Les despotismes de Bonaparte
« Bonaparte n’est plus le vrai Bonaparte, c’est une figure légendaire
composée des lubies du poète, des devis du soldat et des contes du peuple ;
c’est le Charlemagne et l’Alexandre des épopées du moyen âge que nous voyons aujourd’hui.
Ce héros fantastique restera le personnage réel ; les autres portraits disparaîtront.
Bonaparte appartenait si fort à la domination absolue,
qu’après avoir subi le despotisme de sa personne,
il nous faut subir le despotisme de sa mémoire ».
Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, 1850
Tome 4, édition Edmond Biré - Garnier 1899-1900 / 1910
page 90 et 91 - https://fr.wikisource.org/wiki/Mémoires_d'outre-tombe/Troisième_partie/Livre_VI
page 90 et 91 - https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f108.item.texteImage
https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Chateaubriand_-_M%C3%A9moires_d%E2%80%99outre-tombe_t4.djvu/102
« Bonaparte n’est point grand par ses paroles, ses discours, ses écrits,
par l’amour des libertés qu’il n’a jamais eu et n’a jamais prétendu établir ;
il est grand pour avoir créé un gouvernement régulier et puissant,
un code de lois adopté en divers pays, des cours de justice, des écoles,
une administration forte, active, intelligente, et sur laquelle nous vivons encore ;
il est grand pour avoir ressuscité, éclairé et géré supérieurement l’Italie ;
il est grand pour avoir fait renaître en France l’ordre du sein du chaos, pour avoir relevé les autels,
pour avoir réduit de furieux démagogues, d’orgueilleux savants, des littérateurs anarchiques,
des athées voltairiens, des orateurs de carrefours, des égorgeurs de prisons et de rues,
des claque-dents de tribune, de clubs et d’échafauds, pour les avoir réduits à servir sous lui ... »
Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, 1850
https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Chateaubriand_-_M%C3%A9moires_d%E2%80%99outre-tombe_t4.djvu/103
Tarzan, le mythe
Tarzan of the Apes, Edgar Rice Burroughs The All-Story Magazine, octobre,1912.
- Tarzan, le mythe de la jungle
Priscilla Pizzato, 2018
France 5 -
http://www.france.tv/france-5/nous-sommes-une-legende/saison-1/817479-tarzan-le-mythe-de-la-jungle.html
- « Tarzan est un personnage de fiction créé par Edgar Rice Burroughs en 1912 dans le roman Tarzan seigneur de la jungle, publié pour la première fois en France en 1926 chez Fayard sous le titre Tarzan chez les singes. 26 volumes sont sortis entre 1912 et 1995 ».
http://en.wikipedia.org/wiki/Tarzan
- Comment Hollywood a déformé l’oeuvre de Burrough
http://lesensdesimages.com/2013/12/31/tarzan-a-hollywood-variations-autour-dun-mythe/
« Par quelles complicités, la sottise, le mauvais goût, l’ignorance, la cupidité et le scoutisme ont-ils réussi à châtrer, falsifier et pervertir l’un des mythes modernes les plus fascinants ? ».
Dans une scène de Tarzan et sa compagne (C. Gibbons, 1934),
Jane totalement nue (mais doublée par une nageuse), se baigne avec Tarzan.
Le code Hays est instauré en 1934. La scène sera censurée.
Le puritanisme imposé par les ligues de vertu explique « le virage bêtifiant pris dans les années 1930.
Jane doit troquer son maillot deux pièces pour une version une pièce beaucoup plus chaste ».
« En 1959, dans un remake Jane se baignant se fera en pantalons et chemisier !
Ainsi, tout ce qui faisait le charme sensuel des premiers épisodes
va très vite disparaître pour laisser place à une mièvrerie sans borne :
Dans Tarzan trouve un fils (R. Thorpe, 1939), notre héros fonde une famille,
mais non pas en procréant – cela supposerait qu’il ait eu une relation sexuelle avec Jane –
mais en recueillant un nouveau-né littéralement tombé du ciel ... ».
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Où sont passés les Indo-Européens ?
- Jean-Paul Demoule était l'invité de l'émission Le salon noir 11.11.2014
Il est l’auteur de l’ouvrage « Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d'origine de l'Occident », Le Seuil 2014
http://www.franceculture.fr/emission-le-salon-noir-dans-les-pas-des-indo-europeens-2014-11-11
Jean-Paul Demoule s'attaque à la racine du mythe, à sa construction obligée, à ses détournements aussi, comme la sinistre idéologie aryenne du nazisme, dont des éléments survivent encore. « Il montre que l'archéologie la plus moderne ne valide aucune des hypothèses proposées sur les routes de ces invasions présumées, pas plus que les données les plus récentes de la linguistique, de la biologie ou de la mythologie. Pour expliquer les ressemblances entre ces langues, d'autres modèles restent à construire, bien plus complexes, mais infiniment plus intéressants ».
- J-P. Demoule était l'invité de la Fabrique de l'histoire le 27.10.2014
http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-gouverner-en-islam-14-2014-10-27
- Y a-t-il vraiment eu un "peuple indo-européen"? - Nouvel Obs, 12.12.2014
http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20141212.OBS7772/y-a-t-il-vraiment-eu-un-peuple-indo-europeen.html
de Gaulle, entre mythe et histoire
- De quel de Gaulle les élèves ont-ils besoin ?
Ou comment le mythe (voire l’hagiographie) empêche la construction du raisonnement historique
Dans un article publié par le site web Aggiornamento (29 avril 2011), Roland Tissot questionne les usages scolaires de CdG. http://aggiornamento.hypotheses.org/258
Pour Roland Tissot, une histoire fondée sur la logique du « héros national providentiel » est tout simplement fausse et son application à l'histoire scolaire ne peut pas former efficacement des élèves au raisonnement historique :
Extraits :
« Expliquer l’histoire par l’action volontaire et décisive de quelques « héros » permet peut-être à l’Etat de se légitimer, mais cela ne donne pas aux élèves les clefs factuelles, cela masque les dynamiques sociales, et surtout la tournure d’esprit analytique qui donne à comprendre une situation historique passée ou présente ».
« Rappeler que CdG a mené sa carrière, sans doute avec des coups de génie, mais aussi avec des coups de chance et parfois des coups fourrés ; rappeler qu’il avait sans doute une vision mais qu’elle n’était pas forcément celle de la majorité des Français ; rappeler que cette vision a certes durablement marqué la France, son Etat et sa société, mais que ce ne fut pas toujours, ni en tout, un bien ; tout cela est-il possible dans le système scolaire d’aujourd’hui ? »
« 1958 représente un très bon exemple du « polissage » de la complexité historique et de son remplacement par le mythe gaullien... peut-on rappeler aux élèves que CdG, les gaullistes et le gaullisme ont largement pris leur part dans la déstabilisation des institutions de la IVe ? »
Il interroge également le mythe gaullien :
« ... il me semble que le « mythe gaullien » est une construction intellectuelle bâtie par les acteurs du mouvement (et dénoncée dès l’époque : voir par exemple les articles de JF Revel dans France-Observateur) pour faire obstacle à la critique du moment ; passée le temps du pouvoir, cette construction perdure »
« L’Appel du 18 juin fait partie de la mythologie du personnage et de son mouvement ... Autrement dit : revenir sans cesse à cet Appel (dont je ne conteste ni l’importance, ni la lucidité, ni le courage) c’est d’une part accréditer, qu’on le veuille ou non, la version gaulliste de la France combattante (d’autres dynamiques de résistance que celle de Londres furent à l’œuvre dans la société française ) et d’autre part occuper l’espace scientifique et éditorial »
Un échange de courriers avec Philippe Oulmont et Cécile Vast porte sur les origines de la Fondation Charles de Gaulle, sur ses activités et son influence sur la recherche historique actuelle.
http://aggiornamento.hypotheses.org/258
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- Comment commémore-t-on le 18 juin ? Concordance des temps 18.06.2011
Avec Sudhir Hazareesingh (U Oxford), Le mythe gaullien, Gallimard, 2010
l'émission au format mp3 :
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/16278-18.06.2011-ITEMA_20291999-0.mp3
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Philippe Oulmont,
Les 18 juin : combats et commémorations
, A.Versailles, 2011
Le colloque de juin 2010 : http://calenda.revues.org/nouvelle16565.html
Le dossier thématique : http://www.charles-de-gaulle.org/
Le Libé des historiens 2010
Au sommaire de l'édition 2010
(les adresses web sont dans ce fichier html)
Mai 68, mère de toutes les batailles
La délinquance, un problème mineur ? L Bantigny
La jeunesse, une vieille peur - F Chauvaud, B Garnot
1449 - Quand le roi pardonnait - C Gauvard
La Révolution élisait ses juges - H Leuwers
Irène Némirovsky, conflit d'identités - MA Matard-Bonucci
Veux-tu être mon égale ? - C Taraud
Le corps violenté et le médecin légiste - M Porret
L'actu, catin de l'historien - P Boucheron
L'apocalypse, arme politique - I Heulant-Donat
Silvio Berlusconi, l'homme qui rit (la tyrannie du rire) - MA Matard-Bonucci
Nicolas Sarkozy rongé au mythe - J Garrigues
Le musée de l'histoire rance - N Offenstadt (la maison de l'histoire de France)
Mémoire, l’Etat fait son propre état des lieux - M Rio-Sarcey
Le passé colonisé par la droite dure - S Thénault