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5 mars 2010

L'archéologie complice du nazisme

- Laurent Olivier était l'invité de Christian Goudineau dans son cours au Collège de France le 05/10/2009

- Il a co-dirigé la publication d'un colloque de 2004 : L’archéologie nazie en Europe de l’Ouest (sous la dir. de Jean-Pierre Legendre, Laurent Olivier et Bernadette Schnitzler), Infolio Editions, Paris, 2007, 496 pages

- Bernardette Arnaud en fait une présentation dans L’archéologie complice du nazisme, Sciences et Avenir 727 - juin 2007. Avec la biologie, l’archéologie a été la science la plus sollicitée par les nazis à l’appui de leurs théories nationalistes et racistes. Ce lourd passé refait surface.

- En 2003, Alain Schnapp a traité de L’autodestruction de l’archéologie allemande sous le régime nazi dans la revue Vingtième siècle, 78 2003/2

« Le nazisme n’est pas passé sur l’archéologie comme une bourrasque de l’histoire. Il a failli emporter avec lui tout l’acquis de la discipline » écrit Alain Schnapp qui poursuit : « Aucune discipline à l’exception de la biologie n’a collaboré de façon si intime avec l’appareil d’État du Troisième Reich. À côté des charlatans à la Hermann Wirth de prestigieux savants se sont laissés embrigader, ils ont contribué à diffuser à travers des revues comme Germanien et Germanienerbe une idéologie raciste qui était comme l’oxygène du régime ».

Alain Schnapp fait la distinction entre l’archéologie classique au sens académique du terme et l’étude de la protohistoire et de la préhistoire.
La première est une invention allemande (modèle et type d’organisation). Elle profite de la réputation de la philologie, elle accompagne le développement des musées de Berlin et de Munich, elle reçoit les postes, les moyens et les nonneurs.
La seconde repose sur les sociétés savantes et les amateurs. Après 1918, elle passe sous le contrôle des nationalistes, tenants de l’idéologie du « Blut und Boden ». Avec le nazisme, ces archéologues acceptent les théories raciales du régime, ils participent à sa propagande, ils servent la politique de germanisation, s’associent aux pillages voire à des crimes de guerre. , ils transforment le postulat du linguiste Kossina (une « science au plus haut point nationale ») en outil d’oppression.


Pendant la période nazie, l’archéologie est marquée par les rivalités entre les factions, notamment entre l’AMT Rosenberg (Reichsbund für deutsche Vorgeschichte ) - le parti nazi - et « l’héritage des ancêtres » d’Himmler et de la SS, entre Hans Reinerth l’arriviste collaborateur de Rosenberg et Herbert Jankuhn (Himmler). Hitler semble davantage attiré par la Grèce dorienne que par la protohistoire germanique, mais cette dernière a servi sa propagande raciste.


« Il est indéniable qu’en offrant des moyens à une génération intellectuelle frustrée par le régime de Weimar, le nazisme a su capter l’enthousiasme de jeunes savants souvent formés aux méthodes de l’érudition libérale ».

En 1945, ces jeunes savants ont su échapper à la dénazification. Ils ont été protégés par leurs élèves jusque dans les années 1970. C’est surtout après la chute du mur que l’accès aux archives a mis en évidence leur rôle, et l’importance de la tentative de « blanchiment » de recherches menées sur l’ordre des nazis.


Ce sujet est une réponse à ceux qui se plaisent à opposer le web et l'imprimé : le départ, c'est un entretien de Télérama avec Pascal Picq. Prolongé par le colloque de l'INRAP (web audio), auquel participait Christian Goudineau. Qui a invité au Collège de France Laurent Olivier. Dont l'ouvrage présenté par Sciences et Avenir traite du colloque de Lyon, sur un sujet abordé auparavant par Alain Schnapp.
Ces sources multiples ne s'excluent pas, elles fonctionnent en synergie. Ceux qui veulent approfondir la question iront les lire ou les écouter.


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