2 - Mabanckou, Dapper, Mungo Park, Caillié
Trois auteurs mentionnés par Alain Mabanckou dans sa leçon inaugurale au Collège de France
extraits publiés dans Le Monde, illustrations via wikimedia commons
http://www.college-de-france.fr/site/alain-mabanckou/inaugural-lecture-2016-03-17-18h00.htm
Ancient Benin City, Commons
« Pour commettre sa Description de l’Afrique, Olfert Dapper avait recueilli la plupart de ses informations auprès de voyageurs, nombreux à Amsterdam à cette période. Description de l’Afrique pèche par sa vision ethnocentriste, et certaines de ses conclusions nous feraient sourire aujourd’hui, comme lorsqu’il est rapporté que les habitants de l’ancien royaume de Kongo sont des « gens fourbes, traîtres, […] inquiets, querelleux et en même temps lâches et poltrons ». Cependant, à la différence de ses contemporains, Dapper pouvait au moins revendiquer l’avantage d’avoir privilégié un angle interdisciplinaire... Notre époque n’est pas du tout rancunière puisqu’en 1986 un musée portant le nom de l’érudit hollandais et dédié aux arts d’Afrique noire a ouvert ses portes à Paris. Curieuse ironie, donc, puisque l’aveuglement d’un temps est devenu la lumière de notre présent…»
Olfert Dapper, Description of Africa (1668)
http://en.wikipedia.org/wiki/Olfert_Dapper
Kamalia, Commons
« Empruntant une autre démarche, le récit de l’explorateur écossais Mungo Park, Voyage dans l’intérieur de l’Afrique (1799/1800), s’attachait à combattre la vision qu’avaient les Européens de l’Afrique. Comme ses collègues, Mungo Park était aussi séduit par les légendes qui entouraient le fleuve Niger – il fut même l’un des premiers Occidentaux à l’avoir exploré. En 1795, il arriva d’abord en Gambie, puis au Niger, à Ségou. Dix ans plus tard, lors d’un second voyage, il disparut sur le Niger dans des circonstances aussi énigmatiques que les légendes qui entouraient ce fleuve. Il aura œuvré toutefois à peindre une Afrique qui n’était pas celle de la damnation, soutenant au passage que le commerce, l’agriculture, les échanges entre les royaumes qui préexistaient dans le continent avaient été perturbés par la stratégie qui consistait à pousser les populations locales vers les lieux de mise en valeur des entreprises coloniales, rompant de ce fait cet équilibre qui l’avait émerveillé au cours de ses voyages. L’Ecossais enrayait parallèlement le mythe du « bon sauvage » et mettait en exergue les bons et les mauvais côtés du Noir qui, à ses yeux, n’était pas si différent du Blanc ».
MungoPark 1771-1806
http://en.wikipedia.org/wiki/Mungo_Park_%28explorer%29
René Caillié, Voyage à Temboctou... Internet Archive
« René Caillié, considéré en France comme l’homologue de Mungo Park, publia son Voyage à Tombouctou en 1830, huit ans avant sa mort. L’explorateur français avait, lui, effectué plusieurs voyages en Afrique, au Sénégal et en Egypte, apprenant scrupuleusement les langues locales. Il se rendit dans le Fouta-Djalon, jusque sur le haut Niger avant de progresser vers Djenné et Tombouctou. Le nom de Tombouctou dans le titre de son livre laisserait penser, à tort, qu’il avait consacré une étude approfondie de la légendaire et mystérieuse cité. Mais il avait fait l’essentiel, et il pouvait valablement toucher la prime alléchante qui avait été promise en ce temps par la Société de géographie de Paris au premier Européen qui se rendrait dans ces lieux, et les spécialistes de la littérature coloniale associent souvent le coup d’envoi de la littérature française d’exploration africaine à son ouvrage ».
RenéCaillé 1799-1838 #Temboctou
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Cailli%C3%A9
http://archive.org/details/journaldunvoyage01cail
http://archive.org/details/journaldunvoyage02cail
.
1 - Mabanckou au Collège de France
- Alain Mabanckou, chaire de Création artistique, Collège de France
Leçon inaugurale le 17 mars 2016
fichiers audio et vidéo
http://www.college-de-france.fr/site/alain-mabanckou/inaugural-lecture-2016-03-17-18h00.htm
http://www.college-de-france.fr/media/presse/UPL181793705361781418_DP_A_Mabanckou.pdf
extraits dans Le Monde
« Comment justement entrer dans la mondialisation sans perdre son âme pour un plat de lentilles ? Telle est la grande interrogation de cette littérature africaine en français dans le temps présent...
J'appartiens à cette génération-là. Celle qui s'interroge, celle qui, héritière bien malgré elle de la fracture coloniale, porte les stigmates d'une opposition frontale de cultures dont les bris de glace émaillent les espaces entre les mots, parce que ce passé continue de bouillonner, ravivé inopportunément par quelques politiques qui affirment, un jour, que " l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire " et, un autre jour, que la France est " un pays judéo-chrétien et de race blanche ", tout en évitant habilement de rappeler que la grandeur du pays en question est aussi l'œuvre de ces taches noires, et que nous autres Africains n'avions pas rêvé d'être colonisés, que nous n'avions jamais rêvé d'être des étrangers dans un pays et dans une culture que nous connaissons sur le bout des doigts. Ce sont les autres qui sont venus à nous, et nous les avons accueillis à Brazzaville, au moment où cette nation était occupée par les nazis ».
Lettres noires : des ténèbres à la lumière, la leçon inaugurale d'Alain Mabanckou au Collège de France, est à paraître chez Fayard en avril 2016
« Je n’aurais pas accepté cette charge si elle était fondée sur mes origines africaines », Alain Mabanckou Le Monde, 17.03.2016
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/03/17/je-n-aurais-pas-accepte-cette-charge-si-elle-etait-fondee-sur-mes-origines-africaines_4885195_3212.html
à suivre : Olfert Dapper, Mungo Park et René Caillié
Littérature africaine et bonnes manières - La suite dans les idées, 19.03.2016
Au salon du livre, Alain Mabanckou sur l'histoire politique et sociale de la littérature africaine et de sa réception en France.
http://www.franceculture.fr/emissions/la-suite-dans-les-idees
Alain Mabanckou
.