Le temps d'enseigner
« Une école qui ne forme plus au débat, mais à la sage écoute,
et qui ne forme plus des citoyens éclairés, mais de dociles exécutants »
Tribune - Le Monde 27.11.2020
http://clioweb.free.fr/peda/enseigner-temps.pdf
extraits :
« derrière les hommages aux enseignants, les grands discours et les annonces d’un nouvel enseignement de l’EMC,
la réalité est celle d’une école qui ne forme plus au débat, mais à la sage écoute,
qui ne forme plus des citoyens éclairés, mais de dociles exécutants. Et nous le déplorons. »
« Il ne faut pas se tromper : l’apprentissage de l’esprit critique n’est pas oublié des cours.
Non, il est rendu impossible. Nous le constatons chaque jour : le temps de la réflexion,
le temps de l’autonomie, le temps de la coopération, nous ne l’avons pas, nous ne l’avons plus.
Enseigner l’esprit critique à une classe de lycéens,
cela signifie prendre le temps de partager des savoirs, les questionner, élargir le débat, c’est-à-dire réfléchir.
La condition nécessaire à cela est le temps d’enseignement et la liberté pédagogique.
Or, ces deux piliers de l’enseignement,
la réforme du lycée mise en œuvre depuis deux ans les a, davantage encore, mis à mal ».
- LPPR : « Un raté supplémentaire »
Tribune, Le Monde 25.11.2020
Olivier Beaud et Cécile Guérin-Bargues, professeurs de droit, et Paolo Tortonese, professeur de littérature
extrait :
« Si elle était promulguée telle quelle,
la LPPR - Loi pluriannelle de programmation de la recherche - portée par Frédérique Vidal
serait un raté supplémentaire dans la triste histoire des lois relatives aux universités depuis Mai 68.
C’est bien le signe d’une France indifférente à l’avenir de l’université,
depuis trop longtemps considérée comme la voiture-balai de l’enseignement supérieur »
Bac2021 : les enjeux cachés
Les enjeux cachés de la réforme du bac - Entretien Alternatives économiques 15.02.2018
Stéphane Beaud Professeur de sociologie à l'université de Poitiers
http://www.alternatives-economiques.fr/enjeux-caches-de-reforme-bac/00083206
extraits :
Que pensez-vous de la réforme du baccalauréat, présentée par Jean-Michel Blanquer mercredi ?
« Sur la forme, la « méthode Macron », qu’on voit à l’œuvre dans la réforme de l’université comme dans celle du bac, est fondée sur un seul principe : aller vite, frapper fort, provoquer un effet de souffle tout en soignant bien la « com » auprès de l’opinion publique pour se la mettre dans la poche.
« Impérativement réformer en un an, dit-on, c’est la seule solution pour un quinquennat », etc.
... Or, il faut bien dire que, pour des affaires aussi complexes que le système d’enseignement, prendre du temps est nécessaire. Cette manière de mener les réformes scolaires comme un Blitzkrieg est absurde et contre-productive.
D’une part, elle fait fi des formes d’intelligence collective qui pourraient être mobilisées dans le monde enseignant : on oublie toujours la richesse d’expérience professionnelle qui existe en son sein. D’autre part, elle conduira – on peut en faire le pari – à de graves déconvenues... ».
« Les SES non seulement perdent le fait d’être une discipline qui structurait une série (ES) mais elles ont perdu leur rang au lycée »
« En termes de culture générale, je reste persuadé qu’on a impérativement besoin de cette « troisième culture ».. L’enseignement des SES a permis une expérimentation pédagogique qui a eu beaucoup d’effets positifs ».
« cette réforme pour les SES, c’est d’une certaine manière la victoire de Michel Pébereau : enfin séparer les sciences économiques et les sciences sociales »... « Il s’agira sans doute d’enseigner de la science économique standard aux futurs ingénieurs et élèves des écoles de commerce en laissant une sorte d’os à ronger (la sociologie) aux doux rêveurs »
Comment s’articule-t-elle avec la réforme de l’université en cours ?
« Ce qui frappe dans cette réforme, c’est la forme de cécité à la condition sociale des personnes qui n’appartiennent pas au haut du panier social »... La « Macronie » apparaît comme un condensé de « technocratie à la française ». C’était sans doute aussi le cas sous le de Gaulle de la Ve République mais « l’esprit de la Résistance » irriguait encore l’action de bon nombre de hauts fonctionnaires. Aujourd’hui, c’est l’esprit du pantouflage (« money money ») et du marché. Autres temps, autres mœurs… »
Le Bac Blanquer après 2021 : « un tremplin pour la réussite »
http://cache.media.education.gouv.fr/file/BAC_2021/00/0/DP_BAC_BDEF_web_898000.pdf
4 épreuves finales :
2 épreuves écrites de spécialité
1 épreuve écrite de philosophie
1 oral (3 examinateurs ?)
Contrôle continu, 40 % de la note finale
« valoriser le travail des lycéens en première et terminale »
Les épreuves communes pourront avoir lieu
en janvier et avril de l’année de première, puis en décembre de l’année de terminale
« contenus ambitieux », « tremplin pour la réussite »
Les discours du marketing gagnerait sans doute en efficacité
s'ils prenaient en compte la réalité du lycée
et utilisaient un peu moins de superlatifs...
.
.