Désobéir en démocratie
Pourquoi désobéir en démocratie ?
La suite dans les idées, 18/09/2010
avec Albert Ogien et Sandra Laugier,
l'émission au format mp3
Vers la 25e minute Albert Ogien propose une lecture en terme de dépossession (d'un métier, d'un savoir-faire).
[ ceux qui mettent en place la politique thatchérienne ] veulent réduire l'ensemble du travail à une série d'objectifs quantifiables, à un certain nombre de cases normalisées. Quand les salariés (éducation, hôpital, recherche ...) sont devant ces cases, et doivent les cocher , ils découvrent qu'une partie de ce qui est au coeur de leur métier n'existe plus et n'est plus pris en compte. Un exemple dramatique, la case "livre" a disparu pour décrire le travail des chercheurs... C'est pour Albert Ogien un des exemples de cette dépossession en cours.
La langue, c'est une langue managériale dans laquelle qualité, transparence, objectifs chiffrés, responsabilité ; or ces mots n'ont pas le même sens pour les idéologues qui les imposent et ceux qui les vivent au quotidien (ou pour le dictionnaire). On peut relier ce constat à un changement politique radical et global ...
Cette expérience de la dépossession est à l'origine de démarches en cours de désobéissance civile.
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- 4e de couverture sur le site de l'éditeur (La Découverte) :
« Les raisons de se révolter ne manquent pas. Mais on ne se révolte pas n'importe comment : en démocratie, s'engager dans un combat contre l'injustice, l'inégalité ou la domination est un geste qui doit s'exprimer sous une forme d'action politique acceptable. Parmi ces formes se trouve la désobéissance civile qui consiste, pour le citoyen, à refuser, de façon non-violente, collective et publique, de remplir une obligation légale ou réglementaire parce qu'il la juge indigne ou illégitime, et parce qu'il ne s'y reconnaît pas.
Cette forme d'action est souvent considérée avec méfiance : pour certains, elle ne serait que la réaction sans lendemain d'une conscience froissée puisqu'elle n'est pas articulée à un projet de changement politique ; pour d'autres, à l'inverse, elle mettrait la démocratie en danger en rendant légitime un type d'action dont l'objet pourrait être d'en finir avec l'État de droit.
Ce livre original, écrit par un sociologue et une philosophe, analyse le sens politique de la désobéissance, en l'articulant à une analyse approfondie des actes de désobéissance civile qui prolifèrent dans la France d'aujourd'hui - à l'école, à l'hôpital, à l'université, dans des entreprises, etc. Il montre comment ces actes s'ancrent avant tout dans un refus de la logique du résultat et de la performance qui s'impose désormais comme un mode de gouvernement. À la dépossession qui le menace - dépossession de son métier, de sa langue, de sa voix - le citoyen ne peut alors répondre que par la désobéissance, dont le sens politique doit être pensé ».