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Clioweb, le blog
29 octobre 2013

Le centenaire en questions

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- Lire Commémorer sans travestir - Le débat n° 116
- Ecouter La Grande Guerre face à sa commémoration, Blois 2013 - http://www.canalc2.tv/video.asp?idvideo=12255
CR par Vincent Debise  - CR par Hugues Vessemont
Antoine Prost est aussi cité dans le CR d’une journée de l’APHG (avril 2013)

Lors d'une intervention pour l'APHG sur Les professeurs face au défi mémoriel (HG 421), Serge Barcellini fait le parallèle avec le bicentenaire de 1789, l'ensemble de la Révolution étant commémorée sur l'année de départ. Dans Le Débat, Joseph Zimet semble évoquer un agenda allant de août 2014 à décembre 2018 ...

La Mission du Centenaire a eu à valider 1200 projets, venant des collectivités territoriales ou des associations dans tout le pays, pas seulement des régions directement touchées par la guerre. Les titres endossent ces identités locales fortes et assumées : le département, la ville pendant la GG, en fait l'histoire des hommes et des femmes de ce lieu pendant la GG, leur vie plus que l’expérience combattante. Le front intérieur prenant le pas sur les armées et le champ de bataille. La guerre est perçue comme une épreuve imposée à l’ensemble de la société (imposée ou subie ?), avec un glissement possible vers la victimisation actuelle.

Une question : quelle sera l’implication de l’Etat en France ? F. Hollande a été invité en vain à Blois, mais il n’a pas encore fait connaître ses décisions.

2 supports sont mobilisés :
- Les monuments aux morts, avec le souci de mettre des visages et des parcours sur des noms,
- Les lettres (envoyées par les soldats ou reçues par les familles). Un projet a pour titre « nos vies en attendant vos lettres ».

Les discours nationalistes ( arrêter la ruée allemande, briser l’encerclement de l’Allemagne) ou ultra-nationalistes (la violence comme moteur des nations pour Friedrich von Bernardi) sont passés de mode.
Il conteste la vision d’une nouvelle guerre de Trente Ans : pour lui, ce serait dédouaner Hitler de ses responsabilités, et reprendre les arguments de ceux qui espéraient l’amadouer dans les années 1930.
Antoine Prost évoque le rôle des femmes, les ouvrières n’ont pas découvert le travail en 1914. Elles étaient nombreuses dans les usines avant 1914.

AP insiste sur la dimension politique : la Grande Guerre a été une épreuve pour les Etats. Les Empires paraissaient mieux armés que les démocraties pour mener la guerre. Pourtant, ils ont été balayés par la défaite ou par la Révolution. Les démocraties ont su tenir tête aux chefs militaires (cf le remplacement de Joffre en 1916). Elles ont été capables de diriger la mobilisation industrielle, maintenir un certain niveau de vie des populations et promettre de corriger les injustices (profiteurs…).
AP développe les relations qu’entretient en France le soldat-citoyen et l’Etat-nation républicain.
Dans les Empires centraux, la militarisation de l’économie et de la société ne peut empêcher la course à la défaite : même l’armée doit acheter au marché noir, et l’Etat perd sa légitimité.

La GG a démontré la nécessité d’un arbitrage international. Cet arbitrage aurait pu réussir : en 1928, l’Allemagne est réintégrée dans le jeu diplomatique. La crise de 1929-1932, les dictatures en ont décidé autrement. La nécessité de l'arbitrage a été réactivée après 1945, avec une réussite régionale : la construction européenne.

AP évoque des absents de ces commémorations :
- l’ensemble du monde ouvrier, dont le sort ne semble plus aussi central qu’au XXeme siècle.
- Le front russe et les Révolutions de 1917
- Il faudrait peut-être ajouter les défenseurs de la paix, ceux qui feront l’objet d’un colloque en janvier 2014.

En 2004, à Caen, Antoine Prost avait abordé le sujet sous un angle comparatif
La Grande Guerre : Armées, Combats, Sociétés (France, Allemagne, Royaume-Uni)
http://aphgcaen.free.fr/conferences/prost.htm

Depuis, l’histoire scolaire a voulu faire de 1914-1918 « une guerre mondiale », « une guerre totale », bien davantage que 1939-1945 (présentée dès lors depuis 2010 comme « une guerre d’anéantissement ») . Un manuel propose même un planisphère pour étudier la Grande Guerre, mais seulement une carte de l’Europe pour la 2 GM. En réalité, la GG n’est-elle pas avant tout une guerre européenne (avec des prolongements chez les coloniaux et les colonisés) ? Alors que la seconde est bien davantage mondiale (avec tant de difficultés à assumer dans les commémorations le front russe ou la guerre dans le Pacifique ?).

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