Résistance et archives de la répression

La Résistance pionnière, colloque de Caen
conclusion par Alya Aglan (vers 2h15)
https://www.facebook.com/watch/live/?ref=watch_permalink&v=432525628499193
Alya Aglan souligne la grande richesse des contributions.
Elle propose trois mots pour résumer ce colloque : Transmission, Temps, Territoires
Il est possible de l’écouter, de transcrire la totalité de ses propos ou d’attendre la publication des actes.
Quelques éléments en forme de résumé provisoire
L'appui sur les archives de la répression est un prisme important et intéressant
mais il faut éviter le danger d’une histoire tronquée de la Résistance :
la répression laisse invisibles ceux qui n’ont pas été pris.
Elle ne dicte pas les motivations ; c’est un second temps de l’action.
Globalement, la répression est un échec.
L’occupation nazie ne démontre-t-elle pas que les politiques de « contre-insurrection » sont toutes vouées à l’échec ?
« Gagner les coeurs et les esprits» cela n’a jamais marché nulle part, surtout pas dans la France occupée ou dans les terres impériales.
Transmission :
La génération précédente d’historiens a eu la chance d’être en dialogue avec les acteurs.
Dans ce colloque, il n’y avait plus d’acteurs ni de témoignages directs.
Seulement une tansmission indirecte et un passage de témoin entre générations d’historiens
Temps
Comment nommer la Résistance ? Pionnière ? Première ?
L’État français utilise des termes pour discréditer les résistants (« dissidence », « terroristes » ...)
De l’été 1940 à l’été 1941, la guerre n’est pas encore perçue par tous comme une guerre mondiale (pas l’URSS, ni les USA).
Déni de la guerre. Densité des années de guerre.
« A vous écouter », en 1940 et 1941,
chaque forme de Résistance est un commencement, pour trouver des réponses aux questions du présent.
Elle a peu de contacts avec les services alliés, même si ces contacts existent.
On connaît la suite. On a parlé d’« effet d’incubation » (JMG).
La Résistance tient d'abord à des actes isolés
mais elle comporte aussi des gestes génériques, repris des expériences antérieures (cf le NPD)
En 42 ou en 43, la littérature résistante la présente comme une avant-garde
qui va rénover les mœurs politiques, préparer une révolution.
Importance de la réflexion sur la société future.
Chaque forme d’action engendre « une économie de la Résistance » (Claire Andrieu).
Il faut travailler sur l’argent, les moyens, le bénévolat, les solidarités, les émotions.
Territoires -
L’accent sur les situations spatiales a été essentiel dans ce colloque.
Il rappelle l’intérêt d’une connaissance fine des territoires
Il permet de montrer la diversité des dynamiques (montagnes refuges, zone rattachée du NPC,
Marseille porte ouverte sur le monde, Franche-Comté et frontières récentes ou anciennes).
Cette histoire renouvelée permet d’abandonner les questions obsolètes ou anachroniques
(« quel poids militaire de la R face aux Alliés ? »).
Les historiens savent affronter la variété des acteurs
(la Résistance dans ses différentes formes,
le rôle des instances de Vichy ou celui des structures multiples de l’occupant).
On mulitplié les regards dans une histoire décloisonnée, on a investi de nouvelles questions et de nouveaux espaces.
Les échelles d’observation ont été renouvelées.
Elles permettent de mieux comprendre la Résistance dans sa globalité.
https://www.facebook.com/watch/live/?ref=watch_permalink&v=432525628499193
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La Résistance pionnière, vidéos
« La Résistance pionnière en France
à partir des archives de la répression »
Colloque Caen 1 et 2 déc 2021
Les 4 images ci-dessus correspondent à 4 fichiers vidéos FB
Les horaires et les liens web actifs sont listés dans 2 pages au format pdf :
http://clioweb.free.fr/colloques/Resistance-repression-colloque2021.pdf
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1941 - Résister, s’organiser
1941 - Résister, s’organiser (en France)
« Si les événements de l’année 1941 sont souvent passés sous silence,
ils n’en restent pas moins décisifs, tant sur le sol français qu’à l’extérieur de celui-ci.
En effet, c’est bien dès 1941 que les premiers mouvements de résistance civile et militaire se structurent
et font, dans le même temps, l’expérience de la répression »
Un rigoureux contrôle de l’opinion
La montée des premières contestations
La presse clandestine, élément fédérateur des groupes de Résistance
Une mosaïque de mouvements
"Le dur apprentissage de la clandestinité et de la répression"
Cécile Vast - Docteur en histoire, Université de Franche-Comté
Revue Les Chemins de la Mémoire - n° 273 – Hiver 2021
https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/revue/1941-resister-sorganiser
Chemins de la Mémoire - 273 - pdf
https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/sites/default/files/2021-02/2012_0009_LCDM273_C5_Basse%20Def.pdf
- Résistances en Europe
Revue Les Chemins de la Mémoire – n° 267 – avril-mai 2019
https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/revue/resistances-en-europe-0
https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/sites/default/files/2019-05/BAT_LCDM_267_C9_BD_1.pdf
- Nuit et Brouillard
décret du 7 décembre 1941 signé par le maréchal Keitel et ordonnant la déportation de tous les ennemis ou opposants du Troisième Reich.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_et_brouillard
Nacht und Nebel : destinés à disparaître sans laisser de trace
Robert Steegmann
Revue Les Chemins de la Mémoire n° 131 sept 2003
En 1955, le film d'Alain Resnais traite surtout de la déportation des résistants.
Mais il est utilisé lors du procès Eichmann,
et les images du convoi de Westerbork en mai 1944 concernent des juifs déportés.
Lire Sylvie Lindeperg, Nuit et Brouillard, un film dans l'histoire.
(pour nuancer le jugement de cette fiche du Mémorial de la Shoah)
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Les E3C : Confusion, Chaos, Colère...
Les E3C : Confusion, Chaos, Colère...
Sauvons l'Université - 07.02.2020
http://www.sauvonsluniversite.com
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article8640
En solidarité avec les lycéennes, les lycéens et tous les collègues du secondaire
qui se mobilisent contre les réformes Blanquer.
Douze cars de CRS tous gyrophares allumés à l’aube devant le lycée Basch de Rennes,
contrôle des lycéens à l’entrée dans le lycée, intervention policière « musclée »
(comme on dit pudiquement) à Rennes, à Nantes, à Libourne, à Paris…
Est-ce un nouveau mai 68 ?
Non, ce sont les « Épreuves communes de contrôle continu », dites E3C de Jean-Michel Blanquer.
La présentation il y a plus d’un an des réformes voulues
par le Ministre de l’Education Nationale a soulevé d’emblée bien des inquiétudes :
différences de traitement des lycéens et lycéennes face à l’examen,
inégalités entre les territoires, installation d’une sorte de bachotage permanent pendant dix-huit mois,
lié aux modalités mal pensées d’un faux contrôle continu envahissant.
C’est peu de dire que ces problèmes et ces risques maintes fois exposés n’ont trouvé
ni écoute ni embryon de réponse au ministère de l’Education Nationale.
Tout se passe comme on pouvait le craindre :
- les programmes de 1ère qui ne suivent plus ceux de seconde conduisent
à une sorte de course infinie pour « rattraper » ce qui n’a pas été fait parce que non prévu,
- les conseils de classe ne réunissent plus tous les enseignants et toutes les enseignantes
d’une classe puisque l’éclatement des spécialités et des options conduit les enseignants
à accueillir le plus souvent des élèves de classes différentes
(d’où par exemple la distribution des élèves d’une classe
entre 4 ou 5 professeurs de la même matière selon les particularités de leur parcours).
- Surtout, l’évaluation permanente est désormais le principe organisateur de ces années de lycée
pourtant si cruciales pour la formation des jeunes gens :
en lieu et place de la réflexion critique fondé sur l’échange entre l’enseignant et ses élèves,
l’enchainement infernal des épreuves conduit les enseignants à faire le programme au pas de charge
et les adolescents sont forcés à un apprentissage mécanique.
Ils sont nombreux à raconter la situation d’anxiété perpétuelle dans laquelle ils sont plongés.
Tout cela a été annoncé et dénoncé. Tout cela est arrivé.
Mais le pire était encore à venir.
En effet, l’administration de l’Éducation Nationale de haut en bas
- de son ministre, aux recteurs, aux inspecteurs et jusqu’aux proviseurs -
s’est lancée dans une défense et illustration du bien-fondé de la réforme en cours
au mépris de la réalité de ce qui se passe dans les établissements.
Confusion, précipitation et opacité règnent en maîtresses
dans l’organisation des E3C, les premières épreuves de la réforme du Bac.
Rien n’est respecté :
ni le cadre chronologique des épreuves qui devrait être commun
alors qu’elles sont étalées sur trois semaines - voire plus désormais
puisque de nombreuses épreuves ont été reportées sine die,
ni la gestion rationnelle des banques de sujet
(certains sujets n’ont pas été retirés desdites banques
et ont donc été redonnés quelques jours plus tard ailleurs, après avoir circulé sur internet !),
ni l’identification d’un protocole commun pour le choix des sujets ou les corrections des épreuves,
ni la logistique de ce qui est censé être une épreuve d’examen national :
horaires fantasques, espaces impropres à un examen,
absence de banalisation de la semaine concernée sont courants,
à quoi s’ajoute le scannage extrêmement chronophage de copies en partie inutilisables.
Face aux réactions de défiance ou de refus devant les E3C, réactions prévisibles et légitimes,
chez de nombreux lycéens et lycéennes comme chez un grand nombre d’enseignant.e.s,
la réponse apportée s’avère d’une dureté et parfois d’une violence inouïes, au sens strict du terme,
parfaitement étrangères aux coutumes de gestion des conflits dans le second degré.
Certains chefs d’établissement, après avoir interdit l’expression libre
des lycéens et lycéennes au sein des établissements,
ont appelé la police pour rompre des blocus conduits par des adolescents ;
des lycéens mineurs ont été placés en garde en vue jusqu’à 35 heures sans justification,
sans que leurs parents en soient prévenus ; certains ont été malmenés ;
d’autres, après avoir été identifiés comme des « meneurs », ont été emmenés en minibus
pour comparution au rectorat sans être accompagnés par des professeurs ou des parents d’élèves ;
à l’occasion, ceux qu’on accuse du blocus n’ont pas le droit de repasser les épreuves
et se retrouvent avec une note de 0/20 illégale
(que les universitaires devront « oublier » au moment des évaluations sur ParcourSup) ;
d’autres encore sont cadenassés dans leurs salles pour composer, alarme incendie désactivée,
ou filtrés par les CRS à Rennes (les informations qui remontent des réseaux sociaux sont
à cet égard concordantes et très alarmantes) ;
des enseignant.e.s sont menacé.e.s de rétorsions ;
d’absurdes rappels à un devoir de neutralité ou de « réserve » ont été adressés à des collègues du secondaire.
Quel autre mot que « répression », que beaucoup d’entre nous auraient trouvé naguère excessif,
pour nommer ce qui se passe autour de la mise en place des réformes de M. Blanquer ?
Dans ces circonstances, le tribune des « 50 chefs d’établissement parisiens »,
publiée récemment dans un grand quotidien du soir, est une véritable provocation :
rassemblés pour se plaindre des blocus de lycées
et en appeler à des interventions plus fréquentes des forces de l’ordre
en feignant de se soucier de la « fragilité » de certains de leurs élèves,
et sans faire la moindre allusion aux raisons de la protestation
ni même à ce que les réformes en cours font et feront subir justement aux plus fragiles,
ces irresponsables, confits dans l’obéissance à leurs « supérieurs », manifestent la même propension
à la surdité, à la morgue et à l’aveuglement qui règne actuellement au sommet de l’État.
Cette situation nous concerne tous, de la maternelle à l’Université :
ce qui est mis en jeu dans cette répression,
ce sont les libertés propres à l’exercice de nos métiers,
quel que soit l’âge de ceux et celles à qui nous transmettons des connaissances et des savoirs,
c’est la nature même d’un service public de l’enseignement (et de la recherche)
qui suppose à la fois d’articuler des droits et des devoirs,
de réaffirmer constamment le rôle social de notre travail
et de nourrir la tension éthique qui l’anime et le justifie.
La solidarité avec nos collègues du secondaire relève de la défense partagée de ce qui nous est commun.
Sauvons l’université !
7 février 2020
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Montchamp 2018 : journée des déportés
DIMANCHE 29 AVRIL 2018
Message pour LA JOURNÉE NATIONALE DU SOUVENIR DES VICTIMES ET HEROS DE LA DEPORTATION
La journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation permet chaque année de remettre en mémoire ce que fut la déportation avec son cortège infernal de trains partis de France entre 1940 et 1944.
Ces trains ont conduit vers les camps de concentration ou d’extermination de l’Allemagne nazie des populations de tous âges et de toutes conditions, victimes de la répression et des persécutions pratiquées par l’occupant nazi avec le concours du régime de collaboration en France.
La journée nationale a aussi pour but de rendre hommage aux victimes et de rappeler l’engagement de celles et ceux qui ont choisi de poursuivre dans la Résistance la lutte contre l’ennemi et son idéologie.
Nous pensons avec beaucoup d’émotion à ces disparus, femmes et hommes qui ne sont pas revenus de la tragédie qui a frappé tant de combattants et auxquels nous devons une part de notre liberté. Leur combat pour le respect de la dignité humaine est particulièrement chargé de sens en cette année du 70ème anniversaire de l’adoption de la déclaration universelle des Droits de l’Homme.
Le travail de mémoire n’est jamais achevé [ou plutôt le travail d'histoire et de mémoire n'est jamais achevé ?]. L’acharnement des déportés à transmettre a valeur d’exemple et s’explique par la force d’un engagement qui ne tolère ni l’érosion de l’âge ni les difficultés de la vie. Ce sacrifice, ils veulent le donner en partage aux générations suivantes afin de les inciter à rejeter toute manifestation de haine, inspirée de considérations ethniques, religieuses, culturelles ou nationalistes.
Le message d’aujourd’hui se veut un appel à œuvrer pour un monde de paix dont l’Europe doit demeurer le symbole.
Ce message a été rédigé conjointement par :
La Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD)
L’Union Nationale des Associations de Déportés, Internés et Familles de disparus – Fédération Nationale des Déportés et Internés de la Résistance (UNADIF–FNDIR)
La Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes (FNDIRP)
Avec le concours des Associations de mémoire des camps et de la déportation
- Loi no 54-415 du 14 avril 1954 consacrant le dernier dimanche d’avril au souvenir des victimes de la déportation et morts dans les camps de concentration du IIIe Reich au cours de la guerre 1939-1945
http://www.afmd.asso.fr/IMG/pdf/loi_JNSD.pdf
- Photos de la cérémonie 2018 à Montchamp (14)
en hommage aux patriotes fusillés ou déportés par les nazis lors de la 2 GM
rappel : La cérémonie à Montchamp les années précédentes
http://clioweb.canalblog.com/tag/montchamp
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Quelle évolution du CNRD ?
- Concours national de la Résistance et de la Déportation
arrêté du 23-6-2016 - J.O. du 28-6-2016
http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=103870
- La Refondation du CNRD (concours national de la Résistance et de la Déportation), Tristan Lecocq, IGEN
http://le-souvenir-francais.fr/la-lettre/la-refondation-du-concours-national-de-la-resistance-et-de-la-deportation/
Avant 2010, la 2 GM occupait trois chapitres dans un manuel de première :
la guerre mondiale, la France dans la 2 GM, la destruction des juifs par l'Allemagne nazie
Depuis Chatel, 1 seul chapitre met l'accent sur une guerre d'anéantissement.
1. Un concours adapté aux programmes, des procédures simplifiées, de nouveaux participants
« les thèmes annuels proposés seront adossés aux programmes d’enseignement, dans leur triple dimension académique, didactique et pédagogique »
2.Un concours mieux préparé, mieux harmonisé, mieux valorisé
« L’enseignement de la Résistance et de la Déportation comme objets d’histoire, en collège et dans les lycées, la réflexion sur les mémoires de la Résistance et de la Déportation comme objets d’histoire, le recul critique par rapport à un savoir en permanente évolution sont ainsi au cœur de la rénovation du CNRD »
- La revue Historiens & Géographes publie la tribune de Franck Schwab (APHG Lorraine)
http://www.aphg.fr/CNRD-vers-la-lobotomie
Dans un article mis en ligne le 30 mars 2017 sur le site du Souvenir français et intitulé « La refondation du CNRD », l’Inspecteur général Tristan Lecoq présente aux membres de cette honorable association ce que devrait être le nouveau Concours national de la Résistance et de la Déportation mis au point par les services de l’Education nationale. L’époque est aux refondations. Après avoir « refondé » l’école et peut-être avant de refonder la République - voire l’Europe - il fallait sans doute chercher à « refonder » le CNRD, même si, rappelons-le, celui-ci continue de se porter comme un charme puisqu’il est toujours, et de très loin, le premier concours scolaire du pays. Or, qui dit refondation du CNRD dit forcément redéfinition de ses objectifs. Les voici crûment formulés : « Le concours porte sur la résistance à l’occupant et à ses vassaux, sous toutes ses formes, extérieure et intérieure, militaire et politique, du 18 juin 1940 à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il porte sur la déportation et l’extermination des Juifs d’Europe par les nazis, ses étapes et ses espaces, ses processus et ses appareils, ainsi que la déportation d’autres minorités telles que les Tziganes. » Et c’est tout, fin des objectifs !
Le nouveau concours reste donc strictement centré sur la résistance des Français à l’occupant en faisant totalement l’impasse sur la dimension européenne du phénomène (pour la refondation de l’Europe, ce sera une autre fois...) alors qu’il aurait sûrement pu être judicieux de faire travailler les élèves sur la résistance allemande. Surtout, il limite désormais l’étude de la déportation au seul cas des personnes qui ont été déportées pour ce qu’elles étaient et qui appartenaient donc à ce que les historiens appellent aujourd’hui la « déportation de la persécution » : les Juifs et les Tsiganes, en premier lieu, mais aussi les membres de ces « autres minorités » que sont par exemple les homosexuels ou les Témoins de Jéhovah. A l’inverse, le futur concours va maintenant faire entièrement l’impasse sur l’« autre déportation », celle des personnes qui ont été déportées pour ce qu’elles faisaient et qui ont appartenu à ce que les historiens appellent la « déportation de répression ». Exit donc du concours le déporté résistant qui s’est battu pour la liberté et pour une certaine idée de l’Homme et de la société jusqu’à l’intérieur des camps de concentration. Plus rien désormais sur ces refondateurs de la République et sur leur expérience terrible du système concentrationnaire nazi. A l’heure où les programmes d’éducation morale et civique mettent l’accent sur la notion d’engagement, c’est tout à fait surprenant et c’est même, disons-le, quasiment scandaleux.
Nuit et Brouillard ; connais plus ; Charlotte Delbo et ses compagnes entrées à Auschwitz en chantant La Marseillaise : connais pas ; Robert Antelme : connais pas ; par voie de conséquence, Buchenwald, Dachau, Ravensbrück, Natzweiler, Mauthausen : connais plus. Et puisque parler des camps, c’est toujours parler d’Europe : Jorge Semprun, connais pas ; Boris Pahor : connais pas ; Ernst Wiechert : connais pas... Ce n’est plus de refondation dont il est question ici mais d’oblitération, voire même de lobotomisation de toute une partie de notre cerveau : celle où se trouve la mémoire de la déportation résistante que le concours a pourtant vocation à entretenir au même titre que la mémoire de la Shoah. Alors certes, en risquant volontairement leur vie pour le pays, les déportés résistants ont eu le mauvais goût d’avoir partie peut-être trop liée avec ce prétendu « roman national » tant décrié par certains « beaux esprits » de l’historiographie actuelle pour qui l’histoire de France n’est qu’une construction idéologique dépourvue de toute crédibilité (d’ailleurs, c’est bien connu, la France n’existe pas et personne n’a jamais eu envie de mourir pour elle). Mais faut-il que le concours « refondé » aille dans le même sens en reniant toute une partie de ce qui a fait jusqu’à aujourd’hui son identité ?
Peut-être pouvons nous rappeler, pour finir, ce que disait en 2009 dans la revue Le Déporté (n° 562) un autre inspecteur général de l’Education nationale récemment disparu qui fut, entre 1993 et 2001, le dernier déporté résistant ayant présidé le jury du CNRD. A la question « quel regard portez-vous sur la société actuelle ? », Jean Gavard - puisque c’est de lui dont il s’agit - répondit : « Je pense que si tout continue ainsi, un jour nous irons dans le mur. J’ai peur que ce qui se passe en ce moment nous ramène vers des tendances totalitaires. Car si les difficultés augmentent encore, il y aura toujours un homme providentiel qui prétendra sauver tout le monde. En France, on a cette inclination-là ; rechercher l’homme providentiel. L’Histoire nous l’a appris : Napoléon III, le général Boulanger et même Pétain car, à ses débuts, il a été accepté. Le risque existe, c’est certain. C’est pourquoi je pense que mes amis déportés résistants et tous ceux qui acceptent de travailler à nos côtés ont un rôle important et majeur à jouer. » Mais non, mais non cher Jean, l’Education nationale ne le pense pas puisque la mémoire de votre déportation, comme celle du Père Jacques, que vous avez fréquenté à Mauthausen, ou la mémoire de la déportation de Germaine Tillion à Ravensbrück - pourtant très officiellement célébrée lors de la dernière panthéonisation - disparaissent du concours que vous avez présidé. Et ne nous répondez pas, je vous prie : « Nous n’avons sûrement pas fait tous ces sacrifices pour aboutir à cette société de consommation qui s’étale sous nos yeux. Nous rêvions d’une société infiniment plus fraternelle. » Il faut être de son temps, savoir évoluer, que diable ! Répétez après nous : « Je refonde, tu refondes, nous refondons... »
Franck Schwab,
Rédacteur au Patriote Résistant
Ancien lauréat départemental du CNRD avec ses classes.
Le Patriote Résistant n° 919 - mai 2017. Tous droits réservés.
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Lettres de la Fondation de la Résistance
97 - Les écrits intimes des résistants
http://www.fondationresistance.org/pages/lettres/lettres-0.htm
Pour accéder au fichier (21 à 96) en pdf, changer le chiffre en fin d'adresse
par exemple
https://www.fondationresistance.org/documents/lettre/LettreResistance021.pdf
https://www.fondationresistance.org/documents/lettre/LettreResistance041.pdf
https://www.fondationresistance.org/documents/lettre/LettreResistance061.pdf
https://www.fondationresistance.org/documents/lettre/LettreResistance081.pdf
https://www.fondationresistance.org/documents/lettre/LettreResistance096.pdf
110
109
108
107
106 – le sauvetage des aviateurs en France
105 - 1961-2021
2021
105 - Les délégués militaires régionaux
104 - La médaille de la Résistance
103 - Les manifestations du 11 nov 1940
102 - L’intégration des FFI dans l’armée
101 - Les femmes dans la Résistance
100 - L’héritage de la Résistance
099 - La Résistance dans les camps de PG en Allemagne
098 - 1940 – Entrer en Résistance
097 - Les écrits intimes des résistants
096 – La Résistance face au STO
http://www.museedelaresistanceenligne.org/pedago_espace.php?pave=3
95 - La Résistance française à l’aune de la résistance en Europe
94 - Les opérateurs radio du GCR93 - Les relations entre la Résistance intérieure et la France libre
92 - Les timbres et la mémoire de la Résistance
90 - La Résistance corse
89 - La bande dessinée et la Résistance
88 - La recherche biographique sur un résistant
87 - Le sabotage dans la Résistance
86 - Les graffiti des prisonniers sous l'Occupation
85 - La Résistance alsacienne
84 Jean-Pierre Melville
83 Sortir de la guerre
81 L’épuration
80 Les poches de l'Atlantique et de la mer du Nord"
79 L'héritage des résistances antérieures
78 Photographies et Résistance
77 La France libre
76 Les réseaux
75 Les mouvements
73 Le CNR
72 Les maquis
71 2012 Mémoire et réflexions
70 Communiquer pour Résister
69 Raymond Aubrac
68 Pierre Sudreau
67 photographies clandestines à Ravensbrück
66 Mémoire de la Résistance et de l'occupation
65 la Mémoire de la Résistance à travers la bande dessinée
64 2011 1961-2011. 50e anniversaire du CNRD
63 des résistants historiens
62 La répression
61 1961-2011 50 ans
60 L’Occupation et la Résistance dans le nord de la France et en Belgique
59 Ecrire sous l’Occupation - photo 2009
58 Ecrits intimes et mémoires
57 Druon / Ravanel
56 Dukson, "un oublié de l'histoire" de la Libération
55 2008 "Une République née des idéaux de la Résistance".
54 Faire l’histoire de la Résistance
53 Les musées Résistance Déportation 2GM
52 Jean Mattéoli
51 L’aide aux personnes persécutées
50 Le SOE
49 Lucie Aubrac
48 Le nouveau site internet de la Fondation
47 2006 dictionnaire historique de la Résistance
46 Projet de musée en ligne.
45 Dictionnaire historique de la Résistance
44 colloque Caen 2005 La répression
43 Résistance et monde rural 2005
42 Résistance en Allemagne
41 Les musées
40 L’héritage de la Résistance
39 Jean-Bernard Badaire 2004
38 La Résistance et le débarquement en Provence
37 1944: les Français, la Résistance, la Libération
36 La mémoire de la 2GM en France
35 "Les Résistances, miroirs des régimes d'oppression" colloque Besançon 2003
34 Jean Cavaillès, un philosophe dans la guerre
33 Politique de répression, systèmes judiciaires et internements en France sous l'Occupation (1940-1944)
32 Jacques Decour - sauvetage des archives privées
31 Les jeunes dans la Résistance.
30 colloque la 2 GM nouvelles perspectives 2002
29 Louis François
28 de Gaulle-Anthonioz - Bretagne
27 Les femmes dans la Résistance 2001
26 Sauver les archives privées
25 Ouverture du site internet de la Fondation - La bataille de la Mémoire
24 Paul Cousseran préfet
23 Naissance et unification de la Résistance française
22 Résistance et résistants en Touraine 2
21 Résistance et résistants en Touraine 1
20 Les débuts du concours de la Résistance (1955-1965)
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Tiananmen, le black-out
"Tank Man" temporarily stops the advance of a column of tanks on June 5, 1989, in Beijing
Photo Jeff Widener, AP - http://en.wikipedia.org/wiki/Tank_man
- Tiananmen Square protests of 1989
http://en.wikipedia.org/wiki/Tiananmen_Square_protests_of_1989
Printemps de Pékin, 1989 :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Manifestations_de_la_place_Tian%27anmen
Photos
http://commons.wikimedia.org/wiki/Tiananmen_Square_protests_of_1989
- La répression est analysée par le documentaire Mystère d'archives (extrait de 3 mn sur le site d'Arte-TV)
http://videos.arte.tv/fr/videos/mysteres-d-archives-1989-les-manifestations-de-la-place-tiananmen-extrait--4036498.html
- En 2014, pour le 25eme anniversaire, « Sur Tiananmen, c’est le black-out complet », Libération, 03.06.2014
Vingt-cinq ans après le massacre sur la place de Pékin,
le régime chinois entretient l’amnésie (entretien avec François Godement)
http://www.liberation.fr/monde/2014/06/03/sur-tiananmen-c-est-le-black-out-complet_1033015
Le régime a un nouvel homme fort, Xi Jinping. Il ne recule ni devant le capitalisme le plus brutal (le communisme de marché), devant la libéralisation des mœurs. Mais il tire un trait sur tout ce qui pourrait contester la suprématie du parti-Etat. Il a imposé un black-out complet sur Tiananmen. Les jeunes ne connaissent rien ou alors ont appris qu’il s’agissait d’un « incident contre-révolutionnaire ».
La corruption est un mal accepté sur le plan local, mais la lutte contre la corruption peut devenir un sujet explosif.
- L’Etat chinois a arrêté 80 personnes et verrouillé le Web pour éviter toute commémoration.
Libération, 03.06.2014 - http://www.liberation.fr/monde/2014/06/03/une-censure-qui-fait-date_1033020
- « Les jeunes Chinois ne savent absolument rien de Tiananmen » - Libération, 03.06.2014
http://www.liberation.fr/monde/2014/06/03/les-jeunes-chinois-ne-savent-absolument-rien-de-tiananmen_1032874
- Pékin déploie tous les moyens pour effacer le souvenir de Tiananmen, Le Monde 04.06.2014
Le régime a accru sa pression sur les opposants à l'approche du 25e anniversaire du massacre
Trois journalistes françaises, qui questionnaient le 29 mai les passants pour la télévision au sujet de la célèbre photo de " Tank Man " - l'inconnu qui se plaça sur le chemin d'une colonne de chars le 5 juin 1989 - dans une rue éloignée de la place, ont été embarquées au commissariat puis interrogées pendant de longues heures.
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2014/06/04/pekin
- Tiananmen, « un souvenir qui ne veut pas s'en aller », Le Monde 06.06.2014
En alliant ultranationalisme et enrichissement à tout prix, le pacte post-Tiananmen est aussi un legs empoisonné
http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/06/06/tiananmen-un-souvenir-qui-ne-veut-pas-s-en-aller_4433412_3232.html
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Besançon : CNRD 2011
La répression de la Résistance en France par les autorités d'occupation et le régime de Vichy
Lors d'une conférence qui a eu lieu le 25 novembre 2010 au Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon, Cécile Vast a proposé une synthèse sur l'historiographie de ce thème du CNRD 2011. En prenant appui sur le colloque de 2005 à Caen (la déportation de répression), le livre mémorial de la déportation , les travaux des historiens (dont Thomas Fontaine et de Gaël Eisman), elle analyse cette répression à la fois du côté des bourreaux et du côté des Résistants.
Lire la version en pdf, notamment pour
. Le dispositif de répression, côté occupant, côté Vichy
. Les Résistants face à la répression...
. La Franche-Comté pendant l'Occupation
. Les sources disponibles
Elle reprend la chronologie proposée par Thomas Fontaine, avec comme bornes : juin 1940, été 1941, automne 1942, sept 1943, été 44, nov 1944.
Cécile Vast, La répression de la Résistance en France (Besançon 25/11/2010)
http://missiontice.ac-besancon.fr/hg/spip/IMG/pdf_conference-cecile-vast.pdf
Bibliographie : http://missiontice.ac-besancon.fr/hg/spip/IMG/pdf_CNRD2011Biblio.pdf
Lexique : http://missiontice.ac-besancon.fr/hg/spip/IMG/pdf_LexiqueRepression.pdf
La dernière lettre d'Henri Fertet (16/09/2003)
Une brochure régionale est aussi en ligne dans la partie élèves, également au format pdf
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Extraits :
« Les effectifs des troupes allemandes dites de « sécurité » et de maintien de «l'ordre » s'élèvent à 100000 hommes fin 1941, puis à 200000 en 1943. A ce chiffre, il faut ajouter les troupes d'opération en 1942-1943 soit 400 000 hommes ; les effectifs montent à 1 million début 1944 ».
« L'armée allemande a pris l'initiative des exécutions massives en 1941, et a accompagné la radicalisation de la répression en 1943-1944. On est loin de l'image de l'armée propre »
« […] si la plupart des membres du […] MBF ne partageaient probablement pas l'antisémitisme radikal-völkisch des hommes de la Sipo-SD, reste que la lutte contre le "judéo-bolchevisme" […] n'était pas seulement une notion guerrière de la propagande nationale-socialiste, qu'ils auraient utilisée avec scepticisme, mais bien une idée profondément ancrée chez eux, devenue une simple évidence ». (G. Eismann, Hôtel Majestic. Ordre et sécurité en France occupée (1940-1944), p. 111-112).
« L'idéologie de Vichy obéit à une logique d'exclusion (D. Peschanski), consubstantielle à l'État français. Pour donner une explication à la défaite, Vichy développe l'idée de décadence et accuse que qu’il appelle « l'anti-France » : étrangers, juifs, francs-maçons, communistes, « ennemis intérieurs » auxquels s'ajoutent avec le temps les gaullistes…
Thomas Fontaine ... ne dissocie pas répression et politiques antisémites
Elle cite les « massacres de civils et de résistants en août et septembre 1944 : Saint-Genis Laval (banlieue de Lyon) le 19 août 1944, Maillé le 25 août 1944, Autun le 8 septembre. La Franche-Comté est particulièrement concernée par ces massacres tardifs (ligne de front) : Étobon en Haute-Saône le 27 septembre 1944 (39 tués), Banvillars (10 octobre 1944), Présentevillers (28 octobre 1944) ». Elle rappelle « qu'aucun bilan précis de ces massacres n'est établi, faute de synthèse nationale. Cela reste un angle mort de l'historiographie ».
« La répression est une composante essentielle de l'identité de la Résistance. Son étude permet de prendre en compte les dimensions culturelle, sociale et anthropologique de la Résistance ».
« Les sources sont abondantes : la presse clandestine, les correspondances et lettres de fusillés, les journaux personnels de prison (Bertrand d'Astier de la Vigerie, Honoré d'Estienne d'Orves, Agnès Humbert, etc.), les témoignages, les écrits, les romans, les films produits au moment de la Libération et après-guerre (L'armée des ombres de Jean-Pierre Melville, où la répression est particulièrement présente), les monuments dispersés dans les campagnes (inscriptions géographiques, locales, qui montrent la proximité de cette mémoire), la presse locale ».
« La Résistance est un phénomène social ». A la suite de Pierre Laborie, elle invite à la prudence devant le succès médiatique de l’expression « mythe résistancialiste » - lire dans l'article de Wikipedia la distinction entre résistancialisme (Rousso) et resistantialisme (abbé Desgranges repris par les néo-vichystes).
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- Cécile Vast a publié cet été L'identité de la Résistance (Payot)
http://tinyurl.com/payot-vast-resistance
Ciné-Histoire : Sétif
Ciné Histoire (Nicole Dorra), ce samedi 2 octobre à 10h30
projection de Sétif, un certain 8 Mai 1945
de Mehdi Lallaoui et Bernard Langlois
Documentaire - France - 1995 - 55'
http://www.cercleshoah.org/spip.php?article154
à suivre, en lien avec le thème du Concours de la Résistance 2011 ( Répression de la résistance par les autorités d’occupation et le gouvernement de Vichy ) :
9 novembre 2010 : Section spéciale film de Costa Gavras,1975
Le débat sera animé par J. Delarue historien, lui-même interné, auteur d’une « Histoire de la Gestapo
mardi 7 décembre 2010 : Jericho film de Henri Calef 1946
mardi 11 janvier 2011 : La traque de l’affiche rouge film de J. Amat et D. Peschanski
Le débat sera animé par D. Peschanski et J.M. Berlière
http://clioweb.free.fr/dossiers/39-45/afficherouge.htm
Jeudi 3 février 2011 : Extraits de Procès de la Maison de la chimie, La milice, film noir, A. Ferrari, La centrale d’Eysses, Retour sur Oradour de C. Weber
http://www.cercleshoah.org/spip.php?article153