L'histoire de l'Education est maltraitée
Antoine Prost s'inquiète du sort de l'histoire de l'éducation et de la restructuration annoncée du Service d'Histoire de l'Education (SHE) de l'INRP. Le Monde Opinions
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« Cette discipline, plus nécessaire que jamais, est devenue le parent pauvre des universités »
« ... depuis quarante ans, le SHE fait un travail exceptionnel sur l'histoire de l'institution scolaire, des manuels, des personnels et de leurs statuts, de l'enseignement technique, de la lecture… La revue qu'il publie a été classée au meilleur rang… Sa notoriété internationale est enviable... Le liquider au moment où l'on affiche la volonté de promouvoir une politique de l'excellence serait à tout le moins paradoxal ».
« La solution ne semble pourtant pas compliquée : tout en laissant le SHE à l'INRP, auquel il peut apporter beaucoup plus qu'il ne le fait aujourd'hui, il faut lui donner un vrai statut d'unité mixte de recherche et lui maintenir ses moyens. C'est une question de bonne volonté et de volonté tout court. Sauf à croire que moins on travaille sur l'éducation, mieux elle se porte ».
Excellence ? Vous avez dit Excellence ?
Les médias adorent les superlatifs...
Ils tressent aussi des couronnes aux scouts, « pionniers de l'environnement » selon Le Monde, fers de lance de « la citoyenneté » selon TF1...
L'abus des superlatifs
Conclusion de la Chronique internet 411,
à paraître dans la revue Historiens & Géographes (extraits)
« Réussite », « Excellence », « le Meilleur du Meilleur »…
En Education, ces derniers temps, la communication institutionnelle use et abuse des superlatifs. Bien entendu, « on imagine mal une structure affirmer : je vais faire le moins bon enseignement ! » ironise la présidente de l’ex-Paris XII dans Rue des écoles (02/07/2010). Cependant, il y aurait beaucoup à dire sur les excès d’une rhétorique qui résulte du croisement de l’idéologie de la compétition et des méthodes du marketing.
Les communicants jonglent avec les mots : ils vantent le « droit à la formation » alors que certaines décisions récentes sont une négation du métier de prof ; ils osent parler de « bien-être au travail », y compris quand un « management » fondé sur le stress et la mobilité forcée conduit au suicide plusieurs salariés (les « ressources humaines » ?).
L’image de l’école publique et laïque pâtit de cette dérive. Les médias ont appris à enfermer l'humain et le social dans une vidéo de 82 secondes ou un article de 250 mots. Ils savent décrire par anticipation la teneur d’une conférence de presse ministérielle mais l’enquête sur le terrain est devenue l’exception. La reconnaissance du travail accompli au quotidien, avec conscience et détermination, par les enseignants ne semble plus être leur priorité.
L’éphémère (la « cagnotte » contre l’absentéisme) l’emporte fréquemment sur le long terme : en décembre, le JDD a protesté vigoureusement contre le sort fait à l’histoire et à la géographie en Terminale S, mais ses confrères sont restés discrets sur les conséquences prévisibles de la suppression de la formation professionnelle par alternance. http://www.100000voixpourlaformation.org