Les pièges de la méritocratie
Comment réduire les inégalités ?
Agir sur l'égalité des places ?
Laisser les discours sur l'égalité des chances masquer la progression des inégalités ?
3 supports pour cette question :
- Un très intéressant débat entre François Dubet et Eric Maurin
à écouter sur France-Culture (Le Grain à moudre)
ou à lire dans le Nouvel Obs
Dans l'école de la méritocratie et de l'égalité des chances, quel sort réserve-t-on aux vaincus ?
FD est très remonté contre l'Etat-providence.
Il dénonce le fait que l'école puisse être en France la seule
instance appelée à « définir le mérite et l'efficience professionnelle
des individus » et que la réussite scolaire (les maths) puisse être un
critère décisif, à l'exclusion de tous les autres.
EM : 30% de boursiers ? Cette façon de prendre le débat est un leurre. La réalité, c’est qu’en ce moment, l'Etat dépense quatre fois plus d'argent public dans les classes prépas et les grandes écoles que dans l’université.
- 2 ouvrages récents de ces sociologues :
François Dubet, Les places et les chances : repenser la justice sociale Seuil - février 2010
Eric Maurin, La peur du déclassement, Une sociologie des récessions - oct 2009
http://www.repid.com/La-peur-du-declassement.html
copie d'articles d'Alter éco et du Monde
http://www.jean-jaures.org/Manifestations/Les-rencontres/Le-declassement
- Les pièges de l'égalité des chances,
une tribune de François Dubet parue dans Le Monde 30/11/2009
extraits :
« En clair, la méritocratie est une morale de vainqueur considérant que les vaincus méritent leur sort quand la compétition a été juste et équitable. La fixation sur les élites n'est pas une perversion du modèle méritocratique, elle lui est consubstantielle puisqu'elle vise à produire des inégalités justes, des inégalités qui seraient méritées par les vainqueurs et par les vaincus, les uns et les autres ne devant leur destin qu'à eux-mêmes ».
« La justice faite aux individus au nom de l'égalité des chances se transforme parfois en injustice collective... On sait que la part des femmes dans les élites s'est élevée sans que la situation moyenne des femmes dans le monde du travail se soit améliorée de façon parallèle : quelques filles accèdent à l'Ecole polytechnique, mais 61 % des emplois peu qualifiés et 82 % des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes... »
« Ce n'est pas critiquer les dispositifs spéciaux d'accès aux classes préparatoires que de rappeler qu'ils touchent quelques centaines d'individus pendant que 150 000 élèves quittent l'école sans aucune qualification ».
« L'attachement exclusif au modèle de la méritocratie scolaire affecte la fonction de l'école elle-même ». « Plus personne ou presque ne parle de la vocation éducative et culturelle de l'école. La fascination pour l'égalité des chances, associée à la déploration continue de l'incivilité et du niveau des élèves, finit par tenir lieu de politique scolaire ».