Peillon crée la polémique
Vincent Peillon, Vichy et la laïcité, Le Monde 04.01.2017
http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/01/04/vincent-peillon-vichy-et-la-laicite_5057557_823448.html
Le candidat à la primaire s’en est pris au « fascisme rampant de Mme Le Pen »,
dressant un parallèle entre la situation des juifs sous le régime de Vichy et celle des Français musulmans aujourd’hui.
« J’ai voulu dénoncer la stratégie de l’extrême droite, qui utilise les mots de la République pour les détourner contre la population ».
Vichy et la laïcité ?
Une réponse de Caroline Fourest :
Laïcité ? M. Peillon a rappelé qu'il avait mis en place un « enseignement moral et civique » dans les écoles
De plus, le philosophe a commis une erreur de date en disant « c’était il y a quarante ans »
Donc en 1976 ??
Ministre, il a beaucoup fait pour ses collègues philosophes.
Mais il n'a pas eu la volonté de faire réécrire les programmes d'histoire malmenés en lycée par Chatel en 2009.
Avant Chatel, en classe de première, trois chapitres traitaient de la seconde guerre mondiale,
de la France de Vichy, de la destruction des juifs d'Europe.
Après, tout doit tenir dans un seul chapitre sur une guerre dite d'anéantissement
(sans doute pour la distinguer de la Grande Guerre, dite guerre totale).
PS : Le républicanisme 1 alternative au socialisme ?
Le Cedre 1 centre de recherches doté de 150 000 euros par an.
Pour assurer les arrières de Peillon ?
http://blogs.mediapart.fr/pierre-funalot
.
College2016 : un enjeu très politique
La bagarre actuelle fournira un excellent terrain d’étude pour les politistes.
Elle mélange réforme de structure et changement de programmes.
Elle laisse dans l'ombre un élément essentiel : que peut maîtriser (en histoire) un enfant de 8 ans ?
Elle prospère sur des clivages brutaux, hérités ou nouveaux.
- Le principal est politique, avec les divergences entre gauche et droite sur l’éducation, la volonté de revanche de Sarko, la compétition au sein de l’ump/pmu entre droite et extrême-droite. Les méthodes empruntent à la mobilisation contre le mariage homo et à la surenchère contre les ABCD de l'égalité (d'où Taubira et NVB comme cibles)
- Le choc entre deux visions antagonistes de l'école, entre nostalgiques et modernistes, prend tout son poids politique (cf l'affrontement sur les compétences). En primaire, la bataille a déjà été joué : programmes de 2002 (Joutard) ou de 2008 (Darcos ?)
- La lecture de l’histoire est aussi un terrain de castagne,
entre les tenants d'une histoire-bataille (Louis XIV, Napo)
et les héritiers des Annales (Louis XIV et 20 M de Français, le Molière d'Ariane Mnouchkine).
Dans cette affaire, la droite ne manque pas de mauvaise foi.
Entre 2007 et 2012, elle a ébranlé le lycée pour récupérer des postes.
Elle a vilipendé le collège unique, mais elle n'a touché ni aux rythmes, ni aux structures du collège.
Au pouvoir, aurait-elle mené une autre politique sur le latin ?
Elle sait que les électeurs ont la mémoire courte : seuls les militants se souviennent des dégâts de la chatelisation en SES et en HG.
A gauche, il me semble que Peillon, qui avait en main toutes les cartes en 2012, a une très lourde responsabilité dans la situation actuelle. Le ministre prof de philo a joué la refondation, la morale pour tous (les profs de philo). Il a laissé en place les programmes Chatel en lycée.
Son camp risque de payer cher cette erreur de timing : une réforme du collège aurait peut-être eu sa chance dans la foulée de la présidentielle ; une telle réforme est mal en point à 2 ans de la prochaine présidentielle, dans un contexte d’impopularité durable de Hollande et d’implantation du FN.
Les maladresses du CSP sont aussi en cause.
Avec la coupure entre classe de 6e et de 5e (cycle 3 -cycle 4), la 5e commence par l’histoire (obligatoire) de l’islam. C’est une vieille habitude. Mais les polémistes ont eu vite fait d'y voir une nouveauté et d'y chercher le signe d’une prétendue islamisation.
Enfin, les médias jouent un rôle trouble.
Le cœur de leur commerce actuel, ce sont les catastrophes à l'échelle de la planète + l’insécurité (+ la téléréalité bien mal nommée + les commémorations - que l'on peut techniquement anticiper).
Pour eux, à l’école Tout doit être Ludique *. L'histoire scolaire devrait ressembler à l'histoire de France-TV : des archives truquées (Apo14-18), le passé de l'humanité réduit aux coucheries de Charlotte-Rosalie.
Ces médias qui se vendent comme le coeur de la démocratie confondent souvent débat et spectacle de l’agitation (cf la différence entre Michel Polac et Dechavanne). Aujourd'hui, pour agiter, il suffit d'inviter Finkelkraut sur France 2, Fumaroli chez Arte, Bonod sur BFM-TV, Casali sur Public-Sénat...
* cf. Chronique internet 430 :
http://clioweb.free.fr/chronique/aphg430c.pdf
« Dans un web dominé par le commerce en ligne et le bruit des conversations en continu, c’est un débat impossible. Les discours vantent la « nouveauté » et la rupture, les usages suggèrent des évolutions progressives. Au café du commerce, les opinions sont tranchées et définitives. Les médias leur font écho ; ils utilisent l'ordinateur pour caricaturer l'éducation. A les écouter, en classe, tout devrait être aussi speedé qu’une publicité pour un produit inutile, aussi profond qu’une séance de télé-réalité, aussi avisé qu’une suite de micro-trottoirs et aussi ludique que l’inventaire journalier des catastrophes sur la planète ».
.
.
Une Laïcite sans Raison ?
Le projet de programme de l'EMC (enseignement moral et civique) est en ligne sur le site du MEN :
http://www.education.gouv.fr/cid75495/le-conseil-superieur-des-programmes.html
http://cache.media.education.gouv.fr/file/CSP/13/9/Projet_de_programme_pour_l_enseignement_moral_et_civique_niveau_lycee_379139.pdf
http://tinyurl.com/csp-emc-12-2014
Une vérification simple :
Dans ce projet officiel, la laïcité semble réduite à la pluralité des convictions religieuses, à la diversité des croyances et des pratiques.
En 2014, au temps d'un pouvoir de gauche, la science, la raison, le rationnel et le rationalisme n'ont plus de place dans un texte officiel. Raison n'existe qu'à travers le mot comparaison.
Cherchez l'erreur.
Et remerciez Vincent Peillon, le député européen ex-ministre et prof de philo morale religieuse à l'université de Neufchatel
.
Education : Pourquoi remanier ?
Education: Un remaniement pourquoi faire ? - V. Soulé, blog C'est classe
http://classes.blogs.liberation.fr/soule/2014/04/un-remaniement-pourquoi-faire-.html
« Vincent Peillon est tombé, victime de la tambouille interne au PS »,
Benoît Hamon a été promu pour faire de la place à l’aile gauche.
« Vincent Peillon n'a pas toujours été habile. Il s'est notamment pris les pieds dans le tapis des rythmes, provoquant la colère des maires e t d'une bonne partie des professeurs des écoles - un comble alors que le primaire est érigé en priorité ».
…
« A ce stade, il faut rappeler les gaffes de celui qui aimait tellement parler - et s'écouter - qu'il en oubliait la modestie et la réserve qui sied à un ministre. On se souvient, par exemple, de sa prise de position abrupte en faveur d'un débat autour de la dépénalisation du cannabis ».
« Plus récemment, plus grave aussi, il avait confié à des journalistes que pour trouver des économies, le gouvernement étudiait le gel du point d'indice des fonctionnaires. Pas malin quand on a soi-même un million de fonctionnaires en charge ».
« Mais bon, il n'était pas le seul responsable de couacs dans le gouvernement Ayrault... »
.
Dure leçon pour Peillon
Dure leçon pour Vincent Peillon.
Il doit son eviction notamment à une réforme contestée des rythmes scolaires.
Véronique Soulé Libération éducation 02.04.2014
http://www.liberation.fr/societe/2014/04/02/dure-lecon-pour-vincent-peillon_992714
Porteur d’une vision pour l’école, le ministre n’a pas démérité
Il a assumé la rupture avec la chatelisation.
Il a rétabli formation des enseignants, il a réformé leur statut - mais moins qu’il aurait voulu. Il a aussi tenu bon sur les « ABCD de l’égalité », attaqués par les réacs.
Mais cet intellectuel, « ex-prof de philo, fin connaisseur du monde de l’éducation, était souvent persuadé d’avoir raison. Même s’il estimait passer un temps fou à consulter, il n’a pas toujours su écouter les peurs ni trouver les mots pour rassurer les élus, mais aussi les instits, qui s’estiment être les perdants des réformes alors que Hollande avait promis de donner la priorité au primaire ».
Une école en chantier
Benoît Hamon prend la tête de l'Education, remplaçant Vincent Peillon et Geneviève Fiorasso.
- Peillon laisse une école en chantier - M. Baumard, Le Monde 02.04.2014
http://www.lemonde.fr/education/article/2014/04/02/peillon-laisse-une-ecole-en-chantier_4394307_1473685.html
- Changer de ministre ? Changer de politique ? M. Baumard, Le Monde 02.04.2014
Dans un autre article, elle décrit l’opposition entre syndicats, FSU face à l’UNSA et au SGEN
et cite Yes Durand, le rapporteur de la loi de Refondation :
« « Nous avons besoin de quelqu'un qui fasse appliquer les textes », explique-t-il, sous-entendant que l'intellectuel M. Peillon était idéal pour concevoir une loi, penser une architecture, mais qu'un autre profil était nécessaire pour sa mise en œuvre ».
http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/04/03/avec-hamon-a-l-education-le-camp-reformateur-craint-un-statu-quo_4394704_823448.html
- Vincent Peillon : Le départ du ministre pédagogue ? F Jarraud, Le Café
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/04/03042014Article635321075783832599.aspx
« On doit à Vincent Peillon un changement complet du discours de l'institution. Après des années de mépris pour les enseignants (qu'on se rappelle les "couches" de Darcos) et de dénigrement du métier aboutissant à la suppression d'une formation initiale jugée inutile, Vincent Peillon a remis la pédagogie et les sciences de l'éducation à l'honneur ».
« Quand on évoque Vincent Peillon dans les salles des professeurs on rencontre souvent de l'amertume, dans les écoles, et de l'indifférence, dans les collèges et lycées.
A l'école, après des années de frustrations, les enseignants attendaient d'abord de nouveaux programmes qui puissent redonner du plaisir à enseigner. Or ils ne seront pas prêts avant 2015. Par contre V. Peillon a lancé immédiatement la réforme des rythmes scolaires. Elle a été vécue par les enseignants comme une "double peine". La dimension positive sur le plan scolaire s'est perdue dans la question du périscolaire où l'Etat n'aurait jamais du mettre le doigt ».
- Un goût amer d'inachevé, Philippe Watrelot, Cahiers pédagogiques 04.04.2014 : http://philippe-watrelot.blogspot.fr/
Philippe Watrelot rappelle un texte écrit avant le vote de la loi sur la Refondation :
“Refondation” de l’École : Erreurs et blocages - 30.01.2013
http://philippe-watrelot.blogspot.fr/2013/01/refondation-de-lecole-erreurs-et.html
Le genre censuré
Circulaires, manuels, livres: les ministères censurent le mot «genre»
Lucie Delaporte, Médiapart 06.02.2014
http://www.mediapart.fr/
« Cédant à la pression des lobbies les plus conservateurs, le gouvernement a déjà, et depuis plusieurs mois, choisi de faire disparaître partout le mot « genre », désormais jugé trop sulfureux. Au prix d'absurdes acrobaties. Enquête sur une censure discrète qui signe aussi une incroyable défaite idéologique ».
extraits :
3 exemples :
- « La parution de l'ouvrage de Hugues Demoulin (ac-rouen), Déjouer le genre – Pratiques éducatives au collège et au lycée, destiné à être un outil de formation pour les enseignants, est bloquée depuis le mois de septembre ».
- Dans le rapport sur les stéréotypes de genre chez les enfants et les adolescents, « Luttez contre les stéréotypes de genre » est devenu « Luttez contre les stéréotypes garçons-filles ».
[ un détail : le mot « genre » apparaît néanmoins 265 fois dans les 236 pages du rapport, filles-garçons 187 fois, garçons seul 850 fois, filles seul 919, enfants 377, adolescents 49 ]
http://www.strategie.gouv.fr/blog/2014/01/rapport-lutter-contre-les-stereotypes-filles-garcons/
Le rapport au format pdf : http://www.strategie.gouv.fr/blog/
- Peillon, France 2 en 05.2013 : « Je suis contre la théorie du genre »,
Peillon, France Inter 08.2013 ? : « la théorie du genre n’existe pas »,
Peillon, récemment : « la théorie du genre n’est pas enseignée à l'école »…
« Pour le sociologue Éric Fassin, qui se dit abasourdi de découvrir un tel recul, « s’attaquer aux inégalités filles-garçons nécessite de s’attaquer aux mécanismes qui les fabriquent et pour cela il faut passer par le genre ».
... À voir l’importante production théorique sur ces sujets, censurer le mot genre dans les textes et les discours officiel est évidemment dérisoire. En attendant, les militants de la Manif pour tous peuvent savourer une indéniable victoire ».
.
Peillon, le politique et la morale
Peillon sur le point de nommer son ex ?
Le Canard enchaîné, 18.12.2013 - source http://www.mezetulle.net/
« Le ministre est en mesure de bombarder, d'un jour à l'autre, son ex-épouse Brigitte Sitbon-Peillon, (spécialiste de Bergson au CNRS) au poste d'inspecteur général de philo ».
« Elle figure parmi trois candidats, à côté d'un prof de khagne du lycée Fénélon, également proche du ministre ».
« En décembre 2012, Peillon avait propulsé au tour extérieur Laurence Loeffel, une des trois membres de la Commission chargée de ressusciter la morale laïque à l'école ».
.
Un ministre dans les turbulences
- Vincent Peillon, un ministre fragilisé par les turbulences - Le Monde Education 13.12.2013
http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2013/12/13/
Face à la contestation, la réforme des classes préparatoires a été repoussée et l’image du ministre n’en sort pas grandie.
« Secoué depuis dix-huit mois par les fortes turbulences que cause la réforme des rythmes scolaires, [avec le recul sur les horaires des profs de prépa] le ministre subit une nouvelle déconvenue politique. D'autant plus qu'il s'était, depuis la rentrée, attaché à afficher sur ce point une extrême fermeté ».
L’article évoque ses relations avec Hollande, ses ambitions politiques (candidature aux Européennes, direction du PS)
- Réforme Peillon : des enseignants piégés dans un dangereux chantier, Aggiornamento 12.12.2013
http://aggiornamento.hypotheses.org/1687
extraits :
« Nous avons récemment appris par canal médiatique que trois chantiers étaient menés simultanément : programmes, éducation prioritaire, et statuts-métiers-missions des enseignants.
Le ministre fustige les méthodes de ses prédécesseurs et le mépris dans lequel ils tenaient les professeurs ».
Pour Aggior,
« chacun des chantiers est fort mal engagé.
- Celui de la réécriture des programmes était urgent. Mais, là encore, on sait déjà que le calendrier, calé sur le rythme politicien ne collera pas avec celui de la profession, ce qui augure une mise en œuvre à marche forcée.
- Le chantier de l’éducation prioritaire est lui amorcé de façon très bancale.
- Restent enfin les fameux « statuts »... Le ministère refuse ainsi de considérer réellement les difficultés croissantes de ce métier ».
« Pourquoi ne discute-t-on pas du fond de cette refondation des statuts qui n’est [pour l’instant] qu’un emplâtre sur une jambe de bois ? Pourquoi refuse-t-on dans ce pays de faire de l’éducation une véritable priorité … » ?
.
Prépas : réforme ... repoussée
- Classes prépas : la réforme repoussée - Le Monde 12.12.2013
Pour Vincent Peillon, les discussions sur le temps de travail des professeurs de prépas ne sont pas « mûres », et par conséquent elles restent « ouvertes »
Les profs de prépas se sont mobilisés et ils ne manquent pas de soutiens.
Selon Le Monde, « c'est l'Elysée qui freinerait des quatre fers. Après un an de mobilisation sur les rythmes scolaires, et alors que les professeurs de prépas montent au créneau un peu plus chaque jour, il s'agit de calmer le jeu, d'éviter la contagion à tous les collèges et lycées ».
http://www.lemonde.fr/education/article/2013/12/12/
http://www.lemonde.fr/education/
- Vincent Peillon sèche sur les prépas mais bûche sur l’éducation prioritaire - Libération 12.12.2013
http://www.liberation.fr/societe/2013/12/12/vincent-peillon-seche-sur-les-prepas-mais-buche-sur-l-education-prioritaire_966173
« A l’origine, VP voulait supprimer les deux heures de décharge des profs de prépa - une heure s’ils exercent en seconde année, une autre devant plus de 35 élèves - et imposer à tous un service de dix heures de cours hebdomadaires. ... Le projet a aussitôt déclenché une levée de boucliers ... Si le ministre refuse de parler de recul, la réforme risque de se ratatiner et de se réduire à une limitation du cumul heures sup-colles ».
« Pour se sortir de sa mauvaise passe avec les prépas, le ministre, qui a fait de la lutte contre les inégalités l’axe de sa politique, s’est tourné vers les ZEP, avec un allègement horaire pour les profs. Contrainte budgétaire oblige, la mesure s’appliquera toutefois progressivement. .. En 2014, elle concernera seulement 100 réseaux ZEP ».
https://twitter.com/arnalgeo (13.12.2013)
source : Libération
.