Pour une sociologie du troll
- Le troll : portrait psychologique et fonction politique - Place de la Toile, 24.03.2012
« Le troll est un personnage important de la vie des réseaux. Intervenant en général anonyme des forums ou des fils de commentaires, il vient perturber les conversations. Provocations, insultes, arguments de mauvaise foi, le troll possède l’art de décentrer les discussions et de les empêcher souvent. On peut s’en tenir à la dénonciation du phénomène, qui semble inhérent à la vie en ligne. Ou aller un peu plus loin. En se demandant s’il existe une psychopathologie du troll, évidemment. Mais en se demandant aussi si le troll n'a pas une autre fonction, politique par exemple ».
invités :
Yann Leroux, Psy et Geek - http://www.psyetgeek.com/
Antonio A. Casilli, EHESS - http://www.bodyspacesociety.eu
Pacôme Thiellement, essayiste.
http://www.franceculture.fr/emission-place-de-la-toile-psycho-politique-du-troll-2012-03-24
au format mp3 :
- Antionio A. Casili, Pour une sociologie du troll
Le troll, entre narcissique pervers, et provocateur tenace, empêcheur de tourner en rond au sein d’un groupe d’internautes
Casili distingue 4 catégories de troll :
1) le troll « pur » : le modèle de base, utilisateur bête et méchant des listes de diffusion ou des médias sociaux qu’il pourrit de commentaires désobligeants et mal adaptés au contexte d’interaction
2) le troll « hybride » : un utilisateur qui combine son activité de troll avec des habiletés d’autre type
3) le troll « réciproque ou involontaire » : c’est un cas de figure qui se concrétise dans une interaction en ligne dans laquelle plusieurs individus sont réciproquement convaincus que « les trolls c’est les autres »
4) le troll « revendicatif » : un usager mécontent d’un produit ou d’un service, qui manifeste sa frustration en bombardant de messages décalées ou agressifs le site Web ou la page Facebook d’une entreprise.
Antonio A. Casilli : BodySpaceSociety
A blog for recovering social scientists
.
Les étudiants et les médias sociaux
« Les réseaux sociaux en ligne : un espace de sociabilité étudiante ? »
Antonio Casilli, sociologue, chercheur au Centre Edgar-Morin, EHESS (Paris) auteur de "Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ?" (Seuil) - source - http://twitter.com/affordanceinfo
conclusion de la conférence « Réseaux sociaux : pourquoi et comment les investir ? », organisée le 12 mai par L'Etudiant (entrée payante, 500 euros HT la journée).
Facebook, symptôme d’une nouvelle misère en milieu étudiant ?
« Pour les jeunes générations dont les perspectives d’ascension sociale sont minées par la précarité ambiante et par la concurrence accrue autour de prestations publiques toujours plus rares et incertaines, la constitution de réseaux de solidarité et de coopération alternatifs s’avère capitale. Elle serait une compensation au manque d’espaces d’expression personnelle ou collective (à l'université ?) »
Antonio Casili a mis en ligne les supports de son intervention .
A lire par exemple,
Les usages des tic épousent les formes de sociabilité qui leur prééxistent
Les medias sociaux n'annulent pas la sociabilité étudiante, ils la reconfigurent
Distinction entre liens forts (amitié concrète, dans la sphère privée) et liens faibles (connectivité affichée publiquement), entre bonding et bridging.
http://www.liaisonsnumeriques.fr/?p=2088
http://www.bodyspacesociety.eu
source : http://www.liaisonsnumeriques.fr/?p=2088
source : http://www.liaisonsnumeriques.fr/?p=2088
Louis XIV ou l'histoire de l'Afrique
Un article récent du Figaro fait part d’étonnantes oppositions à l’ouverture des programmes d’histoire de 5ème aux sociétés non européennes. Voir : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/08/27/
extraits de l'article :
« À lire la pétition du collectif «Notre histoire forge notre avenir», Napoléon, Clovis et Louis XIV y seraient réduits à la portion congrue au profit de l'étude d'empires africains comme Songhaï ou Monomotapa, de l'empire chinois des Han ou de l'Inde des Gupta. Sous la même bannière, un groupe constitué sur Facebook compte plus de 4.500 membres ».
« Pour Dimitri Casili, un historien spécialiste de la Révolution et instigateur de la pétition, « c'est une bonne chose» d'étudier les autres civilisations, mais à condition que les petits Français connaissent les bases de leur propre histoire » » …
« L'historien Max Gallo, lui, indique que «l'enfer est pavé de bonnes intentions» et craint le «zapping» »
.
- Touche pas à mon histoire de France !
C dans l'air, lundi 6 septembre 2010
http://www.france5.fr/c-dans-l-air/index-fr.php?page=resume&id_rubrique=1524
http://www.france5.fr/c-dans-l-air/index-fr.php?page=accueil
Laurent Wirth est présenté comme "docteur en histoire", Dimitri Casali comme "Historien, enseignant, compositeur et directeur de collection". Egalement Fabrice d'Almeida et Jean-Joseph Julaud (L'histoire de France pour les nuls)
.
- Réponse et commentaire de Jean-Pierre Chrétien :
Monsieur Max Gallo vaticinant sur l’histoire d’Afrique ne saurait-il apparemment pas qu’il y a des Français au visage noir dans les classes des collèges ? Et d’ailleurs le chef de guerre Chlodwig était-il « français » ?
Quant à l’enseignante X, qui « craint » de ne pouvoir traiter le sujet en une heure, le dossier de la Documentation photographique (juin 2010) sur L’Histoire de l’Afrique ancienne, peut l’aider. A condition de ne pas oublier que le métier de professeur d’histoire ne consiste pas à tout raconter, mais, en l’occurrence, à trouver, selon un choix méthodique, les bons exemples (voire LE bon exemple) de l’historicité de l’Afrique.
Une nouvelle fois on constate dans notre pays un blocage culturel persistant à l’égard de l’histoire de l’Afrique et d’une manière générale à l’égard des civilisations non européennes.
Une rapide enquête sur le net atteste le bruissement (on dit buzz ?) de sites d’inspiration disons nationaliste contre le nouveau programme de 5-4eme ; ce bruissement qui fait ses choux gras d’une opposition terme à terme entre un mépris supposé de Napoléon et Louis XIV et le scandale manifeste à leurs yeux d’avoir à parler du Songhaï et du Monomotapa (gros rires en sous-entendu à ce Café du commerce de l’histoire). Ces commentaires sont notamment animés par un spécialiste de Napoléon, M. Dimitri Casali (voir Le Post, 26/08/2010)
Le côté amusant de cette polémique, c’est la connaissance très particulière de notre propre histoire qui s’y reflète (et qui est recopiée à l’infini sur le net).
Commençons par la citation supposée de Marc Bloch, décidément mis à toutes les sauces ces derniers temps : « Ceux qui ne frissonnent pas à l’évocation du baptême de Clovis et de la fête de la Fédération de 1790 ne comprendront jamais l’histoire de la France » a dit Marc Bloch (selon Casali). La citation exacte, c’est : « Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France , ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération. ». Il suffit de se reporter à la source, L’Etrange Défaite (Albin Michel, 1957, p. 210).
M Casali croit-il vraiment que Clovis a été sacré à Reims avec l’aide de Jeanne d’Arc ? Pourquoi pas celle de Napoléon... ? Pourquoi attribuer à Marc Bloch une admiration inédite pour Clovis ?
Dans le même ouvrage, Marc Bloch réagissait aussi à « l’obsession du politique ». Il écrivait : « Je ne crois nullement plus difficile d’intéresser un enfant aux vicissitudes d’une technique, *voire aux apparentes étrangetés d’une civilisation ancienne ou lointaine* [JPC souligne], qu’à un changement de ministère ». (p.198).
Mais ces personnes veulent-elles réellement « intéresser » les enfants aux réalités humaines dans leur diversité et leurs évolutions ? Ne veulent-elles pas plutôt les gaver de l’imagerie nationaliste dont elles sont imbues ?
.
- 05/09/2010 - Napoléon a-t-il perdu la bataille du Monomotapa ?
L'analyse de Luc Cedelle sur le blog Interro écrite
- 17/09/2010 : Les réacs au piquet ! Médiapart http://www.mediapart.fr/club/
« ... Et vraiment, il est navrant de (voir les médias) tendre un porte-voix à ceux qui, de concert avec notre président, pensent encore que « le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire » ... de France ? »
Laurence De Cock, Suzanne Citron, Jean-Pierre Chrétien