Le procès Eichmann : la médiatisation
source : Eichmann:Trial as National Catharsis (June 8, 1961)
USHMM Holocaust Encyclopedia
http://tinyurl.com/eichmann-trial
- A Jérusalem, le procès Eichmann est pensé comme un « Nuremberg du peuple juif ».
Il faut constituer le génocide des juifs en événement singulier, il faut souligner l’unicité du peuple juif
Le procès s’ouvre le 11 avril 1961 à la Maison du Peuple de Jérusalem.
Le procureur est Gideon Hausner, Eichmann est défendu par l'avocat allemand Robert Servatius.
The prosecution case was presented over the course of 56 days, involving hundreds of documents and 112 witnesses (many of them Holocaust survivors)
http://en.wikipedia.org/wiki/Adolf_Eichmann
Près de 450 places sont réservées aux journalistes, israéliens ou étrangers. La médiatisation exceptionnelle fait de ce procès un événement fondateur. Le procès est filmé par Leo Hurvitz. De larges extraits de Nuit & Brouillard, le chef-d’oeuvre d’Alain Resnais sont projetés lors de ce procès.
Eichmann est condamné à mort le 15 décembre 1961, exécuté dans la nuit du 31 mai 1962
- « Le Moment Eichmann » questionné par les historiennes Sylvie Lindeperg et Annette Wieviorka
Télérama 14.01.2016
http://television.telerama.fr/television/le-moment-eichmann
- Le moment Eichmann - Sylvie Lindeperg, Annette Wieviorka dir. Albin Michel 2016
http://www.albin-michel.fr/201601/COLLECTIF-Le-moment-Eichmann
Introduction
Beth Mishpat ! Ce que fut le procès d’Adolf Eichmann
Sylvie Lindeperg et Annette Wieviorka
Échos et relais
1. Chroniques judiciaires
Isabelle Delpla
2. Eichmann sur les ondes : la radio et la fabrique d’un procès historique
Amit Pinchevski, Tamar Liebes et Ora Herman
3. Hurwitz à Jérusalem : du procès comme série télévisée
Sylvie Lindeperg et Annette Wieviorka
4. Une époque devant le tribunal. Le procès Eichmann à la télévision d’Allemagne fédérale
Judith Keilbach
5. De l’écriture de l’histoire : le documentaire face au prétoire
Julie Maeck
6. Le procès de Jérusalem et la représentation de la Shoah en URSS
Vanessa Voisin
7. Le procès Eichmann à la télévision américaine
Jeffrey Shandler
8. Traumatisme à la Cour
Shoshana Felman
Empreintes et postérités
1. Eichmann à Jérusalem : confection, statut et réception du texte
Michèle-Irène Brudny
2. De l’usage de l’archive dans Un spécialiste
Stewart Tryster
3. Reprise de vues, rigueur historique et licence poétique : à propos d’un remake du procès Eichmann
François Niney
4. Adolf Eichmann sur les écrans allemands : entre docu-drama et docu-fiction
Matthias Steinle
5. L’empreinte du procès Eichmann dans le cinéma israélien
Ophir Levy
- Nuit et Brouillard à Jérusalem,
d'après Lindeperg, Nuit et Brouillard, un film dans l'histoire.
http://clioweb.free.fr/chronique/aphg405.pdf
- Isabelle Delpla, Le mal en procès. Eichmann et les théodicées modernes, Paris, Hermann, 2011 -
CR pour La vie des idées
http://www.laviedesidees.fr/Retour-sur-le-proces-Eichmann.html
.
Nuit et Brouillard, ce soir sur HD1
La chaîne HD1 a diffusé le dimanche 1er février, à minuit, Nuit et Brouillard,
le chef d'oeuvre d'Alain Resnais en 30 minutes,
avec un texte de Jean Cayrol lu par Michel Bouquet, musique d'Hanns Eisler.
Le film est une commande du Réseau du souvenir et du Comité d'histoire de la 2GM,
après l'exposition de la rue d'Ulm « Résistance, Libération, Déportation » (nov 1954-jan 1955).
Il est financé en partie par les ministères de l'éducation et des anciens combattants.
voir également :
La déportation dans les camps nazis :
http://clioweb.free.fr/camps/deportes.htm
http://clioweb.free.fr/camps/deportation1.htm
http://clioweb.canalblog.com/tag/auschwitz
Le Cercle d'étude : http://www.cercleshoah.org/
Dans Télérama, François Ekchajzer répète l'attaque simpliste habituelle (« pas de juif » dans le commentaire)
de ceux qui oublient qu’un film ce sont aussi des images, par exemple celles du convoi de Westerbork
[Resnais n'avait pas accès aux images des militaires français].
FE laisse aussi planer une ambiguïté sur le képi (une exigence de la gendarmerie française) ...
Il mentionne « Nuit et Brouillard, Face aux fantômes » un docu de Jean-Louis Comolli et Sylvie Lindeperg
et « Nuit et brouillard, un film dans l'histoire », l’ouvrage de référence de l'historienne (2007).
http://clioweb.free.fr/camps/lindeperg.htm
.
http://clioweb.free.fr/camps/nuitetbrouillard.htm
Y lire comment un film sans juif est exploité lors du procès Eichmann,
utilisé en classe en France (en 16 mm en noir & blanc, puis en VHS
et aujourd'hui en couleurs en DVD, avec pause possible pour l'analyse des images)
diffusé par la TV française en 1980 après l’attentat de la rue Copernic,
ou distribué en cassettes VHS après la profanation de Carpentras.
Ou encore déstructuré par une chaîne de TV américaine en 1959...
En mars dernier, j'avais regroupé quelques réponses aux détracteurs de ce film,
http://clioweb.canalblog.com/archives/2014/03/06/29373720.html
Une formule récurrente peut lasser :
« redécouvrir ce film hors du cadre scolaire
et de la pompe mémorielle permet d'en apprécier la valeur intrinsèque »
« Hors du cadre scolaire ? »
Pourquoi ce dénigrement systématique du travail mené dans les classes ?
Pour donner raison à ceux qui voudraient privatiser toute l’éducation ?
Pour vanter les industriels qui truquent les images d’archive, sous prétexte de rendre tout « ludique » et vendeur,
y compris les amoncellements de cadavres produits
par une dictature portée au pouvoir dans un pays considéré jusqu'alors comme civilisé ?
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Populisme, l’Europe en danger
Populisme, l’Europe en danger
Le documentaire de Vitkine sera diffusé par Arte, ce mardi 8 avril, à partir de 20h50. (90 mn)
A vos enregistreurs...
http://clioweb.canalblog.com/tag/vitkine
rappel : En Suisse, l'émission Histoire vivante a consacré
5 émissions aux soubassements du populisme
24.03 - Entretiens avec D. Reynié et J-P. Rioux
25.03 - Le pouvoir magique de la voix
26.03 - Qu'est-ce qu'une nation?
27.03 - Quelle communauté produit une nation ?
28.03 - Antoine Vitkine, Populisme, l’Europe en danger (France, 2014)
Peut-être un article à paraître dans la Liberté (Fribourg)
Ce même mardi soir,
France 2 diffuse 2 documentaires :
- 23h05 : Izieu, les enfants dans la Shoah, docu de Romain Icard (55 mn)
- 23h55 : Eichmann, un procès, docu de Michaël Prazan écrit avec Annette Wieviorka (90 mn).
A propos d'Apo 14-18, 2 chapitres à lire ou relire dans Sylvie Lindeperg, La voie des images.
Les archives visuelles rendent-elles visibles toute réalité sociale passée ?
Qui a tourné les films d'amateur sur Hitler ?
Pourquoi prendre le risque de prolonger la fascination à l'égard du dictateur ?
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Nuit et Brouillard face à ses détracteurs
Westerbork, 19 mai 1944 in Nuit et Brouillard.
devant des images, on ne voit que ce que l'on veut voir.
Nuit et Brouillard , film de toutes les polémiques, Franck Nouchi, Le Monde 03.03.2014
http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/03/03/nuit-et-brouillard-film-de-toutes-les-polemiques_4376546_3246.html
[ 2018 : La société de chemin de fer des Pays-Bas va indemniser les proches de juifs déportés - Le Monde 28.11.2018
http://lemde.fr/2PevYpQ
Dans Nuit et Brouillard Alain Resnais utilise les images d’un convoi partant de Westerbork en mai 1944,
faute d’avoir accès à des images d’archives françaises.
Nuit et Brouillard, un film dans l’histoire, Sylvie Lindeperg
http://clioweb.free.fr/camps/nuitetbrouillard.htm
http://clioweb.free.fr/dossiers/39-45/chronique-3945.pdf
« Film de toutes les polémiques » ?
La formule est surprenante.
Le film a été censuré en 1956 à la demande du ministère qui dirigeait la gendarmerie,
et privé de Cannes sur la demande de la RFA.
Il ne s'agit donc pas de polémiqueS, mais de censure.
Par la suite, le chef d'oeuvre d'Alain Resnais a été violemment critiqué par Lanzmann et ses proches
(au nom de la spécificité de la destruction des juifs d’Europe, au nom de la place des images).
Là on peut parler de polémique au singulier.
La meilleure réponse aux détracteurs, c’est de prendre le temps de voir le film, un chef d’œuvre et une référence durable.
La force des images, la qualité du commentaire permettent de contrer ces polémiques où la mauvaise foi n'est jamais loin.
Il faut aussi lire l’excellent ouvrage de Sylvie Lindeperg, Nuit et Brouillard, un film dans l'histoire, O Jacob 2007,
et voir le documentaire « Nuit et Brouillard. Face aux fantômes» que l’historienne a réalisé avec Jean-Louis Comolli.
Pour avoir longuement exploité ce film en lycée, en classe d'histoire,
dans un programme qui prévoyait environ 10 heures pour l’étude de l'ensemble de la 2 GM,
et pas 3 ou 4 comme aujourd’hui, il est possible d'opposer
un certain nombre d'arguments à ces critiques répétées, mais simplistes et paresseuses.
http://clioweb.free.fr/camps/nuitetbrouillard.htm
http://clioweb.free.fr/camps/lindeperg.htm
Histoire et Mémoires, JP Husson, Reims :
http://www.cndp.fr/crdp-reims/memoire/enseigner/memoire_histoire/menu.htm
« Nuit et Brouillard est un film sur l'univers concentrationnaire,
en ce sens qu'il ne différencie pas explicitement les camps de concentration des camps d'extermination ».
S'il s'agit de replacer le documentaire d'Alain Resnais dans l'histoire de la déportation
et dans l'évolution de l'historiographie, alors aucun problème.
En 1955, la commande met l'accent sur la déportation de répression,
celle qui est incarnée par le sinistre décret Nacht und Nebel du 07.11.1941 (signé par le maréchal Keitel)
qui spécifie : « Les prisonniers disparaîtront sans laisser de trace ».
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_et_brouillard - http://www.defense.gouv.fr/content/download/100779/978495/file/MC36.pdf
Faut-il s'étonner d'une telle lecture dix ans après la fin de la 2GM ?
Pourquoi faudrait-il exiger d'un cinéaste de 1955 de faire le travail que les historiens ne feront que plus tard ?
Lors de la sortie de Shoah, un double procès a été mené contre Nuit et Brouillard :
- Etudier l’histoire du nazisme, chercher à le mettre en contexte, c’était courir le risque de "comprendre" et de devenir complice des crimes nazis.
- Les images avaient été produites par les hitlériens. Les utiliser, c’était aussi risquer de jouer les complices.
Sylvie Lindeperg décrit le clash entre Godard qui se faisait fort de découvrir
des images nazies de la mort de masse si elles existent,
et Lanzmann qui affirmait au Monde qu'il détruirait ces images s'il en avait entre les mains.
Dans ces deux cas, c’est faire peu de cas du métier des historiens et de l’intelligence de ceux qui les lisent.
De plus, prétendre interdire l'usage des images aux historiens, voilà une démarche bien surprenante dans le monde actuel.
Pour le 70eme anniversaire, l’histoire de la déportation est le monopole des témoins (ou plutôt des acteurs ?)
qui ont échappé à la mort. Le documentaire a été réalisé juste avant « l’ère du témoin » (A. Wieviorka).
La mode de la colorisation et de la sonorisation des archives (Apocalypse) ne sévissait pas encore.
L'utilisation du noir et blanc ou de la couleur aident le spectateur à distinguer l'origine des images.
« Et si l'on y voit les chambres à gaz d'Auschwitz, la spécificité du génocide juif n'apparaît pas (le mot juif n'est cité qu'une seule fois) »
- Pas de juif ?
L’argument répété à l’infini consiste à dénigrer le texte de Jean Cayrol.
Oui, le poète et résistant, déporté à Mauthausen ne fait qu'une allusion à un déporté juif.
Mais cette attaque est malhonnête.
Jean Cayrol souligne le tournant nazi, et une pré-version abordait la question du génocide.
cf. Christian Delage, Nuit et Brouillard : un tournant dans la mémoire de la Shoah, Politix 61, 2003.
Et surtout, le texte de Jean Cayrol ne peut pas être réduit à cette critique simpliste.
Il comporte aussi une mise en alerte qui a été trop peu entendue en 1956 :
« Qui de nous veille de cet étrange observatoire
pour nous avertir de la venue des nouveaux bourreaux ?
Ont-ils vraiment un autre visage que le nôtre ? »
- Pas de juif ?
Vers la 5e mn, Nuit et Brouillard exploite les images nazies
d'un convoi partant de Westerbork le 19 mai 1944 :
tous les déportés portent une étoile,
et le train part vers Birkenau et vers Bergen-Belsen
cf Chronique internet 403 :
D'après Sylvie Lindeperg, bloqué dans ses recherches d'images par les militaires français (SCA) et anglais,
Resnais se tourne vers l'institut néerlandais de documentation de guerre (Amsterdam).
Il y découvre les plans tournés par les Britanniques lors de la libération de Bergen-Belsen,
et les images d'un convoi partant de Westerbork le 19 mai 1944.
http://clioweb.free.fr/chronique/aphg403.pdf
Les images retenues ou tournées par Alain Resnais sont explicites, à condition d'accepter de les regarder :
http://clioweb.canalblog.com/tag/westerbork
Visiblement, chez ceux qui veulent démolir la réputation du film, on ne voit que ce que l'on veut voir.
Depuis Westerbork, les nazis ont déporté plus de cent mille personnes.
93 convois transportèrent 55 000 juifs vers Birkenau, 34 000 juifs vers Sobibor, etc… Cercleshoah
http://www.cercleshoah.org/spip.php?article301
- Pas de juif ?
De larges extraits de Nuit et Brouillard ont été projetés lors du procès Eichmann à Jérusalem.
cf Chronique internet 405 :
Lors de l'audience du 8 juin 1961, l'oeuvre d'Alain Resnais a été abondamment utilisée :
une trentaine d'extraits, parfois très découpés, ont été retenus pour une durée cumulée d'une quinzaine de minutes.
http://clioweb.free.fr/chronique/aphg405.pdf
- Pas de juif ?
Le documentaire a été abondamment utilisé en lycée,
où il a servi de référence sur l'univers concentrationnaire des nazis.
Il a été mobilisé au service du combat contre l'antisémitisme.
Il a été projeté à la TV aussi bien après l'attentat de la rue Copernic
(projection de Nuit et Brouillard par la TV en 1980)
qu'après la profanation du cimetière juif de Carpentras
(une version VHS de Nuit et Brouillard est distribuée dans les lycées en 1990).
Et il a été sans doute vu bien davantage que les 9 heures du film de Lanzmann.
Le simplisme n'est donc pas absent de cette polémique intéressée.
- The Destruction of the European Jews, l'ouvrage de Raul Hilberg est publié aux USA en 1961.
Mais en France, la traduction ne paraît qu'en 1985 !
Lanzmann veut parfois faire la leçon aux historiens (P Nora à Rennes).
Ils n'ont donc pas attendu un génial réalisateur pour faire leur travail.
- Primo Levi, l'auteur du célèbre Si c'est un homme, illustre un autre aspect de la complexité de cette histoire.
Le chimiste est arrêté comme résistant en décembre 1943.
Il espère échapper à une exécution sommaire en déclarant « sa condition de citoyen italien de race juive ».
Il est transféré dans le camp d'internement de Fossoli, près de Modène, où il demeure deux mois,
puis il est déporté en février 1944 à Auschwitz.
Des 650 déportés de son convoi, seule une vingtaine retrouveront la liberté.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Primo_Levi - http://it.wikipedia.org/wiki/Primo_Levi
- On meurt aussi dans les camps de concentration :
Lire ou relire Robert Antelme dans L'espèce humaine.
« Nous sommes tous, au contraire, ici pour mourir.
C'est l'objectif que les SS ont choisi pour nous.
Ils ne nous ont ni fusillés ni pendus mais chacun, rationnellement privé de nourriture,
doit devenir le mort prévu, dans un temps variable ».
- Cette réalité des formes multiples prises par la déportation a quasiment disparu des programmes.
Depuis la déstructuration de l'histoire scolaire par le ministre Chatel,
la 2 GM n'est plus étudiée que comme une guerre d'anéantissement.
Pas de place pour l'expérience combattante.
La Résistance est étudiée comme un aspect de l'histoire intérieure de la France,
pas comme un combat contre l'occupant nazi,
La guerre dans le Pacifique ou la guerre (mondiale) à l'Est ont peu de place dans les manuels de 2011.
- Sylvie Lindeperg a laissé à d'autres l'étude des usages du film en classe, en lycée pendant deux générations.
Le film a d'abord été projeté en 16 mn, en noir et blanc.
La version VHS était une amélioration, malgré la taille modeste des écrans.
La disponibilité du film en dvd et en couleurs permet de faire un réel travail d'analyse des images
(quand le survol speedé des programmes laisse un peu de temps).
Il devient possible d'étudier la composition du film,
de distinguer entre les images d'archives (Westerbork, Bergen-Belsen)
et les images tournées à Birkenau en 1955.
Il est possible de s'intéresser à l'histoire du képi et à la censure exigée par la gendarmerie française.
Il y aurait aussi à dire sur la vision des images de l'horreur
et au danger de la sidération devant les amoncellements de cadavres
produits par l'hitlérisme et sa machine de mort.
Le film a des défauts réels (cf. l'erreur sur les chiffres - 9 M de morts -, etc.)
mais l'appel à la vigilance formulé en 1956 par Jean Cayrol mérite toute notre considération :
en Algérie, la guerre d'indépendance dure alors depuis deux ans,
et la torture a fait sa réapparition, une décennie seulement après la défaite des hitlériens.
..
Lanzmann et l'indicible
Le dernier des injustes - «C’est une histoire folle, l’acmé de la cruauté», Libération cinéma - 17.05.2013 (source NM)
http://next.liberation.fr/cinema/2013/05/17/c-est-une-histoire-folle-l-acme-de-la-cruaute_903854
extraits -
« J’ai voulu montrer que les conseils juifs, ces soi-disant collabos juifs n’étaient pas des collabos »
Benjamin Murmelstein avait été nommé par les nazis à la tête du conseil juif du camp de Theresienstadt, le Disneyland de la déportation. Lanzmann l’avait longuement interviewé à Rome, en 1975, sans utiliser les rushes.
CL : «La banalité du mal», le concept d’Hannah Arendt, est d’une grande faiblesse »
Q - « On sent que vous êtes fasciné et séduit par le personnage de Murmelstein…
R - J’ai une sympathie formidable pour son intelligence, pour les contes mythologiques qu’il raconte, par sa présence d’esprit, par sa combativité. Il se sentait investi d’une mission, il a sauvé des milliers de Juifs. C’était un aventurier.
Q - Pendant que vous filmez, vous vous voyez à sa place ?
R - Oui ».
Lanzmann, à double tranchant
http://www.liberation.fr/festival-cannes-2013/2013/05/17/lanzmann-a-double-tranchant_903849
« Je tue les nazis avec ma caméra », Lanzmann 1985
http://www.liberation.fr/societe/2013/05/17/juste_903846
« On peut décrier l’homme d’une insupportable et ridicule vanité, telle qu’elle transparaît à chaque page de son autobiographie, le Lièvre de Patagonie. On peut critiquer son admiration aveugle d’Israël et de son armée. Comme l’écrit David Rieff dans The Nation : «Quand Israël et les juifs sont concernés, l’objectivité ne lui semble jamais morale, pas plus qu’elle n’existe quand il s’agit de son œuvre.» Lanzmann, jamais à court de rages et de polémiques, s’arroge ainsi un monopole sur la Shoah. Récusant toute autre thèse, toute autre image, tout autre témoignage sur l’Holocauste que son travail.
Il reste que son œuvre admirable a permis de montrer et de dire l’indicible ».
[ Surprenant pour ceux qui prétendaient qu'un historien qui cherchait à expliquer la destruction des Juifs était sur la voie de la complicité. Juste une ficelle rhétorique pour « s’arroger le monopole » de l’histoire de cette destruction ? Relire aussi les sentences pérémptoires sur la place des images dans cette histoire. ]
Arendt et le procès Eichmann
Hannah Arendt et le procès d’Eichmann. La controverse
La Fabrique du 07.05.2013 - Un documentaire d'Aurore Mréjen
En 1961, Hannah Arendt assiste au procès d’Adolf Eichmann à Jérusalem en tant qu’envoyée spéciale du New Yorker. Elle écrit et publie en 1963 Eichmann à Jérusalem : rapport sur la banalité du mal
L’ouvrage est à l’origine d’une violente polémique, d’abord aux USA.
« Trois reproches principaux lui étaient adressés :
sa mise en cause de certains responsables des Conseils juifs,
son ton ironique,
et l’expression elle-même de banalité du mal ».
avec Pierre Nora, Jean Daniel, Roger Errera, Jerome Kohn, Robert Misrahi, Norman Podhoretz
http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-histoire-des-grands-proces-24-2013-05-07
- Rapport sur la banalité du mal (extraits)
- Entretien avec Thilo Koch en 1963
http://www.jpbu.fr/philo/notions/morale/Arendt_Eichmann.rtf
- Arendt, «la controverse». Son essai sur la banalité du mal choqua. Libération, 31.03.1999
http://www.liberation.fr/culture/0101275522-arendt-la-controverse-son-essai-sur-la-banalite-du-mal-choqua
- Les controverses historiographiques autour de l'oeuvre de l'oeuvre d'Hannah Arendt, G. Muhlmann Centre Pierre Léon, 1994
http://bcpl.ish-lyon.cnrs.fr/1994/VARIA/-1994_1_43.pdf
- La « banalité du mal » revisitée, JF Dortier, Sciences Humaines 06.2011
http://www.scienceshumaines.com/la-banalite-du-mal-revisitee_fr_22093.html
- Isabelle Delpla, Le mal en procès. Eichmann et les théodicées modernes, Paris, Hermann, 2011 - CR pour la vie des idées
http://www.laviedesidees.fr/Retour-sur-le-proces-Eichmann.html
- Le cas Eichmann. Vu de Jérusalem, de Claude Klein, Gallimard - Le Monde des livres, 28.06.2012
http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/06/28/la-banalite-du-mal-nouvel-examen-critique_1725578_3260.html
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Le procès Eichmann, procès historique
dans la Fabrique ce matin, vers la 14e mn, à propos du colloque récent
Le procès Eichmann : réceptions, médiations, postérités
colloque 7, 8 et 9 juin 2011 - Auditorium de l’INHA
http://hicsa.univ-paris1.fr/pdf/coll/eichmann
Annette Wieviorka, « Eichmann, de la traque au procès » (éd. André Versaille)
et
Henry Rousso pour l'expo « Juger Eichmann, Jérusalem, 1961 » au Mémorial de la Shoah
On y parle
. de l'accusé (il avait écrit plusieurs milliers de pages pour sa défense, dans un procès qu'il imaginait en RFA),
. d'Hannah Arendt (trop souvent caricaturée),
. de Nuit et Brouillard, le chef d'oeuvre d'Alain Resnais (sans juifs ??) projeté lors du procès, le 10 juin 1961. :-)
http://aphgcaen.free.fr/chronique/405/aphg405.htm#eichmann
L'émission au format mp3 :
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10076-10.06.2011-ITEMA_20290495-0.mp3
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A l'IHTP : Eichmann, un accusé hors normes, un dossier présenté par Henry Rousso et Fabien Théofilakis.
http://www.ihtp.cnrs.fr/spip.php/article1091.html
. Henry Rousso, « Réflexions sur un procès historique », introduction à H. Rousso (dir), Juger Eichmann, Jérusalem, 1961, Paris, Mémorial de la Shoah, 2011
. Fabien Théofilakis, « Les écrits d’Eichmann en Argentine (1956-1960). Témoignages pour une histoire nationale-socialiste », compte rendu de l’ouvrage de Bettina Stangneth, Eichmann vor Jerusalem, 2011
. Fabien Théofilakis, « Les écrits d’Eichmann en Israël (1960-1962). Traces pour une autre histoire du procès »
Version du dossier en pdf : Eichmann, un accusé hors normes
André Versaille éditeur
1961 : Le Procès Eichmann
Une marche de l'histoire (11 avril 2011) où Annette Wieviorka a le temps de s'exprimer sans être interrompue par les extraits sonores que la radio veut placer.
L'émission au format mp3
Vers la 17e mn :
« A peu près 1/3 des habitants d'Israël au moment du procès Eichmann sont des survivants de la Shoah, donc on peut dire que la présence du génocide est partout et notamment parce que les survivants d'Auschwitz portent le numéro tatoué sur leur bras.
Mais dans le même temps, il y a un immense mépris de la part l'establishment israélien, de Ben Gourion pour ces gens dont - l'expression vient d'Abba Kovner un des resistants du ghetto de Vilno qui témoigne d'ailleurs au procès, - qui se sont laissés conduire comme des moutons à l'abattoir. On estime qu'il n'y a rien à tirer de l'expérience en diaspora.
Le procès Eichmann, par la volonté de Ben Gourion et du procureur Gidéon Hausner de faire raconter toute l'histoire par les survivants, va créer une sorte de catharsis dans le pays, intégrer ces survivants à la société israélienne et inscrire la Shoah dans le code génétique israélien ».
N'y a-t-il pas un travail de pédagogie nationale, auprès des nouveaux arrivants, juifs venant d'Afrique du nord qui n'avaient pas connu la catastrophe européenne ?
Absolument. Il y a une écoute nationale, la radio joue le rôle occupé aujourd'hui par la TV. Cela joue aussi le rôle de construction d'une identité nationale, d'un récit national partagé par tous les Israéliens, qu'ils aient été ou non en Europe pendant les années de guerre » .
( à confronter avec l'affirmation opposée : La shoah n’est pas à l’origine de l’Etat d’Israël )
France-Inter cite 3 ouvrages et 2 vidéos :
- Annette Wieviorka, Eichmann de la traque au procès, 2011
- David Cesarini, Adolf Eichmann, Tallandier 2010
- Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal, Folio, Gallimard
- Michaël Prazan, Le procès d’Adolf Eichmann, Kuiv Productions 2011
- Rony Brauman et Eyal Sivan, Adolf Eichmann - un spécialiste : portrait d'un criminel moderne, Montparnasse 2001
Sur le blog Clioweb :
http://clioweb.canalblog.com/tag/eichmann
" Nuit et Brouillard " à Jérusalem
http://aphgcaen.free.fr/chronique/405/aphg405.htm#eichmann
Wikipedia :
http://en.wikipedia.org/wiki/Eichmann
http://fr.wikipedia.org/wiki/Eichmann
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Juger Eichmann, Jérusalem 1961
Exposition au " Mémorial de la Shoah, en partenariat avec les Archives de l’État d’Israël et avec le soutien de l'Ambassade d'Israël à Paris" - 8 avril – 28 septembre 2011
Eichmann devant ses juges
La revue L'Histoire n° 362 consacre son dossier de mars au procès Eichmann, le « Nuremberg du peuple juif ».
La présentation interroge « la banalité du mal » mise en avant par Hannah Arendt : la vision d’un homme ordinaire, un bureaucrate insignifiant qui peut devenir un rouage aveugle, sans passion ni morale, d’un système totalitaire.
La biographie de David Cesarini change totalement le regard : l’accusé n’est pas une personnalité banale, un exécutant routinier, mais bien un militant nazi, armé de convictions antisémites, un homme de terrain, actif d’abord dans la SS autrichienne. Spécialiste de l’émigration forcée des Juifs, il devient en 1942 le principal organisateur de la destruction massive.
Le procès d’Eichmann fut bien celui d’un individu pleinement responsable de ses actes. Sa culpabilité ne peut être diluée dans les eaux fangeuses d’un système criminel.
Sylvie Lindeperg consacre deux pages à la présence de la télévision et au rôle de Léo Hurvitz : Caméras dans le prétoire. Dans Nuit et Brouillard, un film dans l'histoire, elle traite des utilisations de l'oeuvre d'Alain Resnais par l'accusation au cours du procès.
au sommaire :
Annette Wieviorka, Eichmann : le procès qui fait entrer la Shoah dans l'Histoire
David Cesarini, Comment on devient Eichmann
Hannah Yablonka, « Le Nuremberg du peuple juif »
SylvieLindeperg, Caméras dans le prétoire
Henry Rousso, « Un laboratoire de justice » (entretien)
source : Eichmann:Trial as National Catharsis (June 8, 1961)
USHMM Holocaust Encyclopedia
un détail : dans L'Histoire, à droite, l'écran de projection a disparu du cliché recadré ...
2 adresses signalées par Nicole :
- « Un spécialiste: portrait d'un criminel moderne », réal. Rony Brauman et Eyal Sivan, 1998.
- « Contrairement à un mythe répandu, Cesarani nous rappelle que Eichmann a eu une enfance tout à fait ordinaire et une adolescence sans problème ». Jean-François Dortier, La « banalité du mal » revisitée, Sciences Humaines - avril 2008 ?