La brutalisation, le retour
Combattre, souffrir, mourir dans les guerres de la Révolution et de l’Empire
Approches croisées histoire-anthropologie - annonce de colloque
http://calenda.org/375889
« Est-il pertinent de concevoir la période comme un moment de forte inflexion,
articulé à une montée en puissance de l'« idéologisation » de la violence au combat ? »
« ... participer à la réflexion sur les souffrances inhérentes à la guerre ».
Après la brutalisation lors de la Grande Guerre,
George Mosse appliqué à la Révolution et à l'Empire ?
donc, pas d'idéologisation avant 1789 ?
Pas de violence de Louvois dans le Palatinat ?
Pas de brutalisation lors de la Guerre de Trente Ans (la vraie) ?
MOSSE George L., De la Grande Guerre au totalitarisme. La brutalisation des sociétés européennes,
préface de Stéphane Audoin-Rouzeau, Paris, Hachette Littératures, 1999, 293 p.
[titre anglais, Fallen Soldiers. Reshaping the Memory of the World Wars, 1990].
Morts au combat. Remodeler la mémoire des deux guerres mondiales.
compte rendu par Rémy Cazals, CRID14-18 - 09.10.2014
http://www.crid1418.org/bibliographie/commentaires/mosse_cazals.html
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14-18 : consentement et violence
Philippe Olivera, « Histoire des violences et violence (sociale) de l’histoire.
À propos de la “nouvelle histoire” de la Grande Guerre »
in François Buton, André Loez, Nicolas Mariot & Philippe Olivera (coord.), « L’ordinaire de la guerre », Agone, n°53, mars 2014
http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=3888
Le centenaire (1914 ? 1914-1918 ?) met en avant un consensus supposé.
Pourtant, les controverses n'ont pas manqué dans l'historiographie de la Grande Guerre : cf. Frantz Fischer et le rôle de l'Allemagne de Guillaume II (1961). Après 2000, la guerre de tranchées entre les tenants d'une histoire culturelle dominante (Péronne) et les défenseurs d'une histoire sociale (CRID 14-18) a été intense.
Les auteurs de Retrouver la guerre (Péronne) dénoncent le « pacifisme rampant » des historiens précédents.
Selon eux, « des millions d’individus ont manifesté une acceptation massive de la violence ; ils ont « voulu et continué la guerre », avec une ferveur résolue, sinon enthousiaste ». Tout s'expliquerait alors par une supposée « culture de guerre » faite « de haine de l’ennemi, de pulsions de violences, de sentiment patriotique et de souffle millénariste ».
Pour PhO, « la nouvelle histoire de la GG est une histoire sans complexe de dominants pour les dominants, dont l’essentiel du propos est de nier la domination sociale en confisquant la parole des dominés… » (cf la lecture des mutineries de 1917).
« En attribuant à tous et à chacun l’origine et la responsabilité de la violence, la thèse de la brutalisation, version cheap de la banalité du mal, accable les combattants ordinaires et dédouane les dirigeants, déjà épargnés de leur implication dans le déclenchement du conflit par toute une littérature apologétique qui en fait des somnambules pris dans des engrenages » …
« Derrière la cause brandie de l’autonomie scientifique face aux pacifismes... point n’est besoin de chercher loin les gros sabots du discours décomplexé qui traverse aussi bien le champ des sciences sociales que celui du champ politique ».
rappels :
1914-1918 : Guerre de tranchées entre historiens, Jean Birnbaum, Le Monde, 10.03.2006
http://clioweb.free.fr/dossiers/14-18/tranchees.htm
1914-1918 : Retrouver la controverse
François Buton, André Loez, Nicolas Mariot & Philippe Olivera , La vie des idées, 10.02.2008
« Les violences extrêmes qu’on observe pendant la Grande Guerre s’expliquent-elles par la culture de guerre, la brutalisation des sociétés, le consentement des soldats, la contrainte ? Tout en livrant un plaidoyer pour une science ouverte qui relierait professionnels, amateurs et enseignants, une équipe d’historiens et de politistes montre que les choix historiographiques engagent, au-delà des logiques universitaires, une réflexion sur l’individu, les catégories sociales, l’État et la manière de faire de l’histoire ».
http://www.laviedesidees.fr/1914-1918-retrouver-la-controverse.html
http://www.laviedesidees.fr/_Mariot-Nicolas_.html
dossier Historiographies de la Grande Guerre, Non-Fiction
dont Au-delà de la « contrainte » ou du « consentement »
Les hiérarchies sociales au front
débat entre Emmanuel Saint-Fuscien et Nicolas Mariot :
histoire culturelle (la « transgression partagée de l'expérience de la violence extrême ») ou histoire sociale ?
http://www.nonfiction.fr/article-7124-dossier__historiographies_de_la_grande_guerre.htm
De la guerre comme affrontement historiographique, Blois 2013,
audio d'une table ronde entre Mariot, Loez, St-Fuscien, Mazurel.
http://clioweb.canalblog.com/tag/loez
André Loez, 14-18. Les refus de la guerre. Une histoire des mutins, 2010
CR par Antoine Prost
http://mouvement-social.univ-paris1.fr/document.php?id=1642
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La guerre n'a pas eu lieu
- 2006 : Jean Birnbaum - 1914-1918, guerre de tranchées entre historiens - Le Monde
http://controv.free.fr/clioweb/tranchees.htm
- 2012 - Guerre et société 4/4 - La Fabrique du 17.01.2013 (à archiver et écouter en différé)
La querelle du consentement, partir à la guerre : contrainte ou enthousiasme ?
invités d'E Laurentin : Nicolas Offenstadt et Stéphane Audoin-Rouzeau.
http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-guerre-et-societe-44-2013-01-17
Consentement ?
Contrainte ?
Crainte du conseil de guerre ou pression conformiste du groupe social ?
Ecole historique de Péronne ? Ecole du Midi ou du CRID 14-18 ?
Clivage droite-gauche ?
Les historiens, les écrivains et les cinéastes ?
Quelle place donner aux témoins très diserts ?
Histoire culturelle et histoire sociale ?
Appartenance sociale ou solidarité combattante ?
silence relatif sur la culture de guerre,
sur le poids de l'état-nation (patriotisme ou chauvinisme ?)
Plus de place pour les conflits sociaux en 1917 ou pour l'engagement en faveur de la paix avant 1914.
8e minute : Ce qui a cristallisé et caricaturé le débat, ce sont les extérieurs,
les médias qui ont besoin de clivages simples (simplistes ?)
et les fabricants de manuels qui n'ont pas tjs lus les ouvrages jusqu'au bout
et ne les ont pas forcément compris. :-)
[ La guerre n'a pas eu lieu (!)
Cette Fabrique de la fraternisation est impressionnante.
Elle ferait presque oublier la virulence des affrontements vers 2005, et une biblio de 2003 où les historiens du Midi sont mis volontairement en marge. Les candidats aux concours de 2005 se seraient-ils effrayés à tort ?]
quelques rappels, sur la brutalisation consentie, cependant, pour ceux qui n'ont pas la mémoire courte :
- 2008 : 1914-1918 : retrouver la controverse
par François Buton & André Loez & Nicolas Mariot & Philippe Olivera [10-12-2008]
http://www.laviedesidees.fr/1914-1918-retrouver-la-controverse.html
« En ce sens, cette perspective suggère encore de ne jamais détacher l’étude des croyances ou des représentations de celle des situations et des cadres dans lesquels les individus évoluent. Car la Première Guerre mondiale, comme toutes les grandes épreuves sociales (guerres, épidémies, Terreurs, crises économiques) est d’abord un événement évident qui s’impose à tous et à chacun, en réduisant très fortement les marges de choix. Comprendre celles-ci suppose de reconstruire plus qu’une culture, fût-elle partagée : un réseau complet et complexe de représentations, de mécanismes institutionnels et de relations sociales ».
- 2003 : La biblio officielle :
http://www.ihtp.cnrs.fr/pdf/biblio_guerre_rousso.pdf
- Brutalisation – Consentement – Culture de guerre ...
lire André Loez sur le site du CRID 14-18 :
http://www.crid1418.org/espace_scientifique/textes/conceptsgg_01.htm
- Antoine Prost, La Grande Guerre : Armées, Combats, Sociétés
(France, Allemagne, Royaume-Uni) - 2004
http://aphgcaen.free.fr/conferences/prost.htm
- Et plus récemment : 30 000 tués en Corse ?
Jerôme Cahuzac corse le bilan de la Grande Guerre – Libération désintox - 15 janvier 2013
http://www.liberation.fr/politiques/2013/01/15/cahuzac-corse
Yann Lagadec et Jean Yves Le Naour, deux historiens, ont calculé le nombre de décès par département de naissance à partir de la base Mémoire des hommes. Le département qui a payé le plus lourd tribut est en réalité la Lozère : 6 239 natifs du département sont tombés, soit 5,08% de la population de 1911. Suivent la Mayenne (4,48%), la Vendée (4,37%) puis les Côtes-d’Armor (4,26%). La Corse est plus loin. Contrairement à l’idée reçue, véhiculée à son insu par Jerôme Cahuzac, elle est 45e sur 87 départements, avec 3,41%, à peine plus que la moyenne nationale (3,06%).
L'héroïque cinématographe
Plutôt que les 900 caractères de la fiche produit du sceren, plusieurs pistes sur le web à archiver et exploiter...
- La fiche de Teledoc lors de la sortie TV du documentaire
http://www.cndp.fr/tice/teledoc/mire/teledoc_memoiresdelagrandeguerre.pdf
http://www2.cndp.fr/tice/teledoc/actuel/dossiersarchives.htm
Voir aussi la liste H-Français le 14 Nov 2008 - et Claude Robinot
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- En cherchant (en vain) des extraits de l'héroique en vidéo, j'ai croisé un débat organisé en nov 2009 à la Scam avec JF Delassus, L Veray, P Ory... Une occasion de revenir sur des échanges qui ont été très vifs autour du film Le bruit et la fureur (et sur Apocalypse). http://www.dailymotion.com/video/xbfq8h_philippe-collin
Vers la 19e mn, une courte séquence exploitable en classe, en 2 versions, la séquence originelle muette et en noir/blanc, avec piano, la séquence colorisée, bruitée et dialoguée (mais non retenue dans le film final).
Le débat vérifie l'écart entre une guerre mise en spectacle et en émotion pour faire de l'audience sur France 2, et un regard d'historien sur les images produites par les opérateurs en arrière du front ou les reconstitutions d'après-guerre. (cf la 24e de l'Héroïque, l'attaque, les prisonniers, les cadavres... ou vers la 42e, les civils, Allemands ou Alsaciens)
Le débat est aussi révélateur des représentations de nos élites, sur la brutalisation consentie, sur le recadrage en 16/9,
sur le choix de manipuler les archives au risque de brouiller les repères historiques.
Surprenant l'obsession de JFD de dévaloriser les images de 39-45 pour vanter celles tournées en 14-18 ou après...
Un paradoxe : l'obsession de la mise en récit mène vers la fiction au détriment du documentaire.
Dans ce cas, pourquoi ne pas se contenter des excellents films de fiction déjà existants (Les Sentiers de la Gloire,
pas encore colorisés...) ?
une dernière observation : dans l'expo Filmer les camps, Fuller explique que le cinéaste ment : s'il filmait réellement la guerre, la violence insupportable des images nous ferait fuir les salles de cinéma.
Lire aussi sur le Cine Club de Caen
http://www.cineclubdecaen.com/realisat/veray/heroiquecinematographe.htm
- NB hors sujet : les médias s'agitent bcp autour du théâtre d'ombres politicien (course à Matignon, description à la minute près d'un voyage officiel chinois...). Combien de secondes les JT de ce midi ont-ils consacré au climat social et aux manifestations annoncées ce samedi ?