Faire mentir les cartes numériques
« Comment faire mentir les cartes »
« How to Lie with Maps »
réédition en 2019 de l'ouvrage de Mark Monmonier
dans la nouvelle introduction, Christian Grataloup appelle à la vigilance.
Sylvain Genevois conclut : « Une chose est sure : à l'ère du numérique, il convient de continuer à décrypter les cartes, à déchiffrer l'information, à interroger les sources de données, à analyser leurs traitements et à décoder les nouvelles formes de data- ou de géo-visualisation ».
blog Cartonumérique, 14.04.2019
http://cartonumerique.blogspot.com/2019/04/faire-mentir-les-cartes.html
L'article cite :
- Maarten Lambrechts, The essential lies in news maps, 8 February 2019
http://datajournalism.com/read/longreads/the-essential-lies-in-news-maps
- La cartographie 2.0, vers une approche critique d’un nouveau régime cartographique.
Thierry Joliveau, Matthieu Noucher, Stéphane Roche.
L’Information géographique, Armand Colin, 2013, 77
http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00923443/document
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Thierry Joliveau : Où est Charlie ?
Typologie des aires urbaines / Nombre de manifestants.
Thierry Joliveau, UJM - Philcarto, 22.05.2015 - blog mondegeonumerique
Pour E. Todd, les manifestations massives du 10 et 11 janvier ne seraient pas l’expression de l’esprit des lumières.. mais l’expression d’une crise identitaire, de l’émergence d’un bloc MAZ (classes Moyennes, personnes Âgées, catholiques Zombies) qui entend se dresser contre l’islam
Thierry Joliveau a repris les données de E. Todd, en discute les résultats, critique l’insuffisance de ses interprétations et en propose d’autres.
version « courte » sur le blog Monde Géonumérique et liens vers les données
http://mondegeonumerique.wordpress.com/2015/05/19/ou-est-charlie-et-si-les-cartes-du-11-janvier-demmanuel-todd-montraient-tout-autre-chose/
version longue au format pdf
https://app.box.com/s/xrqntsap93no7gbnqemhlrmwzyfk3g4z
les données
http://mondegeonumerique.wordpress.com/divers/donnees-et-analyses-sur-les-manifestations-de-10-11-mai-2015/
L’ensemble des données sont aussi consultables sur une carte
http://arcg.is/1Kvx2kp
extrait :
« Une autre piste d’explication
est moins originale, moins anthropologique et fracassante, mais plus pragmatique et peut-être plus juste.
Les aires urbaines qui ont le moins manifesté sont celles qui sont les plus ouvrières, les moins diplômées, où le chômage est le plus élevé et où l’on vote le plus pour le Front National, tous ces critères ayant tendance à être associés entre eux. Cela ne veut pas dire que les chômeurs, les ouvriers, les non diplômés et les électeurs du Front national n’ont pas manifesté, mais que ce cocktail d’indicateurs est associé dans les lieux avec la mobilisation dans les manifestations.
Quel sens cela peut-il avoir ? Peut-on envisager que la faible participation aux manifestations du 10-11 janvier se situe en continuité directe du désintérêt envers les institutions, la vie politique traditionnelle, les élections et le débat politique classique ? La corrélation avec le taux d’abstention aux élections et le vote Front National peuvent être vus comme un signe de cette distance au système politique « classique » dans les zones marquées par une forte pauvreté, un fort chômage et une sortie rapide du système scolaire.
Ce que montrent ces cartes c’est donc peut-être d’abord la variation locale de ce sentiment citoyen, de cette conscience ou de ce sentiment de faire partie de la Cité, qui conduit à venir occuper la rue un jour de janvier, cet espace public concret perçu ce jour-là comme le prolongement logique de l’espace public abstrait de la délibération politique nationale ».
rappel : Le simplisme d’Emmanuel Todd démonté par la sociologie des « Je suis Charlie »
Vincent Tiberj et Nonna Mayer, Le Monde 19.05.2015
http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/05/19/
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Mappemonde : Science, espace et cartes
Mappemonde 110, dossier La science, l'espace et les cartes
http://mappemonde.mgm.fr/num38/index.html
dont
- Construire une géographie de la science, Denis Eckert et Myriam Baron
- Les communautés savantes européennes à la fin du siècle des Lumières, René Sigrist
- Chacun sa carte? Le nouveau Google Maps, Thierry Joliveau
- Les Cartes des Cassini, Monique Pelletier. CR Brunet
Localisation des membres et correspondants des six principales académies européennes, vers 1778 - Laurent Jégou 2013
Géomatique et NéoGéographie
Open Street Map : http://openstreetmap.org
Géomatique : la révolution numérique - Le Monde Sciences
- Entretien avec Thierry Joliveau (université de Saint-Etienne),
extrait :
« L'information géographique connaît un bouleversement rapide dans ses techniques de production et de diffusion mais aussi dans son économie générale. La cartographie était historiquement une mission de l'Etat liée à la défense et à l'aménagement du territoire national. Né avec les Cassini il y a plus de deux siècles et demi, en France, la cartographie a longtemps été impulsée par la puissance publique, même si des acteurs privés y ont joué un rôle important.
Avec les outils modernes de la géomatique puis de la néogéographie et du géoweb, les acteurs impliqués dans l'information géographique sont maintenant très diversifiés : collectivités locales, sociétés privées, groupes associatifs, individus... »
Thierry Joliveau est l'auteur du blog Mondegeonumerique - http://mondegeonumerique.wordpress.com/
Il a été souvent cité dans cette revue de presse (cf le monde selon Facebook, la critique de la carte de Paul Butler)
- La révolution numérique - Le Monde Sciences
http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/05/06/cartographie-la-revolution-numerique_3171889_1650684.html
L'article décrit les méthodes de travail de l'IGN, de Google et d'Open Street Map.
L'IGN privilégie la vérification des données, redessine la France au 1/25000e, et annonce Scan Express, un service à destination des collectivités. http://www.ign.fr/
En 2005, avec Google Maps, Google a simplifié des outils réservés jusque-là aux professionnels pour les mettre au service du public. Tomtom et Nokia ont suivi dans le domaine commercial. https://maps.google.fr/
OpenStreetMap (OSM) a permis à un million de volontaires de construire, en quelques années, une carte mondiale libre de droits et de l'actualiser en temps réel. http://openstreetmap.org
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Mobiles : carto des appels
source : http://www.paristechreview.com/2011/11/15/telephone-portable-cartes/
- Le téléphone portable redistribue-t-il les cartes ?
une étude de chercheurs de Louvain et d'Orange Labs - 15 Novembre, 2011
http://www.paristechreview.com/2011/11/15/telephone-portable-cartes/
« Le trafic téléphonique (mobile et fixe) montre que 80% d’appels vont vers des correspondants qui habitent à moins de 50 km. On le sait bien, les liens d’affinité (construits à l’école, au travail, dans le voisinage…) sont encadrés par la géographie ».
« Les découpages abstraits et purement administratifs comme celui des régions conditionnent fortement les échanges entre personnes. Le rêve technocrate serait-il devenu réalité ? »
- Le Monde du 17.12.2011 fait référence à ce travail : « Le mobile, reflet des frontières françaises »
Copie sur le webpedagogique
« A taille égale, deux villes distantes de 100 kilomètres échangent cent fois moins de communications que deux villes distantes de 10 kilomètres ».
- Le 22 est-il toujours à Asnières ? Notes sur une cartographie des communications par mobile en France
Blog de Thierry Joliveau - 20/12/2011 - http://mondegeonumerique.wordpress.com/
« Le volume d’appels échangés entre deux lieux est inversement proportionnel au carré de la distance entre ces lieux ».
« La carte que l’on obtient coïncide de manière très forte avec le découpage régional français »
parmi les autres sujets traités par Thierry Joliveau :
Ce que votre projection favorite dit de vous
Un retour vers le futur. Et si on explorait les espaces imaginaires…
24 – Saison 8 : inventaire des techniques géonumériques
500 millions d’amis, la carte de Facebook – 3) Evolution
- Une autre représentation cartographique des liaisons téléphoniques (J Schielbling)
http://clioweb.free.fr/carto/bn/bntel.jpg
- Le Webpedaogique : les cartes heuristiques, vous connaissez ? (mindmaps)
http://lewebpedagogique.com/le-blog/connaissez-vous-les-cartes-heuristiques-ou-mind-maps/
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Facebook, le refus du conflit
- Le candidat ump, repenti de l’Hadopi. Lors du lancement hier du Conseil national du numérique (CNN), NS a pointé les failles de l’autorité qu’il a lui-même voulue.
http://www.liberation.fr/medias/
- Qui regarde mon profil ?
D'après le blog Bigbrowser, une option de Facebook masquerait un ver qui permettrait à logiciel malveillant de récupérer des données privées sensibles.
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2011/04/19/
- Maman, tu m'ouvres un compte ? (Le Monde) - Facebook m'a tuer (A des Isnards et T Zuber, les auteurs présentent leur ouvrage dans La Manche libre), …
Dans une presse qui balance toujours entre l’extase et l’effroi, Facebook est très présent depuis quelques mois et a supplanté Google et Wikipedia comme cible privilégiée. D’un côté, les rédactions vantent et accompagnent le succès commercial avec des chiffres approximatifs, en font un des acteurs des mutations politiques dans le monde arabe, de l’autre, elles dénoncent les dérives (apéritifs) et les dangers pour la vie privée, en particulier chez les adolescents sont mis en avant. Ce qui ne les empêche pas d’utiliser Facebook (ou Twitter) pour tester la popularité des articles souvent rédigés par des pigistes.
Nos amis sont ses amis - « Malgré les pressions constantes des utilisateurs, Facebook a du mal à améliorer les systèmes de protection de la vie privée de ses utilisateurs », écrit Yves Eudes (Le Monde 03/02/2011), « peut-être parce que son business model et toute sa culture d'entreprise sont orientés dans l'autre sens : l'exploitation des données personnelles à des fins commerciales, et la vente de ce trésor de guerre à des partenaires extérieurs ». A Amiens, le patron d'une petite société de sécurité informatique a montré les limites de la sécurisation annoncée par les dirigeants de Facebook.
- A l'école, Facebook suscite des réactions contradictoires. Peut-on être ami avec ses élèves ? interroge un auteur dans le dossier Le Web 2.0 et l'école, publié par les Cahiers pédagogiques (juin 2010). En Virginie, au prétexte de la lutte contre la pédophilie... le comité chargé des questions d'éducation veut interdire les échanges entre professeurs et élèves sur Facebook, par SMS ou en messagerie instantanée. Le Monde 10/01/2011
http://www.cahiers-pedagogiques.com/spip.php?article6862
- Dans un article publié par Le Débat n° 163 (janv-fev 2011) , Jérôme Batout se sert du film The Social Network pour souligner un paradoxe : Facebook est une entreprise qui fait commerce de données privées et tire profit de l'affichage d'une sociabilité de façade (" j'aime " pour " I like ", xxl est mon " ami "...), sur le modèle de l'overfriendly, une manière de faire société dans quelques campus américains réputés. Or ceux qui sont à l'origine de l'entreprise ont tous été marqués par une rupture : déceptions sentimentales, conflits d'affaires, démêlés en justice.. « Le film met en scène l'accumulation prodigieuse de coups fourrés, de dissimulations, de vengeances... »
Selon lui, Facebook est fondé sur le refoulement de toute forme de conflit. Tout ce qui pourrait exprimer le commencement d'un désaccord est découragé. En cas de divergence, par peur d'engager le débat (ou par incapacité) , on préfère laisser pourrir la situation, jusqu'au point extrême de la rupture. Les seules issues envisagées résident dans le déni et dans la fuite : on peut bloquer le compte d'un internaute, on peut faire supprimer un contenu (en le dénonçant de façon anonyme).
C'est oublier que la dimension conflictuelle est normale dans la formation d'une personnalité, dans la vie sociale, dans la vie publique. Que deviendrait la démocratie si les désaccords n'étaient jamais assumés et si le compromis n'était pas patiemment recherché ?
- rappel : Facebook, la carte de Paul Butler.
Voir sa déconstruction par Thierry Joliveau et les cartes alternatives proposées sur le blog Monde Geonumérique.
http://clioweb.canalblog.com/tag/geonumerique
Le monde selon Facebook
Dans un article publié par Le Débat n° 163 (janv-fev 2011) , Jérôme Batout se sert du film The social network pour souligner un paradoxe : Facebook est une entreprise qui fait commerce des données privées et tire profit de l'affichage d'une affinité de façade (« j'aime », x est mon « ami »...). Or ceux qui sont à l'origine de l'entreprise ont tous été marqués par une rupture : conflit sentimental entre MZ et sa copine, conflit d'affaires entre MZ et les jumeaux Winklevos, démêlés en justice avec un autre associé.. « Le film met en scène l'accumulation prodigieuse de coups fourrés, de dissimulations, de vengeances...»
JB constate que Facebook clive l'espace public comme aucun autre site internet ne l'a fait...Un site qui prétend avoir attiré 500 millions d'internautes doit nécessairement mettre le doigt sur un formidable besoin social. Mais « cette puissante adhésion suscite en même temps un féroce rejet ».
Il ajoute que Facebook, le résultat d'une succession de conflits mal maîtrisés, est fondé sur le refoulement de toute divergence et de toute forme de conflit.
L'affichage des affinités de surface est survalorisée, sur le modèle de l'overfriendly, une manière de faire société peut-être habituelle à Harvard ? Tout ce qui pourrait exprimer le commencement d'un désaccord est découragé. En cas de divergence, par peur d'engager le débat (ou par incapacité) , on laisse pourrir la situation, jusqu'au point extrême de la rupture. Or la dimension conflictuelle est normale dans la vie sociale, dans la vie d'une démocratie, dans la formation d'une personnalité. A force de l'éviter et de la refouler, on pousse la crise à son paroxysme et on débouche sur une impasse. Les seules sorties envisagées alors résident dans le déni et dans la fuite : on peut bloquer un internaute, on peut faire supprimer un contenu en le signalant de façon anonyme.
JB interroge l'application d'une telle philosophie à la société et à la vie publique.
Que serait une société faite uniquement de l'addition des groupes d'affinités superficielles ?
Il termine par 4 questions :
- D'où vient une telle volonté de refoulement du conflit ?
- Le refoulement du confit conduit inexorablement à la radicalisation. Quels dangers, individuels et publics en résultent ?
- Que peut-on entreprendre pour favoriser la ré-appropriation de cette dimension conflictuelle ?
- Le conflit et le compromis sont au cœur de la démocratie. Que devient cette démocratie quand le conflit est systématiquement évité et refoulé ?
rappel :
- Facebook, un cas d'école, le lien vers l'analyse critique par Thierry Joliveau en trois articles de la carte de Paul Butler
http://clioweb.canalblog.com/archives/2011/02/04/20302536.html
Facebook, un cas d'école
Nos amis sont ses amis - D'après Le Monde, « Les patrons de Facebook répètent sans arrêt que tout est parfaitement sécurisé. John Jean est le patron d'une petite société de sécurité informatique baptisée Wargan, qu'il a fondée quand il avait 20 ans, à Amiens (Somme), sa ville natale. Il a voulu vérifier les affirmations de Facebook. Avec 500 lignes de code, il a montré les limites de cette sécurisation ».
« Malgré les pressions constantes des utilisateurs, Facebook a du mal à améliorer les systèmes de protection de la vie privée de ses utilisateurs, peut-être parce que son business model et toute sa culture d'entreprise sont orientés dans l'autre sens : l'exploitation des données personnelles à des fins commerciales, et le partage (la vente ?) de ce trésor de guerre avec des partenaires extérieurs » écrit Yves Eudes dans Le Monde 03/02/2011
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- Facebook, la carte de Paul Butler.
Analyse en 3 articles par Thierry Joliveau sur le blog Monde Géonumérique
1 - déconstruction de la carte -
2 - Analyse globale et reconstruction en corrigeant certains biais
3 - Analyse de l'évolution de l'emprise spatiale de Facebook
source : Blog Monde Géonumérique
Paul Butler est stagiaire chez Facebook, le site de commerce des données privées. Il a publié le 14 décembre 2010 sur Facebook Engineering une très belle carte des connexions entre les membres du site. … Thierry Joliveau décortique les biais que comporte cette carte : « cela relativise un peu la folie Facebook tout en mesurant la formidable puissance du site ».
« C’est un bel objet, tant technique qu’esthétique », le fond bleu est « apaisant et rassurant, symbole d’un horizon dégagé et d’une ambiance tranquille de vacances en bord de mer »... « Les liaisons longue distance ont été détournées sur les bords du planisphère... Cela les met en évidence alors qu’elles sont statistiquement peu signifiantes. Elles ont aussi le mérite de remplir les zones où la présence de Facebook est faible, en Asie continentale par exemple… »
A la fin de la décennie, « Facebook occupe déjà la majeure partie des zones hyperconnectées du monde, Japon et Europe orientale exceptés », mais il n’est pas le seul réseau social (Orkut au Brésil, Qzone en Chine, Vkontakte en Russie… Et il n’arrive pas à s’implanter au Japon.
« On constate que Facebook ne concerne qu’une faible partie des zones densément peuplées de la planète et délaisse les zones où se concentrent les plus pauvres en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Ce n’est pas un scoop, mais il était important de le rappeler. Dans de nombreux cas, ces populations n’ont même pas accès aux bases du confort ni à un logement décent. Elles n’ont pas forcément l’électricité. Alors, Facebook… »
suite : 02/11/2011 : Des pays sans Facebook - Mouna El Mokhtari - blog Webdorado
La Chine, la Russie, la Corée du Sud ou encore le Japon, des pays dans lequel le réseau social américain n’a pu pénétrer le marché : des acteurs nationaux sont déjà bien établis.
http://www.webdorado.fr/2011/11/02/reseaux-sociaux-ou-facebook-nest-pas-utilisé
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