16 décembre 2012

Le maître ignorant


- Les Rencontres Wikimedia Education 2012 viennent d'avoir lieu à Paris.
Il faut féliciter chaleureusement les organisateurs pour la qualité de leur travail et le choix des intervenants.
Les interventions ont été filmées (sauf une) et seront mises en ligne prochainement.

En attendant, consulter les nombreux tweets envoyés pendant ces deux jours :
https://twitter.com/search?q=%23wikieduc&src=hash
Stéphanie de Vanssay - tweets - storify 1ere journée - storify 2eme journée



- La pédagogie du savoir collectif sur Wikipedia

Les adversaires de l'encyclopédie en ligne s'en prennent surtout au contenu des articles. Samedi matin, Dominique Cardon ( Lab SENSE, Orange Labs) a souligné l'importance des procédures évolutives dans la réussite de Wikipedia.

« Wikipédia a su prendre le délicat tournant du passage à l’échelle des communautés de l’Internet lorsqu’elles doivent codifier leur esprit ». C'est l’une des expériences les plus abouties et les plus radicales de coopération auto-organisée.

« Dans ce modèle d'auto-organisation, décentraliser la surveillance et la sanction, mettre en tension le local et le centre permet de gérer à un niveau très bas la très grande majorité des conflits entre les membres ». L’institutionnalisation des règles de gouvernance sur Wikipédia est un processus continu... « Les individus participent d’autant plus facilement à la production d’une ressource commune qu’ils disposent aussi d’un pouvoir de surveillance et de sanction sur les autres membres de la communauté »

D. Cardon propose cinq enseignements de cette expérience collective
Leçon 1 - Transformer l’esprit fondateur en règles publiques et accessibles
Leçon 2 - Participer, c'est aussi surveiller et sanctionner en cas de besoin
Leçon 3 - Séparer les personnes et les contenus
Leçon 4 - Centraliser les peines pour les raréfier
Leçon 5 - Procéduraliser l'hospitalité

Sur Wikipedia, « la vérifiabilité s’est substituée à la vérité ».

Cette analyse a été développée dans Discipline but not punish. The governance of Wikipedia,
in Massit-Folléat, Méadel (Cécile), Monnoyer-Smith (Laurence),
Normative Experience in Internet Politics, Paris, Presses des Mines, 2012

Extrait (conclusion)  :

« Dans Le maître ignorant (1987), Jacques Rancière raconte comment, en 1818, Joseph Jacotot eut la surprise de découvrir que ses élèves flamands qui ne savaient pas le français étaient parvenus à commenter en français le Télémaque de Fénelon au terme d’un apprentissage attentionné d’une édition bilingue, apprentissage guidé par Jacotot qui, lui, ne parlait pas le flamand ! Les élèves avaient « appris seuls et sans maître explicateur » (p. 22).

La méthode Jacotot, explique J. Rancière, se fonde sur une radicale « égalité des intelligences » entre maître et élève, qui refuse le partage des savoirs. L’élève apprend seul. Le maître ne sait rien. Il ne guide pas. Il n’explique pas. Il se contente de vérifier l’attention que consacre l’élève à chercher. Il n’est pas un guide socratique conduisant l’élève à trouver en lui le bon chemin. Le maître ne connaît pas ce chemin. Il est juste « vigilant ».

Il instaure un « rapport de volonté » avec l’élève qui n’est en rien ce « rapport de savoir » qui installe toujours une asymétrie « abrutissante ». Aussi la vigilance est-elle le seul enseignement du maître. « Cette attention qui ne se relâche jamais » est à elle seule productrice de connaissance : « Maître est celui qui maintient le chercheur dans sa route, celle où il est seul à chercher et ne cesse de le faire » (p. 58).

La procéduralisation de la vigilance critique sur Wikipédia relève de cette logique. Les wikipédiens veillent les uns sur les autres. L’appartenance communautaire institue un « rapport de volonté » qui invite chacun à veiller que chaque autre cherche. Pris individuellement, les wikipédiens sont bien moins savants que les savants, mais en s’imposant mutuellement d’être le maître ignorant des autres, c’est-à-dire en demandant constamment aux autres s’ils ont vérifié, sourcé, équilibré, etc. leurs productions, bref en veillant à ce que les autres aient fait l’effort de découvrir, et ceci sans jamais interroger le savoir de ceux qu’ils pressent de chercher, ils font advenir une forme de production de connaissance(s) plus solides que celle des savants.
Dans une société d’égaux comme Wikipédia, cette vigilance ne s’organise pas sur le partage des savoirs, elle est radicalement procédurale. Donc ignorante. La vigilance participative contribue à « donner non pas la clef du savoir, mais la conscience de ce que peut une intelligence quand elle se considère comme égale à toute autre et considère toute autre comme égale à la sienne. L’émancipation est la conscience de cette égalité, de cette réciprocité qui seule permet à l’intelligence de s’actualiser par la vérification » (p. 68).

Voilà sans doute une manière extrêmement juste de qualifier cette « intelligence des foules » qui fait tant débat. Celle-ci ne procède pas d’une addition de savoirs, ou de toute autre règle de composition des connaissances individuelles, mais de l’attention collective que met chacun à révéler son intelligence en veillant à ce que tous fassent le même effort.
La procéduralisation de la discussion sur Wikipédia apparaît alors comme la condition indispensable de ce pari incroyablement audacieux : faire une encyclopédie d’ignorants ».



Quelques liens pour poursuivre :
L'institut Jacotot
https://sites.google.com/site/institutjacotot/

Conférence de Rancière en 2004
http://multitudes.samizdat.net/Sur-Le-maitre-ignorant

11 diapos en ppt :
http://www.unilim.fr/sceduc/IMG/pdf/Le_maitre_ignorant_diapo_.pdf

un leçon sur le site de la CIP-IDF
Coordination des Intermittents et Précaires d’Ile-de-France
http://www.cip-idf.org/IMG/pdf/jacotot_final_A4_leger.pdf


.
.

Posté par clioweb à 08:05 - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , , , , , , ,


30 mars 2012

Pour quoi faire la Révolution ?

 

Pour quoi faire la Révolution

- Un ouvrage collectif de l'Institut d'histoire de la Révolution française, édité par Agone
http://atheles.org/agone/passepresent/pourquoifairelarevolution/


Introduction : La Révolution comme politique des égaux (230 Ko)

I. Toute révolution est guerre d’indépendance (Pierre Serna)
II. Pourquoi faire l’histoire de la Révolution française par les colonies ? (Frédéric Régent)
III. La « Terreur », laboratoire de la modernité (Guillaume Mazeau)
IV. Révolution, régénération, civilisation : enjeux culturels des dynamiques politiques (Jean-Luc Chappey)
V. La République comme association de citoyens solidaires.
Pour retrouver l’économie politique républicaine (1792–1799) (Bernard Gainot)
L’IRHF et l’histoire de la Révolution


- 31.03.2012 - Un long entretien dans la Fabrique de l'histoire

Pierre Serna évoque l'intranquillité du XVIIIe selon la formule de Jean Nicolas (les procès, les 8528 révoltes recensées) ; il suggère l'intérêt du  concept de colonie pour penser l'histoire des périphéries du royaume.
http://tinyurl.com/fc-fab-300312

en mp3 :
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10076-30.03.2012-ITEMA_20356517-0.mp3


 

Posté par clioweb à 07:30 - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , , , , ,

20 septembre 2011

Rencontres et colloques

 

Parmi les rencontres annoncées :

Paris et région parisienne :

- Les colonies, la Révolution française, la loi - vend 23 et sam 24 sept - Paris 1
http://www.histoiredroitcolonies.fr/?Les-colonies-la-Revolution

colonies-rf


- 2 auteurs invités par la Librairie Compagnie :

Dimonique Sigaud, le mardi 27/09 (18 h) pour Franz Stangl et moi
Pierre Rosanvallon, le mercredi 28/09 (18h) pour La société des égaux

La mise en ligne d'un enregistrement est possible. Surveiller le site web.
http://www.librairie-compagnie.fr/actualites#rencontres


- 17 octobre 1961 - Nanterre ne veut pas oublier.
vend 14 et sam 15 octobre, cinéma Lumière et Maison de la Musique
http://calenda.revues.org/nouvelle20748.html


à Caen :
- L'Unité italienne racontée
Le Risorgimento célébré et représenté en littérature, dans l’historiographie et dans les arts. Caen, 20-22 sept
http://calenda.revues.org/nouvelle19875.html

- Penser les mondes normands médiévaux, 911-2011
La première journée, à Caen le 29/09, est en accès gratuit.
Les autres, à Cerisy, sont payantes
http://calenda.revues.org/nouvelle19134.html
http://www.ccic-cerisy.asso.fr/mondesnormands11.html

911-penser

source : CRAHAM - Université de Caen


- Des hommes aux champs, II, Approches archéologiques des économies agricoles,
Auditorium du château de Caen, 29-30 septembre 2011
http://calenda.revues.org/nouvelle20675.html


- Ecrire, publier, transmettre la mémoire des révoltes et révolutions (XVe-XVIIe siècle).
Journées d'études à l'UFR d'Histoire, U de Caen - 20-21 octobre 2011
http://clioweb.canalblog.com/tag/revoltes


Rappels : 
Saint Dié 2011 : L'Afrique
http://www.saint-die.eu/accueilfig

http://www.saint-die.eu/images/stories/ACTIVITES/FIG/FIG_2011/PRE-PROGRAMME.pdf

Blois 2011 : L'Orient
http://www.rdv-histoire.com/

http://www.rdv-histoire.com/IMG/pdf/journal_2011-2.pdf

 

.

Posté par clioweb à 16:39 - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , , , , ,

16 septembre 2011

L'égalité, une coquille vide ?

 

Télérama 3218 comporte un entretien avec Pierre Rosanvallon, qui vient de publier La Société des Egaux (Le Seuil).
Entretien sans doute à venir en ligne dans Télérama - http://www.telerama.fr/idees/

Extraits, avec l'aide de Google Docs : Micro-Hebdo hors série 64 explique page 25 comment récupérer le texte à partir d'une photo (en noir et blac, de bonne définition) ou d'un scan. Deux lignes ont été laissées en l'état : le fl, le l'é et le Unis passent mal (cf les copies d'écran en fin d'article).
 

Selon PR, « l’idée démocratique a trois dimensions :
. Elle se matérialise d’abord dans des institutions représentatives censées exprimer la volonté générale.
. Elle s’incarne aussi dans une culture publique (le débat et l’interpellation des pouvoirs).
. C’est aussi une forme de société, le projet de créer un monde de semblable …
Or le peuple fait aujourd’hui moins corps, le citoyenneté sociale régresse. L’insupportable croissance des inégalités est à la fois l’indice et le moteur de ce déchirement ».

PR évoque ensuite la société des égaux pensée par les révolutionnaires américains et français.

Q - Comment l’idée d’égalité se transforme-t-elle au XIXe ?
R - « Face à la remise en cause radicale de la conception de l'égalité version 1789 , on voit d’abord apparaître une vaste entreprise de justification. C’est la construction de l'idéologie bourgeoise : elle rationalise le retour en arrière en se référant à de fumeuses théories de l’inégalité naturelle, racistes et autres ; ou bien elle considère les inégalités comme résultant des seuls comportements individuels, simple affaire de vertu ou de talent. C’est nier que les inégalités peuvent avoir une dimension sociale.

Q - D’autres vont pourtant défendre le principe de l'égalité, mais en élargissant la dimension de « semblables » que lui avaient donnée les révolutionnaires...
R - On le constate d’abord avec 1e socialisme utopique, qui définit Pégalité comme intégration dans un collectif : dans les fameuses communautés utopiques des années 1840, qui fleurissent jusqu’aux Etats-Uiiis : il n’y a plus d’inégalités, plus de distinction entre les hommes puisqu'il n'y a plus d'individus. C'est le retour à une société de corps. Mais cette idée n’aura pas sur le long terme le succès escompté.

Une autre conception de l’égalité voit le jour en Europe, c’est l’égalité conçue comme homogénéité, qui se fonde sur des idées nationalistes et xénophobes, et trouve en Barrès son héraut français (Contre les étrangers, son premier livre, est publié en 1893).

 Mais c’est une troisième philosophie de l’égalité qui va heureusement s’imposer, celle des républicains sociaux et des sociaux-démocrates de la fin du XIXe siècle. Eux ne pensent pas l’égalité comme une identité sur tous les
points, mais cherchent avant tout un moyen de refaire société.
Pour y parvenir, disent-ils, il faut réduire les inégalités économiques, protéger l’individu contre les aléas de l’existence - bref, créer l’Etat-providence. On assiste ainsi, au même moment et partout en Europe et aux Etats-Unis, à la naissance de 1’impôt progressif sur le revenu, aux lois sociales protectrices du travail et aux assurances sur les accidents : en moins de trente ans, on est passé du capitalisme triomphant à un taux d’impôt sur le revenu de 50 %, voire plus. C’est une véritable révolution des mentalités ».

Selon PR, face au retour des rentiers, il est grand temps de repenser la participation au bien-être collectif.

rappel :
- Lecture de l'ouvrage La Société des Egaux par Julie Clarini pour Le Monde des livres (02/09/2011),
- Entretien de Libération avec l'auteur :
http://clioweb.canalblog.com/archives/2011/08/28/21880345.html

 

tr-inega1

Le texte dans la photo source

 

tr-inegalites2

Le texte, après la reconnaissance de caractères (OCR) par Google Docs.

 
.

 



Posté par clioweb à 08:10 - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , , , ,

28 août 2011

La société des égaux


egaux

.

« La gauche doit changer la société »

dossier de Libération autour de « La société des égaux », l’ouvrage de Pierre Rosanvallon - Le Seuil

- « Nous sommes aujourd’hui dans des sociétés en panne de réciprocité »
Pierre Rosanvallon analyse le recul progressif de l’idée d’égalité et propose de réactualiser cette notion ».
http://www.liberation.fr/politiques/rosanvallon

- Le nécessaire retour aux sources d’une « société des égaux »
http://www.liberation.fr/politiques/01012356481-le-retour-aux-sources-d-une-societe-des-egaux

.
extraits : 

Le néolibéralisme a servi à légitimer le démantèlement de l’Etat-providence (même s’il est encore résilient) et la réduction des impôts. Il a correspondu à des formes d’attentes sociales. Il a mis en avant de la figure du consommateur, un individu diminué, a-social. Il a aggravé les inégalités, et balayé les acquis du mouvement social : ce n'est plus le travail qui fait le niveau de vie, mais l'héritage, le capital accumulé. Il en résulte la destruction du monde commun, le mode de fonctionnement indispensable en démocratie, et le retour aux deux nations hostiles de l'Angleterre victorienne.

Pour les néo-libéraux, les individus seraient gouvernés par un choix rationnel. « Je pense en fait que les individus ne sont ni simplement des calculateurs rationnels ni tout bonnement altruistes : ils sont réciproques. Parce que la réciprocité, c’est, comme l’égalité dans le suffrage universel, la règle qui peut mettre tout le monde d’accord. Or nous sommes aujourd’hui dans des sociétés en panne de réciprocité ».

Singularité, réciprocité et communalité, sont les trois dimensions de l’égalité selon Rosenvallon. « Ces trois principes sont aussi pour moi les fondements d’une société des égaux. Ils peuvent servir de base à un projet social très largement accepté. Nous sommes à un moment où il nous faut impérativement réactualiser les révolutions démocratiques d’origine, qui ont été mises à mal par le développement du capitalisme, par les épreuves des grandes guerres mondiales, les affrontements idéologiques Est-Ouest… C’est urgent, car nous sommes en train de renouer avec les pathologies les plus terribles du lien social : les formes d’inégalités croissantes, mais aussi la xénophobie, le nationalisme renaissant. Comme historien, je suis frappé de voir le discours des années 1890 revenir en force à travers les mouvements d’extrême droite et néo-populistes en Europe ».

« La gauche a pour mission de ne pas se réduire à être celle qui corrige à la marge, ou même de façon plus importante, les inégalités de revenus. Elle ne doit pas se fixer simplement pour objectif d’agir au niveau européen pour l’adoption de régulations économiques et financières plus fortes. Elle doit viser à reconstruire la culture démocratique moderne. Voilà le véritable objectif du moment 2012 ».

- Lumières républicaines - Le Monde des livres 02/09/2011
http://www.lemonde.fr/livres/article/2011/09/01/lumieres-republicaines_1566175_3260.html

L'égalité maintenant ! - Le Monde des livres 02/09/2011
lecture de Pierre Rosanvallon par Julie Clarini

« Mais alors, comment, aujourd'hui, refonder l'égalité ? Comment, quand triomphe l'individualisme, quand l'aspiration à la "différence" est universellement partagée, tisser à nouveau les fils de l'égalité et ceux de la liberté ? L'efficacité de la pensée politique de Rosanvallon se déploie à l'aune de cette complexité contemporaine. Pour (re)fabriquer des égaux, partons des ego, le jeu de mots du titre vaut programme, et la dernière partie dessine les grands axes d'une "politique de la singularité" et de la "réciprocité", qui implique notamment de redéfinir l'Etat-Providence. A ces conditions, la société des égaux sera, assure l'historien, "une utopie parfaitement réaliste ».
http://www.lemonde.fr/livres/article/2011/09/01/l-egalite-maintenant_1566176_3260.html

.
- Pierre Rosanvallon, la page Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Rosanvallon

Page et cours au Collège de France (2008-2011)  :
Les métamorphoses de la légitimité - Qu'est-ce qu'une société démocratique ? - Les inégalités
http://www.college-de-france.fr/default/EN/all/his_pol/audio_video.jsp


- La vie des idées :
http://www.laviedesidees.fr/_Rosanvallon-Pierre_.html

2007 - L’universalisme démocratique : histoire et problèmes

2010 - À l’épreuve du politique

- Penser le populisme, Rencontres de Pétrarque 2011
 

- Thierry Pech, Le temps des riches. Anatomie d'une sécession. Annoncé au Seuil le 6 octobre 2011.

« Les riches ont largué les amarres : ils ont fait sécession du reste de la société. Leurs gains sont désormais sans commune mesure avec ceux de leurs contemporains et ils échappent toujours davantage aux filets de la solidarité. 
Cette situation n'est pas seulement moralement discutable et politiquement dangereuse. Elle est aussi économiquement absurde : aucune des théories échafaudées pour la justifier ne résiste à l'examen. Mais les raisons qui nous y ont conduits ne peuvent être cantonnées à la cupidité des individus, ni même aux décisions de telle ou telle majorité politique. Elles plongent leurs racines beaucoup plus profondément dans un compromis social et idéologique auquel nos sociétés ont collectivement consenti. Ont ainsi été réunies les conditions historiques pour que des élites désamarrées ressuscitent les clivages d'une société de rentiers et d'héritiers comparable à celle de la fin du XIXe siècle. 
C'est ce paradoxe que ce livre tente de percer : comment des sociétés envahies par un individualisme vidé de toute consistance morale ont organisé et finalement justifié la sécession de ceux qu'elles regardent à la fois comme l'accomplissement ultime de leur idéal et comme un symbole d'injustice majeur  ».

Jean-Fabien Spitz, « La valeur égalité. Leçons pour la gauche européenne », La Vie des idées, 14 juin 2011. ISSN : 2105-3030. recension de G. A Cohen, On the Currency of Egalitarian. Justice and Other Essays in Political Philosophy
http://www.laviedesidees.fr/La-valeur-egalite.html

rosanvallon

Pierre Rosanvallonsource : Collège de France


.

 

Posté par clioweb à 08:20 - Commentaires [1] - Permalien [#]
Tags : , , , ,