Expliquer, comprendre, excuser...
Culture de l'excuse ? les sociologues répondent à Valls, Libération 12.01.2016
http://www.liberation.fr/debats/2016/01/12/culture-de-l-excuse-les-sociologues-repondent-a-valls_1425855
Valls : « Pour ces ennemis qui s'en prennent à leurs compatriotes, qui déchirent ce contrat qui nous unit,
il ne peut y avoir aucune explication qui vaille ; car expliquer, c'est déjà vouloir un peu excuser ».
« Manuel Valls ferait-il un déni de savoir ?? Voilà trois fois qu'il s'en prend à tous ceux,
sociologues et chercheurs, qui tentent de comprendre les violences contemporaines ...»
- Cette position est indigne pour Farhad Khosrokhavar.
Bernard Lahire : « notre métier consiste à rendre raison, de la façon la plus rigoureuse et la plus empiriquement fondée, de ce qui se passe dans le monde social ». « A écouter certains de nos responsables politiques, on pourrait en déduire qu'une démocratie a besoin de policiers, de militaires, d'entrepreneurs et de professeurs de morale mais en aucun cas des chercheurs et des savants ».
Pour Geoffroy de Lagasnerie, "Eexcuser, c'est un beau programme de gauche ».
- La tentation de la paresse intellectuelle n’est pas nouvelle.
Elle a parfois été mise en avant par l’entourage de Lanzmann à propos de la destruction des juifs d'Europe.
En réponse, relire ce qu’écrivait Primo Levi :
« Peut-être que ce qui s’est passé ne peut pas être compris, et même ne doit pas être compris, dans la mesure où comprendre, c’est presque justifier. En effet, « comprendre » la décision ou la conduite de quelqu’un, cela veut dire (et c’est aussi le sens étymologique du mot) les mettre en soi, mettre en soi celui qui en est responsable, se mettre à sa place, s’identifier à lui. Eh bien, aucun homme normal ne pourra jamais s’identifier à Hitler, à Himmler, à Goebbels, à Eichmann, à tant d’autres encore. Cela nous déroute et nous réconforte en même temps, parce qu’il est peut-être souhaitable que ce qu’ils ont dit - et aussi, hélas, ce qu’ils ont fait - ne nous soit plus compréhensible. Ce sont là des paroles et des actions non humaines, ou plutôt anti-humaines, sans précédents historiques, et qu’on pourrait à grand-peine comparer aux épisodes les plus cruels de la lutte biologique pour l’existence. Car si la guerre peut avoir un rapport avec ce genre de lutte, Auschwitz n’a rien à voir avec la guerre, elle n’en constitue pas une étape, elle n’en est pas une forme outrancière. La guerre est une réalité terrible qui existe depuis toujours : elle est regrettable, mais elle est en nous, elle sa propre rationalité, nous la « comprenons ».
« dans la haine nazie, il n'y a rien de rationnel : c'est une haine qui n'est pas en nous, qui est étrangère à l'homme, c'est un fruit vénéneux issu de la funeste souche du fascisme, et qui est en même temps au-dehors et au-delà du fascisme même. Nous ne pouvons pas la comprendre; mais nous pouvons et nous devons comprendre d'où elle est issue, et nous tenir sur nos gardes.
Si la comprendre est impossible, la connaître est nécessaire ... »
http://clioweb.free.fr/dossiers/39-45/primolevi.htm
- Comment penser le 11 janvier 2015 ?
Quels savoirs, quels débats faut-il mobiliser un an après pour éclairer ce qui s'est passé ?
ENS Ulm + France-Culture
http://www.franceculture.fr/partenariat-journee-speciale-comment-penser-le-11-janvier-avec-l-ens
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Poitiers-Berlin en Falcon
Manuel Valls, mauvaise passe, Libération 09.06.2015
http://www.liberation.fr/politiques/2015/06/09/mauvaise-passe_1326334
« en quatre jours, à force d’amender sa version sur son aller-retour express Poitiers-Berlin,
samedi, le Premier ministre a commis son premier écart de conduite ».
Arrivé vendredi soir à Poitiers, Valls « parle à sa gauche et fait applaudir François Hollande trois longues minutes »
Samedi, à l’heure du dîner, il s’envole en Falcon pour Berlin. « J’y vais parce que Michel Platini m’a invité ».
Dimanche, de retour à Poitiers, Valls assiste au sacre de Cambadélis avant… de filer à la finale de Roland-Garros.
Lundi, Hollande confirme la « réunion » entre Valls et Platini, qui vient à Paris le mercredi.
A Matignon, devant des sportifs, Valls parle de « passion »
Mardi, on apprend que deux fils Valls étaient à bord du Falcon.
Valls : aller à Berlin, c’était important pour l’image du pays et les emplois.
Valls va rembourser 2500 euros (sur les 20 000 dépensés)
La droite voudrait pilonner celui qui passe son temps à donner des leçons de morale.
Les allusions fusent, mais elle retient ses coups.
« Il est vrai qu’en matière de voyages luxueux et de mélange des genres, l’ex-chef de l’Etat avait placé la barre très haut. De sorte qu’en comparaison, Valls fait encore figure d’amateur, malgré de prometteurs efforts.
En mai 2007, après avoir célébré sa victoire au Fouquet’s, Sarkozy s’était envolé pour une croisière au large de Malte sur le yacht du milliardaire Vincent Bolloré. Trois mois plus tard, il s’envolait pour quinze jours de vacances aux Etats-Unis, dans une villa hors de prix louée par des amis fortunés. En décembre de cette même année 2007, c’est encore le Falcon de Bolloré qui le portait dans le plus bel hôtel de Louxor, au bord du Nil. Tout le quinquennat sera ponctué de ces escapades luxueuses qui défraieront la chronique. « Après cette affaire du Poitiers-Berlin, la gauche devra en rabattre dans son procès du bling-bling sarkozyste», se réjouit un député sarkozyste »...
Valls, une faute éthique et politique
La droite mal placée pour attaquer
En Suède, on ne badine pas avec la morale
Valls, un mea culpa contre nature
rappel :
le Voyager modeste du président normal de mai 2012 (l'auto, le TGV, le pédalo, la trottinette plutôt que le #Falcon ?)
Paris-Bruxelles 2*5972 euros ou 60 000 euros ?
Paris-Le Havre 2015 pour un patron de parti politique, cela coûte combien ?
http://www.leparisien.fr/politique/le-cout-de-bruxelles-25-05-2012-2016236.php
[ Cahuzac, Thevenoud, Poitiers-Berlin... Les dirigeants actuels de gauche ont une énorme capacité : celle de fournir des armes exceptionnelles à ses adversaires (ennemis ?) qui peuvent s'en servir pour tenter de faire oublier leur goût prononcé pour le grand luxe et leurs malversations inutiles dans le financement de leurs campagnes électorales ].
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Laïcité : Lettre à Manuel Valls
Laïcité : Lettre ouverte à Manuel Valls : L'exemple de Georges Clémenceau
Henri Pena-Ruiz
http://www.libre-penseur-adlpf.com/article-laicite-lettre-ouverte-a-manuel-valls-123503463.html
ou au format pdf
http://clioweb.free.fr/debats/lettre-ouverte-valls.pdf
extraits :
Monsieur le Ministre,
« … sans polémique, j’entends vous dire mon incompréhension devant votre décision de représenter la France, ès qualité, dans l’exercice de vos fonctions, pour la canonisation de deux papes. Il n’y aurait évidemment aucun problème si vous vous rendiez à Rome à titre privé, en ne représentant que vous-même. En république laïque les
croyants sont pleinement libres, mais leur foi ne doit engager qu'eux seuls. De même pour l’athéisme… »
En novembre 1918, Clémenceau, Président du Conseil, dissuade Poincaré de se rendre à Notre-Dame de Paris :
« Suite à la loi sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, le gouvernement n'assistera pas au Te Deum donné à Notre Dame. Mmes Poincaré (femme du président de la République) et Deschanel (femme du président de la chambre des députés) n'étant pas membres du gouvernement pourront par contre y assister ».
« Quand Nicolas Sarkozy a eu l’audace, dans le Discours de Latran, de placer le prêtre au-dessus de l’instituteur, j’ai rédigé un article pour lui rappeler l’ineptie d’une telle hiérarchisation. Car l’instituteur ne vise que la liberté de l’élève, telle que la fonde la culture, et refuse toute inculcation. C’est cela la grandeur de l’école laïque, ce lieu où l’élève apprend ce qu’il ignore pour pouvoir un jour se passer de maître ».
« Ne pensez vous pas, Monsieur le Ministre, qu'un si bel idéal requiert une défense et illustration exemplaire de la part des responsables politiques ? »
Dernier ouvrage paru :
Dictionnaire amoureux de la laïcité (Editions Plon)
rappel : Laïcité http://clioweb.free.fr/debats/laicite.htm
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