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Clioweb, le blog
14 juillet 2010

La géographe et l'écologiste

La géographie, l'écologie, l'esprit critique et… les nouveaux programmes   Le Monde 13.07.10
Aurélien Dupouey-Delezay, professeur d'HG.

Extraits :
Le point de vue commence par critiquer l'esprit critique : « poussé à outrance (il) peut facilement devenir borné »

« Le programme (geo 2de) en lui-même semblait aller dans la bonne direction »

Les profs d'HG ? « Face à la nécessité de traiter dès la rentrée prochaine des thèmes qu'ils n'auront encore jamais travaillés (sic !), les enseignants vont naturellement se ruer (re-sic) sur les spécimens des manuels... »

La cible du point de vue ? une interview d'Yvette Veyret dans le livre du prof du Magnard. Sa faute impardonnable ? Elle ose demander de « ne pas faire du développement durable un dogme » [dans la trilogie écologie - économie et social elle estime que le premier élément submerge les 2 autres, et parle d'oreilles de Mickey)

« Franchement, qu'est-ce que les géographes ont à faire en climatologie ? »
No Comment.

Seul le Magnard a droit à cette volée de bois vert. Les autres spécimens sont encore attendus dans les salles des profs et chez les libraires. La course effrénée imposée par le marketing ministériel a perturbé toute la chaîne, de la conception des programmes à la livraison des manuels.

- Autre point de vue : celui de Gilles Fumey sur les manuels de la bande des 4 en 5e - Les cafés géographiques

- Le développement durable, un choix d'adresses dans la prochaine Chronique internet (411) dont la conférence d'Yvette Veyret pour la régionale du NPDC de l'APHG.

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Commentaires
D
L’article que j’ai consacré au traitement des nouveaux programmes de géographie de 2nde par le manuel des éditions Magnard, et que lemonde.fr a bien voulu publier, a suscité un certain nombre de commentaires de la part de certains de mes collègues, la plupart du temps très négatifs. Je le regrette ; néanmoins, le contenu de ces commentaires me semble suffisamment révélateur pour que je me permette d’exercer un droit de réponse.<br /> <br /> On m’a beaucoup reproché de donner une mauvaise image de la profession en laissant croire que les enseignants construisaient leur cours à partir des manuels. Ici, il y a un simple malentendu, et je me suis bien mal fait comprendre. Je suis bien placé pour savoir que nous construisons nos cours avant tout à partir des recherches que nous effectuons et qui sont naturellement basées sur des travaux et publications scientifiques. Néanmoins, je me permets de rappeler deux choses.<br /> D’une part, nous utilisons tout de même aussi les manuels pour construire nos cours, ne serait-ce que parce qu’ils fournissent – surtout en histoire et géographie – des documents bien pratiques pour ceux qui ne bénéficient pas d’un vidéoprojecteur dans chacune de leurs salles de classe ou d’un crédit illimité de photocopies couleurs. Le contenu des manuels a donc, pour le meilleur et pour le pire, une influence sur nos cours.<br /> D’autre part, et c’est bien le plus important, nos élèves, eux, n’ont pas accès aux travaux universitaires que nous consultons. Le seul outil qu’ils ont en main, que généralement nous leur conseillons de consulter comme un complément au cours, est leur manuel. Or, ils n’ont pas non plus encore – et c’est tout à fait normal à leur âge – le sens critique que nos études et notre formation nous ont permis d’acquérir. La plus grande prudence s’impose donc quant au choix du manuel que nous mettons dans leurs mains, et ce pour plusieurs générations d’étudiants, puisque rares sont les établissements qui renouvellent leurs manuels chaque année.<br /> <br /> A part ce malentendu sur le fond, de quoi m’accuse-t-on ? Eh bien de pas grand-chose. En général, on se contente de me citer en prenant bien garde de rajouter immédiatement des points d’exclamation indignés, des « sic » scandalisés et des « sans commentaires » éloquents.<br /> Mais éloquents par quoi, au fond ? Il me semble, sans vouloir blesser personne, que ces manifestations courroucées masquent surtout une lacune : sur le fond, c’est-à-dire sur le fait que les géographes ne sont guère qualifiés pour parler de climatologie ou des conséquences de l’action humaine sur la biodiversité, j’ai lu beaucoup de petites phrases exaspérées, mais je n’ai pas lu beaucoup d’arguments.<br /> Bien sûr, on me dit que la géographie, c’est aussi la géographie physique, et que les géographes sont de bons observateurs du climat. Sans doute ; mais enfin jusqu’à preuve du contraire, la climatologie n’est pas exactement la même chose que la géographie physique ! A lire certaines réactions, on se demande bien pourquoi l’ONU a réuni un groupe international d’experts du climat plutôt que de demander tout simplement son avis à la présidence – géographique – du Centre de Climatologie de Dijon… Plutôt que de m’asséner de grands noms, qu’on me cite enfin une étude scientifique – c’est-à-dire reconnue par les pairs, les chercheurs spécialistes du sujet considéré – faite par un géographe et qui nierait les résultats actuellement reconnus par tous les climatologues !<br /> La majorité des « arguments » avancés ici et là par mes détracteurs sont en fait des arguments ad hominem – souvent de la part de gens qui ne me connaissent pas – ou des accusation de vanité. C’est vrai qu’il faut être bien prétentieux pour ne pas partager l’opinion de madame Yvette Veyret, et surtout pour oser le dire. Et ce sont ceux qui me font un procès pour crime de lèse-ponte qui vont ensuite me dire que je suis partisan des tribunaux de l’Inquisition… De qui se moque-t-on ?<br /> <br /> Alors évidemment, notre mission est de former des citoyens plutôt que des historiens-géographes, et aucun enseignement n’est jamais dénué d’un certain esprit partisan. Tous ceux qui ont lu Ricœur savent bien qu’aucun historien ne peut être parfaitement objectif ; de la même manière, aucun enseignant ne peut prétendre laisser au vestiaire la totalité de ses opinions personnelles dès qu’il entre dans la salle de classe. Cela dit, sur des sujets aussi polémiques, aussi brûlants d’actualité, et aussi importants pour l’avenir même de l’Homme, les professeurs feraient bien de se référer aux spécialistes des questions qu’ils prétendent enseigner. Aux vrais spécialistes : à bon entendeur.
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