L'école numérique
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Pour les invités, les profs ne sont nullement des ringards. Ils se sont équipés de façon précoce (ordi et internet). Ils se servent du numérique pour préparer à domicile leurs cours et fournir en classe des supports dont la qualité a nettement progressé (cf le couple ordi-photocopieur à comparer avec le temps des machines à alcool ). Tout ceci sans aide ni prise en compte du MEN.
Les usages en classe sont encore modestes, avec une forte place donnée à la présentation (vidéo-projecteur, TBI...). Surtout si on les mesure à l'aune des discours excessifs des publicitaires, des marchands ou des politiciens relayés par les médias en quête de spectaculaire. Les technologies éducatives sont utilisées au quotidien, quand les
effectifs le permettent, pour enrichir peu à peu les pratiques
scolaires. Une question à ne pas négliger : la reconnaissance de la
légitimité de ces pratiques au sein du travail scolaire.
La seconde partie est très intéressante (33e mn). Elle aborde "une question impossible" (S Pouts-Lajus), celle de l'apport des technologies aux apprentissages et surtout la manière de poser cette question.
Les invités ont déploré la faiblesse du financement de la recherche en France. Ils ont montré tout l'écart entre les évaluations chiffrées simplistes et une recherche sérieuse : l'obsession du quantitatif fait passer à côté de la complexité des démarches réelles, les instruments de mesure anciens sont souvent inopérants face à la nouveauté.
Pour Isabelle Breda, il s'agit bien de travail et de formation intellectuelle (« technologies de la connaissance »). Comment apprend-on à se servir intelligemment de ces dispositifs ? Comment permettent-ils d'enrichir le travail intellectuel ? Comment apprend-on la nécessaire distance critique face à ces nouveaux outils ? Selon elle, la motivation est souvent mise en avant par les médias. A tort. Elle vaut pour toutes les stratégies de détour, avec ou sans ordi.
Plusieurs études ont été citées : Stéphanie Roussel à Bordeaux (LV), Nicole Goubet à Toulouse (CDI) ... Les invités ont montré les limites des clichés sur les « digital natives », sur le plagiat et le copier-coller.
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2 éléments auraient pu être davantage mis en avant :
- Les effectifs des classes. Le projet de réforme du lycée a torpillé le travail de groupe, pour des raisons bassement comptables. Faire travailler sur ordi 18 élèves ne pose pas de problème, si les instructions officielles le permettent. Avec une classe de 36 élèves, c'est quasiment impossible.
- La dimension sociale. Les discours dominants sur le web insistent sur les contenus (à censurer et à rentabiliser). Trop peu sur la dimension sociale du travail intellectuel : il est vrai que le courrier électronique échappe largement aux moteurs de recherche.
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PS : lemonde.fr Technologies a lancé un appel à témoignages
« Enseignants comment formez-vous vos élèves à utiliser les ressources du web ? »
lu dans les réponses : « (les lycéens) sont tellement imbus de leur supériorité de digital native qu'ils sont incapables d'écouter et pire encore de suivre les consignes proposées »... « les parents n'ont aucun recul, certains profs n'ont aucun recul ».
Curieuse conception d'un témoignage sur une pratique de formation...
Quelle est la cible de ces stigmatisations ?
Le web dans son entier ?
Les discours institutionnels et commerciaux excessifs ?
Retournons le propos : ce que les témoins stigmatisent, n'est-ce pas d'abord le résultat de leurs propres pratiques scolaires ?