Une double formation au métier
- Rapport Grosperrin : coup de force contre le service public d’éducation !
Parmi les actions de Marie-Hélène Amiable, députée :
. Le 1er février 2012
extraits :
« Aujourd'hui, vous vous faites la plume du ministre pour contourner la décision du Conseil d'Etat du 28 novembre 2011 et directement modifier le code de l'éducation »
« Je peux néanmoins vous dire notre opposition résolue à la dissolution des missions des IUFM, à une possible privatisation de la formation des enseignant-e-s, au remplacement du cahier des charges auquel est actuellement tenue de répondre la formation des maîtres par un simple référentiel même si, preuve de votre hâte, vous nous proposez un amendement aujourd'hui. Nous nous opposerons aussi à l'abrogation des références faites aux formations théorique et pratique, aux formations initiale et continue des maîtres - car enseigner est un métier- ainsi qu'à l'obligation de formation après leur recrutement des enseignant-e-s des établissements d'enseignement technologique ».
http://mhamiable.fr/site/document/20120201_intervention_commission_amiable_pn_formation_maitres.pdf
. Le 7 décembre 2011
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article5194
- Contestation !
Communiqué de presse de La Conférence des directeurs d’IUFM - 31 janvier 2012
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?page=backend
http://www.cdiufm.fr/
La Conférence des directeurs d’IUFM a formulé 22 propositions pour mettre en place une véritable formation au métier d'enseignant. « Les 22 propositions font le choix initial de définir le terrain. C’est celui de la formation universitaire professionnelle des enseignants et c’est à partir de lui que se construit la démonstration ».
http://www.cdiufm.fr/billets-du-president/article/les-22-propositions-de-la-cdiufm
Une formation universitaire et professionnelle des enseignants
Les 22 propositions de la conférence :
http://www.cdiufm.fr/IMG/pdf/CDIUFM-22-propositions.pdf
Proposition 1 : Dissocier le recrutement et la formation universitaire des enseignants.
Proposition 2 : Construire un dispositif piloté par la formation et non par le concours.
Proposition 3 : Confier à l’Université la formation des enseignants des premier et second degrés et des conseillers principaux
d’éducation dans toutes ses dimensions, académiques, professionnelles et de recherche.
Proposition 4 : La formation initiale est placée sous la responsabilité de l’Université. L’année d’entrée dans le métier qui lui fait suite est placée sous la responsabilité de l’employeur.
Proposition 5 : Assurer une formation continue des enseignants qui soit certifiante ou diplômante et prise en compte par l’employeur dans la carrière des personnels.
Proposition 6 : Intégrer des stages en établissement de façon progressive tout au long du cursus, dans une véritable alternance
avec les enseignements, notamment disciplinaires, dispensés à l’Université.
Proposition 7 : Intégrer la recherche de façon progressive tout au long du cursus dans une véritable articulation avec les problématiques d’enseignement.
Proposition 8 : Intégrer la mobilité internationale sur des durées non contraintes par des épreuves de concours.
Proposition 9 : Organiser un dispositif en quatre années, de la deuxième année de licence à la fin du master.
Proposition 10 : Diversifier les conditions et modalités d’entrée en formation et favoriser les passerelles.
Proposition 11 : Mettre en place, à partir de la deuxième année de licence (L2), des parcours dédiés aux métiers de l’enseignement.
Proposition 12 : Gérer les flux par une orientation progressive dès la fin de première année de licence (L1) en fonction d’un plan pluriannuel de recrutement des enseignants et conseillers principaux d’éducation établi par l’employeur.
Proposition 13 : Mettre en place un référentiel national de formation des enseignants que les universités doivent respecter dans l’élaboration des diplômes. Ce référentiel structure le cahier des charges organisant la contractualisation des formations.1
Proposition 14 : Créer une mention « enseignement, éducation, formation » dans la nomenclature ministérielle.
Proposition 15 : Créer une commission pédagogique nationale, qui inclut nécessairement des représentants des ministres
concernés, des professions et de l’Université. Cette commission pédagogique labellise les formations et a en
charge la responsabilité du cahier des charges et son adéquation au référentiel. Elle veille à la cohérence de la
carte nationale des formations et peut alerter les autorités de tutelle.
Proposition 16 : Renforcer les conditions de fonctionnement d’équipes pluri catégorielles de façon à favoriser le caractère professionnalisant de la formation. La mission de contribution à la formation des enseignants, sous la responsabilité de l’Université, doit être réaffirmée dans le statut des enseignants du scolaire.
Proposition 17 : Consolider les IUFM comme écoles universitaires professionnelles au sein de l’Université, à vocation interuniversitaire et académique. Ces écoles relèvent d’une structuration nationale (réseau des écoles, respect du cahier des charges) ; elles relèvent par ailleurs d’une structuration locale relative à la formation, à la recherche et à l’insertion professionnelle pour les métiers de l’éducation, de l’enseignement et de la formation.
Proposition 18 : Les ressources humaines et financières affectées à l’université pour la formation des enseignants sont celles qui
permettent de répondre au cahier des charges défini sur la base du référentiel national.
Proposition 19 : Développer le continuum de formation des enseignants par des initiatives en lien avec la spécificité des territoires.
Proposition 20 : Mettre en place une offre coordonnée de formation au sein de chaque région et sur le territoire national.
Proposition 21 : Instaurer une contractualisation entre universités, Éducation nationale et collectivités territoriales dans chaque
académie, précisant de manière pluriannuelle les besoins à couvrir, les objectifs à atteindre et les moyens
complémentaires alloués.
Proposition 22 : Accompagner financièrement les étudiants inscrits dans les divers cursus d’accès au métier d’enseignant.
.
Une victoire de Napoléon ? Waterloo...
- « Citez une victoire de Napoléon ?
- Waterloo... ! ! »
La source de cette anecdote, ce n'est ni le dernier défenseur de Louis XIV et de l'histoire bataille, ni une des nombreuses campagnes menée par une officine d'extrême droite contre un enseignement jugé trop marxiste.
Mais Alain Decaux que le magazine Historia a sollicité pour « Sauver l'Histoire » (à nouveau ...)
(La citation date de 1980. C'est une réponse de « collégiens de la banlieue Nord » à G Durand).
A l'époque, l'enjeu, c'était l'affrontement entre les tenants d'une histoire classique et les adeptes des activités d'éveil à l'école primaire. Lire Enseigner l'Histoire. Analyse historique d'un malaise, un article de Maurice Crubellier - revue Histoire de l'Education, N°26, mai 1985. http://www.inrp.fr/publications/
[pas simple d'arriver à cette mention courte ! De plus le texte en pdf ne comporte ni date ni mention de la source...]
Aujourd'hui, l'enjeu pour Historia ce n'est pas le rétablissement de l'HG en Term S (option marketing), mais plutôt la survie d'un roman national étriqué (le magazine qui a le même proprio que Le Point (et L'histoire) publie un dossier sur « Etre Français »... :-):-)
A côté de Decaux, plusieurs « « spécialistes reconnus » » ( sic et resic ) de l'écriture de l'histoire et de l'histoire scolaire interviennent : Gonzague Saint-Bris, Stéphane Bern, Jean-Christian Petitfils, (B Stora est aussi dans cette galère et JJ Aillagon y vante sa décision de construire Pierrefitte).
.
JC Petitfils, l'homme de «« L'évasion »» de Louis XVI (France 2) n'y va pas de main morte :
« L’enseignement de l’Histoire est pavé de bonnes intentions. Dans le tournis vibrionnaire des réformes pédagogiques et programmatiques qui se sont multipliées ces dernières années…ce qui ressort avant tout, ce sont les bons sentiments. Ils émanent de quelques têtes pensantes de l’EN, qui qq soit le ministre, finissent de groupe de travail en commission ou en conseil supérieur par imposer leurs vues ... »
« Revenons à l'enseignement de l'Histoire tel qu'il est conçu par les officines pédagogiques du ministère ... comment ne pas voir [que derrière les bonnes intentions et les bons sentiments affichés] il n'est que le reflet navrant des renoncements... qui façonnent si mal notre société : perte du sentiment d'appartenance à une communauté de destin, ébranlement de la cohésion sociale, déclin des valeurs de la République... »
« L'espoir réside peut-être entre les lignes ... des directives officielles. Il est d'excellents professeurs, dévoués, attachés à faire revivre, à expliquer, à donner le goût de comprendre, quitte à approfondir plus tard »... La solution... pour JCP : quelques vieux Dumas et une « bonne revue »...
Le CVUH a réagi à la campagne de D Casili (Louis XIV ou bien l’histoire de l’Afrique). Antoine Perraud complète la charge dans Médiapart. http://cvuh.free.fr/spip.php?article252 - http://www.mediapart.fr/article/offert/
.
Les discours de déploration sont à la mode, toujours confortés par des anecdotes personnelles.
2 remarques entendues récemment :
. « A l'entrée en 6e, 1/3 (sic) des élèves ne sont pas au niveau » dit une prof qui enseigne en collège
. « Les étudiants en histoire [donc les lycéens d’hier], ce n'est pas le souci de la chronologie qui les écrase...» poursuit un universitaire de renom ...
Passons sur cette nouvelle illustration de la cascade du mépris entre les cycles scolaires. On peut aussi négliger les habituels micro-trottoirs dans les médias paresseux : les réponses qui ne tiennent pas en 15 secondes ou qui ne cadrent pas avec la « vérité » mise en scène par le présentateur passent à la poubelle.
.
Il reste au moins quatre enjeux :
- « Ces lycéens britanniques qui ne savent rien de la Shoah », titre dans Rue 89 un jeune journaliste, ancien assistant de langue. http://www.rue89.com/blog-belfast/2010/12/04/
S'ils ne savent rien, ce n'est pas la faute des profs, mais celle de la mise en option et d'une spécialisation hâtive. Pour l'histoire, en France, Fontanet avait tenté le coup sous Pompidou...
.
- La chronologie ? Lire le commentaire de Mathieu Ferradou sur le Mur de la Page Facebook de La Fabrique, le 1er décembre : « Nos dirigeants savent-ils que les élèves du collège sont chargés d'apprendre des "dates repères" sur lesquelles ils sont interrogés au brevet en fin de 3e ? ». La tendance habituelle consiste à enjoliver le passé. 1515, hier, tout le monde connaissait ! Connaissait quoi ? Le numéro de téléphone ? Les détails de l'histoire militaire ?
«... Dans les souvenirs, il y a toujours de la neige à Noël ... il n'y en avait peut-être pas... mais ça n'a pas d'importance : on s'imagine qu'il y en avait. Et donc il y en avait » ironise Alain Rémond dans Marianne, 11/12/2010
Pourquoi aussi cette tentation permanente de généraliser à partir de cas caricaturaux ? Beaucoup d'élèves peuvent avoir des problèmes avec la chronologie, surtout si l'apprentissage donne plus de place à la mécanique qu'au sens de ce qui est à maîtriser. Mais beaucoup ont une maîtrise sans doute meilleure que celle de leurs parents.
.
Le troisième, c'est la division du travail politicien. Les anciens d'Occident n'ont pas brillé ces dernières années sur le théâtre politique hexagonal. Certains ont même été remerciés lors du dernier remaniement. Mais en parfaits déclinistes, ils savent activement lancer des SOS et mener campagne médiatique. Tant pis si l'opinion accepte d'être trompée.
La tactique (utile à qui veut noyer son chien ...) a remarquablement marché pour le démantèlement des IUFM et la suppression de la formation professionnelle initiale (au nom d'un hypothétique « compagnonnage » maquillant une gestion inhumaine à courte vue et des économies de bouts de chandelle sur un secteur essentiel).
.
- Le dernier danger ?
Ce n'est pas la mort de la chronologie.
Ce serait plutôt le choc des conceptions opposées et irréconciliables de l'histoire, et donc la difficulté à enseigner et apprendre la pluralité des lectures au sein d'une démocratie.
Le danger, pour les jeunes esprits, c'est l'addition délirante des exigences de tous les lobbies (cf l'épisode récent de l'histoire de la libération de la Corse à mentionner obligatoirement dans tous les manuels !!). Le résultat, ce sont des programmes totalement démesurés pour un enfant de CM, ou, au lycée, des manuels qui dépassent couramment les 300 pages (ceux de Géo pour la Terminale ES et L font 340 pages chez Magnard et 350 pages chez Belin )...
Pitié pour les élèves (et leurs profs...)