la société engendrée par l'usage du numérique] ».
Parmi les « experts » cités dans l'article : Marie Ekeland (France Digitale), JM Lech (Ipsos), D. Lévy-Saragossi (Ipsos), JM Billaut (BNP Paribas), Antonin Léonard (OuiShare), Charles Egly (Prêt d’union), D. Boullier (Sciences-Po), D. Rousseau (IUF), Adrienne Alix (Wikimedia) et ... Joseph Stiglitz
« L’élite a été formée à l’idée que la volonté générale ne peut être produite que par elle et non par la société, où il y a trop d’intérêts et de passion. C’est une culture de méfiance des risques de fauteurs de trouble » analyse D. Rousseau (Institut universitaire de France). Cette déconnexion marche en parallèle avec une autre : « en bas, la société fonctionne sur elle-même, en réseau. Elle pense sans les élites, elle invente ses propres règles et se moque de les faire passer par le haut ».
L’attitude des « élites intermédiaires exacerbe ce double mouvement. Les intellectuels, les médias, les universitaires ont l’oreille des puissants. Ils rêvent d’appartenir à l’élite principale et cherchent donc à lui plaire. Ils adoptent les codes et les sujets de prédilection de celle-ci. Ils oublient donc de jouer leur rôle de passeur et de raconter ce qui arrive. « Bien sûr, il existe des penseurs connectés, mais même s’ils ont du succès, notamment par des livres, ils n’ont pas de capacité d’influence. »